Islande : c’est reparti ! // Iceland : new eruption !

9 heures (heure Paris / 8 heures – heure Reykjavik) :  A 5h30 ce matin (heure locale), une intense activité sismique a débuté sur la péninsule de Reykjanes (Islande), au niveau de la chaîne de cratères de Sundahnúkscrater row, au nord-est du mont Sýlingarfell.

Source: IMO

Environ 30 minutes plus tard, une éruption a commencé sur le site. A noter que ‘annonce de l’éruption par les instruments a été la plus courte que le Met Office ait observée sur la péninsule de Reykjanes depuis le début de l’essaim sismique du mois d’octobre 2023. En comparaison, l’annonce de l’éruption du 14 janvier 2024 était de cinq heures.

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La fissure éruptive s’est étirée à la fois vers le nord et vers le sud pendant les premières minutes.

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Les premières images montrent que l’éruption a lieu à peu près au même endroit que le 18 décembre 2023. La fissure éruptive mesure environ 3 km de long, depuis le mont Sundhnúkur au sud et s’étend vers la partie orientale du mont Stóra-Skógfell. Les fontaines de lave ont entre 50 et 80 m de hauteur. La lave s’écoule actuellement principalement vers l’ouest et le débit semble être légèrement inférieur à celui du début de l’éruption de décembre.

Pour le moment, aucune infrastructure n’est menacée par l’éruption. par précaution, le Blue Lagoon a tout de même été évacué.

Source : MetOffice.

Mise à jour de la carte de risques le 8 février 2024 :

Source: Met Office

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14h00 : L’intensité de l’éruption semble commencer à décliner. Toutefois, l police islandaise avertit qu’il existe un risque de pénurie d’eau chaude sur la péninsule de Reykjanes. Il est demandé aux aux habitants de Suðurnes d’attendre le plus longtemps possible avant d’utiliser leur chauffage électrique. Il est également demandé aux habitants et aux professionnels de baisser le chauffage de leur logement et de ne pas utiliser d’eau chaude dans les douches, baignoires ou spas.
Le message officiel explique que « la coulée de lave se dirige maintenant vers la partie du réseau qui transporte l’eau chaude de la centrale électrique de Svartsengi vers Fitjar dans Reykjanesbær. Si la coulée de lave passe au-dessus réseau, il est probable qu’aucune eau chaude ne partira de Svartsengi, ce qui entraînera une pénurie d’eau chaude à Reykjanes, Suðurnes, Grindavík et Vogar. Au vu de la progression de la lave en ce moment, cela pourrait arriver dans les prochaines heures.
Pour faire face à de tels événements, une nouvelle conduite d’eau chaude est en cours d’installation dans le sol de cette zone. Une section d’environ 500 mètres de long a déjà été installée, où il sera possible de se connecter au cas si les anciennes conduites sont détruites, mais il faudra quelques jours pour que les nouvelles canalisations soient opérationnelles.

En ce qui concerne les transports, la lave émise par l’éruption du 8 février a de nouveau traversé la route principale menant à Grindavik.

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17 heures : Comme je l’ai écrit dans ma précédente mise à jour, l’intensité de l’éruption diminue et le Mt Office fait état d’une déflation du sol suite à l ‘émission de la lave.

Après le rideau de fontaines de lave décrit ce matin, l’activité s’est concentrée sur 3 points de la fissure éruptive qui s’était ouverte ce matin. C’est un peu le même processus que celui observé lors de l’éruption du 18 décembre 2023, où l’activité s’était limitée à quelques bouches quelques heures après le début de l’éruption.

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Un panache sombre avec un mélange de cendres et de vapeur s’élevait d’une partie de la fissure éruptive, dû à l’interaction du magma avec les eaux souterraines, ce qui entraînait une petite activité explosive. On a appris un peu plus tard que la lave avait recouvert la canalisation de Njarðvík qui transporte l’eau chaude de Svartsengi vers la péninsule sud. C’est ce qui explique le panache de vapeur dense qui s’élevait de l’endroit où la canalisation a éclaté. Il n’y a désormais plus d’eau chaude dans la partie supérieure de Keflavík, à Sandgerði et à Garður.

 

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A l’heure de cette mise à jour, il semble bien que l’éruption soit en train de vivre ces dernières heures car il y a très peu d’activité le long de la fissure éruptive, avec dex points d’activité peu intense.

 

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Source  : IMO et médias d’information islandais.

