Problèmes en vue dans les parcs nationaux aux États Unis cet été // Trouble ahead in U.S. National Parks this summer

Si je peux vous donner un conseil d’ami, c’est de ne pas vous rendre dans les parcs nationaux aux États Unis cet été, au risque de vous retrouver confrontés à un sacré bazar.

Avec Donald Trump à la Maison Blanche, dans ce qui a été appelé le Massacre de la Saint Valentin, quelque 2 000 employés qui venaient d’être récemment embauchés ont été licenciés du jour au lendemain dans le Service des Eaux et Forêts et 1 000 autre emplois ont été supprimés dans le Service des Parcs Nationaux. Cette décision, qui fait partie d’une politique plus large visant à réduire la bureaucratie et les dépenses fédérales, a laissé les fonctionnaires fédéraux perplexes et inquiets quant à l’avenir de la gestion des terres publiques.

Avec la réduction de leurs effectifs, les rangers expliquent que cette réduction du nombre d’employés entraînera inévitablement de longues files d’attente à l’entrée des parcs, des toilettes sales et des conditions de visite potentiellement dangereuses pour les randonneurs et les campeurs pendant la haute saison touristique.
A la suite des manifestations et de la menace d’innombrables poursuites judiciaires, l’administration Trump a rétabli les emplois d’une cinquantaine d’employés du Service des parcs nationaux et embauché près de 3 000 travailleurs saisonniers supplémentaires, mais le compte n’y est pas.
Les avocats et les groupes de défense des droits affirment que ces licenciements à grande échelle sont une erreur et une menace pour la sécurité publique. Un parc du Colorado a d’ores et déjà annoncé sur les réseaux sociaux qu’il fermerait ses portes deux jours par semaine en raison d’un manque de personnel.
Des travailleurs saisonniers sont régulièrement recrutés pendant les mois d’été, quand l’affluence est à son maximum, pour venir en aide à plus de 325 millions de visiteurs qui affluent chaque année dans les 433 parcs, sites historiques et autres attractions du pays. Les réductions de personnel vont laisser des centaines de parcs nationaux – y compris certains des plus connus et des plus fréquentés – en sous-effectif et confrontés à des décisions difficiles concernant les heures d’ouverture, la sécurité publique et la protection des ressources. J’imagine facilement la cohue dans le Parc National de Yellowstone, déjà surfréquenté en temps normal, pour lequel on parlait de quotas de visiteurs ces dernières années. Ces quotas sont déjà en vigueur dans le Parc National des Arches.

Il faut s’attendre à une très longue attente pour visiter Yellowstone cet été ((photo: C. Grandpey)

Le Parc national de Saguaro, à Tucson (Arizona), a annoncé la fermeture de ses deux centres d’accueil le lundi à partir du 24 février. Au Parc national de Yosemite, les responsables ont annoncé qu’ils suspendaient les réservations pour 577 emplacements de camping cet été. Les visiteurs d’autres parcs constatent également des problèmes de personnel, notamment au Parc national du Grand Canyon, où les mesures de la Maison Blanche réduisent considérablement les effectifs des postes d’entrée, ce qui entraîne de longues files de véhicules qui vont s’aggraver avec la saison touristique qui approche.

Jour de fermeture au Visitor Center du Pac de cactus de Saguaro (Photo: C. Grandpey)

Des offres d’emploi à des milliers de travailleurs saisonniers ont été annulées ces derniers jours, et tous ne seront pas réembauchés. Certains employés permanents qui ont été licenciés travaillaient dans les ressources humaines et auraient été impliqués dans l’embauche et la formation des employés saisonniers. Comme l’a dit un ranger : « Les parcs nationaux sont quelque chose que tous les Américains chérissent, et les personnes qui prennent les décisions sont déconnectées de la réalité. » Un discours que j’ai déjà entendu quelque part…

Source : presse outre-atlantique.

Longues files d’attente à prévoir également pour visiter le Grand Canyon (Photo: C. Grandpey)

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Take this piece of advice from me : avoid visiting Amerivcan National Parks this summer ! If you cross the Atlantic, you may be confronted with a huge mess.

With Donlad Trump at the White House, in what has been dubbed the Valentine’s Day Massacre, around 2,000 recently hired employees were fired at the U.S. Forest Service and an additional 1,000 jobs were slashed at the National Park Service. The decision, which is part of a broader push to cut federal bureaucracy and spending, have left federal workers bewildered and worried about the future of public lands. As their ranks diminish, park rangers say fewer employees could mean long entry lines, dirty bathrooms and potentially unsafe conditions for hikers and campers during the busy tourist season.

