Un projet de loi sur la désinformation climatique bientôt à l’Assemblée Nationale ? J’ai des doutes !

Le 24 octobre dernier, j’ai diffusé une note intitulée « Désinformation climatique : ça suffit ! » Je faisais référence à un rapport publié le 22 octobre 2025 par les ONG QuotaClimat, Data for Good et Science Feedback . Il révèle que des chaînes de télévision et des radios sont minées par la désinformation, phénomène que j’ai dénoncé à plusieurs reprises sur ce blog.

Un article paru dans le journal Le Populaire du Centre le 27 octobre 2025 nous apprend que 300 personnes (experts, journalistes, responsables audiovisuels) ont répondu, à Paris, à l’appel du député PS haut-viennois Stéphane Delautrette, qui propose la création d’un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques. Son projet de loi, actuellement en commission, attend d’être inscrit à l’ordre du jour des débats dans l’hémicycle et pourrait (le conditionnel est de rigueur) être débattu prochainement à l’Assemblée Nationale.

Déposé fin 2024, ce projet de loi a obtenu le soutien d’une centaine de parlementaires issus de huit groupes politiques différents. (Sans surprise, les groupes LR et RN ne figurent pas parmi les soutiens). La question est d’autant plus urgente que des événements climatiques atypiques et inhabituellement violents se sont multipliés ces derniers mois, au même rythme que les fake-news sur les réseaux sociaux mais aussi dans certains médias. La Haute-Vienne, d’où est issu le député Delautrette, a été meurtrie par la dernière tempête Benjamin.

Au cours du débat organisé le 22 octobre à l’Hôtel de Lassay, le député a déclaré : « Il s’agit de remettre sur le métier notre combat contre la désinformation climatique. Le but de cette réunion est de participer à la réflexion parlementaire autour de la protection de l’espace informationnel et de la transparence des enjeux environnementaux. Une telle affluence est significative de l’urgence à agir. »

La proposition de loi suggère la création d’un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques. Elle prévoit aussi la mise en place de nouveaux outils afin de permettre à l’Arcom (l’organisme de contrôle de l’audiovisuel en France) d’imposer aux médias des volumes horaires minimaux consacrés aux enjeux environnementaux en période électorale, ainsi qu’une programmation reflétant l’état des connaissances scientifiques sur le réchauffement climatique, notamment ses origines anthropiques. Selon Stéphane Delautrette, « la désinformation climatique représente une menace directe pour la qualité du débat démocratique et la capacité de chacun à appréhender les enjeux de la transition écologique. »

Source : Le Populaire du Centre.

Reste à savoir de ce qu’il adviendra de ce projet de loi conduit par le député haut-viennois. Si une loi voit le jour, elle sera forcément ‘détricotée’ et vidée des éléments les plus significatifs. Nous sommes malheureusement habitués à une telle procédure parlementaire. Malgré les catastrophes climatiques à répétition qui frappent notre pays (violentes tempêtes, gigantesques inondations, incendies de végétation dévastateurs), la notion de réchauffement climatique n’est toujours pas profondément ancrée chez de nombreux Français. La politique de l’autruche a encore de beaux jours devant elle. Il suffit pourtant de se rendre dans les Alpes et plus précisément au bord de la Mer de Glace pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. L’ayant constatée à une échelle plus grande et avec encore plus d’intensité dans les zones arctiques, je ne cesse de lancer des messages d’alerte sur ce blog. Le Creusois ayant la réputation d’être têtu, je continuerai aussi longtemps que je le pourrai…

La Mer de Glace, l’une des preuves françaises du réchauffement climatique (Photo: C. Grandpey)

Tradition contre Science sur le Mauna Kea (Hawaii) // Tradition vs. Science on Mauna Kea (Hawaii)

Au cours des dernières décennies, le Mauna Kea (4207 m), un volcan endormi sur la Grande Ile d’Hawaii, a été au centre d’une âpre bataille entre les militants autochtones qui veulent que la montagne soit protégée pour des raisons spirituelles, culturelles et écologiques, et les instituts de recherche qui la considèrent comme un endroit idéal pour implanter des télescopes de très haute technologie.

 

Photos: C. Grandpey

Pour les militants hawaïens, la controverse sur le Mauna Kea représente un manque de respect pour les droits et les croyances des autochtones. Bien avant qu’Hawaii fasse partie des États-Unis, l’archipel était une nation souveraine reconnue internationalement, et gouvernée par des générations de membres de la royauté hawaïenne.
L’endroit le plus emblématique est le palais Iolani, sur l’île d’Oahu, un monument historique préservé dédié à la préservation de l’héritage de la monarchie hawaïenne symbolisée par la statue du roi Kamahameha.

