Découverte d’une cavité souterraine sous les Champs Phlégréens // Discovery of a subterranean cavity under the Phlegraean Fields

Une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’Université de Pise, en collaboration avec l’INGV (Observatoire du Vésuve) et le Centre Helmholtz GFZ de Potsdam, a révélé une cavité située à 3,6 kilomètres de profondeur sous les Champs Phlégréens. L’étude, publiée dans Nature Communications Earth & Environment, ouvre de nouvelles perspectives sur la dynamique des fluides magmatiques et l’évaluation du risque volcanique.

Vue de la Solfatara (Photo : C. Grandpey)

La cavité identifiée pour la première fois relie le réservoir profond responsable du soulèvement du sol aux fumerolles peu profondes de la Solfatara et de Pisciarelli. Selon l’étude, elle présente » une longueur d’environ un kilomètre, environ 650 mètres de large avec une épaisseur moyenne de 35 centimètres et un volume total d’environ 220.000 mètres cubes. Selon les chercheurs, il s’agit davantage d’une fracture élargie que d’une cavité qui est est reliée au réservoir profond responsable du soulèvement du sol (bradyséisme) et aux fumerolles naturelles des zones de la Solfatara et de Pisciarelli. Le contenu n’a pas encore été confirmé, mais il est probable que l’on a affaire à des gaz sous haute pression ou des fluides magmatiques. Selon Giacomo Rapagnani, auteur principal de l’étude et doctorant à Pise, la cavité émet un signal sismique depuis au moins sept ans, à une fréquence constante de 0,114 Hz, tout en conservant des dimensions et une composition stables sur cette période. Cette « résonance » permet de suivre les écoulements de fluides en profondeur et d’identifier des modifications structurelles potentiellement dangereuses.

Fumerolle de Pisciarelli (Photo: C. Grandpey)

L’ensemble des Champs Phlégréens est surveillé par l’INGV. La région connaît une phase de bradyséisme qui a débuté en 2005, avec des soulèvements de terrain atteignant des pics d’environ 3 cm par mois. Depuis 2018, plus de 100 séismes ont été enregistrés : le plus significatif, d’une magnitude de M4,6, s’est produit le 30 juin 2025. Selon les géologues de l’INGV, la sismicité augmente avec l’intensification du soulèvement. Lorsque la déformation s’accélère, la fréquence et la magnitude des séismes augmentent également, et dans certains cas, bien que très rares, ils peuvent atteindre des magnitudes allant jusqu’à M5.0.
Delon une autre étude publiée dans Science Advances, l’activité observée actuellement serait due à une accumulation de pression dans un réservoir hydrothermal sous Pouzzoles, alimenté par des fluides souterrains. Cette découverte confirme l’idée que la remontée du magma n’est pas la seule cause de la sismicité et de la déformation. Les recherches indiquent que la gestion des flux d’eau ou la réduction de la pression hydrostatique du réservoir pourrait constituer une stratégie préventive efficace.
Selon Francesco Grigoli, co-auteur de la dernière étude et professeur à l’Université de Pise, l’intégration de techniques sophistiquées d’analyse sismique et géophysique représente un progrès considérable dans la réduction du risque volcanique.
Source : presse italienne.

 

Sur cette image issue de la dernière étude, le réservoir magmatique profond est représenté en gris, tandis que la «cavité» découverte est représentée en noir. Les points de couleur indiquent les séismes survenus ces dernières années.

