L’Alaska a trop chaud // The weather is too hot in Alaska

Il y a quelques jours, j’expliquais sur ce blog que le départ de l’Iditarod, une course de chiens de traîneau très populaire en Alaska, avait dû être déplacé d’Anchorage à Frairbanks, à environ 575 kilomètres au nord, en raison d’un manque de neige. Cet événement confirme une tendance générale en Alaska : les hivers deviennent de plus en plus chauds avec le réchauffement climatique.
Après un épisode de réchauffement dû à El Niño, notre planète est entrée dans une phase La Niña censée apporter des températures plus fraîches et un hiver plus froid que la moyenne en Alaska. Ce ne fut pas le cas ces derniers mois, car des conditions relativement chaudes ont affecté le 49ème État de l’Union. L’hiver a été plus chaud que la moyenne en Alaska pendant les deux premiers mois de la saison. La période de décembre à janvier a été la deuxième plus chaude jamais enregistrée, avec 6,6 degrés Celsius au-dessus de la moyenne.
Au cours des trois premières semaines de février, Anchorage n’a reçu qu’un saupoudrage de neige, avec une couche de près de 30 centimètres en dessous de la moyenne. La ville n’a reçu qu’un peu plus de 10 centimètres depuis le 1er décembre 2024. Cela signifie que les chutes de neige hivernales à Anchorage ont été de plus de 95 centimètres inférieures à la moyenne. Certains habitants ont remarqué que leurs chiens perdaient prématurément leur fourrure d’hiver.
La cause de ce temps chaud en Alaska est un flux d’air chaud, en provenance du sud, au-dessus de l’océan Pacifique. Comme je l’ai écrit précédemment, cet air chaud a atteint le pôle Nord où les températures ont été légèrement au-dessus du point de congélation. En conséquence, près de la moitié des précipitations à Anchorage jusqu’au milieu de l’hiver ont été sous forme de pluie.
Les météorologues locaux indiquent que si des hivers chauds se sont déjà produits dans le passé, leur fréquence augmente aujourd’hui. Ils se sont produits trois ou quatre fois depuis l’an 2000.
Une étude de Climate Central a analysé 245 sites à travers les États-Unis pour déterminer quelle saison se réchauffait le plus rapidement. Elle a révélé que l’hiver était la saison qui se réchauffait le plus rapidement pour 76 % des régions.
Les conséquences sont à grande échelle. Le réchauffement climatique perturbe les régimes de chutes de neige, ce qui à son tour risque de limiter les réserves d’eau alimentées par la neige, essentielles pour les populations, l’agriculture et les écosystèmes. Les accumulations insuffisantes de neige réduisent la quantité d’eau stockée pour la boisson, l’énergie hydraulique et l’irrigation. L’Institut de recherche sociale et économique de l’Université d’Alaska à Anchorage a estimé que les impacts économiques du réchauffement climatique sur l’Alaska se situent entre 340 et 700 millions de dollars par an. Cela représente 0,6 à 1,3 % du produit intérieur brut de l’État.
Pour montrer l’impact du réchauffement climatique en Alaska, la presse locale a choisi le glacier Columbia. Selon l’U.S. Geological Survey, il a reculé d’environ 20 kilomètres et a perdu plus de la moitié de son volume depuis les années 1980. C’est l’un des glaciers qui reculent le plus rapidement de la planète. J’ai eu l’occasion de me rendre compte de son recul à trois reprises, en 2009, 2013 et 2020. Voici les images satellite de la NASA correspondant à ces années.Elles sont impressionnantes. J’ai diffusé mes photos dans des notes précédentes.

Le réchauffement climatique a également un impact sur le pergélisol qui recouvre une grande partie de la toundra en Alaska et dans l’Arctique dans son ensemble. Le dégel du pergélisol est l’une des raisons pour lesquelles plusieurs rivières d’Alaska ont commencé à virer à l’orange. Le phénomène permet aux métaux toxiques de pénétrer dans les eaux, les colorant au point qu’elles sont visibles depuis l’espace.

Crédit photo: USGS

Source : médias d’information en Alaska

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A few days ago, I explained on this blog that the start of the Iditarod, a very popular sled dog race in Alaska, had to be transfered from Anchorage to Frairbanks, about 575 kilometers to the north, due to a lack of snow. T/his event confirms a general tendency in Alaska : winters are getting warmer and warmer with global warming.