Photo: C. Grandpey

La situation a changé en 1893 lorsque des hommes d’affaires soutenus par l’armée américaine ont renversé le dernier monarque, la reine Liliʻuokalani. Les partisans de la reine se sont battus et ont tenté de la remettre sur le trône, mais ils ont échoué. Elle a ensuite été placée en résidence surveillée pendant près de huit mois et demi et accusée de trahison.
En 1898, le gouvernement américain a annexé Hawaï malgré la signature par des dizaines de milliers de citoyens hawaïens de la pétition « Kūʻē » contre l’annexion décidée l’année précédente. Une résolution avec force de loi, connue sous le nom de «résolution Newlands», a permis le transfert des terres appartenant à la monarchie hawaïenne et l’installation d’un nouveau gouvernement. À ce jour, de nombreux universitaires et Hawaïens autochtones affirment que cette annexion forcée était illégale.
En 1959, Hawaï est devenu le 50ème État de l’Union. Des décennies plus tard, en 1993, le gouvernement américain a adopté une résolution reconnaissant officiellement qu’il avait envahi Hawaii, renversé le gouvernement de la reine Liliʻuokalani et, ce faisant, supprimé la souveraineté du peuple hawaïen.

Lorsque les bulldozers sont arrivés en 2014 pour la construction du Thirty Meter Telescope (TMT), des manifestants autochtones ont bloqué les routes lors d’une série de manifestations qui ont été organisées pendant cinq ans. Lors de l’une d’elles en 2019, plusieurs vieux autochtones ont été arrêtés.

Vue d’artiste du TMT

La controverse sur le Mauna Kea est un bon exemple montrant la résistance d’une communauté indigène face au développement technologique sur une terre sacrée. La situation a toutefois évolué au cours de l’année écoulée et a montré l’importance de la communication ouverte et de l’inclusion.
En mai 2022, la législature hawaiienne a adopté le House Bill 2024 CD1; un projet de loi qui, s’il est adopté, permettra aux responsables de la communauté hawaïenne indigène d’avoir leur mot à dire sur la gestion de la terre. Le projet de loi prévoit un conseil de 11 membres – la Mauna Kea Stewardship and Oversight Authority, autorité de surveillance et d’intendance du Mauna Kea – qui supervisera la gestion et l’aspect humain du projet sur le volcan. Le conseil comprendra des Hawaiiens autochtones, des éducateurs et le maire du comté d’Hawaii. Le projet de loi est actuellement examiné par le gouverneur, qui a jusqu’au 12 juillet 2022 pour l’approuver ou y opposer son veto.
Certes, le projet de loi 2024 CD1 a ses détracteurs, mais les membres de la communauté hawaiienne affirment qu’il représente un nouveau modèle en vertu duquel les communautés autochtones et scientifiques pourront travailler ensemble à l’avenir.

Adapté d’un article paru sur le site ABC News.

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Over the past several decades, Mauna Kea, a dormant volcano on the Island of Hawaii, has been at the center of a simmering battle between Native Hawaiian activists who want the mountain protected for spiritual, cultural and ecological reasons, and research universities who see it as a scientifically optimal place to build world-class telescopes.

For Native Hawaiian activists, the controversy over Mauna Kea represents a centuries-long lack of regard for Native rights and wishes. Long before Hawaii became part of the United States, it was an internationally recognized sovereign nation governed by generations of Native Hawaiian royalty.

No place is more emblematic of that than Iolani Palace, a piece of living history and a preserved historic landmark dedicated to keeping the legacy of the Hawaiian monarchy alive.

But all of that changed in 1893 when elite businessmen backed by the U.S. military overthrew the last sovereign monarch, Queen Liliʻuokalani. The queen’s supporters fought and tried to restore her place to the throne, but failed. She was later placed under house arrest for nearly eight and a half months and charged with treason.

In 1898, the U.S. government annexed Hawaii despite the fact that tens of thousands of Hawaiian citizens signed the “Kūʻē” Petition Against Annexation the year prior. A legislative joint resolution, known as the “Newlands Resolution” was employed allowing the land owned by the Hawaiian monarchy to be transferred, and a new government to be installed. To this day, many scholars and Native Hawaiians say the annexation was illegal.

In 1959, Hawaii became the 50th state. Decades later, in 1993, the U.S. government passed a resolution officially acknowledging that it had invaded Hawaii, overthrown the government of Queen Liliʻuokalani and in the process suppressed the sovereignty of the Hawaiian people.