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An international team of researchers led by the University of Pisa, in collaboration with INGV (Vesuvius Observatory) and the Helmholtz Centre GFZ in Potsdam, has revealed a hidden cavity 3.6 kilometers deep beneath the Phlegraean Fields. The study, published in Nature Communications Earth & Environment, opens new perspectives on magmatic fluid dynamics and volcanic hazard assessment.
The cavity identified for the first time connects the deep reservoir responsible for the uplift to the shallow fumaroles of Solfatara and Pisciarelli. According to the study, it is about one kilometer long, about 650 meters wide, with an average thickness of 35 centimeters, and a total volume of about 220,000 cubic meters. According to the researchers, it’s more of a widened fracture than a cavity, linked to the deep reservoir responsible for the ground uplift (bradyseism) and to the natural fumaroles of the Solfatara and Pisciarelli areas. The contents have not yet been confirmed, but it is likely high-pressure gases or magmatic fluids. According to Giacomo Rapagnani, lead author of the study and a doctoral student in Pisa, the cavity has been emitting a seismic signal for at least seven years, at a constant frequency of 0.114 Hz, demonstrating stable dimensions and composition over this period. This « resonance » makes it possible to track fluid flows at depth and identify potentially dangerous structural changes.
The entire Phlegraean Fields is monitored by INGV. The region is experiencing a phase of bradyseism that began in 2005, with ground uplifts reaching peaks of approximately 3 cm per month. Since 2018, more than 100 earthquakes have been recorded: the strongest, with a magnitude of M4.6, occurred on June 30, 2025. According to INGV geologists, seismicity increases with the intensification of uplift. When deformation accelerates, the frequency and magnitude of earthquakes also increase, and in some cases, although very rare, they can reach magnitudes of up to M5.0.
Another study published in Science Advances suggests that the activity currently observed could be due to a buildup of pressure in a hydrothermal reservoir beneath Pozzuoli, fed by underground fluids. This discovery supports the idea that rising magma is not the sole cause of seismicity and deformation. Research indicates that managing water flows or reducing reservoir hydrostatic pressure could be an effective preventive strategy.
According to Francesco Grigoli, co-author of the latest study and professor at the University of Pisa, the integration of sophisticated seismic and geophysical analysis techniques represents a significant step forward in reducing volcanic risk..
Source: Italian news media.

Mise au point sur les Champs Phlégréens // Clarification about the Phlegraean Fields

Il y a quelques jours, j’ai été vivement critiqué par certaines personnes pour avoir utilisé le mot « routine » à propos de l’activité sismique observée actuellement dans les Champs Phlégréens. Je voulais simplement dire que les essaims sismiques ne sont pas une nouveauté dans la région. Ils sont liés au bradyséisme – mouvements verticaux du sol – qui sont observés depuis des lustres. Les épisodes de soulèvement du sol les plus récents ont été ceux de 1969-72 et de 1982-84, périodes où beaucoup de ceux qui me critiquent n’étaient pas nés. À l’époque, de nombreux habitants, en particulier dans le centre historique de Pouzzoles, ont été contraints d’abandonner leurs maisons.

Photo: C. Grandpey

De 2005 à aujourd’hui, on assiste à une nouvelle phase de bradyséisme. En avril 2025, elle avait provoqué un soulèvement d’environ 144 centimètres, avec un nombre élevé de séismes et d’essaims sismiques souvent ressentis par la population. Certains de ces événements comptent parmi les plus significatifs des 40 dernières années, avec des magnitudes supérieures à M4.0. Les réseaux de surveillance de l’INGV indiquent des épisodes de soulèvement du sol principalement centrés juste au sud-est du Rione Terra à Pouzzoles, avec une vitesse maximale qui varie au fil des ans entre 10 ± 3 mm/mois et 30 ± 5 mm/mois. En raison de cette série de phénomènes naturels, le niveau d’alerte des Champs Phlégréens a été relevé à la couleur Jaune en 2012.

Photo: C. Grandpey

Depuis 2018, le phénomène de bradyséisme s’accompagne d’une augmentation progressive de l’activité sismique. En 2023, alors que la plupart des événements avaient de faibles magnitudes (environ 90 % inférieurs à M1,0), on a observé une nouvelle augmentation de la fréquence des séismes. La plupart des événements se sont produits entre Astroni, Solfatara-Pisciarelli-Agnano, Pouzzoleset le golfe de Pouzzoles, avec des profondeurs maximales d’environ 4 km, principalement concentrées dans les 2 premiers km. La même année, les événements les plus forts se sont produits les 27 septembre et 2 octobre, avec des magnitudes de M4,2 et M4,0. En 2024, l’événement le plus fort s’est produit le 20 mai avec une magnitude de M4,4 dans la Solfatara, tandis qu’en 2025, le séisme le plus puissant a été enregistré le 13 mars lors d’un essaim sismique, avec une magnitude de M4,6 (±0,3).

