La ville de New York s’adapte… // New York City is adapting…

S’agissant de l’adaptation au changement climatique évoquée dans le dernier rapport du GIEC, la ville de New York est en train d’édifier une digue pour faire face à la montée des eaux océaniques.
Après les tempêtes majeures qui ont montré les faiblesses de New York face au changement climatique, la ville érige aujourd’hui un système de remparts et de vannes de 2 milliards de dollars pour se protéger de la montée du niveau de la mer.
Le très violent ouragan Sandy en 2012 a été le déclencheur de la mise en place du Projet de résilience de la côte est – East Coast Resiliency Project (ESCR) – qui s’étend sur 4 km le long du littoral du Lower Manhattan, le poumon économique et financier de New York. L’ouragan Ida, qui a ravagé certaines parties de la ville, a ajouté une urgence supplémentaire.
Pendant Sandy, qui a tué 44 habitants de la ville et affecté 110 000 autres, causant 19 milliards de dollars de dégâts, le niveau de l’eau a augmenté de 2,40 mètres.
Une fois terminé,le mur anti-inondation devrait atteindre une hauteur de 5 mètres. Le projet comprendra également des portes pour empêcher l’eau de s’infiltrer dans Manhattan. Le mur est déjà construit entre les 23ème et 20ème rues, là où la marge de terrain est la plus étroite entre l’East River et la zone résidentielle.
Plus vers le sud, là où le terrain le permet, le projet comprendra un parc vallonné qui servira de protection contre les eaux, ainsi qu’un quai, une esplanade avec des pistes cyclables, des bancs et des espaces verts. La ville va également planter plusieurs milliers d’arbres.
Un nouveau système d’égouts améliorera la capacité d’évacuation de l’eau, tandis que la construction d’une sous-station électrique devrait empêcher les coupures de courant de plusieurs jours, comme cela s’est produit pendant l’ouragan Sandy.
Cependant, le projet ne sera pas suffisant pour faire face à la montée des eaux. En effet, les 830 km de côtes de l’Etat de New York seront confrontés à des prévisions de plus de 0,60 mètre d’élévation du niveau de la mer d’ici 2050 et de près de 1,80 mètre d’ici la fin du siècle. Les autorités construisent le maximum de protections côtières, mais elles sont forcées d’admettre qu’elles ne pourront pas empêcher l’eau d’entrer partout. Malgré tout, si les prévisions d’élévation du niveau de la mer s’aggravent, les autorités de New York affirment qu’elles pourront rehausser le mur de protection. De nombreux bâtiments de Manhattan ainsi que des infrastructures cruciales sont également renforcés.
Malgré les protestations de certains citoyens et associations locales, le projet devrait être terminé d’ici 2026, avec l’espoir que Lower Manhattan sera moins menacé par l’océan.
Source : médias d’information américains.

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As far as the adaptation to climate change – mentioned in the IPCC reort – is concerned, New York City is currently building a seawall to face ocean rise.

After major storms showing New York’s weaknesses in the face of climate change, the city is erecting a 2 billion-dollar system of walls and floodgates to protect it from rising sea levels.

Superstorm Sandy in 2012 was the trigger for establishing the East Coast Resiliency Project (ESCR), running 4 km along the shoreline of Lower Manhattan. Hurricane Ida, which ravaged parts of the city, added further urgency.

During Sandy, which killed 44 city residents while impacting 110,000 more and leaving 19 billion dollars in damages, water levels rose upwards of 2.4 meters.

The completed wall is expected to reach as high as 5 meters. The project will also include gates to prevent water from seeping into Manhattan. The wall between 23rd and 20th streets is already constructed, an area where the East River and residential housing are at their most narrow.

Further down, where terrain allows, the project will include a hilly park that will serve as a protective wall, as well as a dock, an esplanade, bike lanes, benches and garden areas. The city will also plant several thousand trees.

A new underground drainage system will improve the sewage network’s evacuation capacity, while the construction of a power substation should help prevent a days-long power loss that happened during Sandy.

However, the project is far from enough: New York’s 830 km of coastline faces forecasts of more than 0.6 meters in sea levels by 2050 and nearly 1.80 meters by the end of the century. City authorities are building coastal protections where possible to keep the water out, but they also admit that they are not going to be able to keep the water out in all places. However, if the projections for sea level rise and storm surge get worse than what they are now, New York authorities say they can actually add elevation to the wall to add further protection. Many buildings in Manhattan along with crucial infrastructure are also being reinforced.

Despite the protests of some citizens and local associations, the project is meant to be finished by 2026. The hope is that Lower Manhattan will be able to breathe easier.

Source: U.S. news media.

Vue du chantier d’édification du mur (Source: médias américains)

Le GIEC toujours aussi pessimiste // The IPCC still pessimistic

Après un premier volet consacré à l’évolution du climat, le GIEC vient de publier le deuxième volet de son sixième rapport. Le dernier volet sera diffusé en avril 2022. Cette 2ème partie aborde les effets du changement climatique sur les sociétés humaines et les écosystèmes, ainsi que les moyens de s’y adapter.

Comme on pouvait s’y attendre, le rapport est un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction. Il s’attarde en particulier sur les inondations, les pertes agricoles, les vagues de chaleur et leurs conséquences..

