Glaciers en péril (1ère partie)// Glaciers at risk (part 1)

Les glaciers du monde entier fondent à un rythme très inquiétant, et les conséquences ne se limitent pas à la montée du niveau des océans ; cela modifie aussi en temps réel les cartes et les paysages. Les glaciers ne sont pas de simples blocs de glace immobiles ; la réalité est tout autre : ce sont des rivières de glace extrêmement sensibles aux variations de température. Dans mon livre Glaciers en Péril (2018), j’avais déjà alerté sur la situation des glaciers et du pergélisol à travers le monde. Un article publié sur le site Bolde a sélectionné 14 glaciers en voie de disparition. Voici quelques observations personnelles à propos de certains d’entre eux que j’ai survolés ou visités

Glacier Jakobshavn, Groenland
Le glacier Jakobshavn recule extrêmement vite et contribue de manière significative à la montée du niveau de la mer. Selon une étude du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le Jakobshavn perd environ 35 milliards de tonnes de glace chaque année. Cette perte d’eau contribue largement à l’élévation du niveau des océans. Le recul du glacier est si important qu’il modifie les cartes. En survolant le Groenland en 2017, j’ai rapidement compris les conséquences d’une fonte massive de la calotte glaciaire et des glaciers de l’île. Ce serait une catastrophe de grande ampleur.
L’une des causes de la fonte du glacier est l’infiltration d’eau océanique plus chaude sous la langue de glace, ce qui érode sa base, déstabilise la calotte glaciaire et accélère le processus de fonte. Ce phénomène est également observé en Antarctique, comme le montre le schéma ci-dessous.

Photo: C. Grandpey

Source: BAS

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Glacier Columbia, Alaska
En Alaska, j’ai visité le glacier Columbia à trois reprises et j’ai été impressionné à chaque fois par la rapidité de sa fonte. Elle est plus rapide que prévu. Situé dans la baie du Prince-William, ce glacier recule depuis les années 1980 et a perdu plus de la moitié de son épaisseur. Son recul modifie profondément le paysage et crée même de nouveaux chenaux dans le fjord, comme on peut le voir sur les images satellite de la NASA ci-dessous.
Ce qui rend le glacier Columbia particulièrement intéressant, c’est l’accélération de sa fonte durant les mois d’été. La hausse des températures entraîne une augmentation de la quantité d’eau de fonte, ce qui lubrifie la base du glacier et accélère son recul. Le glacier Columbia montre parfaitement que le réchauffement climatique n’est pas un problème futur ; c’est déjà une réalité.

Source: NASA

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Mer de Glace, France
J’ai écrit plusieurs articles sur la Mer de Glace, le plus grand glacier de France, car il rétrécit à un rythme alarmant, comme le confirment les indicateurs de niveau le long de l’escalier qui descend vers la grotte creusée chaque année dans la glace. La Mer de Glace a perdu plus de 120 mètres d’épaisseur au cours du siècle dernier.
Le réchauffement climatique et la diminution des chutes de neige expliquent le recul du glacier. La zone d’accumulation n’est plus suffisamment alimentée. De plus, la fonte du glacier expose davantage de roche, qui absorbe la chaleur et accélère le processus de fonte.

Photos C & G Grandpey

La Mer de Glace vue par la webcam

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Glacier Pasterze, Autriche
La route du Grossglockner menant au glacier Pasterze est l’une des plus belles d’Autriche. Le Pasterze est le plus grand glacier du pays. Je l’ai visité à deux reprises, dans les années 1980 et en 2020. Le changement du paysage y est à la fois spectaculaire et impressionnant. Le glacier a connu un recul considérable au cours des dernières décennies. Situé au pied du Grossglockner, le plus haut sommet d’Autriche, le Pasterze est une attraction touristique populaire. De ce fait, il permet de sensibiliser les visiteurs à l’accélération du réchauffement climatique. Des panneaux pédagogiques ont été installés sur la plateforme d’observation. Ils montrent où se trouvait le glacier par le passé.
Comme à la Mer de Glace, la hausse des températures et la diminution des chutes de neige expliquent le recul de Pasterze, la zone d’accumulation n’étant plus alimentée.