Photo: C. Grandpey

Si on fait une comparaison avec la crise bradysismique des années 1980, on constate que la situation actuelle est marquée par des soulèvements du sol et des séismes d’une magnitude comparable à ceux observés lors de la crise bradysismique de 1982-1984. Cependant, en termes d’impact sur les bâtiments et les infrastructures, la situation est très différente. La crise des années 1980 a causé d’importants dégâts aux bâtiments, notamment à Pouzzoles, entraînant l’évacuation de la population de ses habitations du centre historique. Aujourd’hui, la situation est similaire à celle observée lors de la crise bradysismique des années 1970, lorsque les habitants du Rione Terra ont dû être évacués. La crise bradysismique actuelle n’a pas causé de dégâts significatifs jusqu’à présent. Cela est dû à une différente vulnérabilité des bâtiments et à l’évolution différente du bradyséisme, en termes de fréquence des séismes et de vitesse de soulèvement du sol. La plupart des structures de la région sont aujourd’hui constituées de bâtiments ne dépassant pas trois étages qui ont fait l’objet d’interventions de réhabilitation parasismique depuis les années 1980.
Au cours des derniers mois de 2023, la Commission nationale des risques majeurs a été convoquée à plusieurs reprises pour donner son avis sur la situation actuelle. À l’issue de ces réunions, la Commission a constaté que les résultats scientifiques avec la présence de magma en profondeur comme cause principale de la crise bradysismique actuelle. Cependant, en l’absence de preuve de remontée de magma vers le surface, la Commission a conclu au maintien du niveau d’alerte Jaune pour le risque volcanique.
Source : INGV.

Certes, il est très désagréable pour les habitants de Pouzzoles de ressentir les essaims sismiques qui déclenchent, surtout la nuit, des vagues d’anxiété, mais il convient de souligner que ces séismes n’annoncent en rien une super-éruption des Champs Phlégréens. Il convient de préciser que la dernière éruption a eu lieu en 1538 au Monte Nuovo et n’était absolument pas une éruption majeure. Il n’y a donc pas lieu de paniquer. J’ai prévu un voyage en Campanie en septembre et je sais déjà que je dormirai à Pouzzoles…

Cratère du Monte Nuovo (Photo: C. Grandpey)

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A few days ago, I was sharply criticized by some persons for having used the word « routine » about the current seismic activity in the Phlegeaean Fields. I just meant that earthquake swarms are nothing new in the Campi Flegrei. They are linked to the bradyseism – vertical movements of the ground – that have affected the region for centuries. The most recent episodes of upheaval were those of 1969-72 and 1982-84, periods when many of those who criticize mz were not born, and when many inhabitants of the area, especially those of the historic center of Pozzuoli, were forced to abandon their homes. From 2005 to today, a new phase of bradyseism has been underway which in April 2025 produced an uplift of about 144 centimeters, also causing a high number of earthquakes with seismic swarms often felt by the population and some of the highest energy earthquakes of the last 40 years wth magnitudes above M4.0. The INGV monitoring networks indicate a radial geometry of the uplift centered just south-east of Rione Terra in Pozzuoli, with a maximum speed that over the years has varied between 10±3 mm/month to 30±5 mm/month. Due to this series of natural phenomena, since 2012 the alert level of Campi Flegrei has been raised to Yellow.

Since 2018, the bradyseism phenomenon has been accompanied by a gradual increase in seismic activity, including the number of earthquakes and their magnitude. In 2023, while most events had low magnitudes (about 90% below M1.0), there was a new increase in the frequency of earthquakes. Most of the events occurred between Astroni, Solfatara-Pisciarelli-Agnano, Pozzuoli, and Gulf of Pozzuoli, with maximum depths of about 4 km, primarily concentrated in the first 2 km. In the same year, the strongest events occurred on September 27 and October 2, with magnitudes of M4.2 and M4.0. In 2024, the strongest event occurred on May 20 with a magnitude of M4.4 in the Solfatara, while in 2025, the strongest earthquake was recorded on March 13 during a seismic swarm, with a magnitude of M4.6 (±0.3).

