La neige va-t-elle disparaître de nos montagnes ?

Nous sommes fin  décembre 2019 – début janvier 2020. L’hiver vient de débuter officiellement au calendrier et la saison de ski devrait commencer à battre son plein. Le problème, c’est que le réchauffement climatique est en train de brouiller les cartes et toutes les stations ne sont pas logées à la même enseigne. Si les stations alpines de haute altitude bénéficient de condition d’enneigement favorables, il n’en va pas de même de leurs homologues de moyenne et basse montagne. Celles du Jura et du Massif Central, en particulier, font grise mine. La situation n’est pas brillante non plus dans les Pyrénées où de nombreuses pistes restent fermées. La France connaît ces jours-ci un régime de hautes pressions et de nouvelles chutes de neige ne sont pas prévues à court terme par Météo France.

La neige est pourtant un enjeu économique. Avec 10 millions de touristes par an dans les stations, et 53 millions de forfaits journaliers, la France est numéro 3, derrière les États-Unis et l’Autriche. L’or blanc génère deux milliards d’euros de chiffre d’affaire et 120 000 emplois, mais la poule a peut-être pondu la plus grande quantité de ses œufs d’or ! Le GIEC prévoit un réchauffement climatique au-delà de 2,5°C 2100, et la neige aura probablement déserté une grande partie de nos montagnes d’ici là. Comme on peut le lire sur le site web de la radio France Info, « il faudra faire du ski dans la Cordillère des Andes ou dans l’Himalaya ! »
Certes, il y aura encore des périodes d’enneigement, mais une étude récente prévoit que les stations situées autour de 1500 mètres perdront dans quelques années 100 jours de neige par an, particulièrement en début et fin de saison. En conséquence, de plus en plus de stations s’équipent de canons à neige, en sachant que pour que ces enneigeurs fonctionnent il faut des températures suffisamment basses, ce qui n’est pas gagné ! En plus, ces canon à neige sont très gourmands : Pour un hectare à enneiger, il faut pulvériser 4 000 m3 d’eau, l’équivalent d’une piscine olympique. Pour l’ensemble des pistes les plus menacées, c’est 28 milliards de litres d’eau, c’est la consommation en eau potable de 540 000 habitants par an. On va me rétorquer que cette eau provient de réserves collinaires et ne tire donc pas sur le réseau d’alimentation domestique. C’est vrai, mais suffiront-elles toujours à produire la neige de culture ?
Un autre article de France Info donne l’exemple de la station de ski d’Auron (Alpes-Maritimes) qui a recours aux enneigeurs pour compenser l’absence de neige naturelle causée par le réchauffement climatique. Pour assurer une quantité suffisante, la station a investi 28 millions d’euros dans la neige de culture depuis 2002. 405 enneigeurs ont ainsi été installés. Leur production n’a cessé d’augmenter ces dernières années, mais le coût est considérable: un euro le mètre cube de neige fabriqué. Depuis le début de la saison, la station a ainsi dépensé 75 000 euros. De plus, la ressource en eau pose problème. Stockée dans une réserve collinaire, elle s’évapore en partie lors de la production de neige de culture. Pourtant, sans de tels équipements, l’avenir de la station serait compromis. Dans cette partie des Alpes, les scientifiques expliquent que l’enneigement hivernal moyen pourrait baisser de 10 à 40 % d’ici 2050.

Source : France Info.