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20 heures : L’intensité de l’éruption continue de diminuer. Ce soir, l’activité se limite à deux ou trois endroits de la fissure éruptive. L’activité explosive provoquée par le contact entre la lave et le réseau d’eau est en grande partie terminée, bien que quelques nuages de vapeur s’élèvent encore de certaines parties de la fissure.
Parallèlement au déclin de l’éruption, les signaux de déformation détectés au niveau du dyke ont diminué, ce qui indique que le magma ne s’élève plus des profondeurs avec autant de pression qu’auparavant. Peu de temps après le début de l’éruption, l’activité sismique a considérablement diminué et elle est restée faible jusqu’à présent.
La carte ci-dessous montre les contours de la coulée de lave révélés par une image satellite obtenue à 12h31 aujourd’hui 8 février. L’image satellite montre que la lave s’est écoulée jusqu’à environ 4,5 km à l’ouest du site éruptif. À titre de comparaison, le champ de lave formé lors de l’éruption du 18 décembre 2023 est également représenté sur la carte. On s’aperçoit que les dernières coulées de lave ont recouvert en partie le champ de lave de décembre 2023.

Source  : Met Office.

En violet clair le champ de lave de février 2024 et en violet foncé celui de décembre 2023.

Tout cela tend à montrer que l’éruption actuelle va bientôt prendre fin. Reste à voir si un nouveau soulèvement du sol reprendra dans le secteur de Svartsengi. Si tel était le cas, cela signifierait qu’une autre éruption est en préparation…

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9:00 am (Paris time / 8:00am Reykjavik time) : At 5:30 this morning (local time), an intense seismic activity started on the Reykjanes Peninsula (Iceland), on the Sundahnúkscrater row, north of Sýlingarfell.north-east of Mount Sýlingarfell. Around 30 minutes later, a volcanic eruption started at the site. It should be noyed that the notice for the eruption was the shortest the Met Office has seen from the Reykjanes peninsula since the earthquake swarm started in October. In comparison, the notice for the eruption on January 14th was five hours.

The eruptive fissure lengthened both towards north and south during the first minutes.

The first images suggest that the eruption takes place at a similar location as the eruption of December 18th 2023. The eruptive fissure is approximately 3 km long, from Mount Sundhnúkur in the south and stretches towards the eastern part of Mount Stóra-Skógfell. Lava fountains are 50-80 meters high. Lava flows mostly towards west at the moment and the flow seems to be slightly less than at the start of the December eruption.

For the moment, no infrastructure is threatened by the eruption. As a precaution, the Blue Lagoon was evacuated.

Source : Met Office.

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2:00 pm : It looks as if the intensity of the eruption has started decreasing. However, the Icelandic police warns that there is a risk of a hotwater shortage on the Reykjanes peninsula. Residents in Suðurnes are asked to wait as long as possible to use electric heating. Residents and the professional community are also asked to lower their house-based heating systems and not use hot water to bathe in showers, bathtubs or hot tubs.

The official message states that “the flow of lava is now moving toward a plumbing hug that transports hot water from Svartsengi power station to Fitjar in Reykjanesbær. If the flow of lava passes over the hub, it seems no hot water will flow from Svartsengi, resulting in a hot water shortage in Reykjanes, Suðurnes, Grindavík and Vogar. As the flow rate is currently, this could happen in the next few hours.

In response to such events, a new hot-water pipe is being constructed in the ground in this area. A section of about 500 meters long has been constructed, where the plan is to connect in case the old plumbing hub is destroyed, but it may take some days to get the new pipes operational.”

As far as transport is concerned, lava emitted by the 8 February eruption has again crossed the main road leading to Grindavik (see image above).

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08:00 pm : The intensity of the eruption continues to decrease. Tonight, eruptive activity is limited to two or three locations on the eruptive fissure. The explosive activity caused by the contact between lava and the water network is mostly over although minor steam clouds still rise from some parts the fissure.

Together with the decrease of the eruption, the deformation signals detected at the dyke area diminished, indicating that magma is no longer ascending with as much pressure as before. Soon after the onset of the eruption, seismic activity decreased significantly and has remained low thus far.

The map below shows outlines of the lava flow as it was seen on a satellite image taken at 12:31 today, February 8th. The satellite image shows that lava flowed about 4.5 km to the west from the eruptive site. For comparison, the lava flow field which formed in the eruption of December 18th, 2023 is also shown on the map. The latest lava flows partly covered the lava flow formed in December 2023.

Source : IMO.

All this tends to show that the current eruption will soon come to an end. There remains to be seen whether new ground uplift will start again in the Svartsengi area. Should it happen, it wouls mean another eruption is in the making…

Yukon Quest (Canada) : le réchauffement climatique a raccourci la course ! // Yukon Quest (Canada): global warming shortened the race !

