La péninsule de Yamal (Sibérie), le dégel du permafrost, le gaz naturel…et Total!

Avec la guerre en Ukraine, on parle beaucoup de l’implantation de Total en Russie. Voici quelques explications sur la péninsule de Yamal, l’un des principaux pôles énergétiques en Russie, mais aussi l’une des régions les plus exposées au dégel du permafrost. .

Péninsule de Yamal (Sibérie) et dégel du permafrost.

J’ai expliqué à de nombreuses reprises que l’Arctique se réchauffe actuellement trois à quatre fois plus vite que le reste de la planète. Ces dernières années, des records de chaleur ont été enregistrés dans la région, en particulier en Sibérie où la majeure partie du territoire repose sur le permafrost, ou pergélisol. Selon la définition la plus répandue, le permafrost est un sol dont la température se maintient en dessous de 0°C pendant plus de deux ans consécutifs.

Avec la hausse des températures, le permafrost dégèle (il ne fond pas) avec des conséquences pour l’environnement. Dans le nord de la Sibérie, la Péninsule de Yamal s’étire sur environ 700 km ; elle est bordée à l’ouest pas la Mer de Kara et à l’est par le Golfe d’Ob. La péninsule de Yamal recèle la majeure partie des réserves de gaz naturel russes, estimées à 20 milliards de tonnes dans l’Arctique..

Les effets du réchauffement climatique pourraient être catastrophiques pour la péninsule de Yamal. La hausse des températures accélère le dégel du permafrost, ce qui représente une menace pour les infrastructures locales. De plus, la hausse du niveau de la mer risque fort de faire disparaître la péninsule sous l’eau. Au cours des dernières années, plusieurs grosses compagnies pétrolières russes ont investi des sommes colossales dans l’exploitation du gaz naturel de Yamal. Aujourd’hui, ces compagnies font le forcing pour acquérir des licences afin d’exploiter le gaz le plus vite possible, pendant qu’il en est encore temps. De plus, suite aux déformations du sol causées par le dégel du permafrost, il faut contrôler et corriger en permanence la solidité des gazoducs.

Péninsule de Yamal et gaz naturel.

Les réserves de gaz naturel les plus importantes de Russie ont été découvertes dans la péninsule de Yamal. Elles sont actuellement exploitées par le géant gazier russe Gazprom. La péninsule est reliée à l’Europe par plusieurs gazoducs, dont le Yamal-Europe.

La fonte de la glace dans l’Arctique va chambouler l’économie de cette partie du monde. De nouvelles ressources minérales seront accessibles et l’Océan Arctique dépourvu de glace ouvrira de nouvelles perspectives de navigation.
En 2017, un méthanier brise-glace, le Christophe de Margerie, a jeté l’ancre pour la première fois dans le port de Sabetta en Russie arctique pour tester une nouvelle route maritime qui pourrait ouvrir l’Océan Arctique et ses glaces aux navires transportant du pétrole et du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de la péninsule de Yamal. Cette route est attendue avec grande impatience par les compagnies pétrolières qui souhaitent tirer profit des ressources de l’Arctique mais rencontrent des obstacles pour acheminer le pétrole et le gaz depuis les zones éloignées et gelées vers les marchés mondiaux.
Le navire Christophe de Margerie, construit en Corée du Sud, sera utilisé pour transporter le gaz de l’usine russe de Yamal, située près du port de Sabetta. L’usine est dirigée par la société russe Novatek et co-détenue par la compagnie pétrolière française Total, la compagnie chinoise CNPC et le Silk Road Fund. Le navire a été baptisé en mémoire de l’ancien patron de Total mort sur le tarmac de l’aéroport de Moscou en 2014 quand un chasse-neige a traversé la piste pendant que son jet privé décollait. [NDLR : Selon certaines sources, cette mort aurait été commanditée par la CIA].
Le consortium Yamal LNG (Liquefied Natural Gas) considère l’Asie comme le plus grand marché pour son gaz sur le long terme. Le transport vers la Chine au départ de Yamal devrait prendre environ 18 jours en utilisant la Route du Nord. C’est beaucoup plus court que l’itinéraire alternatif qui consiste à se diriger vers l’ouest dans l’Atlantique Nord, vers le sud dans la Méditerranée, puis par le canal de Suez jusqu’à l’océan Indien. Cela prend habituellement environ 32 jours.
Le Qatar est actuellement le premier producteur mondial de GNL, suivi de l’Australie, du Nigéria et de Trinité-et-Tobago. Une fois l’usine de Yamal à pleine capacité, la Russie produira près de 27 millions de tonnes de GNL annuellement, soit la quantité importée par la Chine chaque année.
Le Christophe de Margerie appartient à une classe de navires qui, selon ses concepteurs, peut fonctionner en toute sécurité dans les eaux prises par les glaces. Il est capable de se déplacer à travers des glaces d’une épaisseur de 2,10 mètres. Toutefois, le navire ne pourra emprunter la Route du Nord que de juillet à septembre chaque année, parce que la glace est trop épaisse le reste du temps.