Avec une hausse des températures qui est actuellement de +1,09°C par rapport à l’ère pré-industrielle, les vagues de chaleur deviennent plus intenses et plus fréquentes. On observe une augmentation des feux de forêt et des précipitations, une élévation du niveau de la mer et une acidification des océans. Selon le rapport, « l’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a eu des impacts irréversibles, poussant les systèmes humains et naturels au-delà de leur limite d’adaptation. »

Le changement climatique est déjà un problème sanitaire avec des pertes de vies humaines. Le rapport souligne également l’augmentation des maladies respiratoires à cause des feux de forêt, ou des pathologies liées à la nourriture, à l’eau et aux animaux. On note une progression du choléra, provoquée par l’augmentation des pluies et des inondations. Dans certaines régions, l’augmentation des températures et des événements extrêmes a également des conséquences sur la santé mentale.

Au niveau de nos sociétés, le changement climatique a « réduit la sécuritaire alimentaire et l’accès à l’eau » pour des millions de personnes, en particulier en Afrique, en Asie, en Amérique centrale et du Sud.

Dans les villes, le réchauffement a aggravé la pollution de l’air et limité le fonctionnement d’infrastructures clés, comme les transports, l’énergie ou la distribution d’eau.

S’agissant des écosystèmes, les animaux, les plantes et les espaces naturels sont en première ligne, avec des « dégâts substantiels et des pertes de plus en plus irréversibles pour les écosystèmes terrestres, d’eau douce, côtiers et marins ».

Des changements irréversibles se dessinent avec le retrait des glaciers, la fonte du permafrost dans les régions arctiques ou l’acidification des océans. Dans les prochaines années, ces effets vont s’aggraver et s’intensifier avec chaque dixième de degré supplémentaire.

Le rapport distingue deux périodes, le court terme (2021-2040) et le moyen-long terme (2040-2100). Pour la première, les jeux sont en partie déjà faits puisque nous avons déjà émis trop de gaz à effet de serre. Pour la seconde, cela dépendra du niveau de réchauffement. Si l’on prend l’exemple des inondations, les dégâts seront jusqu’à 2 fois supérieurs pour 2°C, et jusqu’à 4 fois supérieurs pour un réchauffement de 4°C. Environ un milliard de personnes pourraient être menacées par des aléas climatiques côtiers.

Face à cette situation, l’humanité peut en partie s’adapter. Trois scénarios d’adaptation sont passés en revue dans le rapport du GIEC. S’il salue quelques progrès, le rapport constate surtout l’existence d’un « fossé entre le niveau d’adaptation actuel et les niveaux nécessaires pour réduire les risques climatiques ». Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les pertes et dommages vont augmenter et de plus en plus de systèmes humains ou naturels atteindront leurs limites d’adaptation. Certains écosystèmes, comme les coraux, ont déjà passé le point de non-retour.

La diminution des émissions de gaz à effet de serre résultant de nos modes de vie (transport, alimentation, logement) et moteur du réchauffement, est donc indispensable

Le rapport dresse un constat d’échec. « Les tendances actuelles et passées (les émissions, le développement et le changement climatique) n’ont pas permis de progresser vers un développement global résilient au changement climatique. »

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After a first part devoted to climate change, the IPCC has just published the second part of its sixth report. The last part will be released in April 2022. This 2nd part addresses the effects of climate change on human societies and ecosystems, as well as the means of adapting to it.
Predictably, the report is a dire warning about the consequences of inaction. It focuses in particular on floods, agricultural losses, heat waves and their consequences.
With a rise in temperatures which is currently +1.09°C compared to the pre-industrial era, heat waves are becoming more intense and more frequent. There is an increase in forest fires and precipitation, sea level rise and ocean acidification. According to the report, “increasing weather and climate extremes have had irreversible impacts, pushing human and natural systems beyond their adaptive limit.”
Climate change is already a health problem with loss of human life. The report also highlights the increase in respiratory diseases due to forest fires, or pathologies related to food, water and animals. There is an increase in cholera, caused by increased rains and floods. In some regions, rising temperatures and extreme events are also impacting mental health.
At the level of our societies, climate change has « reduced food security and access to water » for millions of people, particularly in Africa, Asia, Central and South America.
In cities, global warming has aggravated air pollution and limited the functioning of key infrastructures, such as transport, energy or water distribution.
When it comes to ecosystems, animals, plants and natural spaces are on the front line, with « substantial damage and increasingly irreversible losses to terrestrial, freshwater, coastal and marine ecosystems ».
Irreversible changes are taking shape with the retreat of glaciers, the melting of permafrost in the Arctic regions or the acidification of the oceans. In the next few years, these effects will worsen and intensify with each additional tenth of a degree.
The report distinguishes two periods, the short term (2021-2040) and the medium-long term (2040-2100). For the first, the stakes are partly already cast since we have already emitted too many greenhouse gases. The second will depend on the level of warming. If we take the example of floods, the damage will be up to 2 times greater for 2°C, and up to 4 times greater for a warming of 4°C. Around one billion people could be threatened by coastal climate hazards.
Faced with this situation, humanity can partly adapt. Three adaptation scenarios are reviewed in the IPCC report. If it welcomes some progress, the report notes above all the existence of a « gap between the current level of adaptation and the levels necessary to reduce climate risks ». With increasing global warming, losses and damages will increase and more and more human or natural systems will reach their adaptation limits. Some ecosystems, such as corals, have already passed the point of no return.
The reduction of greenhouse gas emissions resulting from our lifestyles (transport, food, housing) and drivers of global warming, is therefore essential.
The report draws up an acknowledgment of failure. “Current and past trends (emissions, development and climate change) have not allowed progress towards climate-resilient global development.

La Courbe de Keeling n’incite guère à l’optimisme. Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter et vont probablement crever le plafond des 420 ppm.