When groundbreaking began in 2014 for the Thirty Meter Telescope, Native demonstrators blocked the roads in a series of protests that happened intermittently for five years. During an explosive and emotional protest in 2019, several native elders were arrested.

While the controversy over Mauna Kea represents a textbook case of an indigenous community resisting development on sacred land, it has evolved over the past year into a story about the importance of open communication and inclusion.

This May, the Hawaii Legislature passed House Bill 2024 CD1; if it passes into law, Native Hawaiian community leaders will have input into how the land is managed. The bill establishes an 11-member board – the Mauna Kea Stewardship and Oversight Authority – that will oversee the management and human activity of the project on Mauna Kea. The board will include Native Hawaiians, educators and the mayor of Hawaii County. It is currently under review by the governor, who has until July 12th, 2022 to approve or veto the bill.

While HB 2024 CD1 has its critics, community members say the bill represents a new model in how indigenous and science communities can work together going forward.

Adapted from an article on the ABC News website.

Etna (Sicile) : En souvenir de l’éruption de 1669…

Ces jours-ci, l’Etna montre une belle activité strombolienne au niveau du Nouveau Cratère Sud-Est, avec projections et épanchements de lave sur quelques centaines de mètres. A noter toutefois qu’une ordonnance promulguée par la municipalité de Nicolosi interdit toute approche de la zone sommitale du volcan.

Dans le même temps, deux députés de la région de Catane ont déposé un projet de loi prévoyant la création d’une journée commémorative du 350ème anniversaire de l’éruption de l’Etna qui, le 11 mars 1669, a détruit plusieurs localités dans la province de Catane. La lave a enseveli Mompilieri et est arrivée jusqu’à Catane, où les douves du château d’Ursino datant du 16ème siècle ont été recouvertes, de même que le pont-levis reliant le château à la place d’armes.
Le projet de loi a pour but de garder en mémoire le souvenir d’un événement marquant pour le peuple sicilien, mais aussi « de le transformer en opportunités de développement du tourisme et de promotion culturelle pour les municipalités de la province de l’Etna.» Compte tenu du remarquable intérêt de l’événement d’un point de vue historique et naturel, les deux députés qui ont présenté le projet de loi souhaitent « privilégier des itinéraires culturels et touristiques par le biais d’expositions permanentes, de parcs culturels, et la création d’un musée en plein air le long de la « route de la lave » entre le château d’Ursino et les Monti Rossi, avec des événements thématiques qui restituent à la communauté un souvenir et une identité qui seraient autrement perdus ».
Source : Journal La Sicilia.

Une fresque montrant l’éruption de 1669 se trouve dans la sacristie de la cathédrale de Catane. (Photo: C. Grandpey)

Un nouveau réseau de surveillance volcanique bientôt aux Etats Unis? // A new volcanic monitoring network soon in the US?

drapeau francaisDeux sénateurs américains des États de Washington et d’Arkansas ont introduit un projet de loi visant à améliorer les systèmes de surveillance volcanique aux États-Unis, y compris dans le Nord-Ouest.
Si le projet de loi est validé, le National Volcano Early Warning and Monitoring Program – Programme national d’alerte précoce et de surveillance volcanique – permettrait de rassembler les systèmes de surveillance des observatoires volcanologiques en un système unique dans lequel ils seraient interconnectés. Ce système inclurait l’Observatoire Volcanologique des Cascades basé à Vancouver, et l’Observatoire Volcanologique de l’Alaska. Le nouveau système surveillerait, préviendrait et protégerait les populations contre les risques volcaniques.
Le Cascades Volcano Observatory surveille les volcans du Nord-Ouest des Etats-Unis avec, entre autres, le Mont St. Helens, le Mont Adams et le Mount Hood. C’est l’un des cinq observatoires volcanologiques exploités par l’US Geological Survey.
Source: The Seattle Times.

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drapeau-anglaisTwo U.S. senators from the states of Washington and Arkansas have introduced a bill aimed at improving volcano monitoring systems in the United States, including the Northwest.
The National Volcano Early Warning and Monitoring Program Act would aim to unify the monitoring systems of volcano observatories into a single connected system. That would include the Cascades Volcano Observatory, which is based in Vancouver, and the Alaska Volcano Observatory.
The new system would monitor, warn and protect communities from volcanic hazards.
The Cascades Volcano Observatory monitors volcanoes in the Northwest, including Mount St. Helens, Mount Adams, Mount Hood and others. It’s one of five volcano observatories operated by the U.S. Geological Survey.
Source : The Seattle Times.

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Vue du Mont Adams (Photo: C. Grandpey)