Cette note est la synthèse de plusieurs articles que j’ai écrits sur ce blog à propos de l’Arctique et de la péninsule de Yamal en particulier.

Infrastructures gazières de Yamal (Crédit photo : Groupe Total)

Russie : Une ISS sur Terre // Russia : An ISS on Earth

Des travaux sont en cours pour créer la première station arctique au monde alimentée à l’hydrogène et aux énergies renouvelables. La Snezhinka (russe pour Flocon de Neige), d’une valeur de 27 millions de dollars, est censée devenir un pôle scientifique international en matière de biotechnologie, robotique et intelligence artificielle. Le projet est soutenu par le ministère des Sciences et de l’Enseignement supérieur, le ministère des Affaires étrangères, le ministère du Développement de l’Extrême-Orient et de l’Arctique, le Conseil de l’Arctique et la Fondation Bellona. Il est piloté par une équipe de l’Institut de physique et de technologie de Moscou (MIPT). Il devrait être opérationnel en 2024 dans le sud de la péninsule de Yamal (voir carte ci-dessous), cœur de la production gazière de la Russie.
La station, une sorte de Station spatiale internationale (ISS) sur Terre, ressemble à un flocon de neige – d’où son nom – avec sept grands dômes transparents reliés les uns aux autres par des couloirs. La Snezhinka sera construite à proximité d’un grand lac, à environ 30 kilomètres du village de Kharp. Le trajet jusqu’à la station se fera en véhicule tout-terrain depuis l’aéroport de Salekhard, le centre administratif de la région, et prendra deux heures.
Les dômes, dotés de tout les éléments nécessaires à la vie, pourront accueillir 80 personnes à la fois : 60 visiteurs et 20 membres du personnel. Les scientifiques russes ont l’intention de l’utiliser toute l’année en alternant l’énergie produite par les éoliennes, les panneaux solaires et l’hydrogène généré par électrolyse, qui sera essentiel pendant la longue nuit polaire quand il fait noir pendant des semaines.
Il s’agira de la première station scientifique entièrement autonome alimentée en énergie verte. Il n’y a aucune autre installation au monde semblable à la Snowflake. La plus ressemblante est la station antarctique belge Princess Elisabeth qui fonctionne avec de petites éoliennes et des panneaux solaires, mais il n’y a pas d’hydrogène, bien que des installations de stockage à cet effet soient prévues. Une autre différence avec la Snowflake est que toutes les stations antarctiques ne sont opérationnelles que pendant trois ou quatre mois, pendant le jour polaire, alors que la Snowflake sera utilisée toute l’année dans l’Arctique.
L’équipe scientifique à l’origine du projet vise à en faire une plate-forme de recherche, avec un accent particulier mis sur les technologies appliquées aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. D’autres projets comprennent des observatoires géomagnétiques et astronomiques, une station de surveillance de l’environnement et un banc d’essai pour de nouvelles solutions techniques autour du pergélisol.
Un groupe électrogène de secours alimenté par du mazout servira d’alimentation de secours. Il est probable que le lancement devra se faire au diesel avant que la station passe à l’énergie verte.
Une autre station autonome utilisant l’hydrogène et les énergies renouvelables sera construite dans la région de Mourmansk, et un projet similaire est prévu aux Émirats Arabes Unis. Des scientifiques russes ont récemment signé un accord avec les Émirats pour développer conjointement des technologies pour la production, le stockage et l’utilisation d’hydrogène dans les systèmes énergétiques, ainsi que la construction d’un laboratoire parfaitement autonome sur les sources d’énergie renouvelables à base d’hydrogène.
Source : The Siberian Times.