Photos: C. Grandpey

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Glacier Athabasca, Canada
Dans les Rocheuses canadiennes, le glacier Athabasca est – ou plutôt était – l’un des glaciers les plus accessibles d’Amérique du Nord. C’est aussi l’un de ceux qui reculent le plus rapidement, perdant plus de 5 mètres de glace chaque année. L’Athabasca a perdu plus de la moitié de son volume au cours du siècle dernier. Les repères le long de la route d’accès témoignent de la rapidité de son recul ces dernières années. Lors de ma première visite en 2006, j’ai pu marcher directement sur la glace. En 2014, cela n’était plus possible, une rivière de fonte empêchant d’aller plus loin.

Photos: C. Grandpey

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Glaciers around the globe are melting at an alarming rate, and it is not just causing sea levels to rise, it is actually changing the maps in real time and the landscapes too. Glaciers are not just massive, unmovable ice blocks ; the reality isdifferent : they are incredibly sensitive to temperature changes. In my book Glaciers en Péril (2018), I have already alerted to the situation of glaciers and the permafrost around the world. An article published on the website Bolde has chosen 14 glaciers that are disappearing. I have visited them and I am able to make some comments.

Jakobshavn Glacier, Greenland

Jakobshavn Glacier has been receding at an alarming pace, contributing significantly to global sea-level rise. According to a study by the National Snow and Ice Data Center (NSIDC), Jakobshavn has been losing around 35 billion tons of ice each year. This water has largely contributed to rising sea levels. The glacier’s retreat is so significant that it is altering maps. When I flew above Greenland in 2017, I quickly realised what would happen if the icecap and the glaciers on the island happened to melt. It would be a large-scale disaster.

One cause of the glacier’s melting is the warmer ocean water that is creeping underneath the glacier, eating away at its base. This makes the ice sheet unstable and speeds up the melting process.

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Columbia Glacier, Alaska

In Alaska, I have visited the Columbia Glacier three times and each time I was impressed at the rapidity of its melting. It is faster than anyone anticipated. Located in Prince William Sound, this glacier has been retreating since the 1980s and has lost over half its thickness. As the glacier recedes, it leaves behind a drastically altered landscape and even opens up new channels in the fjord. This not only affects the local ecosystem but also has broader implications for sea-level rise.

What makes Columbia Glacier particularly interesting is how its melting accelerates during the summer months. Warmer temperatures lead to more meltwater, which in turn lubricates the glacier’s base and speeds up its retreat. The Columbia Glacier is a vivid indicator that global warming is not a future problem; it is happening now.

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Mer de Glace, France

I have written several posts about Mer de Glace, France’s largest glacier because it is is shrinking at an alarming rate, as shown by the level indicators posted along the staircase that goes down to the ice cave. Mer de Glace has lost over 120 meters in thickness in the last century.

Warmer temperatures and reduced snowfall account for the glacier’s retreat. Moreover, as the glacier melts, it exposes more rock, which absorbs heat and accelerates the melting process.

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Pasterze Glacier, Austria

The Grossglockner Road road leading to Pasterze Glacier is one of the most beautiful in Austria. Pasterze is the largest glacier of the country. I visited twice, in the 1980s and in 2020. The change in the landscape was both spectacular and impressive. The glacier has been retreating dramatically over the past several decades. Situated at the foot of the Grossglockner, Austria’s highest mountain, Pasterze is a popular tourist attraction. As such, it can alert visitors to the racceleration of global warming. The glacier’s retreat is so significant that it’s altering the maps of the area. Educational panels have been set up on the viewing platform that allows to see where the glacier was in the past.

Like at Mer de Glace, rising temperatures and less snowfall account for Pasterze’s retreat as the accumulation zone is no longer fed.

