En Nouvelle-Zélande, comme en France, on essaie de trouver des responsables dès qu’une catastrophe vient de se produire. Après l’éruption meurtrière de White Island, certains se demandent s’il fallait autoriser des touristes à pénétrer dans le cratère alors que son niveau d’alerte avait été relevé au cours des dernières semaines. En effet, les autorités avaient fait passer le niveau d’alerte volcanique de 1 à 2 (il varie de 0 à 5) il y a quelques semaines, en faisant état « d’une activité volcanique modérée à forte ». Plus précisément, le niveau avait été relevé en raison d’une augmentation des émissions de dioxyde de soufre et du tremor volcanique, deux paramètres qui peuvent signaler une montée du magma sous l’édifice volcanique
Il appartient en fin de compte aux responsables des agences de voyages de décider s’ils peuvent conduire leurs clients sur l’île qui est une propriété privée et dont l’accès est contrôlé par des permis. Une agence, White Island Tours, a déclaré sur son site Web qu’elle visitait le site en fonction des différents niveaux d’alerte, mais a ajouté que « les clients doivent être conscients qu’il existe toujours un risque, quel que soit le niveau d’alerte ». L’une des cinq personnes tuées lors de l’éruption était un guide travaillant pour ce voyagiste.
Le directeur de l’agence a déclaré: « Conduire des visiteurs dans le cratère d’un volcan actif est souvent perçu comme un risque élevé ; c’est pourquoi nous avons donc toujours accordé une grande importance à nos systèmes de santé et de sécurité. » Au début de l’année 2019, lorsque le niveau d’alerte volcanique a été relevé, White Island Tours a déclaré que l’agence continuerait de fonctionner, mais avec du personnel supplémentaire pour s’assurer des conditions de sécurité maximales avant que les groupes débarquent sur l’île. Il a été conseillé aux touristes de porter des chaussures appropriées et l’agence a fourni des casques et des masques à gaz pour assurer la sécurité des visites.
Chaque année, environ 10 000 touristes visitent White Island. Le volcan est actif et son histoire passée montre que les événements explosifs comme celui qui s’est produit le 9 décembre 2019 ne sont pas exceptionnels. 10 mineurs de soufre ont été tués par une explosion similaire en 1914. Un conteneur a été placé sur l’île en 2016 pour servir d’abri d’urgence en cas d’éruption. Il faudrait être très proche du conteneur pour s’y réfugier en cas d’explosion soudaine! Si on se trouve au beau milieu du cratère, le conteneur ne sera d’aucune utilité !
Je pense qu’il serait injuste d’accuser White Island Tours. L’agence a averti ses clients que le volcan était actif et pourrait devenir dangereux. Elle leur a également demandé de se munir de l’équipement adéquat.
Visiter un volcan actif comporte des risques. Il appartient à chaque touriste de décider si le risque en vaut la peine.
Enfin, il convient de noter qu’aucune activité volcanique dangereuse ne se produisait lorsque les touristes ont commencé leur visite. Il en aurait été tout autrement si la visite avait eu lieu lors d’une éruption. L’agence aurait alors pu être accusée de conduire des personnes dans un environnement qu’elle savait dangereux.
Quand j’ai débarqué de l’hélicoptère à White Island en 2009, j’étais parfaitement conscient que ma visite comportait des risques. J’aurais très bien pu me faire surprendre, moi aussi, par une éruption phréatique, mais je n’aurais pas intenté de procès à la compagnie d’hélicoptère qui m’avait déposé sur le site !
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10 décembre 2019 – 9h00 (heure française): Le bilan de l’éruption de White Island reste inchangé depuis hier. Cinq personnes sont mortes. 8 autres sont portées disparues et ont probablement été tuées par l’éruption. 31 personnes sont hospitalisées et sont soignées pour de graves brûlures; les médecins craignent que certaines ne survivent pas.
La nationalité des touristes présents sur l’île au moment de l’éruption a été confirmée le 10 décembre 2019. Vingt-quatre venaient d’Australie, neuf des États-Unis, cinq de Nouvelle-Zélande, quatre d’Allemagne, deux du Royaume-Uni, deux de Chine et un de Malaisie.
Les autorités ne peuvent toujours pas se rendre sur l’île. L’activité sismique a diminué, mais les scientifiques estiment qu’il y avait 50% de risques pour que se produise une nouvelle éruption au cours des 24 prochaines heures. Les webcams sur l’île montrent des jets de gaz et de vapeur.
La police néo-zélandaise a annoncé l’ouverture d’une enquête. La catastrophe soulève des questions quant à savoir si les groupes de touristes auraient dû être autorisés à visiter White Island après le passage à 2 du niveau d’alerte.
Source: New Zealand Herald.