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Work is underway to create the world’s first Arctic station powered by hydrogen and renewables. The $27-million Snezhinka (russian for Snowflake) is seen as a future international science hub for biotech, robotic and AI-driven projects. It is backed up by the Ministry of Science and Higher Education, Ministry of Foreign Affairs, Ministry for the Development of Far East and Arctic, Arctic Council, and The Bellona Foundation. It isdriven by the team of Moscow Institute of Physics and Technology (MIPT). It is scheduled to launch in 2024 inthe southernYamal Peninsula (see map below), the heart of Russia’s gas production.

The station, described as the International Space Station on Earth, resembles a snowflake – which accounts for its name – with seven large transparent domes connected by passageways. Snezhinka will be built close to a large lake, some 30 kilometres away from the village of Kharp. Driving to the station on an all-terrain vehicle from the airport of Salekhard, the administrative centre for the area, will take two hours.

The domes, with everything necessary for living, will be able to host 80 people at a time: 60 visitors and 20 personnel. Russian scientists aim to use it year-round by combining wind power, solar panels and hydrogen, generated by electrolysis, which will be essential during the long Polar Night when it is dark for weeks.

This is the first attempt to build a fully autonomous scientific station supplied by green energy. There is no other facility in the world similar to the Snowflake. The closest is the Belgian Antarctic station Princess Elisabeth, running on small wind turbines and solar panels. They don’t have hydrogen there, although work with hydrogen storage is planned. Another difference with Snowflake is that all Antarctic stations are active for only three or four months, during the polar day whereas the Snowflake will be a year-round Arctic facility.

The scientific team behind the project aims to make it a research platform, with particular focus on applied technologies in renewable and hydrogen energy. Other projects will include geomagnetic and astronomical observatories, an environment-monitoring station, and a testing facility for new technical solutions in permafrost.

An emergency diesel power station will be designed as a backup power source. It is likely that the launch will have to be made with the help of diesel until the station will switch to green energy.

Another autonomous hydrogen and renewables station will be built in Murmansk region, and a similar project is planned in the United Arab Emirates. Russian scientists have recently signed an agreement with the Emirates to jointly develop effective technologies for the production, storage and use of hydrogen in energy systems, as well as the construction of a fully autonomous laboratory on hydrogen-based renewable energy sources.

Source: The Siberian Times.

Localisation de Kharp et vue de la localité (Source : Wikipedia)

COP 26 : la Sibérie au bord du gouffre (1ère partie) // COP 26 : Siberia on the brink of the abyss (part 1)

Alors que la COP 26 se tient à Glasgow, le Siberian Times a publié un article expliquant pourquoi la Sibérie subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Le journal donne huit exemples démontrant que la Sibérie est une véritable bombe à retardement écologique. Cela devrait faire réfléchir à deux fois nos dirigeants avant de faire des promesses qui ne sont jamais suivies actes.
En cliquant sur ce lien, vous pourrez lire l’article dans son intégralité et découvrir de nombreuses photos illustrant la catastrophe en cours :

https://siberiantimes.com/other/others/news/siberias-stark-warning-to-scotland-for-cop26-climate-change-in-the-planets-last-great-wilderness/

