Redoux de fin d’année : sale coup pour les stations de ski

Après un coup de froid – loin d’être sibérien – début décembre, le redoux a envahi notre pays, y compris les zones de montagnes. On a déjà assisté à un tel phénomène ces derniers années. C’est, bien sûr, une conséquence du réchauffement et la tendance va s’accélérer dans les prochaines années avec le retour d’El Niño dans le Pacifique oriental.

Une conséquence de ce redoux, c’est que la neige va commencer à faire défaut dans les stations de ski de basse et moyenne altitude. La pluie risque fort de lessiver celle tombée ces dernières semaines.

Il suffit de regarder les titres de la presse pour se rendre compte de l’angoisse qui a envahi nos montagnes. « Avec le redoux, les stations de ski craignent de ne pas avoir assez de neige », ou encore « Grand redoux en altitude : une situation compliquée pour les stations de montagne ».

Lors de mes séjours dans les Alpes ces dernières années, j’ai été surpris par le déni du réchauffement climatique par les habitants qui paraissent surpris quand je leur explique que le ski a vécu ses belles heures et qu’il va falloir s’adapter à des conditions nouvelles. J’écris souvent sur ce blog que, faute de diversification de leurs activités hivernales, beaucoup de stations courent à la catastrophe.

Plus au sud, les Pyrénées qui ne possèdent guère de stations de ski de très haute altitude sont encore plus impactées par la hausse des températures. Trois stations pyrénéennes – Luchon-Superbagnères et Mourtis en Haute-Garonne, Guzet-Neige en Ariège – viennent d’annoncer le report de leur début de saison. Les températures étant trop élevées, les enneigeurs ne peuvent pas fonctionner.

Le plus gênent avec la hausse des températures, c’est que la neige va fondre et les zones d’accumulation des glaciers ne vont pas se régénérer. Ils vont donc continuer à reculer et s’amincir au cours du prochain été. C’est très inquiétant. Une disparition des glaciers serait catastrophique car ce sont des châteaux d’eau pour les régions qui les entourent, que ce soit dans les Alpes en Europe ou sur la chaîne himalayenne en Asie.

La station du Mont Dore (Puy de Dôme) en ce matin du 23 décembre 2022. Il pleut. Température de 10°C.

Glacier d’Aletsch dans les Alpes (Photo: C. Grandpey)

Coup de chaud en montagne

Le réchauffement climatique a encore frappé et ceux qui habitent les zones de montagne viennent de s’en apercevoir. L’épais manteau neigeux qui avait recouvert nos passifs en novembre avec plus de 120 à 130 cm dans les Alpes du nord, a fondu « comme neige au soleil » au cours du mois de décembre. Début janvier, les pistes de ski des stations du Massif Central faisaient peine à voir. Une fine couche a recouvert le sol le 4 janvier, mais ce ne sera probablement pas suffisant pour colmater la brèche. Le plus inquiétant, c’est que la fonte ultra rapide a eu lieu pendant la période de l’année habituellement la moins favorable à ce phénomène.

Le redoux a duré très longtemps, entre le 13 décembre 2021 et le 4 janvier 2022. Météo France précise que les trois dernières semaines sont les plus chaudes jamais enregistrées pour une fin d’année, tant en durée qu’en intensité.

La fonte amorcée à la mi décembre s’est accentuée entre le 27 et le 30 décembre 2021 avec l’arrivée d’un flux d’air subtropical accompagné de fortes pluies qui ont atteint des altitudes élevées, jusqu’à 3000 m. Du jamais vu à cette époque de l’année!.Il est bien évident que le manteau neigeux n’a pas supporté cette situation et s’est considérablement aminci.

Ce n’est pas tout. Une nouvelle vague de redoux due à la présence d’un anticyclone d’origine subsaharienne a fait bondir l’isotherme 0°C à 3700 – 3800 m pendant plusieurs jours. A 2500 m d’altitude, le thermomètre affichait +10°C. Sur les pistes, les gens skiaient dans de la soupe, comme en fin de saison au printemps.

La période de redoux est en train de prendre fin, mais elle va laisser des traces et devra rester dans les mémoires car c’est une preuve supplémentaire du réchauffement climatique.

Certains vont me faire remarquer que dans le même temps plusieurs régions des Etats Unis – District de Colombie, par exemple – connaissant un froid rigoureux avec des tempêtes de neige. Comme je l’ai indiqué précédemment, la situation est provoquée par les fluctuations du courant-jet (jet stream) qui entraîne des variations climatiques spectaculaires et une multiplication des événements extrêmes. Certaines régions du Proche-Orient viennent de connaître des déluges de pluie et de grêle auxquels elles ne sont pas habituées. L’impression que le climat sur Terre est en train de devenir fou est une preuve criante du changement climatique.

Les enneigeurs ne fonctionnent pas quand la température est trop élevée (Photo: C. Grandpey)