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12 heures: L’une des 31 personnes traitées pour brûlures est décédée ce qui porte à 6 le nombre de victimes de l’éruption de White Island. Vingt-sept des personnes transportées à l’hôpital ont subi des brûlures sur plus de 30% du corps. Les médecins pensent qu’il faut s’attendre à d’autres décès. La plupart des personnes hospitalisées ont subi des blessures par inhalation, des brûlures aux poumons, et elles ont besoin d’une assistance respiratoire. Des patients ont été transférés dans des unités de grands brûlés qui sont à saturation à travers la Nouvelle-Zélande. Il se pourrait que certains blessés soient envoyés en Australie.
La police a des bateaux qui sont stationnés à 1 km au large des côtes de White Island, mais n’a pas été en mesure d’envoyer des drones pour analyser les niveaux de gaz et effectuer des missions de reconnaissance en raison de la persistance de vents forts. Les pilotes d’hélicoptère disent qu’ils sont prêts à décoller pour des missions de récupération de corps, ils sont bloqués par des formalités administratives et un plan d’intervention d’urgence trop contraignant.
Source: The Guardian.
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In New Zealand, like in France, one tries to find somebody who could be responsible for a disaster that has just happened. After the deadly eruption at White island, questions are asked over why tourists were allowed in the crater when its alert level had been elevated over recent weeks. Indeed, authorities raised the volcanic alert level from 1 to 2 (it ranges from 0 to 5) a few weeks ago, indicating « moderate to heightened volcanic unrest. » More specifically, the level had been raised in response to increasing amounts of sulphur dioxide, along with volcanic tremors, two parameters which can signal rising magma deep in the volcano.
It is ultimately up to operators to decide whether to take visitors to the privately-owned island, with access controlled through permits. One travel agency, White Island Tours, stated on its website that it operated through varying alert levels, but added that « passengers should be aware that there is always a risk of eruptive activity regardless of the alert level. » One of the five people killed during the eruption was a guide from the tour company.
The manager of the company said: « Taking visitors into the crater of an active volcano is often perceived as high risk so we have always maintained a strong focus on ensuring our Health and Safety systems were of a very high standard. » Earlier this year, when the alert level was raised, White Island Tours said it would continue to operate, albeit with extra staff to check conditions before tour groups stepped ashore. It advised tourists to wear appropriate footwear and provided hard hats and gas masks for safety gear.
Around 10,000 tourists visit White Island each year. The volcano is active and its past history shows that explosive events like the one that occurred on December 9th, 2019, are not exceptional. 10 sulphur miners were killed by a similar explosion in 1914. A shipping container was placed on the island in 2016 to act as an emergency shelter in case of an eruption. You need to be very close to the container to take refuge in case of a sudden explosion! If you are right in the middle of the crater, the container will be of no use.
I think it would be wrong to accuse White Island Tours. The company warned its patrons that the volcano was active and might become dangerous. It also asked them to bring along the right equipment.
Visiting an active volcano includes risks. It’s up to each tourist to decide whether or not the risk is worth taking.
At last, it should be noted that no dangerous volcanic activity was occurring when the tourists started their visit. It would have been quite different if the visit had taken place during an eruption. The company could have then been accused of taking people to an environment they knew was dangerous.
When the helicopter landed on White Island in 2009, I was fully aware that my visit was risky. I could very well have been surprised, too, by a phreatic eruption, but I would not have filed a lawsuit against the helicopter company that had dropped me on the site!
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December 10th, 2019 – 9:00 am (French time): The toll has not changed since yesterday. Five people are confirmed dead. 8 others are missing and were probably killed by the eruption. 31 persons are in hospital where they are being treated for burns ; not all of them are expected to survive.
The nationalities of those on the island at the time of the explosion were confirmed on December 10th, 2019. Twenty-four were from Australia, nine from the US, five from New Zealand, four from Germany, two from the UK, two from China and one from Malaysia.
Authorities are still unable to reach the island. Seismic activity had reduced but scientists estimate there was a 50% chance of another eruption in the next 24 hours. Web cameras on the island indicate jets of gas and steam are still being released from the area.
New Zealand police said they were launching an investigation. The disaster raises questions about whether tour groups should have been allowed to visit White Island after the alert level had been raised to 2.
Source: New Zealand Herald.
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12:00: A sixth person has been confirmed dead after one of the 31 people being treated for burns died. Twenty-seven of those taken to hospital had sustained greater than 30% body surface burns, and doctors say more deaths among the injured are expected. Many who have suffered inhalation injuries, damage to lungs, are requiring airway support. At this stage, this concerns the majority of the people who are in the hospitals. Patients have been sent to burns units across New Zealand, which were at capacity, and some may be sent to Australia.
Police said they have boats stationed 1 km off the coast of White Island, but have been unable to send drones to test gas levels and do reconnaissance missions because of persistent, strong winds. Helicopter pilots say they are willing to fly over on body-retrieval missions, but are being hamstrung by red tape and an overly cautious emergency response plan.
Source: The Guardian.
Photo: C. Grandpey