Les statistiques montrent qu’en 2020, la Russie affichait des températures 3,2 °C au-dessus de la moyenne des trois décennies qui ont précédé l’année 1990. Les températures hivernales n’ont jamais été aussi douces avec l’air qui se réchauffe jusqu’à 5 °C au-dessus de la normale. Le nombre d’incendies de forêt a quadruplé, tandis que les tempêtes et les ouragans sont dix fois plus nombreux. En 2003, le président Vladimir Poutine a plaisanté en disant que « 2 à 3 degrés [de réchauffement climatique] ne feraient pas de mal. Nous dépenserons moins en manteaux de fourrure. » Bien qu’il ne se soit pas rendu à Glasgow, il a récemment déclaré: «Le changement et la dégradation de l’environnement sont si évidents que même les personnes les plus sceptiques ne peuvent plus les rejeter. »

Voici huit exemples montrant que la Sibérie est en train de changer.
1. Méthane !
Le méthane s’échappe du sol en Sibérie depuis peu de temps – l’espace d’une génération – en raison du dégel rapide du pergélisol, qui avait maintenu le gaz dans le sous-sol pendant des dizaines de milliers d’années. Les remontées de méthane dans les mers de Laptev et de Sibérie orientale montrent des concentrations élevées. La source se trouve dans des cratères sous-marins et des fissures dans le pergélisol du fond océanique en train de dégeler. Les scientifiques ont identifié une demi-douzaine de fissures géantes; une fois dans l’atmosphère, le gaz atteint des concentration de 16-32 ppm. C’est jusqu’à 15 fois la moyenne planétaire de 1,85 ppm.
Le méthane s’échappe également du lac Baïkal, qui contient 20% de l’eau douce non gelée de la planète. Le fond du lac compte une vingtaine de fissures profondes (à plus de 380 mètres de profondeur) d’où s’échappe le méthane, et des centaines sources de ce gaz à moindre profondeur. La quantité de méthane qui se cache dans les hydrates de gaz du Baïkal est estimée à mille milliards de mètres cubes.

Source: The Siberian Times

2. Les cratères de la péninsule de Yamal.
Au cours de la décennie écoulée, d’énormes explosions ont provoqué la formation d’au moins 20 cratères géants dans et près de la péninsule de Yamal, dans le nord de la Sibérie. Au cours de l’été 2021, les scientifiques ont identifié quelque 7 185 monticules de terre, également appelés pingos, présentant un risque d’explosion. Certains d’entre eux, sur les péninsules de Yamal et de Gydan, sont proches d’implantations et de gisements de gaz essentiels à l’approvisionnement énergétique de l’Europe. À l’intérieur des monticules, du méthane instable est libéré en raison du dégel du pergélisol. L’explosion de l’un de ces pingos a eu lieu au cours de l’été 2020 et a laissé un cratère de 40 mètres de profondeur. Lors d’une explosion en 2018 dans le lac Otkrytie, la couverture de glace de 1,5 mètre d’épaisseur a carrément explosé, avec des projections de débris jusqu’à une cinquantaine de mètres de distance.

Source: The Siberian Times

3. Routes et voies ferrées déformées et bâtiments qui s’effondrent.
Les lignes de chemin de fer construites en Sibérie à l’époque de Staline sont maintenant tordues en raison des mouvement du sol à cause du dégel du pergélisol. Les ponts aussi se sont effondrés.
La Russie utilise une méthode fiable de construction dans les régions de pergélisol; elle consiste à enfoncer profondément des pieux dans le sol gelé. Le problème, c’est que si le sol dégèle, cette technique ne fonctionne plus. Des marécages et des lacs apparaissent, et certaines zone habitées ne sont plus viables.
Comme l’a dit un scientifique russe : « La température du pergélisol augmente, et nous arrivons au point où il commencera à dégeler partout, et très activement. Nous nous dirigeons vers un cercle vicieux où le réchauffement climatique accélérera le dégel du pergélisol, qui à son tour accélérera le réchauffement climatique et accélérera encore le dégel, jusqu’à ce que tout le carbone actif soit libéré par le pergélisol. »