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Athabasca Glacier, Canada

In the Canadian Rockies, Athabasca Glacier is one of the most accessible glaciers in North America. Iy is also one of the fastest-receding, losing more than 5 meters of ice each year. Athabasca has lost over half its volume in the last century. The landmarks along the access road show how fast the glacier has been retreating in the past years. When I fist visited it in 2006, one could walk directly on the ice. In 2014, this was no longer possible as a melt river prevented me from going any further.

Source : Bolde via Yahoo News.

Câbles à fibre optique et vêlage des glaciers // Fiber optic cables and glacier calving

Pour le grand public, les câbles à fibre optique représentent avant tout la technologie qui achemine Internet au domicile. En réalité, ces câbles ont bien d’autres applications. Ils sont notamment capables de détecter les signaux du milieu environnant. Une technologie, la détection acoustique distribuée (DAS), est si sensible qu’elle pourrait même, dans les années à venir, avertir de l’imminence d’un séisme. La DAS permet de détecter des signaux de contrainte de fréquence acoustique, tout au long d’un tronçon de fibre (d’où le qualificatif de « distribuée »), par opposition à un sismomètre classique qui donne une mesure ponctuelle.
Des chercheurs ont récemment posé un câble à fibre optique sur le plancher océanique près d’un glacier du Groenland. La technique a révélé avec une précision inédite ce qui se passe lors d’un vêlage, lorsque des blocs de glace s’effondrent dans l’océan. Cela pourrait permettre de mieux comprendre les processus à l’origine de la détérioration rapide de la calotte glaciaire du Groenland.
Avant même que l’homme ne commence à modifier le climat, les glaciers du Groenland vêlaient naturellement. Lorsque les températures étaient plus basses, la calotte glaciaire se régénérait rapidement grâce aux chutes de neige.

Photo : C. Grandpey

Aujourd’hui, avec la hausse des températures, la fonte des glaces augmente la quantité d’eau de fonte qui s’écoule sous les glaciers, les lubrifie et accélère leur vitesse de progression. En conséquence, le Groenland perd désormais beaucoup plus de glace qu’il n’en régénère.
Le problème est que la plupart des modèles scientifiques sous-estiment la quantité de glace qui fond à l’endroit où les glaciers groenlandais sont en contact avec les fonds marins. Cela n’est pas dû à un manque d’efforts de la part des glaciologues ; il est surtout trop dangereux de s’approcher d’un vêlage pour recueillir des données.
C’est pour cela que les chercheurs ont tendu 10 kilomètres de câble à fibre optique parallèlement au front de vêlage d’un glacier dans un fjord du sud du Groenland . Chaque fois que le glacier se fracture et laisse tomber de la glace dans l’eau, il « pince » le câble, un peu comme un guitariste qui pince une corde. Ces vibrations diffusent la lumière à l’intérieur de la fibre optique vers deux « récepteurs » sur terre, alimentés par des panneaux solaires et des batteries. L’un d’eux traite les données DAS, là où l’acoustique se propage dans l’eau, tandis que l’autre détermine les variations de température dans le fjord.
Lors d’un vêlage, un mur d’eau s’éloigne du front du glacier, mais le système DAS est également en mesure de détecter le mouvement de l’eau sous la surface. Des vagues, parfois gigantesques, s’agitent le long du câble sous-marin, soulevant et abaissant l’interface entre les eaux froides de surface et les eaux chaudes profondes.

Vêlage du glacier Sawyer en Alaska (Vidéo : C. Grandpey) :

