En Nouvelle-Zélande, c’est comme en France: quand des catastrophes surviennent, on cherche des responsables. Après le drame de White Island, certains se sont demandés qui était en charge de la sécurité des touristes et, en cas de manquements, qui serait tenu pour responsable.
Certaines personnes se demandent également si les touristes auraient dû être autorisés à visiter l’île alors que le niveau d’alerte était à 2, signe d’une activité volcanique en cours, en sachant que de telles visites sont organisées depuis des années.
Une chose est sure: les personnes qui ont été blessées lors de l’éruption ne pourront pas intenter de poursuites civiles en Nouvelle-Zélande contre les agences de voyages qui les ont conduites sur l’île ou contre toute autre personne. En effet, le régime d’indemnisation des accidents en Nouvelle-Zélande, géré par le gouvernement, couvre le coût de tous les traitements de blessures subies dans le pays, y compris pour les étrangers. Sa couverture, à laquelle les blessés ne peuvent se soustraire, leur interdit également de poursuivre autrui pour négligence.
Toutefois, le personnel d’une agence de voyages pourraient être poursuivi en vertu des lois néo-zélandaises sur la santé et la sécurité au travail si des manquements étaient constatés. Une telle poursuite serait plus probable qu’une accusation d’homicide involontaire. La loi, introduite en 2015 après l’explosion d’une mine en 2010 qui a tué 29 ouvriers sur l’île du Sud, prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et des amendes de 3 millions de dollars néo-zélandais (2 millions de dollars américains), pour quiconque ne parvient pas à assurer la sécurité des gens, y compris des visiteurs, dans un lieu de travail, bien que personne n’ait encore été condamné à une peine de prison en vertu de cette loi.
La situation de White Island est très particulière. D’une part, c’est un volcan actif dont le cratère est très accessible. D’autre part, il est privé car il appartient à une famille. De ce fait, il se trouve dans une position inhabituelle aux yeux de la loi car ses affaires quotidiennes sont administrées par un organisme gouvernemental et non par les autorités locales.
Les activités touristiques à White Island sont, depuis des années, guidées – mais non dictées – par un niveau d’alerte établi par les scientifiques qui, selon certaines personnes, doit être révisé.
Comme je l’ai écrit précédemment, le bulletin publié par GNS Science le 3 décembre 2019 indiquait que l’activité volcanique « ne présentait pas de danger direct pour les visiteurs ». La façon dont sont interprétées les informations fournies par les scientifiques varie d’un endroit à l’autre, et certains analystes disent le système devrait être plus cohérent. Par exemple, le Ruapehu est une autre destination volcanique très populaire en Nouvelle-Zélande. Il est géré par le Department of Conservation qui décide si les skieurs doivent être autorisés à accéder aux pentes les plus hautes, et donc les plus proches du cratère. Le Ruapehu est très différent de Whites Island: Sur le Ruapehu, la partie la plus haute du domaine skiable se trouve à quatre kilomètres du cratère, tandis que le débarcadère à White Island est à seulement 700 mètres du cratère.
Il existe actuellement un flou concernant les mesures sécurité à l’attention des touristes qui ont pénétré sur White Island, que se soit au niveau de la famille qui est propriétaire de l’île et délivre des autorisations d’accès aux voyagistes, ou au niveau des voyagistes eux-mêmes. [NDLR : Comme je l’ai indiqué précédemment, il semble que l’agence de voyages néo-zélandaise avait assuré la sécurité en fournissant des casques et des masques à ses clients]
Il y a déjà eu des débats sur l’accès des touristes à d’autres volcans du monde, comme le Mont Ontake au Japon, où 63 personnes sont mortes en 2014, le Yasur au Vanuatu, où il y a eu plusieurs morts ces dernières années. Les responsables du tourisme néo-zélandais ont déclaré que la notion de risque à White Island devrait être examinée attentivement.
Source: The Guardian, The New Zealand Herald.
NDLR: S’agissant de White Island, je pense qu’à l’avenir – si le volcan est de nouveau ouvert au tourisme – il faudra éviter de faire accéder autant de personnes à la fois (elles étaient 47 le 9 décembre!) dans le cratère. Quand je suis entré dans le cratère en 2009, nous étions cinq visiteurs. Avec un petit groupe, les pertes seraient moindres et les recherches plus faciles. White Island est un volcan actif potentiellement dangereux; ce n’est pas la Foire du Trône!
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Les plongeurs de la police continuent aujourd’hui de fouiller les eaux autour de White Island pour à la recherche des deux dernières victimes, après que six corps aient été récupérés hier dans le cratère. L’eau autour de l’île est contaminée, ce qui oblige les plongeurs à prendre des précautions supplémentaires pour assurer leur sécurité. Ils ont expliqué avoir vu un certain nombre de poissons et d’anguilles morts échoués et flottant dans l’eau. A chaque remontée, les plongeurs suivent une opération de contamination à l’eau douce.
Les sauveteurs espèrent également effectuer de nouvelles recherches dans le cratère. Huit membres des forces armées porteront des vêtements de protection dotés d’un appareil respiratoire en circuit fermé pour se prémunir contre les gaz toxiques.
Une semaine après le drame, une minute de silence sera observée dans toute la Nouvelle Zélande le 16 décembre à 14h11, heure à laquelle a débuté l’éruption de White Island.
Source: New Zealand Herald.
