Conférences…

Ma saison de conférences 2017-2018 vient de se terminer à Tonneins (Lot-et-Garonne) avec des images de la fonte des glaciers dans le monde et des images de l’Alaska. Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m’ont fait confiance et ont eu la patience d’écouter mes propos sur les volcans et les risques volcaniques, ainsi que sur la fonte inquiétante de la glace dans le monde. Avec le printemps et l’été, l’heure est aux sorties à la campagne, au jardinage et aux vacances. Ce n’est pas la meilleure époque de l’année pour aller s’enfermer dans une salle.

J’aurai le plaisir de faire de nouvelles conférences à partir du mois de septembre. Je vous tiendrai au courant des dates et lieux de mes prochaines interventions.

Si votre municipalité, notre association ou votre comité d’entreprise sont intéressés par les sujets proposés, leurs responsables peuvent me contacter par mail : grandpeyc@club-internet.fr

Risques volcaniques….

Glaciers en péril….

Photos: C. Grandpey

Etude des cristaux pour mieux prévoir les éruptions // A study of crystals to better predict eruptions

Nous savons tous que la prévision éruptive est extrêmement difficile. En effet, chaque volcan possède son propre réseau complexe de conduits d’alimentation. Même lorsque les instruments détectent une activité volcanique, il est très compliqué de savoir quand le magma atteindra la surface.
Des scientifiques du Trinity College de Dublin (Irlande) et de l’Université du Queensland (Australie) ont essayé de comprendre ce processus en analysant les cristaux qui se développent à l’intérieur des volcans et agissent comme enregistreurs de leurs éruptions. Une étude précédente sur les cristaux de l’Etna avait montré que si un nouveau magma arrive dans la chambre située à une dizaine de kilomètres sous la surface, une éruption peut se produire dans les deux semaines suivantes.
Au fur et à mesure qu’il monte vers la surface, le nouveau magma exerce une pression sur les roches encaissantes en accumulant de la pression sous le volcan. Cela génère des séismes et entraîne un gonflement de l’édifice, phénomènes qui peuvent être surveillés en surface ou depuis l’espace avec des satellites. La difficulté est de savoir si une recharge de la chambre magmatique à un certain moment se traduira par une éruption et combien de temps il faudra avant que l’éruption commence.
C’est à ce niveau que les cristaux peuvent intervenir. Ces minéraux ont été baptisés « anté-cristaux » parce qu’ils ont souvent commencé souvent à se développer dans les magmas primaires, des milliers d’années avant que le volcan entre en éruption. Ils se développent couche par couche, tout en enregistrant les changements dans le magma environnant, de la même manière que les cernes des troncs d’arbres enregistrent les variations du climat.
La technologie laser permet de pénétrer la structure de ces « anté-cristaux » pour créer des cartes des éléments traces à l’intérieur. Cela suppose d’envoyer un faisceau laser sur l’ « anté-cristal, » puis d’utiliser un spectromètre de masse pour analyser l’aérosol qui est ainsi émis et déterminer son contenu. Cela permet de créer une image 2D de la structure du cristal qui peut nous renseigner sur son histoire. Par exemple, lorsque d’anciens noyaux d’ « anté-cristaux » sont transportés à la surface par un nouveau magma, cela génère une bordure bien particulière autour du cristal.

En utilisant des cartes chimiques de cristaux provenant des 40 dernières années d’activité de l’Etna, les chercheurs ont pu déterminer la profondeur à laquelle les cristaux se sont développés, mais aussi à quel moment un nouveau magma a commencé à envahir le système volcanique en profondeur. Ils ont constaté que le processus a débuté dans les années 1970, ce qui coïncide avec la période où le volcan a commencé à entrer en éruption plus souvent, avec une ascension plus rapide du magma, plus d’explosivité et une activité sismique plus intense.
Le type de contact entre les noyaux des cristaux et leurs bordures, et l’épaisseur des bordures, contiennent des informations sur le temps qui s’est écoulé entre les arrivées de magma et le début d’une éruption. Cela signifie que nous pouvons mieux prévoir quand une éruption est susceptible de se produire après avoir détecté le magma à certains niveaux sous le volcan.
La conclusion de l’étude est que l’analyse laser d’ « anté-cristaux » dans le monde entier pourrait permettre aux volcanologues de mieux comprendre comment la recharge de la chambre magmatique agit comme déclencheur d’éruptions et de mieux interpréter les données de surveillance des volcans actifs. Cela pourrait permettre d’établir un processus plus précis pour repérer les signes avant-coureurs et prévoir les éruptions imminentes.
Source: Live Science.

L’étude complète peut être lue à cette adresse: https://www.nature.com/articles/s41467-017-02274-w

——————————————-

We all know that predicting an eruption is a very difficult task. Indeed, every volcano has its own unique and complex network of feeding conduits. So, even when instruments detect volcanic activity, it is very hard to know when the magma will make its way to the surface.