https://www.youtube.com/watch?v=jZtvNMxoxdY

En général, l’eau plus chaude et plus salée plonge vers le fond car elle est plus dense, tandis que l’eau plus froide et plus douce issue de la fonte du glacier reste à la surface. Cette eau froide forme également une sorte de couche isolante au bord du glacier, empêchant la fonte de se poursuivre. Or, le câble à fibre optique montre que lorsqu’un pan de glace tombe dans le fjord, il fait remonter les eaux plus chaudes à la surface et perturbe la couche isolante, ce qui favorise la fonte du glacier. De plus, à mesure que l’iceberg s’éloigne du glacier, il brasse encore plus d’eau, un peu comme un bateau qui crée son propre sillage, phénomène invisible sous la surface.
Contrairement aux scientifiques qui naviguent autour d’un front de vêlage, les câbles à fibre optique collectent de nombreuses données, sans danger pour l’homme. Les chercheurs n’ont pu exploiter leur câble que pendant trois semaines, mais ils prévoient de mener d’autres études en utilisant des relevés à des échelles de temps beaucoup plus longues, afin de surveiller l’évolution du vêlage tout au long de l’année. S’ils parviennent à déployer davantage de câbles près des zones habitées le long des côtes du Groenland, ils pourraient même concevoir un système d’alerte précoce pour les tsunamis provoqués par le vêlage des glaciers.
Source : Grist via Yahoo News.

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For the general public, fiber optic cables are above all known as the technology that brings the Internet to their homes. Actually, the cables have many more applications. In particular, they are able to detect signals from the surrounding environment: Known as distributed acoustic sensing, or DAS, the technology is so sensitive that it may one day in the coming years even warn you of an impending earthquake.

Today, researchers have laid a fiber optic cable on the seafloor near a glacier in Greenland, revealing in unprecedented detail what happens during a calving event, when chunks of ice drop into the ocean. That, in turn, could help better understand the hidden processes driving the rapid deterioration of the island’s ice sheet.

Even before humans started changing the climate, Greenland’s glaciers were calving naturally. When temperatures were lower, the ice sheet was also readily regenerating as snow fell.

As temperatures have climbed, more melting is creating more meltwater, which flows underneath glaciers, lubricating them and accelerating their speed. Accordingly, Greenland now sheds much more ice than it regenerates.

The challenge is that most models underestimate the amount of ice melting where Greenland’s glaciers touch the sea. This is not due to a lack of effort from glaciologists ; it’s just extremely dangerous to get up close to massive chunks of falling ice to collect data.

Taking a different aproach in a fjord in south Greenland, researchers strung 10 kilometers of cable parallel to a glacier’s “calving front.” Whenever the glacier fractured, or dropped ice into the water, it “plucked” the cable, like a guitarist plucking a string. These vibrations scattered light in the fiber optics back to two “interrogator” devices, powered by solar panels and batteries, on land. One of these handled the DAS data, or the acoustics propagating through the water, while the other determined temperature changes in the fjord.

During a calving event, a wall of water rushes away from the ice. But the DAS system also picked up a hidden movement of water beneath the surface, as the waves, which can be huge, pulsed across the seafloor cable, raising and lowering the interface between cold surface waters and warm deep waters.

Typically, warmer, saltier water sinks to the bottom because it is denser, while colder, fresher water from glacial melt sits at the surface. The latter also forms a sort of insulating layer at the edge of the glacier, preventing more melting. But the fiber optic cable shows that as an iceberg drop into the fjord, it stirs those warmer waters to the surface and disturbs the insulating layer, thus encouraging more melting of the glacier. And as the iceberg drift away from the glacier, it stirs still more water, like a boat creating its own wake, but invisible under the surface.

In contrast to scientists boating around a calving front, fiber optic cables cheaply, safely, and passively collect a lot of of data. The researchers were only able to operate their cable for three weeks, but they plan to do further studies that use readings from much longer timescales, monitoring how calving changes throughout the year. If they’re able to deploy more cables near Greenland’s coastal cities, they might even be able to design an early-warning system for ice-induced tsunamis.

Source : Grist via Yahoo News.

