La presse française a certes mentionné et commenté l’effondrement du glacier de la Marmolada dans les Dolomites dans les heures qui ont suivi la catastrophe, mais le sujet est maintenant passé au second rang, loin derrière la politique intérieure française. On a oublié les 7 morts et les 13 disparus (ils ne sont plus que 5 depuis hier soir). Pourtant, à mes yeux, cette tragédie est une illustration parfaite du réchauffement climatique et devrait faire réfléchir, mais c’est peut-être beaucoup demander…!
Comme je l’indiquais précédemment, il ne serait pas surprenant que de telles tragédies se produisent dans les Alpes françaises dans les prochaines semaines pendant lesquelles un nouvel épisode de canicule est annoncé. Les médias ont rassuré les touristes en expliquant que nos glaciers étaient sous surveillance étroite, mais les glaciologues savent qu’un décrochement de séracs peut se produire sans prévenir, même sur un glacier sous surveillance. C’est comme lorsque une puissante explosion secoue le Stromboli sans que les instruments aient averti les volcanologues.
Sur la Marmolada, les équipes de sauveteurs essayent, sans trop y croire, de localiser les 5 personnes encore disparues à l’aide de drones et hélicoptères. On sait qu’il n’y aura, malheureusement, pas de survivants au coeur des milliers de tonnes de glace et de roches. Les hélicoptères sont équipés de caméras thermiques et d’équipements capables d’intercepter les signaux des téléphones portables, mais sans aucun résultat jusqu’à présent. Aucun des disparus ou des victimes n’avait l’Arva, le marqueur de position utilisé en hiver lorsque le danger d’avalanches est constant. En juillet, un tel équipement est superflu et on ne saurait reprocher aux alpinistes de ne pas l’avoir emporté.
Dans les prochains jours, le glacier et la coulée de débris seront parcourus par des équipes cynophiles. La Protection Civile souhaite une intervention conjointe de toutes les forces présentes sur le terrain et un ratissage systématique du glacier: Un maximum de quinze personnes, réparties en deux groupes, interviendront sur la zone. Des vigies sont prévues pour avertir d’éventuels effondrements du glacier qui reste instable. .
Deux radars surveilleront les mouvements du glacier de la Marmolada qui continuera forcément à s’effondrer, compte tenu de la pente de la glace laissée en équilibre instable après l’effondrement.
Il est bon de rappeler le rôle très important de la température ambiante. Après les premiers jours de froid de mai, la température moyenne de l’air n’est descendue en dessous de zéro que 5 ou 6 fois. Ces dernières semaines, l’isotherme 0°C a oscillé entre 4500 et 4900 mètres, soumettant les montagnes et les masses glaciaires à de fortes contraintes thermiques, sans oublier les phénomènes classiques de ruissellement dû à la fonte de la glace. J’ai expliqué dans une note précédente le rôle de l’eau dans les effondrements glaciaires. Pression à l’intérieur du glacier et progression de ce dernier augmentent, jusqu’à ce qu’une rupture se produise.

Source : Wikipedia