Comparison with the bradyseismic crisis of the 1980’s. The current situation is marked by ground uplifts and earthquakes of a magnitude comparable to those experienced in the bradyseismic crisis of 1982-84, while in terms of impact on buildings and infrastructure, the picture is very different. The 1980s crisis caused extensive damage to buildings, particularly in the municipality of Pozzuoli, leading to the evacuation of the population from their homes in the historic center. This was similar to what happened during the bradyseismic crisis of the 1970s when the inhabitants of the Rione Terra had to be evacuated.
The current bradyseismic crisis has not caused significant damage so far. The reasons are to be found in the different vulnerabilities of the buildings and the different evolution of the phenomenon in the frequency of quakes and the rate of uplift. Most of the structures in the area today consist of buildings not exceeding three stories, mostly made of reinforced concrete or masonry, which have undergone seismic retrofitting interventions since the 1980’s.

In the last months of 2023, the National Major Risks Commission has been called several times to know its opinion on the current situation. As a result of these meetings, the Commission found that the scientific findings reinforce the evidence for the presence of deep-seated magma as the root cause of the current bradyseismic crisis. However, without evidence of rising magma, it was concluded to confirm « the yellow alert level for volcanic risk. »

Source : INGV.

Sure, it is very unpleaseant for the residents of Pozzuoli to feel the seismic swarms that trigger, above all at night, waves of anxiety, but it should be underlined that these earthquakes do not herald a super eruption of the Campi Flegrei. One should add that the last eruption occurred in 1538 at Monte Nuovo and was by no means a major eruption. I have planned a trip to Campania in September and I already know that I will sleep in Pozzuoli…

Protection Civile et Champs Phlégréens (Campanie / Italie) // Civil Protection and Campi Flegrei (Italy)

Il y a quelques jours, j’indiquais sur ce blog qu’en ce moment la situation n’avait rien d’alarmant dans les Champs Phlégréens.

Sur son site web, la Protection Civile de Pouzzoles donne, dans deux opuscules, une foule d’explications sur les zones à risques et sur les procédures à suivre en cas d’éruption.

https://www.halleyweb.com/c063060/zf/index.php/servizi-aggiuntivi/index/index/idtesto/318

Un chapitre est consacré au scénario éruptif dans les Champs Phlégréens. On peut lire que, compte tenu de la complexité du système volcanique dans la région, caractérisé par la présence de nombreux cratères et en l’absence d’éruptions récentes, il n’est pas possible de prédire avec certitude quand, comment et où aura lieu la prochaine éruption, ni prédire la durée de l’activité.
Une étude a montré qu’en cas de réactivation du volcan, il y aurait environ 95% de probabilité qu’une éruption inférieure ou égale à un événement de taille moyenne se produise. La probabilité d’une éruption plus importante (grande ou très grande). est inférieur à 5 %.
Les phénomènes possibles suivants sont attendus en cas d’éruption :
• formation d’une colonne éruptive composée de gaz et de lambeaux de lave incandescents, jusqu’à des dizaines de kilomètres de hauteur ;
• chute de matériaux volcaniques importante dans la zone la plus proche de la bouche éruptive, et même à plusieurs dizaines de kilomètres, en fonction de la direction du vent;
• coulées pyroclastiques générées par l’effondrement de la colonne éruptive. Ces phénomènes ont des vitesses et des températures élevées et peuvent atteindre plusieurs kilomètres.
En outre, des explosions phréatiques, peuvent survenir dans les Campi Flegrei à cause de l’implication de sources d’eau externe (zone Solfatara/Pisciarelli), ou là où il existe actuellement une disponibilité importante en eau, tels que les milieux lacustres (Agnano), les lacs de cratères (Averno) et marins (Golfe de Pouzzoles).

La Solfatara est une zone très sensible des Champs Phlégréens (Photo: C. Grandpey)

Vue du lac d’Averno (Photo: C. Grandpey)

Sur la base de l’ampleur de l’événement éruptif de référence et des scénarios associés, des zones rouge et jaune sont envisagées.

La zone rouge comprend la zone exposée au danger d’invasion de coulées pyroclastiques qui, en raison de leurs températures élevées et de leur vitesse représentent le phénomène le plus dangereux pour la vie humaine.

La zone jaune concerne les zones exposées aux retombées de lapilli et de cendres volcaniques. Seront également pris en compte les effets liés aux phénomènes d’invasion par des coulées de boue rapides (lahar).