Camp Century (Groenland) : une bombe à retardement // Camp Century (Greenland ) : a time bomb

Dans une note rédigée le 9 août 2016 sur ce blog, je faisais référence à une étude de l’Université York à Toronto (Canada), menée en collaboration avec l’Université de Zurich, à propos d’une base militaire ultra secrète installée sous la glace du Groenland par les Américains durant la Guerre Froide.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2016/08/09/groenland-les-secrets-de-la-banquise-greenland-the-secrets-of-the-ice/

Les chercheurs expliquent que la base militaire a été abandonnée dans les années 1960, mais aujourd’hui le réchauffement climatique pourrait faire remonter à la surface des déchets toxiques qui étaient censés être enterrés à jamais sous la calotte glaciaire.
La base militaire ultra secrète de « Camp Century, » construite à l’intérieur de la calotte glaciaire du Groenland en 1959, a servi de site pour tester la faisabilité de bases de lancement de missiles nucléaires dans l’Arctique pendant la Guerre Froide. Quand la base a été désaffectée en 1967, son infrastructure et les déchets qui s’y trouvaient ont été abandonnés avec l’idée qu’ils seraient enfouis à jamais dans la neige et la glace de cette région du monde. Malheureusement, le réchauffement climatique est passé par là…

Aujourd’hui, l’ancienne base et sa radioactivité pourraient devenir un sacré casse-tête pour Donald Trump si le président américain s’obstine à vouloir prendre le contrôle du Groenland. En 1967, les Américains ont laissé derrière eux des milliers de tonnes de déchets et de débris, dont des résidus radioactifs, qu’ils pensaient enfouis à jamais sous la calotte glaciaire. Avec le réchauffement climatique, ce qui devait rester top secret pourrait sortir au grand jour plus tôt que prévu.
Alors que la planète se réchauffe, Camp Century, situé à environ 1 500 kilomètres au nord de Nuuk, la capitale du Groenland, est un sujet d »inquiétude, car personne ne sait combien de temps la base restera enfouie. L’étude de 2016 à laquelle j’ai fait référence indiquait que les vestiges de la base abandonnée pourraient être mis au jour par la fonte de la glace et de la neige vers la fin du 21ème siècle.
Cette révélation a provoqué une tempête politique au Groenland, où le ministre des Affaires étrangères a exigé que le Danemark prenne en charge le nettoyage des installations militaires américaines abandonnées au Groenland. Le pays, ancienne colonie danoise, n’a jamais consenti à les accueillir. Nuuk et Copenhague ont signé un accord en 2017 prévoyant environ 30 millions de dollars pour le nettoyage des déchets, mais Camp Century n’était pas inclus dans l’accord.

Camp Century était une véritable ville souterraine, avec une chapelle, un salon de coiffure et des dortoirs qui abritaient des centaines de personnes. Tout cela était, jusqu’à présent, enfoui sous une épaisse couche de glace. Aujourd’hui, Camp Century pourrait contaminer l’environnement de différentes manières. D’une part, la fonte de la glace et de la neige pourrait entraîner des déchets toxiques – comme les 200 000 litres de diesel – dans l’océan. D’autre part, on peut craindre que la glace dans laquelle est construite la base se détache et forme un iceberg. Cependant, les scientifiques estiment que ni l’une ni l’autre de ces hypothèses ne se produira avant la fin de ce siècle.

L’avenir de Camp Century dépendra du réchauffement climatique au cours des prochaines décennies. Bien que les projections diffèrent, un rapport des Nations Unies publié en octobre 2024 indique que la planète se réchauffera de 2,6 °C à 3,1 °C au cours de ce siècle, et que l’objectif symbolique de 1,5 °C convenu à Paris en 2015 ne sera jamais atteint. Cette forte hausse des températures pourrait porter un coup fatal à Camp Century, avec des conséquences désastreuses pour l’environnement..

Aujourd’hui, Camp Century joue un rôle important pour les scientifiques qui étudient et tentent de comprendre le réchauffement climatique. Dans les années 1960, ils ont extrait une carotte de glace, toujours étudiée aujourd’hui, afin de mieux comprendre les schémas climatiques d’il y a des centaines de milliers d’années. De ce fait, la base demeure un « supersite » scientifique.

Si Donald Trump continue de vouloir acquérir le Groenland, il héritera des séquelles des activités polluantes de son propre pays à l’époque de la Guerre Froide. Un cadeau empoisonné !

