Islande : le rapport officiel du Met Office // Iceland : the Met Office’s official report

Après les désaccords entre les volcanologues islandais et la confusion que cette situation a générée ces derniers jours, je pense qu’il est utile de se référer aux rapports du Met Office pour avoir une bonne idée de la situation sur la péninsule de Reykjanes,
D’un point de sue sismique, 80 événements ont été enregistrés au niveau de la chambre magmatique sous le secteur de Svartsengi au cours des derniers jours. C’est à peu près le même nombre qu’avant le week-end. On a relevé moins de séismes ce week-end, mais les vents violents qui ont soufflé ont considérablement réduit la sensibilité des appareils dans la zone. Il est donc fort probable que l’activité soit restée inchangée tout le week-end.
S’agissant de la déformation du sol, il y a encore des signes d’inflation et rien n’indique que l’accumulation de magma ait ralenti depuis avant le week-end. Les données de déformation montrent un soulèvement continu du sol dans le secteur de Svartsengi, ce qui indique que le magma continue de s’accumuler en profondeur. Les modélisations estiment qu’environ 18 millions de mètres cubes se sont accumulés depuis le 16 mars 2024, date du début de la dernière éruption. Le volume total de magma accumulé est désormais supérieur à celui des derniers événements. Cela signifie que la pression dans le système continue d’augmenter et on peut donc en déduire qu’il existe un risque réel de nouvelle éruption. Il est toutefois difficile de dire quand il se produira, mais le précurseur pourrait être très court.

La prochaine éruption – si éruption il y a – se produira-t-elle le long de la chaîne de cratères de Sundhnúkur? Personne ne le sait.  (Crédit photo : Hörður Kristleifsson)

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After the disagreements between Icelandic volcanologissts and the confusion this disorder has created during the past days, I think it is useful to refer to the Met Office’s reports to assess the situation on the Reykjanes Peninsula,

A total of 80 earthquakes have been recorded in the magma chamber beneath Svartsengi in the last day. This is about the same number as was measured in the area before the weekend. Fewer earthquakes were measured this weekend, but a considerable windstorm reduced the sensitivity of the measurements in the area. It is therefore most likely that activity was similar all weekend.

There are still signs of inflation, and there is no evidence that magma accumulation has slowed since before the weekend. Deformation data shows continued uplift in the Svartsengi area, indicating that magma continues to accumulate at depth. Model calculations estimate that about 18 million cubic meters have accumulated there since March 16th 2024 when the last eruption began. The total volume of magma accumulated is more now than in recent previous events. This means that pressure in the system continues to increase and therefore it can be concluded that there are still considerable odds of a new eruption. The timing of the event is however quite uncertain, but the precursor could be very short.

La fonte ultra-rapide du glacier Petermann (Groenland) // The ultra-rapid melting of the Petermann Glacier (Greenland)

J’ai écrit plusieurs articles ces dernières années (18 avril 2017, 14 février 2019, 14 mai 2023) sur la fonte du glacier Petermann, l’une des plus grandes rivières de glace du Groenland. Il est situé dans le Haut-Arctique, à 80 degrés de latitude nord. C’est l’un des grands glaciers émissaires (il vient vêler dans l’océan) par lesquels la calotte glaciaire du Groenland termine sa course dans la mer. Les scientifiques ont averti que le glacier Petermann retient à lui seul une trentaine de centimètres d’élévation potentielle du niveau de la mer au niveau de la calotte glaciaire du Groenland.
Des études récentes de la fonte rapide du glacier indiquent qu’elle est due à l’intrusion d’eau de mer sous la glace. L’une d’elles, publiée dans les Geophysical Research Letters explique que l’élévation du niveau de la mer pourrait s’avérer bien pire que ce qui a été estimé précédemment. D’autres travaux sont parvenus à des conclusions similaires sur les glaciers émissaires de l’Antarctique.
À l’aide de données satellitaires, un groupe de chercheurs a découvert que la vitesse de fonte des glaces était passée d’environ 3 mètres par an dans les années 1990 à près de 10 mètres par an dans les années 2020. La fonte rapide est provoquée par l’intrusion d’eau de mer sous la glace dans la « zone d’ancrage » du glacier, autrement dit la limite entre l’endroit où la glace s’accroche au substrat rocheux et l’endroit où elle flotte à la surface de l’océan. À cet endroit, l’eau de l’océan monte et descend au gré des marées, faisant fondre rapidement la glace terrestre par le bas. Auparavant, les scientifiques pensaient que cette zone était beaucoup plus petite.
Les dernières études indiquent que les glaciers fondent beaucoup plus rapidement qu’on ne le pensait jusqu’à présent et que l’élévation du niveau de la mer a été sous-estimée par les scientifiques. La montée du niveau de la mer continue de menacer les zones côtières, sujettes aux inondations et à l’érosion. Tant que des mesures efficaces ne seront pas prises – notamment lors des COP – pour freiner le réchauffement climatique, les glaciers continueront de fondre et le niveau des océans ne cessera de monter, sans oublier les événements extrêmes déclenchés par la hausse des températures à travers le monde.
Source : Médias d’information internationaux.

Image d’un vêlage du Petermann en 2012 (Source : NASA)

Vue du Petermann en octobre 2022 (Source : Copernicus)

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I have written several posts in the past years (18 April 2017, 14 February 2019, 14 May 2023) about the melting of the Petermann Glacier, one of the largest ice rivers in Greenland. It is located in the high Arctic at 80 degrees North latitude. It is one of the most important outlets by which the Greenland ice sheet extends and flows into the sea. Scientists have warned that Petermann glacier holds back about a foot of potential sea level rise from the Greenland ice sheet.

Recent research exploring the rapid melting of the glacier points to seawater intrusion beneath the ice as a culprit. The study published in Geophysical Research Letters also suggests that sea level rise could end up being much worse than previously estimated. Other studies have come to similar conclusions about outlet glaciers in Antarctica.

Using satellite data, a group of researchers found that the ice melt rate increased from about about 3 meters per year in the 1990s to nearly 10 meters per year in the 2020s. The rapid melting was caused by seawater intrusion beneath the ice in the « grounding zone » which is the the boundary between where the ice is grounded on the bedrock and where it is floating. Here, ocean water rises and falls with changes in tides, quickly melting grounded ice from below. Previously, scientists believed this zone to be much smaller.

The new research indicates that glaciers melt much faster in the ocean than previously thought and that sea level rise has been thus far underestimated by scientists. Rising sea levels continue to threaten coastal communities, which are prone to flooding and erosion. As long as no efficient measures are taken – especially during the COPs – to curb global warming, glaciers will keep melting and oceans will never stop rising, without forgetting the extreme events triggered by rising temperatures around the world.

Source : International news media.