Les mushers de la Yukon Quest n’ont pas célébré leur arrivée à Dawson City cette année. La distance de la course de chiens de traineaux a été réduite de 720 à 400 km, avec le terminus à Pelly Crossing. Le redoux a eu raison du fleuve Yukon qui n’était pas suffisamment gelé pour autoriser le passage des compétiteurs. Les organisateurs de la course ont annulé la majeure partie de la seconde moitié du trajet. La modification du parcours ne donnait plus suffisamment de temps pour mettre en place les arrêts indispensables à la suite de la course.
La décision d’écourter la Yukon Quest cette année a déçu de nombreuses personnes, tant au niveau des organisateurs que des mushers, mais elle n’était pas totalement inattendue. Les attelages avaient été informés de cette possibilité lors de la réunion avant le début de la course.

La hausse des températures affecte actuellement l’ensemble de la planète. Dans l’hémisphère nord, le manque de neige se fait cruellement sentir dans les stations de ski qui tardent, pour beaucoup, à diversifier leurs activités. La seule blancheur dans le paysage est celle des quelques pistes rendues praticables par les enneigeurs. Cette solution trouvera rapidement ses limites avec la hausse des températures. Le déni du réchauffement climatique reste bien présent dans les Alpes.

En Catalogne, la pluie brille par son absence. Des restrictions d’eau ont été imposées à la population. La situation risque d’être très compliquée cet été s ‘il ne pleut pas en abondance d’ici là. La sécheresse persistante a entraîné une réduction drastique du niveau des réservoirs, tombés à 16 % de leur capacité. Ce seuil critique a déclenché l’activation de mesures restrictives en matière de consommation d’eau. Ces restrictions incluent la limitation de la consommation quotidienne à 180 litres par habitant en phase 2, et à 160 litres en phase 3, avec la fermeture des piscines et des douches dans les centres sportifs si les réserves tombent à 5%. La pression de l’eau du robinet a été réduite dans la région, notamment à Barcelone. Cette mesure vise à diminuer la consommation d’eau d’environ 7%.

Dans l’hémisphère sud, la température dépasse parfois les 40°C, en particulier dans le centre du Chili où de gigantesques incendies ont causé la mort d’au moins 122 personnes. Des quartiers d’habitations entiers ont été dévastés, des voitures calcinées et près de 26 000 hectares ont été réduits en cendre.

Photo: C. Grandpey

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Yukon Quest mushers did not celebrate their arrival in Dawson City this year. The distance of the sled dog race has been reduced from 720 to 400 km, with the terminus at Pelly Crossing. The warm weather got the better of the Yukon River, which was not sufficiently frozen to allow the passage of competitors. Race organizers canceled most of the second half of the route. The modification of the route no longer gave enough time to set up the essential dog stops in the second part of the race.
The decision to shorten the Yukon Quest this year disappointed many people, both organizers and mushers, but it was not entirely unexpected. The teams had been informed of this possibility during the meeting before the start of the race.

Rising temperatures are currently affecting the entire planet. In the northern hemisphere, the lack of snow is cruelly felt in ski resorts, many of which are slow to diversify their activities. The only whiteness in the landscape is that of the few ski runs made passable by snowmakers. This solution will quickly find its limits with rising temperatures. Denial of global warming remains very present in the Alps.
In Catalonia;they have not seen rain for a long time. Water restrictions have been imposed on the population. The situation is likely to be very complicated this summer if it does not rain abundantly by then. The persistent drought has led to a drastic reduction in reservoir levels, falling to 16% of their capacity. This critical threshold triggered the activation of restrictive measures regarding water consumption. These restrictions include limiting daily consumption to 180 liters per capita in phase 2, and to 160 liters in phase 3, with the closure of swimming pools and showers in sports centers if reserves fall to 5%. Tap water pressure has been reduced in the region, notably in Barcelona. This measure aims to reduce water consumption by around 7%.
In the southern hemisphere, temperatures sometimes exceed 40°C, particularly in central Chile where huge wildfires have caused the death of at least 122 people. Entire residential areas were devastated, cars burned and nearly 26,000 hectares were reduced to ashes.

Le rebond isostatique au Groenland // Isostatic rebound in Greenland

Quand je lis des articles de la presse grand public à propos du réchauffement climatique et de ses conséquences, j’ai l’impression que cette situation est une découverte pour les journalistes, alors que je lance des messages d’alerte depuis longtemps sur ce blog. Le public met vraiment du temps à assimiler les conséquences de la hausse des températures !