Voici une vidéo qui explique en anglais sous-titré l’histoire de Camp Century :

https://www.youtube.com/watch?v=C2aNAxXMkq0

Cette photo de l’armée américaine montre les tunnels de l’entrée NE de Camp Century au moment de sa construction en 1959.

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On August 9th, 2026, I wrote on the blog a post referring to a study performed at York University in Canada. Conducted in collaboration with the University of Zurich, it reveals that a military camp situated beneath the ice in Greenland was abandoned in the 1960s and that climate change could remobilize the abandoned hazardous waste believed to be buried forever beneath the Greenland Ice Sheet.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2016/08/09/groenland-les-secrets-de-la-banquise-greenland-the-secrets-of-the-ice/

The U.S. military base “Camp Century,” built in the Greenland Ice Sheet in 1959, served as a top-secret site for testing the feasibility of nuclear missile launch sites in the Arctic during the Cold War. When the camp was decommissioned in 1967, its infrastructure and waste were abandoned under the assumption they would be entombed forever by perpetual snow and ice.

Unfortunately,the Arctic has unexpectedly warmed…

Today, the radioactive secret could become a headache for Donald Trump if he keeps his desire to take control of the Arctic island.

Although the Americans dismantled the reactor and took its nuclear reaction chamber with them when they departed in 1967, they left behind thousands of tonnes of waste and debris, including radioactive residue, to be buried under the icecap forever.But because of global warming, forever might come sooner than planned.

As the world warms, Camp Century, which is located about 1,500 kilometers north of Nuuk, Greenland’s capital city, is becming the focus of anxiety as noboby knows how long it will remain entombed. The study I referred to in 2016 said the remains of the abandoned base could be exposed by melting ice and snow toward the end of the 21st century.

The revelation caused a political storm in Greenland whose Foreign Minister demanded Denmark take responsibility for cleaning up the debris from abandoned U.S. military installations in Greenland. The country formerly a colony of Denmark, never consented to hosting them. Nuuk and Copenhagen signed a deal in 2017 earmarking about $30 million to clean up the debris and waste, but Camp Century was not included in the agreement.

Camp Century has been described as a subterranean city, complete with a chapel, a barbershop and dormitories that once housed hundreds of people. All that is now buried under thick layers of ice. There are different ways Camp Century could contaminate the environment. One is if melting ice and snow carry toxic waste – such as the 200,000 liters of diesel fuel beneath the ice – out into the ocean. Another is if the ice containing the base breaks off and forms an iceberg. However, scientists think neither are likely anytime this century.

The future of the base will depend on how much the world warms in the coming decades. While there are different projections, a United Nations report published in October 2024 found the planet will heat up by 2.6°C to 3.1°C this century, with no chance of limiting the temperature increase to the totemic 1.5° C target agreed in Paris in 2015. The sharp increase in temperature might deal a deadly blow to Camp Century, with disastrous consequences for the environment.

Today, Camp Century plays an important part to scientists to study and try to understand global warming. In the 1960s, they extracted an ice core that is still studied to this day for insights into climate patterns hundreds of thousands of years ago. As such, the base remains a scientific “supersite.”

If Donald Trump were to lay claim to Greenland, it would also inherit the legacy of its own Cold War-era polluting activities. A poisoned chalice !

Here is a video in English (with subtitles) that clearly explains the history of Camp Century :

https://www.youtube.com/watch?v=C2aNAxXMkq0

Réchauffement climatique et vitesse de rotation de la Terre // Global warming and Earth’s rotation speed