Scientists from Trinity College Dublin (Ireland) and the University of Queensland (Australia) have found a way to assess this process by using crystals that grow inside volcanoes and act like a record of its eruption. A previous study on crystals from Mount Etna had shown that if new magma arrives in chambers 10 km below the volcano’s surface, an eruption can follow within two weeks.

As it moves towards the surface, the new magma pushes apart the rock, building up pressure beneath the volcano. This produces earthquakes and inflates the volcanic edifice, effects that can be monitored at the surface or from space with satellites. What is difficult is to know if a particular magma recharge will actually translate into an eruption and how much time it will take for the eruption to start.

This is where the crystals can come in. These minerals are called antecrysts because they often start growing from early magmas thousands of years before the volcano erupts. They grow layer by layer, recording changes in the surrounding magma, like tree rings registering variations in the climate.

Laser technology allows to look into the antecrysts to create maps of the trace chemical elements inside them. This involves firing a grid of laser lines over the antecryst and then using a mass spectrometer to analyse the aerosol that is given off and work out what it contains. This can be used to create a 2D image of the crystal’s composition that can tell us something about its history. For example, when old antecryst cores are transported to the surface by new magma, it generates a distinctive rim on the crystal.

Using crystal chemical maps from the last 40 years of volcanic activity at Mount Etna, the researchers been able to determine the depth at which the crystals grow but also when new magma began invading the underground volcanic system. They found that this started occurring in the 1970s, coinciding with the period when the volcano began to erupt more often, with faster-moving magma and more explosiveness and seismic activity.

The type of contact between the crystal cores and the rims and thickness of the rims hold information on how much time elapses between the arrival of batches of magma and when an eruption started. This means we can better predict when an eruption is likely to occur after magma is detected at certain points beneath the volcano.

The study’s conclusion is that carrying out laser surveys of antecrysts from around the world could help volcanologists better understand how magma recharge acts as a trigger for eruptions, and how to interpret monitoring data from active volcanoes. This could create a more accurate process for spotting warning signs and predicting imminent eruptions.

Source : Live Science.

The complete study can be found at this address : https://www.nature.com/articles/s41467-017-02274-w

L’étude des cristaux permettra-t-elle un jour de mieux comprendre les humeurs de l’Etna? (Photo: C. Grandpey)

« Le niveau d’alerte du Mont Agung est décidé par le tourisme, pas par les scientifiques » // « The Mount Agung status is decided by tourism, not the scientists. »

Même si on parle très peu de l’activité de l’Agung en ce moment, la population locale est encore inquiète et craint que de nouvelles éruptions se produisent à l’avenir. Il ne faudrait pas oublier que le niveau d’alerte est toujours à 3 (SIAGA), sur une échelle de 4.
Les autorités ont progressivement abaissé le niveau d’alerte, mais la menace d’une éruption fait du tort à l’île de Bali depuis plus de cinq mois. Les perturbations causées au transport aérien et les annulations de réservations en pleine saison touristique ont sérieusement fragilisé ce secteur qui est le principal moteur de l’économie de l’île. En décembre dernier, le ministre indonésien du Tourisme avait indiqué que l’impact économique de l’éruption de l’Agung pourrait dépasser 650 millions de dollars. Cependant, les retombées sociales et économiques vont bien au-delà des célèbres centres touristiques car une forte incertitude demeure quant à la fin réelle de l’éruption.
Au total, plus de 140 000 personnes ont été évacuées dans un rayon de 12 km autour de l’Agung. À la fin du mois de février, on leur a donné l’autorisation de rentrer à la maison, mais beaucoup d’entre elles se trouvent confrontées à des moyens de subsistance profondément perturbés. Dans une école de Cegi, l’un des villages les plus proches du cratère, un enseignant a déclaré qu’il s’attend toujours à une éruption même si le gouvernement affirme que tout va bien. Comme beaucoup de ses voisins, il a vendu son bétail à un prix dérisoire au cours des quelques jours de panique qui ont suivi l’annonce de l’évacuation. Il lui reste de l’argent pour reprendre ses activités, mais il ne les reprendra que le jour où il sera certain qu’il n’aura plus à fuir.
Beaucoup de gens pensent qu’il faudra quatre ou cinq ans avant que les choses se normalisent autour de l’Agung. Peu de gens pensent que la menace a complètement disparu et certains membres des associations humanitaires à Bali sont persuadés que la réduction du niveau d’alerte du volcan a été une décision politique destinée à mettre moins de pression sur le secteur touristique. Selon le directeur de l’IDEP, une ONG locale qui vient en aide aux personnes évacuées, «le niveau d’alerte du mont Agung est décidé par le tourisme, pas par les scientifiques».
Le secteur humanitaire est aujourd’hui, lui aussi, en proie au doute suite aux évacuations des derniers mois et au retour des habitants chez eux. Les associations locales comme PMI doivent maintenant envoyer leur personnel dans des zones qui ne sont pas forcément sures afin de protéger les intérêts des rapatriés. PMI soutient certaines communautés au niveau financier pour les aider à se remettre sur pied, et réhabilite les centres d’évacuation inoccupés pour s’assurer qu’ils seront prêts à être réutilisés en cas d’urgence.
Source: Nikkei Asian Review.