Un article paru sur le site de France Info nous explique que « des petites îles apparaissent au Groenland à cause du changement climatique et de la fonte des calottes glacières. Alors que, dans de nombreux endroits du globe, la fonte des glaces contribue à faire monter le niveau de la mer et à submerger certaines zones, au Groenland : c’est l’inverse qui se produit. En fondant, la glace allège le poids qui repose sur le socle de ce territoire de 2, 2 millions de kilomètres carrés, et contribue à l’élévation du niveau du sol. »

Photo: C. Grandpey

Ce n’est pas nouveau. Il s’agit d’un phénomène appelé « rebond isostatique » que l’on observe également en Islande (voir, par exemple, ma note du 17 mai 2022). Dans ce pays, certains scientifiques se demandent même si l’allègement de la masse glaciaire au-dessus des volcans ne pourrait pas favoriser la remontée du magma. La fonte des glaciers étant un phénomène relativement récent, nous n’avons pas suffisamment de recul pour tirer des conclusions. Pour le moment, aucun événement éruptif significatif n’est venu corroborer cette hypothèse.

S’agissant du Groenland, des chercheurs de l’Institut de l’université technique du Danemark ont réussi à mesurer très précisément ce phénomène sur une période récente. En analysant les données d’un réseau d’une soixantaine de stations GPS situées le long des côtes groenlandaises, les scientifiques ont constaté que le socle rocheux s’est élevé de 20 cm en l’espace de 10 ans, entre 2013 et 2023. Cela fait donc deux mètres d’élévation en un siècle. (NDLR : cela suppose que le rebond isostatique a commencé dans les décennies de début du 20ème siècle). Ce phénomène entraîne l’apparition de nouveaux îlots. Ce ne sont que des cailloux pour l’instant mais à terme, les chercheurs pensent que « la superficie totale du Groenland va augmenter, et ce phénomène est à mettre en lien avec le changement climatique dû aux activités humaines. »

Schéma illustrant le rebond isostatique (Source: https://profsvt.site)

Une autre découverte faite au Groenland révèle que, grâce à la présence d’une catégorie spécifique bactéries dans le sol, certaines zones sèches du Groenland absorbent du méthane. En moyenne depuis 20 ans, les zones sèches et non glacées du Groenland auraient absorbé sept fois plus de méthane que n’en ont rejeté les zones humides. L’île arctique est donc un puits pour le méthane, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, même si cela est loin de compenser les émissions de méthane de la Sibérie, qui subit de son côté le dégel du permafrost, un sujet que j’ai abordé dans plusieurs notes sur ce blog.

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When I read articles from the general press about global warming and its consequences, I have the feeling that this situation is a discovery for journalists, even though I have been warning for a long time on this blog. The population is really taking time to assimilate the consequences of rising temperatures!
An article published on the France Info website explains that “small islands are appearing in Greenland because of climate change and the melting of the ice caps. While in many places around the world melting ice contributes to rising sea levels and submerging certain areas, in Greenland the opposite is happening. By melting, the ice lightens the weight resting on the bedrock of this territory of 2.2 million square kilometers, and contributes to the rise in ground level. »
This is not new. This is a phenomenon called “isostatic rebound” which is also observed in Iceland (see, for example, my post of May 17th, 2022). In this country, some scientists even wonder if the reduction of the glacial mass above volcanoes could not favour the ascent of magma. The melting of glaciers being a relatively recent phenomenon, we do not have enough hindsight to draw conclusions. For the moment, no significant eruptive event has corroborated this hypothesis.
Regarding Greenland, researchers from the Institute of the Technical University of Denmark have succeeded in measuring this phenomenon very precisely over a recent period. By analyzing data from a network of around sixty GPS stations located along the Greenlandic coast, scientists found that the bedrock has risen by 20 cm in the space of 10 years, between 2013 and 2023. That’s two meters of elevation in a century. (Editor’s note: This assumes that the isostatic rebound began in the early decades of the 20th century). This phenomenon has led to the appearance of new islets. These are only pebbles for the moment, but in the long term, the researchers believe that « the total surface area of Greenland will increase, and this phenomenon is linked to climate change caused by human activities. »

Another discovery made in Greenland reveals that, thanks to the presence of a specific category of bacteria in the soil, certain dry areas of Greenland absorb methane. On average over the past 20 years, dry, ice-free areas of Greenland have absorbed seven times more methane than wet areas have released. The Arctic island is therefore a sink for methane, which is rather good news, even if it is far from compensating the methane emissions from Siberia, which is undergoing the thaw of permafrost, a subject that I I have discussed in several posts on this blog.