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11 h 00 (heure française) – 23 h 00 (heure néo-zélandaise): La police vient de confirmer qu’une autre personne était décédée à la suite de l’éruption sur White Island, ce qui porte le bilan officiel à 15 morts. Cette personne était soignée à l’hôpital de Waikato.
Deux autres personnes sont toujours portées disparues. La police a indiqué envisage de retourner à White Island demain pour essayer de retrouver les deux corps. L’opération se fera en fonctions des conditions météo dans la matinée.
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23 heures (heure française) – 11 heures le 15 décembre en NZ): La mission pour retrouver les corps des deux dernières victimes de l’éruption de White Island s’est soldée par un échec ce matin. Les hommes sont revenus sur le continent (c’est-à-dire l’île du Nord) après avoir passé 75 minutes dans le cratère. Ils étaient arrivés sur site juste après 8h30 et disposaient de 75 minutes d’oxygène. Comme pour la mission précédente, celle d’aujourd’hui était subordonnée aux risques encourus qui ont été et seront continuellement évalués.
Dans le même temps, une seizième personne est décédée à l’hôpital en Australie. Une vingtaine d’autres restent hospitalisées avec de très graves brûlures.
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New Zealand is like France: when disasters happen, people look for those who can be held responsible for them. After the White Island eruption, questions are being asked about who was responsible for the safety of tourists and, if failings are found, who will be held accountable.
Some people wonder whether tourists should have been allowed to visit the island while the alert level was at 2, which meant volcanic unrest, knowing that such visits have been organised for years.
One thing is already clear: those injured in the eruption will be prevented from bringing civil lawsuits in New Zealand against the tour companies who took them to the island, or anyone else. Indeed, New Zealand’s accident compensation scheme, run by the government, covers the cost of all treatment for injuries sustained in New Zealand, including for foreigners. Its coverage, which the injured cannot opt out of, bars them from suing for negligence.
However, named individuals from a tour company could be prosecuted under New Zealand’s workplace health and safety laws if failings were found. Such a prosecution is more likely than a criminal manslaughter case. The law, introduced in 2015 after a 2010 mine explosion that killed 29 workers on New Zealand’s South Island, threatens penalties of up to five years in prison and fines of 3 million NZ dollars (2 million US dollars), for anyone failing to keep people, including visitors, safe in a place of work, although no one has been sentenced to a jail term under it.
White Island’s situation is quite unique. On the one hand, it is an active volcano that is highly accessible right up to its crater. On the other hand, it is privately owned by a single family and in an unusual regulatory position where its day-to-day affairs are administered by a government agency, rather than by the local council.
Its tourism operations have for years been guided, but not dictated, by a scientific alert level that some commentators say must now be reviewed.
As I put it before, the bulletin issued by GNS Science on December 3rd said the current activity “did not pose a direct hazard to visitors.” How the information provided by the science agency is enacted varies from place to place, and some analysts say the system should be more consistent. For example, Ruapehu is another popular destination in New Zealand. It is owned by the country’s Department of Conservation which decides whether skiers should be allowed on its upper slopes. Ruapehu is very different from Whites Island: On Ruapehu, the top of the ski field is four kilometres from the crater while the boat landing place at White Island is 700 metres from the crater.
It is not clear what safety decisions were made about tourists accessing White Island by the family who privately owns the island and issues leases to tour operators, or solely by the operators themselves.
While there have been debates about tourist access to other volcanoes around the world, like Japan’s Mt Ontake, where 63 people died in 2014, Mt Yasur, in Vanuatu, where there have been several deaths in recent years, tourism analysts in New Zealand said the risks of White Island would need to be examined more closely.
Source : The Guardian, The New Zealand Herald.
Personal thought: As far as White Island is concerned, I think that in the future – provided the volcano is again open to tourism- one should reduce the number of people (they were 47 on December 9th!) in the groups allowed to visit the crater. When I entered the crater in 2009, we were 5 visitors. With a small group, the losses would be minor and the research easier. White Island is an active, potentially dangerous, volcano, not Luna Park!
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Police divers are continuing to search the waters around White Island for the last two missing victims after six bodies were recovered from the volcano yesterday.. The water around the island is contaminated, requiring the divers to take extra precautions to ensure their safety. They have reported seeing a number of dead fish and eels washed ashore and floating in the water. Each time they surface, the divers are decontaminated using fresh water.
The rescuers also hope to conduct new land searches. Eight Defence Force members will wear full protective clothing, including closed-circuit breathing apparatus to guard against the toxic gases.
One week after the disaster, a minute of silence will be observed all over newZealand on December 16th at 2:11 pm; it was the time when the White Island eruption started.
Source: New Zealand Herald.
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11:00 am (French time) – 11:00 pm (NZ time) : Police have just confirmed a further person has died following the eruption on White Island, bringing the official toll to 15. The person was earlier being treated at Waikato Hospital.
Two more bodies are still missing. Police have indicated they intend to return to White Island tomorrow for a land search for the two bodies still unaccounted for, pending conditions in the morning.
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23:00 (French time – 11 :00 am on December 15th in NZ)): The body recovery team has returned to the mainland (meaning the North Island) after spending 75 minutes on White Island this morning without any success. The team arrived ashore just after 8.30 am today and had enough oxygen for 75 minutes. As with the first recovery operation, today’s plan was contingent on a range of risk factors which had been, and would continually be, assessed.
Meantime, a 16th person has died in an Australian hospital. Two dozen others are still in hospital, suffering from very serious burns.
Fumerolle et lac acide à White Island (Photo: C. Grandpey)