Following the protests and the threat of countless lawsuits, the Trump administration is restoring jobs forabout 50 National Park Service employees and hiring nearly 3,000 additional seasonal workers, but this won’t be sufficient.

Lawmakers and advocacy groups have criticized the widespread layoffs as unnecessary and a threat to public safety. A Colorado park announced on social media that it will close two days a week due to “lack of staffing.”

Seasonal workers are routinely added during warm-weather months to serve more than 325 million visitors who descend on the nation’s 433 parks, historic sites and other attractions yearly. Park advocates say the permanent staff cuts will leave hundreds of national parks — including some of the most well-known and most heavily visited sites — understaffed and facing tough decisions about operating hours, public safety and resource protection. I can easily imagine the crush in Yellowstone National Park, where there has been talk of visitor quotas in recent years. Similar quotas have already been enforced in Arches National Park. Saguaro National Park in Tucson (Arizona) announced that it was closing its two visitors centers on Mondays starting February 24th. At Yosemite National Park, officials announced they are halting reservations for 577 camping spots this summer. Visitors to other parks are also noting staffing problems, including at Grand Canyon National Park, where the White House measures cut deeply into the employees who staff the entrance stations, leading to long lines of vehicles that will get much worse with the coling tourist season. .

Job offers to thousands of seasonal workers were rescinded in recent days, and not all of them will be rehired. Some permanent employees who were laid off were in human resources and would have been involved in hiring and training seasonal employees. Said one ranger :“National parks are something that all Americans cherish, and the people making the decisions are disconnected from that reality.” These are words I’ve heard somewhere before…

Source: overseas press.

Parcs nationaux américains et réchauffement climatique// U.S. national parks and global warming

Comme l’ancien président Donald Trump, de nombreux Américains ont encore des doutes sur la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique et ils ont tendance à avoir une vision réductrice des impacts de la hausse des températures. Cependant, les changements qui se produisent actuellement dans les parcs nationaux du pays les inciteront peut-être à penser différemment.
Dans les parcs nationaux américains, les conditions météorologiques extrêmes provoquent des bouleversements et des dégâts en cascade :

Des milliers de séquoias géants ont été tués par les incendies de Californie.

De fortes pluies ont provoqué d’énormes glissements de terrain dans le parc national du Denali en Alaska.

On observe aussi  l’élévation du niveau de la mer a provoqué la salinisation des eaux souterraines dans les Everglades en Floride, mettant en danger une faune déjà menacée.

En moyenne, les températures dans les parcs nationaux ont augmenté de 1,5 °C depuis 1895, soit le double de leur évolution à l’échelle nationale.
Cette crise climatique se déroule au moment où les parcs nationaux connaissent une fréquentation record, avec près de 300 millions de visiteurs en 2021. Des dizaines de parcs ont pulvérisé leurs records de fréquentation.
En juin 2022, Yellowstone (Wyoming) a donné un aperçu de ce qui attend les Américains lorsqu’une inondation a obligé des milliers de visiteurs à partir et a contraint à fermer une grande partie du parc. La montée des eaux a emporté routes, structures et ponts, causant environ un milliard de dollars de dégâts.

À côté de Yellowstone, les effets du réchauffement climatique sont parfaitement visibles dans de nombreux autres parcs nationaux. L’exemple le plus frappant est peut-être le Parc national des Glaciers dans le Montana, où les scientifiques s’attendent à ce que les glaciers disparaissent complètement d’ici 2100. En 1850, il y avait environ 150 glaciers dans la région. Au cours des 50 dernières années, les 26 glaciers restants ont rétréci en moyenne, de 40 % et certains ont perdu jusqu’à 80 % de leur glace.

Le parc national de Joshua Tree, dans le sud de la Californie, a vu ses arbres emblématiques sérieusement menacés par les incendies de forêt. En 2020, un incendie dans la réserve nationale voisine de Mojave a laissé derrière lui ce que les autorités du parc ont appelé « un cimetière de squelettes d’arbres de Josué », avec 1,3 million d’arbres tués par l’incendie. Les arbres grandissent dans un climat plus frais et moins hostile. La modélisation scientifique montre que les arbres de Josué pourraient perdre jusqu’à 90 % de leur habitat actuel dans le désert de Mojave d’ici 2070. Plusieurs espèces connues pour vivre parmi les arbres de Josué sont visiblement en déclin, notamment la souris des cactus et le rat-kangourou. (NDLR : Le nom de Joshua Tree (« l’arbre de Josué ») a été donné par un groupe de Mormons qui traversait le désert de Mojave au milieu du dix-neuvième siècle.).