Photo: C. Grandpey

4. La ‘bouche de l’enfer’.
Une récente image satellite montre l’élargissement de la dépression de Batagai, surnommée « la bouche de l’enfer » par les habitants. Cette cavité géante en forme de têtard présentait il y a plusieurs années 100 mètres de profondeur et environ 1 000 mètres de longueur, avec une largeur de 800 mètres.
On attend de nouvelles mesures précises de cette balafre dans le sol, mais on sait qu’elle s’élargit. À l’intérieur du cratère, des images montrent que l’eau qui était restée gelée dans le sol pendant des dizaines de milliers d’années, mais qui s’en échappe aujourd’hui en ruisselant. On aperçoit aussi des fragments de pergélisol qui tombent des falaises en train de dégeler.
C’est l’homme qui a provoqué la formation de ce cratère à une époque où il a arraché des arbres. Puis le dégel du pergélisol en Yakoutie a pris le relais, et l’élargissement de la dépression est maintenant rapide.

Source: The Siberian Times

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While COP 26 is being held in Glasgow, The Siberian Times has released an article explaining why Siberian is badly affected by global warming. The newspaper gives eight examples demonstrating that Siberia is an ecological time bomb. It should make world leaders think twice before making promises without acts.

By clicking on this link, you will find the complete article and numerous photos to illustrate the disaster:

https://siberiantimes.com/other/others/news/siberias-stark-warning-to-scotland-for-cop26-climate-change-in-the-planets-last-great-wilderness/

Statistics show that in 2020, Russia was 3.2°C degrees warmer than the average in the three decades to 1990. Winter temperatures are milder than ever, with air warming up to 5°C above the norm. The number of forest fires have increased four-fold, while storms and hurricanes are ten times more likely. In 2003 President Vladimir Putin quipped that ‘2 to 3 degrees [of global warming] wouldn’t hurt. We’ll spend less on fur coats’. While he did not travel to Glasgow, he said recently: ‘Change and environmental degradation are so obvious that even the most careless people can no longer dismiss them.

Here are eight examples showing that Siberia is changing.

1. Methane!

Methane is being released in Siberia in a way not seen just a generation ago due to the rapid thawing of permafrost, which had sealed the gas for tens of thousands of years. Discharges in the Laptev and East Siberian seas show high methane concentrations from underwater craters and ‘super seep holes’ in the thawing ocean floor permafrost. Scientists have identified half a dozen “mega seeps” and found concentration of atmospheric methane above these fields reaching 16-32ppm. This is up to 15 times the planetary average of 1.85ppm.

Methane seeps are also observed in Lake Baikal which contains 20 per cent of the world’s unfrozen freshwater. The lake has some two dozen major deepwater methane seeps – below 380 metres – and hundreds of shallower gas fountains. The quantity of methane hidden in gas hydrates in Baikal is estimated at one trillion cubic metres.

2. The Yama! Craters.

Huge explosions in the past decade have caused the formation of at least 20 giant craters in and near the Yamal peninsula in northern Siberia. By summer 2021 scientists have identified some 7,185 bulging Arctic mounds, also called pingos – potentially at risk of erupting. Some of them, on the Yamal and Gydan peninsulas, are close to settlements and gas fields vital for energy supplies in Europe. Inside the mounds is unstable methane released due to thawing permafrost. One example was a summer 2020 eruption leaving a 40 metre deep crater. In an explosion in 2018 in Lake Otkrytie, its 1.5 metre thick ice cover was smashed with debris scattering some 50 metres from the epicentre.

3. Distorted roads and railways, and collapsing buildings.

Once usable railway lines built in Siberia during the Stalin era are now twisted due to the ground moving because of permafrost thaw. Bridges, too, have collapsed.

