Pour mieux comprendre les noms islandais… // To better understand Icelandic names…

On peut lire sur le site web Iceland Monitor un article intéressant qui explique la signification des noms de certains lieux et volcans d’Islande.

Le mont Hekla (1491m) est l’un des volcans les plus connus et les plus actifs d’Islande. Ses éruptions sont fréquentes et commencent en général par des explosions accompagnées de panaches de cendre, suivies par des fontaines et de grandes coulées de lave. Les dernières éruptions ont eu lieu en 1980, 1981, 1991 et 2000.
Le mot Hekla fait référence à un manteau ou une cape. L’origine du nom tient peut-être au fait que l’Hekla se couvre d’un manteau de neige plus tôt que la plupart des montagnes islandaises, avant de s’en débarrasser au printemps lorsque le temps le permet.

Lakagígar est une fissure éruptive longue de 27 km jalonnée de 130 cratères au sud-ouest du Vatnajökull. Une éruption de 8 mois, entre juin 1783 et février 1784, a tué 50% à 80% du bétail et 25% de la population islandaise.
L’origine du mot Lakagígar est assez surprenante. Il désigne les cratères du Laki, la montagne en leur centre. Le mot Laki désigne, quant à lui, le feuillet*, l’un des compartiments de l’estomac d’un ruminant. On pense que le nom vient du fait que la forme de la montagne rappelait aux gens celle du feuillet.

* Ceux qui, comme moi, ont passé le certificat d’études primaires, se souviennent que la vache et plus généralement les ruminants ont un système digestif composé d’un estomac (la caillette) et de trois pré-estomacs (la panse, le bonnet et le feuillet).

L’Esja est une montagne au sommet plat située à environ 10 kilomètres de Reykjavík. En fait, ce n’est pas vraiment une montagne ; c’est davantage une chaîne volcanique dont le plus haut sommet culmine à 914 mètres. L’origine du nom est intéressante. Il existe de vieilles histoires sur une femme irlandaise appelée Esja, qui vivait à Esjuberg. C’est pourquoi certaines personnes sont persuadées que le nom est irlandais. Cependant, il s’agit plus probablement d’un prénom féminin scandinave, comme il en existe dans toute la Scandinavie. Il signifie à la fois l’âtre et un type de roche de couleur claire que l’on trouve sur la montagne.

Fnjóskadalur est une vallée du nord de l’Islande; c’est aussi le site de la forêt de Vaglaskógur. Le nom est composé des mots fnjóskur qui désigne un morceau de bois sec, et dalur, qui signifie ‘vallée’. Des découvertes archéologiques dans la vallée montrent qu’il y a très longtemps, on fabriquait du charbon à partir du bois sec de la forêt.

Eyjafjallajökull est le célèbre volcan qui est entré en éruption en 2010, menntant des voyageurs en détresse et bloquant des aéroports dans de nombreuses régions du monde. La prononciation du nom a posé bien des problèmes aux étrangers, alors qu’il est assez facile de le comprendre. Le mot est dérivé de deux mots: Eyjafjöll et jökull. ‘Jökull’ signifie glacier et ‘Eyjafjöll’ les montagnes de l‘île. L’Eyjafjöll est la montagne sous la calotte glaciaire de l’Eyjafjallajökull. Les îles en question sont peut-être les îles Vestmann, au sud, ou Landeyjar, la région située à l’ouest des montagnes.

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One can read on the website Iceland Monitor an interesting article that explains the meaning of the names of some of Iceland’s places and volcanoes.

Mount Hekla (1491m) is one of Iceland’s best known and most active volcanoes. It has frequent eruptions that start with explosions producing eruption plumes, and followed by lava fountains and large lava flows. The last eruptions occurred in 1980, 1981, 1991 and 2000.

The word Hekla can mean coat or outer garment. The origin of the name may have to do with the fact that Hekla puts on a coat of snow earlier than most mountains, only to throw it off in spring when weather allows.

Lakagígar is a 27-km long eruptive fissure consisting of 130 giant craters on the southwest side of Vatnajökull. An 8-month long eruption, which lasted from June 1783 until February 1784 killed 50%- 80% of the livestock and 25% of the Icelandic population died.

The origin of the word Lakagígar  comes as a surprise. It means the craters of Laki, which is the mountain at their center. Laki is the word for one of the compartments of a ruminant’s stomach, more precisely the omasum. The name is believed to stem from the fact that the shape of the mountain reminded people of that of an omasum.