Par ailleurs, on peut lire dans les opuscules rédigés par la Protection Civile que toute personne qui habite ou se trouve dans une zone volcanique doit s’informer sur le plan d’urgence pour pouvoir adopter, en cas d’éruption, les comportements indiqués par la Protection Civile et mettre en œuvre correctement les opérations d’évacuation, si elles sont prévues.
Le plan pour le risque volcanique de la zone des Champs Phlégrées implique l’évacuation d’un tel nombre de personnes et d’un si vaste territoire (la zone rouge) qu’il doit nécessairement être coordonné par un organisme supérieur, en l’occurrence le Département de la Protection Civile.
Ce qu’il est important de savoir, c’est que le plan comprend deux méthodes d’évacuation, Les deux doivent être activées pendant la phase d’alerte, bien avant le début d’une éventuelle éruption :
• une évacuation avec ses propres moyens, contrôlée et régulée par le plan et les structures territoriales ;
• une évacuation assistée, pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas s’éloigner en utilisant leur propre voiture

La Protection Civile a effectué un énorme travail pour définir les procédures à suivre en cas d’éruption. Au terme de leur lecture, je me pose plusieurs questions :

– La population très dense qui vit dans la zone des Champs Phlégérens est elle au courant de toutes les mesures et procédures prévues par la Protection Civile ?

– Les habitants de la zone menacée sauront-ils adopter le comportement adéquat pour se mettre hors de danger ? À ma connaissance, la Protection Civile n’a procédé à aucune simulation d’évacuation de la zone autour de Pouzzoles. Les mesures prises suite à la dernière activité sismique se ont limitées à une vérification de la solidité des bâtiments.

Au cours de séjours à Pouzzoles et dans sa région, je me suis demandé quelle serait la meilleure procédure d’évacuation. Au vu de l’urbanisme dans la région, avec des bourgades aux rues étroites et très vite encombrées, je ne suis pas certain qu’une évacuation terrestre sera la plus facile. L’indiscipline de la population risque également d’être un obstacle majeur. Au final, je me demande s’il ne faudrait pas prévoir également une évacuation par le mer.

Vue de Pouzzoles, zone à forte densité de population (Photo: C. Grandpey)

Quoi qu’il en soit, la tâche de la Protection Civile sera compliquée en cas d’éruption, d’autant plus qu’il faudra probablement agir vite. J’ai toujours en tête ce que me disait un jour Franco Barberi, alors en charge de la Protection Civile italienne, à propos de l’évacuation de Naples en cas d’éruption du Vésuve : « Si j’évacue et qu’il ne se passe rien, je passe pour un imbécile ; si je n’évacue pas et qu’une catastrophe se produit, je vais en prison. »

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A few days ago I indicated on this blog that at the moment the situation in the Phlegraean Fields was not alarming.
On its website, the Civil Protection of Pozzuoli provides, in two pamphlets, a wealth of explanations on the risk areas and the procedures to follow in the event of an eruption.

https://www.halleyweb.com/c063060/zf/index.php/servizi-aggiuntivi/index/index/idtesto/318

A chapter is dedicated to the eruptive scenario in the Phlegraean Fields. We can read that, given the complexity of the volcanic system in the area, characterized by the presence of numerous craters and in the absence of recent eruptions, it is not possible to predict with certainty when, how and where the next eruption will take place, nor to predict the duration of the activity.
A study has shown that in the event of a reactivation of the volcano, there would be about a 95% probability of an eruption less than or equal to a medium-sized event. The probability of a larger eruption (large or very large) is less than 5%.
The following possible phenomena are expected in the event of an eruption:
• formation of an eruptive column composed of gases and incandescent lava fragments, up to tens of kilometers high;
• significant fall of volcanic material in the area closest to the eruptive vent, and even several tens of kilometers, depending on the wind direction;
• pyroclastic flows generated by the collapse of the eruptive column. These phenomena have high speeds and temperatures and can reach several kilometers.
Furthermore, phreatic explosions may occur in the Campi Flegrei due to the involvement of external water sources (Solfatara/Pisciarelli area), or where there is currently significant water availability, such as lacustrine (Agnano), crater lakes (Averno) and marine (Gulf of Pozzuoli) environments.
Based on the magnitude of the reference eruptive event and the associated scenarios, red and yellow zones are considered (see images above) :