Russia has used a trusted method of building in permafrost regions, driving piles deep into the frozen ground. But if the ground is no longer frozen, the whole reality changes.Swamps and lakes appear, towns and even cities become unviable.

As a Russian scientis put it: « The temperature of the permafrost is rising, and we are reaching the point when it will begin to thaw everywhere, and very actively. We are heading towards a vicious circle when climate warming will speed up the thawing of permafrost, which will in turn add to faster climate warming and further accelerate the thawing, until all active carbon is released from permafrost. »

4. The ‘mouth of Hell’.

A new satellite image shows the widening of the Batagai Depression, nicknamed by the local residents as the Mouth of Hell. The tadpole-shaped giant hole was measured several years ago at 100 metres deep and around 1,000 metres in length, with a width of 800 metres.

New precise measurements are awaited from this gash in the ground but the snapshot from space shows it broadening. Inside the crater, pictures show that water frozen in the soil for tens of thousands of years trickles and gushes away. Beside this, chunks of thawing permafrost fall off the cliffs.

The trigger for his crater’s formation was man made, caused by the removal of trees. Then the thawing of the permafrost in Yakutia took over, and the expansion is now rapid.

Des rennes meurent de faim sur la péninsule de Yamal // Reindeer die of starvation on the Yamal Peninsula

Dans une note publiée le 3 août 2019, j’écrivais que « quand on parle des effets du réchauffement climatique sur la faune arctique, ce sont le plus souvent les ours polaires qui occupent le devant de la scène, mais les rennes sont, eux  aussi, victimes des hivers plus chauds dans les hautes latitudes. […]  Des  rennes sont morts de faim au cours de l’hiver dernier. Le nombre inhabituellement élevé de cadavres s’explique par le changement climatique. L’archipel du Svalbard a connu une augmentation de 4 degrés de température au cours des 50 dernières années. Cela signifie que la neige qui tombe habituellement sur l’archipel a été remplacée par la pluie. Or, cette pluie gèle quand le froid arrive en hiver et forme une couche de glace à la surface du sol. Plusieurs couches peuvent s’empiler successivement au fil des épisodes pluvieux. La conséquence, c’est que cette glace empêche les rennes d’atteindre le lichen et autres pousses végétales dont ils se nourrissent. La famine arrive vite et les animaux périssent. »

Un article qui vient d’être publié dans The Siberian Times nous informe que l’on a observé ces dernières semaines un grand nombre de rennes morts sur la péninsule de Yamal, probablement en relation avec le changement climatique. Comme au Svalbard en 2019, des milliers de rennes domestiques et sauvages ont péri parce qu’ils ne pouvaient pas atteindre leur nourriture sous la glace.

Des cadavres de rennes ont été découverts dans toute la toundra septentrionale ; parmi eux figuraient des rennes sauvages, victimes également de la glace et donc du manque de nourriture au sol. Les sabots des animaux étaient particulièrement usés à force de creuser en permanence dans la glace pour essayer de se nourrir.

Les premiers rapports faisant état de pluies hivernales suivies de longues périodes de temps extrêmement froid sur la péninsule de Yamal sont apparus en décembre 2020. Les éleveurs expliquent que les conditions météo inhabituelles ont provoqué la formation d’une épaisse couche de glace – jusqu’à trois centimètres d’épaisseur – sur le lichen qui est la nourriture e prédilection des rennes.  .

Certains rennes domestiques de la péninsule de Yamal ont quitté les pâturages d’hiver traditionnels et ont suivi des rennes sauvages dans l’espoir de pouvoir se nourrir. Au printemps 2021, le nombre d’animaux morts de faim a été estimé à plusieurs milliers, bien que le nombre exact soit tout à fait impossible à déterminer. Au total, on dénombre environ 65 000 rennes dans la partie septentrionale de la toundra de la péninsule. Heureusement, tous les rennes ne se trouvaient pas dans la région où le sol était recouvert de glace.