 

Esja, is a flat-topped mountain about 10 kilometres from Reykjavík. Actually, it is not a true mountain in itself, but a volcanic range, the highest peak of which reaches 914 metres tall. It has an interesting name. Old stories exist of an Irish woman by the name of Esja, who lived in Esjuberg. Therefore, some believe the name is Irish. More likely, though, it is a Scandinavian female name, as it exists all over Scandinavia, meaning both fireplace and a type of rock. It may refer to a light-colored rock type, found in the mountain.

 

Fnjóskadalur is a valley in North Iceland; it is also the site of Vaglaskógur forest. The name is made from the words fnjóskur, meaning a dry piece of wood, and dalur, meaning valley. Archaeological finds in the valley suggest that ages ago, coal was made from dry wood in the forest.

 

Eyjafjallajökull is the volcano which famously erupted in 2010, stranding passengers and blocking airports in many parts of the world. Pronouncing the word proved difficult for many foreigners, whereas understanding it is quite easy. The word is derived from two words: Eyjafjöll and jökull. Jökull means glacier and Eyjafjöll means island mountains. Eyjafjöll is the name of the mountain under the Eyjafjallajökull ice cap. The islands referred to may be Vestmannaeyjar islands, to the south, or Landeyjar, the area to the west of the mountains.

Vue de l’Hekla (Crédit photo: Wikipedia)

Lakagigar (Photo: C. Grandpey)

Eruption de l’Eyjafjallajökull en 2010 (Crédit photo: Wikipedia)

Hekla (Islande) : Une bombe à retardement ? // Mt Hekla (Iceland) : A time bomb ?

On peut lire dans la base de données de la Smithsonian Institution que l’Hekla, l’un des volcans les plus actifs d’Islande, se trouve près de l’extrémité méridionale de la zone de rift Est. Au cours de son histoire, il a émis des andésites basaltiques, contrairement aux basaltes tholéiitiques que l’on rencontre généralement sur les volcans de zone de rift en Islande. Les tephras de l’Hekla sont généralement riches en fluor qui présente un risque pour les animaux dans les pâturages. Les nombreuses coulées de lave émises pendant les éruptions historiques – qui remontent à 1104 de notre ère – couvrent une grande partie des flancs du volcan.
Certains volcanologues pensent que l’Hekla a un cycle éruptif de dix ans. C’est vrai si l’on prend en compte les éruptions les plus récentes, mais au vu de l’histoire du volcan, un tel cycle n’existe pas vraiment. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, la notion de cycle en volcanologie n’a jamais été vraiment prouvée. Voici le lien vers une liste des éruptions de l’Hekla sur le site web de la Smithsonian Institution:
https://volcano.si.edu/volcano.cfm?vn=372070

Situé dans le sud de l’Islande, l’Hekla attire les touristes. Cependant, gravir ce volcan n’est pas sans risque car les éruptions se déclenchent très rapidement, sans prévenir.
N’importe qui peut l’escalader car l’ascension ne présente pas de difficultés techniques. Une fois au sommet, on a une vue magnifique sur les environs ; elle est appréciée par des foules de gens chaque année, mais très peu d’entre eux sont conscients des risques qu’ils courent en gravissant la montagne.
Comme je l’ai écrit plus haut, l’Hekla est entré assez fréquemment en éruption au cours du 20ème siècle. Les derniers événements ont eu lieu en 1947, 1970, 1980, 1991 et 2000. Ce qui caractérise l’Hekla, c’est le peu de temps – généralement moins d’une heure – qui s’écoule avant une éruption. Cette dernière commence en général par une séquence explosive au sommet, suivie grandes coulées de lave sur les flancs du volcan.
En conséquence, on peut se demander si les randonneurs qui se trouvent près du sommet en cas d’explosion parviendront à se mettre en sécurité à temps. D’importantes retombées de cendre volcanique au début d’une éruption peuvent blesser les touristes. Des avalanches de cendre chaude et de vapeur d’eau peuvent également se produire et dévaler les pentes de la montagne en quelques minutes. Les gaz toxiques qui accompagnent une éruption, peuvent constituer un autre risque majeur pour l’homme et les animaux.
Les mesures actuelles montrent que la pression dans la chambre magmatique de l’Hekla dépasse ce qu’elle était en l’an 2000. Cela donne à penser que le volcan est prêt à entrer en éruption, bien que personne ne sache à quel moment un tel événement pourrait se produire. Ce pourrait être demain…ou dans 50 ans. J’explique au cours de mes conférences que notre capacité à prédire les éruptions est très faible. S’agissant de l’Hekla, tout ce que l’on sait, c’est que les randonneurs n’auront qu’une heure pour quitter les lieux. Personne ne pouvant dire quand aura lieu la prochaine colère du volcan, il reste ouvert à la randonnée. Les touristes doivent juste être conscients du risque qu’ils courent.
La Protection Civile islandaise a installé un panneau au pied de l’Hekla pour rappeler le risque. En outre, un système d’alerte est en place. En cas de danger imminent, un SMS sera envoyé à toutes les personnes présentes dans la zone. La question est de savoir combien de temps il faudra aux gens pour prendre note de leur message et combien de temps il leur faudra pour quitter la zone dangereuse. Il faut juste espérer que personne ne se trouvera sur le volcan la prochaine fois qu’il se réveillera….
Source: Iceland Monitor.

