Secousses sismiques dans la région de Pouzzoles (Campanie / Italie) // Earthquakes in the Pozzuoli area (Campania / Italy)

La Campanie, et Pouzzoles en particulier, sont depuis quelques jours le théâtre de séismes liés à l’activité volcanique des Champs Phlégréens. Une secousse de magnitude M 3,5 a été enregistrée à 15h14 le 16 mars, avec son épicentre à Pouzzoles. C’est la plus forte des 40 dernières années. L’hypocentre de l’événement avait une profondeur de seulement 2,7 km et a été ressenti par la population.
Suite à ce premier séisme, deux autres de moindre intensité se sont produits, mais dans la même zone. Le premier a été enregistré par les sismographes de l’INGV à 15h31, avec une magnitude de M 1,4 et une profondeur de 2,2 ; le second s’est produit à 15h39, avec une magnitude de M 1,1 et une profondeur de 2,5 km.
Les secousses sont liées au phénomène de bradyséisme bien connu dans les Champs Phlégréens. Rappelons que les épisodes bradysismiques se manifestent par des soulèvements et abaissements périodiques du sol. Les colonnes du temple de Serapis à Pouzzoles, avec leurs incrustations de coquillages, sont les témoins de ce phénomène.

Sur le site de l’Observatoire du Vésuve, un séisme de magnitude M 3,6 a été enregistré à 19h45 le 29 mars 2022. L’épicentre a été localisé à une courte distance le la Solfatara, à une profondeur de 2,7 kilomètres.
Les différents séismes n’ont causé aucun dommage aux personnes ou aux biens. Leur faible profondeu (un peu moins de 3 km) est la raison pour laquelle ils ont été autant ressentis par la population, malgré des magnitudes relativement modestes. De plus, la zone où la sismicité s’est produite est très peuplée, facteur qui explique l’inquiétude généralisée.
L’Osservatorio Vesuviano précise que, pour le moment, les autres paramètres – tout en continuant à être anormaux car une phase bradysismique est en cours – n’ont pas montré d’anomalies particulières. Le sol se soulève actuellement de 13 mm par mois et on observe des anomalies typiques dans les flux et les émissions fumeroliennes.
L’activité volcanique des Champs Phlégréens est surveillée en permanence par les réseaux de surveillance de l’Osservatorio Vesuviano, en contact étroit avec le Département de la Protection Civile. Les paramètres géophysiques et géochimiques analysés indiquent la persistance des tendances enregistrées les mois précédents. A l’heure actuelle, aucun élément ne laisse présager d’évolutions significatives à court terme, en sachant que toute variation future des paramètres suivis (déformations, sismicité, géochimie, etc.) peut conduire à une évolution différente des scénarios d’aléa.

Sources : Osservatorio Vesuviano, INGV, presse italienne.

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Campania, and Pozzuoli in particular, have been the scene of earthquakes for several days linked to the volcanic activity of Campi Flegrei. A tremor of magnitude M 3.5 was recorded at 3:14 p.m. on March 16th, with its epicenter in Pozzuoli. It is the most significant event of the last 40 years. The hypocenter was only 2.7 km deep and was felt by the population.
Following this first earthquake, two others of less intensity occurred, but in the same area. The first was recorded by INGV seismographs at 3:31 p.m., with a magnitude of M 1.4 and a depth of 2.2; the second occurred at 3:39 p.m., with a magnitude of M 1.1 and a depth of 2.5 km.
The tremors are linked to the well-known phenomenon of bradyseism in the Phlegraean Fields. Bradyseismic episodes are periodic uplifts and subsidences of the ground. The columns of the temple of Serapis at Pozzuoli, with their shell encrustations, bear witness to this phenomenon.
An earthquake with a magnitude M 3.6 was recorded at 7:45 p.m. on March 29th, 2022. The epicenter was located a short distance from the Solfatara, at a depth of 2.7 kilometers .
The various earthquakes did not cause any damage to persons or property. The shallow depth of the earthquakes (a little less than 3 km) is the reason why they were felt so much by the population, despite relatively modest magnitudes. Additionally, the area where the seismicity occurred is heavily populated, a factor that has influenced widespread seismic resentment.
The Osservatorio Vesuviano specifies that, for the moment, the other parameters – while continuing to be abnormal because a bradyseismic phase is in progress – have not shown any particular anomalies. The ground is currently uplifting 13 mm per month and typical anomalies are observed in fumarolic flows and emissions.
The volcanic activity of the Phlegraean Fields is constantly monitored by the surveillance networks of the Osservatorio Vesuviano, in close contact with the Department of Civil Protection. The geophysical and geochemical parameters indicate the persistence of the trends recorded in the previous months. At present, there is no element suggesting significant changes in the short term, although any future variation in the parameters monitored (deformation, seismicity, geochemistry, etc.) may lead to a different evolution of the hazard scenarios.
Sources: Osservatorio Vesuviano, INGV, Italian press.

