Kick’em Jenny (Caraïbes)

drapeau francaisKick’em Jenny est un vaste complexe volcanique sous-marin au large de l’île de la Grenade, à l’extrémité sud des Petites Antilles. Le Centre de Recherche Sismique (SRC) de l’Université des West Indies a décrété l’alerte Orange pour le volcan, après une forte hausse de la sismicité en début de journée le 23 juillet, ce qui pourrait indiquer qu’une éruption va se produire à très court terme. La Barbade, la Grenade, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Trinité-et-Tobago ont été placées en vigilance Orange Les instruments de surveillance du volcan, situé à 8 km au nord de la Grenade, ont enregistré une forte activité sismique continue entre 1h25 et 3 heures du matin le 23 juillet. Le SRC a indiqué que cette acticité sismique avait commencé le 11 juillet, et n’avait pas cessé depuis cette date. Au total, plus de 200 secousses d’intensité variable ont été enregistrées. Avec le niveau d’alerte Orange, le SRC recommande aux gouvernements de la Grenade, Saint-Vincent, la Barbade et Trinidad & Tobago d’informer les habitants sur les voies d’évacuation dans l’éventualité d’un tsunami. Les stations de radio sont également invitées à transmettre les messages d’urgence du SRC. Les habitants des îles concernées par la hausse du niveau d’alerte sont invités à suivre les mises à jour sur le site Internet du SRC. Les navires doivent rester à au moins 1,5 km du sommet de Kick’em Jenny et les bateaux de plaisance, ne doivent pas entrer à moins de 5 km du sommet du volcan. La dernière éruption de Kick’em Jenny remonte au 4 décembre 2001 et le volcan est entré en éruption douze fois depuis 1939.

Source: Antillean Media Group.

« Kick’em Jenny », quel nom bizarre ! Littéralement, cette appellation signifierait « Botte leur les fesses, Jenny ». Or, il n’y a pas de trace d’une Jenny qui aurait éconduit des hommes un peu trop entreprenants en leur assénant des coups de pieds dans l’arrière train. On pense que l’origine de « Kick’em Jenny » pourrait se trouver dans le créole « Quai que gêne », autrement dit « quai difficile » qui ferait référence aux problèmes rencontrés par les bateaux pour accoster avec la mer souvent houleuse dans le secteur.

Cela me rappelle l’une des origines possibles de « Elephant and Castle », un quartier du sud de Londres. Il n’y a ni éléphant ni château dans ce quartier. Le nom aurait été donné en référence à « La Infanta de Castilla » qui, prononcé à l’espagnole, a une sonorité très proche de Elephant and Castle !

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drapeau anglaisKick’em jenny is a vast underwater volcano off the island of Grenada, at the southern end of the Lower Antilles. The Seismic Research Centre (SRC) of the University of the West Indies has issued an Orange alert for the volcano, after a significant increase in seismicity in the early hours of July 23rd, suggesting than an eruption could occur in the very short term. Barbados, Grenada, St. Vincent & the Grenadines and Trinidad & Tobago have been put on orange alert

Instruments monitoring the volcano, located 8km north of Grenada, recorded strong, continuous activity between 1:25 a.m. and 3.a.m. The SRC said that signs of elevated seismic activity began on July 11th, and have continued since then. A total of more than 200 earthquakes, of varying magnitudes, have been recorded.

At the Orange alert level, the SRC recommends that the governments of Grenada, St. Vincent, Barbados and Trinidad & Tobago should advise residents of evacuation routes in the event of a tsunami. Radio stations are also being advised to convey emergency messages that may emanate from the SRC, and residents of the islands within the warning zone are asked to monitor updates on the SRC website. Shipping vessels should stay 1.5 km from the summit of Kick’em Jenny, and non-essential shipping, such as pleasure craft, should not enter within 5 km of the volcano’s summit.

Kick’em Jenny last erupted on December 4, 2001 and it has erupted twelve times since 1939.

Source : Antillean Media Group.

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Kick’em Jenny se trouve dans la partie méridionale de l’arc antillais  (Source:  SRC)

L’impact du dioxyde de soufre du Bárðarbunga (Islande) // The impact of Bárðarbunga’s sulphur dioxide