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According to the Smithsonian Institution’s data base, Mount Hekla, one of Iceland’s most active volcanoes, lies near the southern end of the eastern rift zone. It has produced basaltic andesites, in contrast to the tholeiitic basalts typical of Icelandic rift zone volcanoes. Hekla tephras are generally rich in fluorine and are consequently very hazardous to grazing animals. Extensive lava flows from historical eruptions, which date back to 1104 CE, cover much of the volcano’s flanks.

Some volcanologists think that Hekla has a ten-year eruptive cycle. This is true if we take into account the most recent eruptions, but if we look at the volcano’s past history, such a cycle does not really exist. As I have put it several times, the notion of cycle in volcanology has never been clearly proved. Here is the link to a list of Hekla’s eruptions on the Smithsonian Institution’s website:

https://volcano.si.edu/volcano.cfm?vn=372070

Located in South Iceland, Mount Hekla is a great tourist attraction. However, hiking up the mountain comes with a risk, as this volcano’s eruptions are triggered very rapidly, without warning.

Anyone is allowed to hike up the mountain and technically, it is not a difficult hike. You get a great view from the top and it is enjoyed by many people every year. Most likely, though, very few people are aware of the risk they take by climbing the mountain.

As I put it above, Mt Hekla erupted rather frequently during the 20th century. The last events occurred in 1947, 1970, 1980, 1991 and 2000.What makes Mt Hekla unique is the short time leading up to its eruption, usually less than an hour. An eruption begins with an explosive onset at the top, followed my large lava flows.

As a consequence, one may wonder whether hikers who are standing near the top of the mountain in the event of an explosion will make it to safety in time. Large showers of volcanic ash at the onset of an eruption could injure hikers. Floods of hot ash and water could also occur, flowing down the slopes of the mountain in a matter of minutes. Poisonous gases, which accompany an eruption, would also pose a major risk to people and animals.

Current measurements show that pressure in Mt Hekla’s magma chamber already exceeds what it was in the year 2000, suggesting that the volcano is ready for an eruption, although no one knows when such an event might occur. All we know is that hikers would only get an hour’s notice. It could be tomorrow; it could also be 50 years from now. Nobody knows. I explain during my conferences that our ability to predict eruptions is very low. As nobody can predict Mt Hekla’s eruptions, the volcano is not closed to hikers; they just need to be aware of the risk they take.

Iceland’s Department of Civil Protection has installed a sign at the base of the mountain to point out the risk. Furthermore, a response system is in place, whereby an SMS would be sent to everyone in the area when it is clear that an eruption is imminent. The question is to know how long it takes people to notice their message and how much time they will have to make an escape. Next time Hekla wakes up, let’s hope no one will be on the mountain.

Source : Iceland Monitor.

Vue de l’Hekla (Crédit photo: Wikipedia)

Essaim sismique à proximité de l’Hekla (Islande) // A seismic swarm near Mt Hekla (Iceland)

Un essaim sismique a été enregistré le 27 janvier 2019 à quelques kilomètres à l’ouest du Torfajokull et à une quinzaine de kilomètres à l’est de l’Hekla. On a dénombré une trentaine d’événements d’une magnitude variant globalement entre M 1 et M 3,7, entre 3 et 7 km de profondeur.

Etant donné la proximité de l’Hekla, la situation mérite d’être surveillée. Il est bon de rappeler que la dernère éruption de ce volcan a eu lieu fin février 2000, précédée d’un bref épisode sismique d’une heure vingt. Après un début intense, l’éruption s’est essoufflée et s’est terminée dans les premiers jours du mois de mars.

Les éruptions précédentes au 20ème siècle se sont produites en mars-avril 1948, mai-juillet 1970, août 1980 et janvier-mars 1991.

Elles se caractérisent souvent par ne première phase explosive violente suivie d’une activité moins intense, avec des coulées de lave et d’abondantes émissions de cendre.