Sans canons à neige, la saison de ski serait fortement compromise (Photo: C. Grandpey)

L’agonie des petits glaciers tropicaux // The rapid death of small tropical glaciers

Selon une nouvelle étude publiée dans les Proceedings de l’Académie Nationale des Sciences, les glaciers peu connus d’Indonésie fondent si vite qu’ils pourraient disparaître dans les dix prochaines années. Cela confirme la menace que fait peser le réchauffement climatique sur la couverture glaciaire dans les pays tropicaux.
L’été dernier, l’Islande a pleuré la mort de l’Okjokull, disparu à cause du changement climatique, en sachant que 400 autres glaciers de l’île risquent de connaître le même sort. Dans le même temps, une équipe de chercheurs suisse a averti que les émissions de gaz à effet de serre pourraient entraîner la disparition de plus de 90% des glaciers alpins d’ici la fin du siècle. L’accélération de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires au Groenland et en Antarctique entraînera une élévation du niveau de la mer qui menacera les mégapoles côtières et les petites nations insulaires. Il ne faudrait pas oublier, non plus, que les glaciers sont une source d’eau essentielle pour des dizaines de millions de personnes sur la planète.
Bien qu’ils soient généralement associés aux pays froids, les glaciers sont aussi présents en Papouasie, province de Nouvelle-Guinée occidentale (Indonésie), où ils sont des marqueurs clés de l’impact de la hausse des températures. Ces glaciers tropicaux sont pour la plupart de petite taille et leur temps de réaction aux variations de température est donc plus rapide que celui des grands glaciers et des calottes glaciaires. Des estimations antérieures indiquaient que les glaciers de Papouasie avaient diminué d’environ 85% au cours des dernières décennies.
Les auteurs de la dernière étude expliquent que les glaciers – qui couvraient autrefois une vingtaine de kilomètres carrés – ont tellement rétréci qu’ils occupent actuellement moins de cinq cents mètres carrés. La vitesse d’amincissement de la glace a également été multipliée par cinq au cours des dernières années. La situation est inquiétante car la glace ne se forme plus et on ne peut qu’observer la diminution de ces glaciers.
La fonte a été accélérée par le phénomène El Nino qui provoque un réchauffement des températures et réduit les précipitations. Selon les chercheurs, réduire les émissions de gaz à effet de serre et planter plus d’arbres pourrait probablement ralentir la disparition des glaciers en Papouasie, bien que la tâche soit très difficile.
Indépendamment de tout impact environnemental, la disparition de ces glaciers tropicaux serait également une perte culturelle car certains Papous indigènes les considèrent comme sacrés.
Source: Yahoo News.

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According to a new study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences, Indonesia’s little-known glaciers are melting so fast they could disappear in a decade. This underscores the imminent threat posed by climate change to ice sheets in tropical countries.

Last summer, Iceland mourned the death of Okjokull, its first glacier lost to climate change, amid warnings that some 400 others on the island risk the same fate. Meanwhile, a team of researchers in Switzerland warned that greenhouse gas emissions could cause the disappearance of more than 90 percent of glaciers in the Alps by the end of the century. Accelerating melt-off from glaciers and especially ice sheets in Greenland and Antarctica are driving sea level rises, threatening coastal megacities and small island nations. Glaciers are also a key water source for tens of millions of people.

While they are usually associated with cold-weather countries, the glaciers in Papua, an Indonesian region on the western half of New Guinea island, are a key marker of the impact of rising global temperatures. Such tropical glaciers are mostly smaller and so their response time to variations in climate change is faster compared to larger glaciers and ice sheets. Earlier estimates suggested that Papua’s glaciers have shrunk by some 85 percent in the past few decades.

The authors of the last study explain that glaciers that once covered some 20 square kilometres have shrunk to less than half of one square kilometre. There has also been a more than five-fold increase in the rate of ice thinning over the past few years. The situation has reached worrying levels because ice formation is no longer happening; one can only observe glacier recession.

The melting has been exacerbated by the El Nino phenomenon, which causes warmer temperatures and reduced rainfall. According to the researchers, reducing greenhouse gas emissions and planting more trees could probably slow down the ice recession in Papua, although the task will be very difficult.

Aside from any environmental impact, the glaciers’ disappearance would also be a cultural loss for some indigenous Papuans who consider them sacred.

Source : Yahoo News.

Image satellite des glaciers du Puncak Jaya en 2005 (Crédit photo : NASA).