drapeau francaisL’éruption de 6 mois du Bárðarbunga (31 août 2014 – 27 février 2015) fut la plus importante en Islande depuis l’éruption dévastatrice du Laki de 1783 à 1784. Elle a produit environ 1,6 km3 de lave en couvrant une superficie équivalente à l’île de Manhattan.
L’éruption a généré des émissions de dioxyde de soufre (SO2) de près de 12 millions de tonnes, ce qui est plus que l’ensemble des émissions de SO2 en Europe en 2011. En Islande, la concentration de SO2 a dépassé dans une grande partie du pays 350 ug/ m3 et par heure, ce qui est considéré comme la limite pour la santé. Cette concentration a été observée pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines (voir mes notes précédentes sur l’éruption). Toutefois, les effets de l’éruption ne se limitent pas à l’Islande car de nombreuses parties de l’Europe ont également enregistré des niveaux élevés de SO2.
Les chercheurs ont d’abord craint que les émissions de SO2 soient beaucoup plus élevées, ce qui aurait causé des problèmes de santé graves à travers l’Islande et peut-être l’Europe. Leurs craintes s’appuyaient sur l’histoire passée du volcan. Il y a huit mille ans, le Bárðarbunga a connu une éruption encore plus puissante que celle du Laki. Il est bon de rappeler que cette dernière a tué quelque 10 000 personnes en Islande tandis que la pollution par le SO2 affectait des dizaines de milliers d’autres en Europe, en particulier en Grande-Bretagne, en France et aux Pays-Bas.
Dans un article de la revue Geochemical Perspectives Letters (la revue de l’Association Européenne de Géochimie), un groupe de chercheurs islandais a détaillé les effets de l’éruption du Bárðarbunga sur l’environnement. Ils ont montré que le niveau de SO2 avait augmenté de manière significative à la suite de l’éruption. Les stations de surveillance installées en Irlande ont révélé des pics élevés, en particulier le 6 septembre, jour où le niveau de SO2 a dépassé les limites européennes pour la protection de la santé humaine. Même à une altitude de 1210 mètres dans les Alpes autrichiennes, le niveau de SO2 a culminé à 235 ug/m3, ce qui représente environ 60% des niveaux autorisés et près de 50 fois le niveau de référence normal d’environ 5 ug/m3.
Les chercheurs soulignent que pour la plus grande partie de l’Europe les effets sur la santé ont été minimes car l’exposition au SO2 n’a pas été prolongée. En 2014-15, c’est surtout la partie septentrionale de l’Islande qui a connu la plus forte pollution qui, heureusement, n’affectait guère des zones habitées. De plus, l’éruption est survenue au bon moment d’un point de vue météorologique, ce qui a minimisé les effets globaux en Islande, mais aussi ailleurs sur le continent européen. En effet, la vitesse moyenne du vent est plus élevée en hiver qu’en été, donc l’éruption du Bárðarbunga a produit des panaches qui se sont rapidement dispersés. Par ailleurs, en raison de la réduction du nombre d’heures d’ensoleillement en automne et en hiver, un pourcentage plus faible du SO2 émis était susceptible d’être oxydé dans des conditions sèches et transformé en acide sulfurique (H2SO4).
Source: Association Européenne de Géochimie.

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drapeau anglaisThe six month long eruption of the Bardarbunga volcano (31 August 2014-27 February 2015 ) was the largest in Iceland since the devastating Laki eruption of 1783-84, producing around 1.6 km3 of lava, covering an area equivalent to Manhattan Island.

The eruption caused total sulphur dioxide (SO2) emissions of nearly 12 million  tonnes, which exceeded the total SO2 emitted in Europe in 2011. In Iceland, concentration of SO2 exceeded the 350 µg m-3 hourly average health limit over much of the country for days to weeks (see my previous notes about the eruption). However, the effects of the volcano were not confined to Iceland – many parts of Europe also saw high SO2 levels.

Researchers were initially concerned that the SO2 emissions would be much higher, which would have caused serious health problems throughout Iceland and perhaps Europe. They feared much worse effects when they referred to the past history of the volcano. Eight thousand years ago, Bardarbunga experienced an eruption even bigger than that of the 1783-84 Laki eruption which killed around 10,000 people in Iceland and the resultant SO2 pollution that affected tens of thousands in Europe, especially in the Britain, France and the Netherlands.

Writing in the journal Geochemical Perspectives Letters (the journal of the European Association of Geochemistry), a group of Icelandic researchers has detailed the environmental effects of the Bardarbunga eruption. They were able to show that the SO2 levels rose significantly in the wake of the eruption. Monitoring stations in Ireland showed high SO2 spikes, with SO2 levels exceeding the European limits for the protection of human health on September 6th. Even at an altitude of 1210 meters in the Austrian Alps, SO2 levels spiked at 235 µg m-3. This is around 60% of permitted levels, and nearly 50 times the normal background level of around 5 µg m-3

The researchers stress that for most of Europe, the effects on health would have been minimal, given that the SO2 exposure was not prolonged.  In 2014-15, most of Iceland, especially North Iceland, experienced gas pollution. However this was away from most inhabited areas. The eruption occured at the right moment for the weather, which tended to minimize the overall effects in Iceland, but also elsewhere on mainland Europe. Indeed, the average wind speed is higher in winter than summer, thus the Bardarbunga eruption produced fast-dispersing plumes. Because of reduced autumn-winter sunlight hours, a smaller per cent of emitted SO2 had the potential to be oxidised under dry conditions to sulphuric acid (H2SO4).

Source : European Association of Geochemistry.

Bardarbunga

L’éruption du Bárðarbunga le 4 septembre 2014 (Crédit photo : Peter Hartree / Wikipedia)