The red zone includes the area exposed to the danger of invasion by pyroclastic flows which, due to their high temperatures and speed, represent the most dangerous phenomenon for human life.
The yellow zone concerns the areas exposed to the fallout of lapilli and volcanic ash. The effects related to the phenomena of invasion by rapid mudflows (lahar) will also be taken into account.
Furthermore, we can read in the pamphlets written by the Civil Protection that anyone who lives or is in a volcanic area must find out about the emergency plan in order to be able to adopt, in the event of an eruption, the behaviors indicated by the Civil Protection and to correctly implement the evacuation operations, if they are planned.
The volcanic risk plan for the Phlegrian Fields area involves the evacuation of such a number of people and such a vast territory (the red zone) that it must necessarily be coordinated by a higher body, in this case the Civil Protection Department.
What is important to know is that the plan includes two evacuation methods. Both must be activated during the alert phase, well before the start of a possible eruption:
• an evacuation with its own means, controlled and regulated by the plan and the territorial structures;
• an assisted evacuation, for those who cannot or do not want to move away using their own car
The Civil Protection has done a huge amount of work to define the procedures to follow in the event of an eruption. After reading them, I ask myself several questions:
– Is the very dense population living in the Phlegerian Fields area aware of all the measures and procedures planned by the Civil Protection?
– Will the inhabitants of the threatened area be able to adopt the appropriate behavior to get out of danger? To my knowledge, the Civil Protection has not carried out any simulation of evacuation of the area around Pozzuoli. The measures taken following the last seismic activity were limited to a check of the solidity of the buildings.
During several stays in Pozzuoli and its region, I wondered what the best evacuation procedure would be. Given the urban planning in the region, with small towns with narrow streets that quickly become congested, I am not sure that a land evacuation would be the easiest. The indiscipline of the population could also be a major obstacle. In the end, I wonder if the authorities should not also plan for an evacuation by sea. In any case, the task of the Civil Protection will be complicated in the event of an eruption, especially since it will probably be necessary to act quickly. I always remember what Franco Barberi, then in charge of the Italian Civil Protection, once told me about the evacuation of Naples in the event of an eruption of Vesuvius: « If I evacuate and nothing happens, I look like an idiot; if I don’t evacuate and a disaster occurs, I go to prison. »

Bilan du dernier essaim sismique dans les Champs Phlégréens (Italie) // Assessment of the latest seismic swarm in the Phlegrean Fields (Italy)

Un nouveau séisme de magnitude M 3,6 a secoué les Champs Phlégréens le 22 mai 2024 à 8 h 28, avec un épicentre situé dans le golfe de Pouzzoles à 4 km de profondeur. L’événement a été ressenti en particulier à Pouzzoles et Bacoli et dans la zone ouest de Naples. Dans la soirée du 22 mai, l’INGV a annoncé la fin de l’essaim sismique qui avait commencé le lundi 20 mai à 19h51, avec une série de 168 événements dont celui de magnitude M 4,4 enregistré lundi soir à 20h10.
Un sommet interministériel présidé par la Première ministre Giorgia Meloni s’est réuni le 22 mai à Rome pour faire le point sur la situation des Champs Phlégréens.
Suite au séisme du 22 mai dont l ‘épicentre se trouvait dans le golfe de Pouzzoles, le maire de Procida a décidé de fermer les écoles de l’île où les enseignants ont immédiatement activé les protocoles de sécurité en rassemblant les élèves dans les espaces ouverts. La fermeture permet d’effectuer des contrôles de sécurité sur les bâtiments.