La dernière perte significative de rennes domestiques et sauvages sur la péninsule de Yamal remonte à l’hiver 2013-2014, lorsque 90 000 animaux sont morts de faim. Les écologistes pensent que le changement climatique a probablement causé une suite d’événements météorologiques qui a tué les animaux. Il y a d’abord eu une mince couche de neige, suivie de pluies hivernales, puis de jours de fortes gelées. Les périodes de gel sont fréquentes sur la péninsule de Yamal, mais les scientifiques pensent que le changement climatique affecte leur fréquence et les font se produire plus souvent.

Semblable hécatombe de rennes causée par la combinaison de pluie suivie d’un temps très froid a été récemment signalée à des milliers de kilomètres au sud-est de Yamal, dans la péninsule du Kamtchatka. Au moins 300 animaux sont morts dans le nord-ouest de la péninsule parce qu’ils ne pouvaient pas se nourrir à cause de la couche de glace et de neige. Plusieurs autres cas de morts de rennes en grand nombre dans des circonstances identiques ont été signalés cette année en Norvège et en Suède. Les autorités locales ont dû envoyer des tonnes de fourrage dans les zones concernées et des programmes d’aide aux éleveurs ont été élaborés par les gouvernements.

Source: The Siberian Times.

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In a post published on August 3rd, 2019, I wrote that “when we talk about the effects of global warming on Arctic wildlife, it is most often polar bears that take center stage. However, reindeer are also victims of warmer winters in high latitudes. […] Reindeer died of hunger last winter. The unusually high number of corpses is due to climate change. The Svalbard Archipelago has experienced a 4-degree increase in temperature over the last 50 years. This means that the snow that usually falls on the archipelago has been replaced by rain. However, this rain freezes when the cold arrives in winter and forms a layer of ice on the surface of the ground. Several layers can pile up sequentially over the rainy episodes. The consequence is that this ice prevents reindeer from getting to the lichen and other plant shoots they feed on. Famine arrives quickly and the animals starve to death. »

An article just published in The Siberian Times informs us that mass deaths of reindeer on Yamal peninsula were probably linked to climate change. Like in Svalbard in 2019, thousands of domestic and wild animals perished because they couldn’t get to forage locked under ice.

The dead reindeer were observed all around the northern tundra, among them were wild reindeer who also suffered from icing and lack of forage. The animals’ hooves are worn out because they had to dig through ice so much to try and get their food.

First reports about winter rains followed by lengthy spells of extremely cold weather on Yamal appeared in December 2020. The herders explain that the unusual weather caused formation of thick – up to three centimetres – ice cover over lichen.

Some of the Yamal peninsula’s domestic animals left traditional winter pastures and followed wild reindeer hoping to survive. By spring 2021, the number of animals that died from starvation was estimated in thousands although the exact number is quite impossible to determine. Overall there are around 65,000 reindeer in the northern part of the peninsula’s tundra. Fortunately, not all of them were on the iced territory.

The last devastating loss of domestic and wild reindeer on the Yamal peninsula was in winter 2013-2014, when up to 90,000 animals starved to death.

The ecologists believe that the changing climate probably caused the deadly mix of weather events like thin snow cover, followed by winter rains and then days of severe frosts. While periodic glaciation is typical for the Yamal peninsula, scientists believe that the changing climate is affecting its frequency, and causing it to happen more often.

Mass death of reindeer caused by the similar combination of rain followed by cold weather was recently reported thousands of miles south-east from Yamal on the Kamchatka Peninsula. At least 300 animals died at the northwests of the peninsula because they could not get to food through the layer of ice and snow.

Several other cases of mass reindeer deaths caused by icy rains were reported this year in Norway and Sweden,  with local authorities sending tonnes of forage to affected Arctic areas, and drafting programs of government support to herders.

Source : The Siberian Times.

Photo : C. Grandpey