D’ici la fin du siècle, les chercheurs estiment que, sans mesures agressives, les températures annuelles moyennes dans 62 grands parcs nationaux pourraient augmenter de 3 à 6 degrés Celsius par rapport à aujourd’hui. Une étude récente de l’Université d’État de l’Utah prévoit que d’ici 2050, la fréquentation des parcs nationaux pourrait chuter de 18 % avec les étés de plus en plus chauds. En revanche, elle augmenterait de 12 % en hiver. Alors que l’impact du changement climatique s’accélère, les scientifiques sont obligés de donner un nouveau sens au mot « conservation ».
Une autre conséquence du réchauffement climatique sur les parcs nationaux concerne les espèces invasives qui s’adaptent souvent mieux aux températures élevées que la flore dont dépendent les écosystèmes des parcs. Dans le parc national d’Acadia, sur la côte atlantique, par exemple, des ronciers se développent par temps chaud; ils produisent des feuilles au début du printemps, créant de l’ombre qui empêche la croissance des jeunes arbres indigènes. Le parc d’Acadia est également infestée par un insecte envahissant, la cochenille du pin rouge, qui a anéanti presque tous les pins rouges du parc au cours des dernières années.

Une herbe, cenchrus ciliaris, menace de détruire les imposants cactus du parc national de Saguaro qui symbolisent le sud-ouest depuis des milliers d’années. cette plante, en provenance d’Afrique, supporte très bien la sécheresse et s’épanouit dans des climats extrêmement chauds. En Amérique, elle forme un tapis inflammable autour des saguaros. Depuis que des incendies ont détruit ces dernières années des milliers de saguaros, des centaines de bénévoles de Tucson ont commencé à arracher à la main des touffes de cenchrus ciliaris. Malheureusement, certains saguaros périssent de toute façon, dans des conditions tout simplement trop chaudes et sèches, même pour les arbres conçus pour se développer dans le désert.

(Photos : C. Grandpey)

Source : The Week Magazine, Yahoo Actualités.

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Like former president Donald Trump, many Americans still have doubts about man’s responsibility in climate change and they tend to have a diminised vision of the impacts of global warming. However, the changes currently occurring in the country’s national parks might incite them to think differently.

At America’s national parks, extreme weather is triggering domino effects of disruption and devastation. Thousands of ancient sequoias have been killed by California’s wildfires; heavy rains led to huge landslides at Denali National Park in Alaska; rising sea levels caused the salinization of groundwater in Florida’s Everglades, threatening endangered wildlife. On average, park temperatures are up 1.5°C since 1895, double the national rate.

This crisis is unfolding while national parks are more popular than ever, with nearly 300 million visitors in 2021. Dozens of parks shattered attendance records.

In June 2022, Yellowstone (Wyoling) gave a glimpse of the future, when a massive flood forced thousands of visitors to evacuate and closed much of the park as surging waters swept away roads, cabins, and bridges, causing roughly $1 billion in damage.

Beside Yellowstone, the effects of global warming can clearly be seen in ither national parks.The most vivid example might be Glacier National Park (Montana) where scientists expect the namesake attractions to disappear entirely by 2100. In 1850, there were about 150 glaciers in the region. But over the past half century, the park’s 26 remaining glaciers have shrunk, on average, by 40 percent, with some losing as much as 80 percent of their ice.

Southern California’s Joshua Tree National Park and its iconic trees are seriously endangered by wildfires. A 2020 wildfire in the nearby Mojave National Preserve left behind what park management called « a graveyard of Joshua tree skeletons, » with 1.3 million trees killed by the blaze. The trees flourish in a cooler, less hostile climate, and scientific modeling indicates Joshua trees could lose up to 90 percent of their current Mojave Desert habitat by 2070. Several species known to live among Joshua trees are visibly declining, including the cactus mouse and kangaroo rat.

By the end of the century, researchers estimate that, without aggressive measures, average annual temperatures across 62 major national parks could warm between 3 and 6 degrees Celsius compared with today. A recent study at Utah State University projects that by 2050 recreation on public lands could drop 18 percent in increasingly hot summers, while rising 12 percent in the winter. As the impact of climate change accelerates, scientists are being forced to rethink what « conservation » means.