Le soulèvement du sol se poursuit dans les Campi Flegrei, en particulier près de Rione Terra, le noyau historique de la ville de Pouzzoles. Selon les données contenues dans le bulletin hebdomadaire de surveillance de l’Osservatotio Vesuviano relatif aux journées du 13 au 19 mai, le soulèvement enregistré à la station Gnss de Rione Terra est d’environ 25,5 centimètres depuis janvier 2023, dont environ 7,5 centimètres en 2024 ; dans les deux cas, c’est 0,5 centimètre de plus que les données contenues dans le bulletin hebdomadaire précédent. De janvier à début avril 2024, la vitesse moyenne de soulèvement du sol dans la zone de déformation maximale a été d’environ 10 millimètres par mois. À partir de la mi-avril, cette valeur a été d’environ 20 millimètres par mois. Du 9 au 16 avril, deux épisodes de soulèvement du sol ont été enregistrés à la station GNSS de Rione Terra, respectivement d’environ 1 centimètre (9-10 avril) et 0,5 centimètre (15-16 avril). Ces deux épisodes ont également été enregistrés par les autres stations GNSS proches de Rione Terra dans un rayon d’environ 2-3 km, avec des valeurs progressivement décroissantes en s’éloignant de la zone de déformation maximale.
Le directeur de l’Osservatorio Vesuviano a déclaré que « la vitesse moyenne de déformation de 2 centimètres par mois est stable depuis 40 jours et se reflète dans l’augmentation de la sismicité, comparable à celle de l’automne 2023″. Le directeur ajoute que la sismicité n’est que l’un des paramètres constamment surveillés dans les Campi Flegrei. Le type de séismes, c’est-à-dire le type de déformation des roches auxquelles ils sont liés, et les émissions de gaz sont tout aussi importants. Il est bon de rappeler que la prévision d’une éruption ne repose pas que sur le seul paramètre sismique. D’autres données géophysiques et géochimiques sont également à prendre en compte avant de lancer des messages d’alerte éruptive.

Source : INGV, Osservatorio Vesuviano, presse italienne.

 

Bilan de deux années de sismicité dans les Champs Phlégréens (Source : INGV)

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A new earthquake with a magnitude M 3.6 shook the Phlegrean Fields on May 22nd, 2024 at 8:28 a.m., with an epicenter located in the Gulf of Pozzuoli at a depth of 4 km. The event was felt particularly in Pozzuoli and Bacoli and in the west area of Naples. On the evening of May 22nd, INGV announced the end of the seismic swarm which had started on Monday May 20th at 7:51 p.m., with a series of 168 events including that of magnitude M 4.4 recorded Monday evening at 8:10 p.m.
An interministerial summit chaired by Prime Minister Giorgia Meloni met on May 22nd in Rome to evaluate the situation in the Phlegrean Fields.
Following the earthquake of May 22nd, the epicenter of which was in the Gulf of Pozzuoli, the mayor of Procida decided to close the island’s schools where teachers immediately activated safety protocols by gathering students in open spaces . The closure allows security checks to be carried out on buildings.
Ground uplift continues in the Campi Flegrei, particularly near Rione Terra, the historic core of the city of Pozzuoli. According to the data contained in the weekly bulletin of the Osservatotio Vesuviano relating to the days of May 13th to 19th, the uplift recorded at the GNSS station in Rione Terra has been approximately 25.5 centimeters since January 2023, of which approximately 7, 5 centimeters in 2024; in both cases, this is 0.5 centimeter more than the data contained in the previous weekly bulletin. From January to early April 2024, the average rate of ground uplift in the maximum deformation zone was around 10 millimeters per month. From mid-April this value has been around 20 millimeters per month. From April 9th to 16th, two episodes of ground uplift were recorded at the Rione Terra GNSS station, respectively about 1 centimeter (April 9th-10th) and 0.5 centimeter (April 15th-16th). These two episodes were also recorded by other GNSS stations close to Rione Terra within a radius of approximately 2-3 km, with gradually decreasing values moving away from the maximum deformation zone.
The director of the Osservatorio Vesuviano said that « the average deformation speed of 2 centimeters per month has been stable for 40 days and is reflected in the increase in seismicity, comparable to that of autumn 2023 ». The director adds that seismicity is only one of the parameters constantly monitored in the Campi Flegrei The type of earthquakes, that is, the type of deformation of the rocks to which they are linked, and the gas emissions are just as important. It is good to remcall that the prediction of an eruption is not based solely on the seismic parameter. Other geophysical and geochemical data must also be taken into account before issuing eruptive alert messages.
Source: INGV, Osservatorio Vesuviano, Italian news media.