Certains scientifiques affirment que l’Hekla aurait un cycle éruptif décennal, mais l’examen des éruptions au cours des âges montre que ce cycle n’existe pas vraiment. On remarquera que 19 années se sont déjà écoulées depuis la dernière éruption. D’une manière plus générale, la notion de cycle éruptif n’a jamais été vraiment prouvée sur les volcans actifs.

Source : IMO, Smithsonian Institution.

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A seismic swarm was recorded on January 27th, 2019 a few kilometres west of Torfajokull and about fifteen kilometres east of Mt Hekla. There were about thirty events with a magnitude generally ranging between M 1 and M 3.7, between 3 and 7 km deep.
Given the proximity of Mt Hekla, the situation deserves to be monitored. It is worth remembering that the last eruption of this volcano took place at the end of February 2000, preceded by a brief seismic episode of one hour and twenty minutes. After an intense start, the eruption declined and ended in the first days of March.
Previous eruptions in the 20th century occurred in March-April 1948, May-July 1970, August 1980 and January-March 1991.
They are often characterized by a first violent explosive phase followed by a less intense activity, with lava flows and abundant ash emissions.
Some scientists claim that Mt Hekla has a ten-year eruptive cycle, but the review of eruptions over the ages shows that this cycle does not really exist. It should be noted that 19 years have passed since the last eruption. More generally, the notion of eruptive cycle has never really been proven on active volcanoes.
Source: IMO, Smithsonian Institution.

Source: IMO

Découverte d’un nouveau minéral sur l’Hekla (Islande) // Discovery of a new mineral on Mt Hekla (Iceland)

En janvier 1991, l’Hekla a été secoué par une éruption qui a duré deux mois.
Six mois après l’éruption, un géologue danois a entrepris d’étudier certaines fractures dans la lave. À l’intérieur de ces fractures, la température atteignait 170°C et des gaz toxiques s’échappaient encore du volcan. Le scientifique a recueilli des incrustations jaunâtres dans les fractures afin de les analyser dans son laboratoire de l’Université de Copenhague.
Aujourd’hui, 25 ans plus tard, les recherches conduisent les scientifiques à conclure que les matériaux analysés contiennent un minéral inconnu décrit dans le dernier numéro de la revue Mineralogical Magazine. Les chercheurs ont choisi de le baptiser Topsøeite, par référence à la famille Topsøe dont les membres ont beaucoup apporté à la science.
La Topsøeite est l’un des sept nouveaux minéraux découverts en Islande depuis 2009. Il est constitué d’éléments de fer et de fluor, ainsi que de molécules d’eau. Les scientifiques avaient déjà observé cette structure chimique, mais c’est sa première identification sous forme minérale.
Il existe environ 5 200 minéraux connus sur Terre. Toute découverte doit passer par l’International Mineralogical Association (IMA) avant d’être officiellement reconnue comme nouveau minéral. Une centaine de nouveaux minéraux sont enregistrés chaque année. On observe une augmentation du nombre de nouveaux minéraux ces dernières années. La moitié des minéraux connus aujourd’hui ont été découverts depuis 1980. C’est dû au fait que nous disposons de nouvelles méthodes qui permettent de décrire plus facilement les minéraux et d’identifier leur composition chimique.
Récemment, une étude américaine a montré que les activités humaines ont entraîné un changement spectaculaire dans les minéraux sur Terre.

Source : Science Nordic

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In January 1991, Mt Hekla went through an eruption that lasted for two months.

Six months after the eruption, a Danish geologist set out to study some of the cracks in the lava. Inside the cracks, temperatures reached 170°C and toxic gases were oozing out from the volcano. The scientist collected some of yellowish encrustations inside the cracks and took them to the laboratory at the University of Copenhagen, where they were studied carefully.

Now, 25 years later, these investigations have led scientists to conclude that the volcanic material contained a previously unknown mineral described in the latest issue of the journal Mineralogical Magazine. The researchers chose to name the new mineral Topsøeite, after the Topsøe family which has given many important people to science.

Topsøeite is one of seven new minerals discovered in Iceland since 2009. It is formed by the elements iron and fluorine, along with water molecules. Scientists have seen this chemical structure before, but this is the first identification of it in mineral form.

There are approximately 5,200 known minerals on Earth. Any new discovery has to go through the International Mineralogical Association (IMA) before it is officially recognised as a mineral. About 100 new minerals are registered every year. There has been an increase in the number of new minerals in recent years. Half of the minerals we know today were discovered since 1980. It is because we have new methods that make it easier to describe minerals and identify their chemical composition.

Recently, an American study showed that human activities have led to a dramatic change in the Earth’s minerals.

Source: Science Nordic.

Crédit photo : Université de Copenhague