Pouzzoles : temple de Serapis et traces de l’activité bradysismique

(Photo : C. Grandpey)

La fonte de l’Antarctique oriental (suite) // The melting of East Antarctica (continued)

Les images satellites ont montré que la plate-forme glaciaire Conger, d’une superficie d’environ 1 200 km2, s’est effondrée vers le 15 mars 2022 dans l’Antarctique oriental en raison de températures record sur le continent.
Comme je l’ai déjà écrit, l’Antarctique oriental a connu des températures inhabituellement élevées. Elles atteignaient -11°8C à la station Concordia le 18 mars, soit plus de 40 degrés au-dessus des normales saisonnières. Ces températures record sont le résultat d’une rivière atmosphérique qui a emprisonné la chaleur au-dessus du continent antarctique, mais le changement climatique est également responsable de cet événement..
Les plates-formes glaciaires sont des extensions des calottes glaciaires. Elles flottent au-dessus de l’océan et jouent un rôle important car elles retiennent les glaciers à l’intérieur du continent. Sans elles, les glaciers avanceraient plus rapidement dans l’océan en provoquant une élévation du niveau de la mer.
Les scientifiques expliquent que, bien que la plate-forme de glace Conger soit relativement petite, il s’agit de l’un des effondrements les plus importants en Antarctique depuis le début des années 2000, lorsque la plate-forme Larsen B s’est désintégrée. « Cela n’aura pas d’effets énormes, mais c’est le signe de ce qui pourrait arriver dans les prochaines années. »
La plate-forme glaciaire Conger était en perte d’épaisseur depuis le milieu des années 2000, mais le phénomène était resté progressif jusqu’au début de l’année 2020. Le 4 mars 2022, la plate-forme semblait avoir perdu plus de la moitié de sa superficie par rapport au mois de janvier où elle était d’environ 1 200 km2. Cet effondrement, surtout s’il est lié à la chaleur extrême de la mi-mars, va entraîner des recherches supplémentaires sur ces processus dans la région.
Les données satellitaires Copernicus Sentinel-1 ont montré que le mouvement de la plate-forme glaciaire a commencé entre le 5 et le 7 mars. Trois vêlages ont eu lieu dans l’Antarctique de l’Est en mars. En plus de l’effondrement de la plate-forme Conger, il y a eu de plus petits événements de vêlage au niveau du glacier Totten et de la plate-forme Glenzer.
Une grande partie des glaciers de l’Antarctique de l’Est sont retenus par des plates-formes que les scientifiques vont désormais surveiller étroitement. S’agissant de la plate-forme glaciaire Conger, elle avait connu une fonte importante par en-dessous, ce qui a probablement favorisé son effondrement.
Les plates-formes glaciaires perdent de la masse dans le cadre d’un phénomène naturel, mais l’effondrement à grande échelle de l’une d’elles est un événement très inhabituel. L’effondrement de la plate-forme Conger peut avoir été provoqué par la fonte de surface en raison des températures extrêmement chaudes enregistrées récemment dans la région.
Dans la mesure où les plates-formes glaciaires flottent déjà, la rupture de la plate-forme Conger n’aura pas beaucoup d’impact sur le niveau de la mer. Heureusement, le glacier qui se trouve en amont est de petite taille; il aura donc un impact minime sur le niveau de la mer.
Les scientifiques s’accordent pour dire que de nouvelles plates-formes glaciaires – plus grandes que la Gonger – se détacheront à l’avenir avec le réchauffement climatique. La glace qu’elles retiennent en amont fera monter le niveau de la mer de manière significative.
Source : The Guardian.

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Satellite images have shown that the Conger ice shelf, which had an area of about 1,200 km2, ,collapsed around March 15th, 2022 in East Antarctica because of record high temperatures on the continent.

As I put it before, East Antarctica saw unusually high temperatures, with Concordia station hitting a record temperature of -11.8°C on March 18th, more than 40 degrees warmer than seasonal norms. The record temperatures were the result of an atmospheric river that trapped heat over the Antarctic continent, but climate change is also to blame.

Ice shelves are extensions of ice sheets that float over the ocean, playing an important role in restraining inland ice. Without them, inland glaciers would flow faster into the ocean, resulting in sea level rise.

Scientists say that alhough the Conger ice shelf is relatively small, it is one of the most significant collapse events anywhere in Antarctica since the early 2000s when the Larsen B ice shelf disintegrated. “It won’t have huge effects, but it’s a sign of what might be coming.”

The Conger ice shelf had been shrinking since the mid-2000s, but only gradually until the beginning of 2020. By March 4th, 2022, the ice shelf appeared to have lost more than half its surface area compared to January measurements of around 1,200 km2. This collapse, especially if tied to the extreme heat brought by the mid-March atmospheric river event, will drive additional research into these processes in the region.

Satellite data from the Copernicus Sentinel-1 mission showed that movement of the ice shelf began between March 5th and 7th. Three calving events occurred in East Antarctica in March. In addition to the Conger ice shelf collapse, there were smaller calving events of the Totten glacier and Glenzer ice shelf.

Much of East Antarctica is restrained by buttressing ice shelves, so scientists are going to keep an eye on all the ice shelves there. As far as the Conger ice shelf is concerned, it had significant amounts of melting from the ocean beneath, which could have preconditioned it for collapse.

Ice shelves usually lose mass as part of their natural behaviour, but the large-scale collapse of an ice shelf is a very unusual event. The Conger ice shelf collapse may have been driven by surface melting as a result of the extremely warm temperatures recently recorded in the region.

Because ice shelves are already floating, the Conger ice shelf’s break-up will not impact sea level much. Fortunately the glacier behind the Conger ice shelf is small, so it will have a tiny impact on sea level in the future.

Scientists agree that they will see more ice shelves – bibgger than this one – break up in the future with climate warming. And those will hold back enough ice to seriously drive up global sea levels.

Source: The Guardian.

 

Les images satellites montrent que la plate-forme Conger a libéré l’iceberg C-38 en s’effondrant dans l’océan. [Source: U.S. National Ice Center (USNIC)]