Les scientifiques nous informent que la Terre tourne plus vite cet été, ce qui raccourcit légèrement nos journées. Le 10 juillet a été le jour le plus court de l’année jusqu’à présent, avec 1,36 milliseconde de moins en 24 heures. D’autres jours exceptionnellement courts étaient prévus les 22 juillet et 5 août, avec respectivement 1,34 et 1,25 milliseconde de moins en 24 heures.
C’est bien connu : la durée d’une journée correspond au temps nécessaire à la planète pour effectuer une rotation complète sur son axe : 24 heures ou 86 400 secondes en moyenne. En réalité, chaque rotation est légèrement irrégulière en raison de divers facteurs, tels que l’attraction gravitationnelle de la Lune, les variations saisonnières de l’atmosphère et l’influence du noyau liquide de la Terre. En conséquence, une rotation complète prend généralement un peu moins ou un peu plus de 86 400 secondes, un écart de quelques millisecondes qui n’a pas d’effet notable sur notre vie quotidienne. Cependant, ces écarts peuvent, à long terme, affecter les ordinateurs, les satellites et les télécommunications. C’est pourquoi même les plus infimes écarts sont mesurés à l’aide d’horloges atomiques, introduites en 1955.
Outre les facteurs mentionnés ci-dessus, la fonte des glaces doit également être prise en compte pour expliquer les variations de la rotation terrestre. Les scientifiques expliquent que le réchauffement climatique y contribue, mais de manière surprenante. Si le réchauffement climatique a des impacts négatifs considérables sur la Terre, il contribue également à contrecarrer les forces qui accélèrent la rotation de la Terre. Une étude publiée en 2024 dans la revue Nature explique comment la fonte des glaces de l’Antarctique et du Groenland se propage sur les océans et ralentit de ce fait la rotation de la Terre. Un chercheur a déclaré : « Si cette glace ne fondait pas, sans le réchauffement climatique, nous serions déjà en présence d’une seconde intercalaire négative, ou nous en serions très proches. » Des chercheurs suisses indiquent que le déplacement de masse de cette glace en train de fondre modifie non seulement la vitesse de rotation de la Terre, mais aussi son axe de rotation. Si le réchauffement se poursuit, son effet pourrait devenir significatif. D’ici la fin du siècle, dans un scénario pessimiste (où les humains continueraient d’émettre davantage de gaz à effet de serre), l’effet du réchauffement climatique pourrait dépasser celui de la Lune, véritable moteur de la rotation de la Terre depuis plusieurs milliards d’années.
Source : CNN via Yahoo News.

Calotte glaciaire du Groenland 

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Scientists are informing us that Earth is spinning faster this summer, making the days marginally shorter. July 10 was the shortest day of the year so far, lasting 1.36 milliseconds less than 24 hours. More exceptionally short days are coming on July 22 and August 5, currently predicted to be 1.34 and 1.25 milliseconds shorter than 24 hours, respectively.

The length of a day is the time it takes for the planet to complete one full rotation on its axis —24 hours or 86,400 seconds on average. But in reality, each rotation is slightly irregular due to a variety of factors, such as the gravitational pull of the moon, seasonal changes in the atmosphere and the influence of Earth’s liquid core. As a result, a full rotation usually takes slightly less or slightly more than 86,400 seconds, a discrepancy of just milliseconds that doesn’t have any obvious effect on everyday life. However these discrepancies can, in the long run, affect computers, satellites and telecommunications, which is why even the smallest time deviations are tracked using atomic clocks, which were introduced in 1955.

Beside the above-mentioned factors, melting ice should also be taken into account to explain the time variations in Earth’sotation. Scientists explain that global warming is also a contributing factor, but in a surprising way. While global warming has had considerable negative impacts on Earth, when it comes to our timekeeping, it has served to counteract the forces that are speeding up Earth’s spin. A study published in 2024 in the journal Nature details how ice melting in Antarctica and Greenland is spreading over the oceans, slowing down Earth’s rotation. One researcher said : “If that ice had not melted, if we had not had global warming, then we would already be having a leap negative leap second, or we would be very close to having it.”

Swiss researchers indicate that the mass shift of this melting ice is not only causing changes in Earth’s rotation speed, but also in its rotation axis. If warming continues, its effect might become dominant. By the end of this century, in a pessimistic scenario (in which humans continue to emit more greenhouse gases) the effect of climate change could surpass the effect of the moon, which has been really driving Earth’s rotation for the past few billions of years.

Source : CNN via Yahoo News.