——————————————

Even though very little is said these days about activity at Mt Agung, the local population is still anxious and fears more eruptions might occur in the future. One should not forget the alert level is at 3 (SIAGA), on a scale of 4.

The authorities have progressively lowered the alert level, but the threat of an eruption has cast a long shadow over Bali for more than five months. Disrupted flights and cancelled holidays over the normal high season for tourists have hit the hospitality industry, which is the biggest contributor to the island’s economy. Back in December, Indonesia’s Minister of Tourism warned that the economic impact of the Mount Agung eruption could be in excess of $650 million. However, the overall social and economic fallout will be deeply felt far beyond the island’s world-famous tourist resorts, exacerbated by lingering uncertainty over whether the eruption is really drawing to a close.

In total, more than 140,000 people were evacuated from a 12-km radius around Mount Agung. By late February, almost all of them had been told it was safe to go home; many of them are returning to livelihoods that have been profoundly disrupted. In a schoolhouse in Cegi, one of the closest villages to the crater, a teacher said that he is still waiting for the eruption despite the government’s « all clear » signal. Like many of his neighbours, he sold his livestock at a knock-down price in the panicked few days after the evacuation notice came through. He has some cash leftover to start again, but is reluctant to do so until he can be certain he will not have to flee again.

Many people think it will take four or five years before things get back to normal around Mt Agung. Few people believe the threat has entirely subsided, and there is a persistent suspicion, voiced by some members of the development and humanitarian community in Bali, that the decision to scale down the alert level was a political one designed to take the pressure off the tourist sector. According to the director of IDEP, a local sustainable development NGO that has been helping evacuees, « the Mount Agung status is decided by tourism, not the scientists. »

The evacuations have left the humanitarian sector in limbo too. Local humanitarian groups like PMI now have to send their staff into areas they do not believe are safe in order to look after the interests of returning evacuees. PMI is supporting some communities with cash transfers to help them to get back on their feet, and is rehabilitating the unoccupied evacuation centres to make sure they are ready to be used again.

Source: Nikkei Asian Review.

Crédit photo: Wikipedia

Nouvelles du Shinmoedake (Japon) // News of Shinmoedake Volcano (Japan)

Même si le volcan semble plutôt calme sur la capture d’écran de la webcam ci-dessous, l’éruption du Shinmoedake est loin d’être terminée. Selon l’Agence météorologique japonaise (JMA), des éruptions explosives peuvent encore se produire pendant plusieurs mois, voire plus. L’Agence maintient un niveau d’alerte qui empêche les gens d’approcher du volcan. Elle a également mis en garde sur le risque de projections sur une zone à moins de 4 km du cratère et de coulées pyroclastiques à moins de 2 km du cratère.
La chaîne volcanique de Kirishimasue sur laquelle se dresse le Shinmoedake, a montré une phase d’inflation depuis juillet dernier, signe que la chambre magmatique était en train de se remplir. On a ensuite observé des mouvements de contraction de l’édifice entre le 6 et le 8 mars, au moment des émissions de lave. La quantité de lave accumulée dans le cratère ne semble pas avoir varié de manière significative depuis le 10 mars. On estime que 60 à 70% du magma accumulé sous l’édifice ont été évacués. Cependant, il est nécessaire de continuer à surveiller le volcan.
Source: The Japan Times.

——————————————

Even though the volcano looks rather quiet on the webcam screenshot below, the eruption of Shinmoedake is far from over. According to the Japan Meteorological Agency (JMA), it is expected to continue explosive eruptions for several months or more. The agency has maintained an alert level that restricts people from approaching the volcano. It has also warned of the risk of large flying rocks in an area within 4 km of the crater and pyroclastic flows within 2 km of the crater.

The Kirishima mountain range encompassing Mount Shinmoe has appeared to be swelling since last July with the possibility of the magma chambers refilling underneath. There were also movements of contraction from March 6th to 8th as it released lava. The amount of lava pooled in the crater appears to have been unchanged since March 10th. At least about 60 to 70 percent of the magma accumulated underneath the edifice is believed to have been released. However, it is necessary to keep monitoring the volcano.

Source : The Japan Times.