Another consequence of global warming on national parks concerns invasive species that are often better suited for high temperatures than the plant life that park ecosystems depend on. At Acadia National Park on the Atlantic coast, for example, invasive, brambly shrubs thrive in warm weather and produce leaves early in the spring, creating shade that prevents young native trees from growing. Acadia is also plagued by an invasive insect, the red pine scale, which has wiped out almost every one of the park’s red pine trees in recent years. Invasive buffelgrass is threatening to destroy the towering cactuses in Saguaro National Park that have symbolized the Southwest for thousands of years. Buffelgrass, a drought-tolerant African import, flourishes in extremely hot climates, forming a flammable carpet around saguaros. After blazes in recent years killed thousands of saguaros, hundreds of Tucson volunteers began pulling out clusters of buffelgrass by hand. Unfortunately, some saguaros are perishing anyway, amid conditions that are simply too hot and dry even for trees that evolved to thrive in the desert.

Source: The Week magazine, Yahoo News.

La fraîcheur de la Vallée de la Mort…

Dans une note précédente, j’évoquais le coup de chaleur subi les 10 et 11 juillet 2020 par la Vallée de la Mort, ainsi que la fournaise que j’avais dû affronter lors de ma première visite dans le parc national en 2013.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est dans la Vallée de la Mort que j’ai rencontré les températures les plus « fraîches » en 2017, lors de mon dernier voyage dans le sud-ouest des Etats-Unis où je voulais visiter les zones désertiques avec leurs cactus qui, tels des candélabres, dressent leurs branches vers le ciel.

Il faisait très chaud dans l’Arizona et le thermomètre oscillait entre une quarantaine de degrés la journée et 35°C pendant la nuit. Je me disais que la Vallée de la Mort allait de nouveau être une sacrée épreuve, comme en 2013. Que nenni ! A Badwater, le point le plus bas de la Vallée, le thermomètre de la voiture montrait 24°C, avec une légère brise fort agréable. J’ai profité de cette température très agréable pour aller parcourir tranquillement ce lieu hors du commun, avec une longue halte dans la zone volcanique de l’Ubehebe dans le nord du Parc…

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Des cactus de l’Arizona aux volcans de la Vallée de la Mort…

Photos : C. Grandpey

 

Le sud de l’Arizona / South Arizona : 1) Saguaro National Park

Situé à proximité de la ville de Tucson, dans le sud de l’Arizona, pas très loin de la frontière avec le Mexique, le parc national de Saguaro est connu pour ses nombreux cactus, dont le plus célèbre est le Saguaro (Carnegiea gigantea) qui lui a donné son nom. Sa fleur est un symbole de l’Arizona. La floraison a lieu entre avril et juin durant la nuit et très tôt le matin lorsque la température est encore fraîche. La fleur, fréquentée par les colibris,  ne reste présente que 24 heures durant lesquelles a lieu la pollinisation. Un cactus produit environ 200 fruits, qui abritent chacun près de 2000 graines appréciées de différents oiseaux comme la tourterelle à ailes blanches (Zenaida asiatica) ou le pic des Saguaros (Melanerpes uropygialis) qui disséminent les graines. Au bout de 25 ans de vie, le cactus ne dépasse pas 30 centimètres. Il lui faut attendre 50 à 60 ans pour porter ses premiers fruits et pour atteindre 2 mètres de haut. C’est lorsqu’il a entre 75 et 100 ans que son pied principal commence à se ramifier en lui donnant sa forme rendue célèbre par les westerns. Il atteint finalement une taille de près de 15 mètres pour un poids de 8 tonnes. A noter que de nombreux autres cactus sont également présents dans ce milieu aride

Voici quelques images de ce parc que j’ai eu l’occasion de visiter en mai 2017.

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Located close to the city of Tucson in southern Arizona, not far from the border with Mexico, Saguaro National Park is known for its many cacti, the most famous of which is the Saguaro (Carnegiea gigantea). Its flower is a symbol of Arizona. Flowering occurs between April and June during the night and very early in the morning when the temperature is still low. The flower only remains present for 24 hours during which pollination takes place. A cactus produces about 200 fruits, each of which harbours about 2,000 seeds, eaten by birds such as the white-winged turtle (Zenaida asiatica) or the Gila woodpecker (Melanerpes uropygialis), which spread the seeds. After 25 years of life, the cactus does not exceed 30 centimetres. It has to wait 50 to 60 years to bear its first fruits and to reach 2 metres of height. It is when it is between 75 and 100 years old that its main foot begins to ramify giving it its shape made famous by the westerns. It finally reaches a size of nearly 15 metres for a weight of 8 tons. It should be noted that many other cacti are also present in this arid environment
Here are some pictures of this park that I had the opportunity to visit in May 2017

 

Photos: C. Grandpey