After an El Niño warming episode, our planet has entered a La Niña phase supposed to bring cooler temperatures and a colder-than-average winter in Alaska. This was not the case in the past months as relatively warm conditions blanketed the 49th State. Winter was warmer than average for Alaska for the first two months of the season. The period of December through January was the State’s second-warmest on record, with 6.6 degrees Celsius above average.

Through the first three weeks of February, Anchorage had received just a trace of snowfall, nearly 30 centimeters below average. The city had also received only a little more than 10 centimeters since December 1st, 2024. That means Anchorage’s winter snowfall was just over 95 centimeters below average. Some Alaskans have noticed that their dogs are shedding their winter fur prematurely.

The cause of the warm weather in Alaska is a southerly flow of air over the relatively warm Pacific Ocean. As I put it before, this warm air reached the north Pole where temperatures were recorded slightly above the freezing point. As a consequence, nearly half the precipitation in Anchorage through the middle of winter has been rain.

Local meteorologists indicate that while warm winters have occurred in the past, their frequency has increased. They have happened three or four times since about the year 2000.

A Climate Central study analyzed 245 locations across the United States to find which season has been warming the fastest. It found winter was the fastest-warming of all four seasons for 76% of the areas.

The consequences are large-scale. Warming winters can disrupt snowfall patterns, which can in turn limit snowfed water supplies critical for people, agriculture, and ecosystems. Limited snowpack accumulations reduce the amount of water stored for drinking, hydropower, and irrigation. The University of Alaska Anchorage’s Institute of Social and Economic Research has estimated that the economic impacts of the overheating planet on Alaska are between 340 million and 700 million dollars per year. That represents 0.6-1.3% of the state’s gross domestic product.

In order to show the impact of global warming in Alaska, the regional newspapers have chosen the Columbia Glacier. According to the U.S. Geological Survey, the Columbia Glacier has retreated about 20 kilometers and lost more than half its volume since the 1980s. It is one of the fastest-retreating glaciers on the planet.I had the opportunity to observe its retreat on three occasions, in 2009, 2013 and 2020. Here above, you will see the NASA satellite images corresponding to these years.

Global warming also has an impact on the permafrost that covers a large part of the tundra in Alaska and the Arctic as a whole. Thawing permafrost is one reason why several rivers in Alaska have started to turn orange. This allows toxic metals to enter the waters, staining them to the point that it’s visible from space.

Source : Alaska’s news media.

Le recul constant du Columbia Glacier (Alaska) // The constant retreat of the Columbia Glacier (Alaska)

Le glacier Columbia est un glacier émissaire situé dans le sud de l’Alaska. C’est l’un des glaciers qui reculent le plus rapidement au monde. Aujourd’hui, les glaciers émissaires attirent l’attention des scientifiques car ils sont susceptibles de contribuer à l’élévation du niveau de la mer. Un glacier émissaire prend naissance sur terre, dans les montagnes, et déroule son ruban jusqu’à la mer, où il vient vêler en produisant des icebergs. Le Columbia est généré par un champ de glace situé à 3 050 mètres d’altitude, dans les Chugach Mountains et s’engouffre dans un fjord qui débouche dans la Baie du Prince William. Le glacier s’étalait autrefois vers le sud dans la Columbia Bay, jusqu’à Heather Island. Cette époque est révolue. Depuis les années 1980, il a perdu plus de la moitié de son épaisseur et de son volume, et son front a reculé de plus de 20 kilomètres vers le nord.
Les images satellites au fil des ans révèlent les changements subis par le glacier. Ils sont en particulier visibles sur la branche principale et la branche ouest. (Le glacier s’est divisé en deux branches vers 2011.) La branche ouest n’atteint plus la mer et ne produit donc plus d’icebergs depuis 2019, alors que le vêlage reste présent au niveau du front de la branche principale, mais pour combien de temps encore?.

Les glaciologues de la NASA expliquent que le recul rapide de glaciers comme le Columbia peut provoquer une instabilité de l’ancien encaissant du glacier. Des pans de montagne entiers, autrefois retenus par le glacier, peuvent commencer à bouger, accentuant le risque de glissements de terrain et de tsunamis pour les localités côtières, les pêcheurs et les voies de navigation. On a observé une telle situation en Nouvelle-Zélande où les flancs de montagne ont été déstabilisés par la fonte des glaciers Fox et Franz Josef. Les autorités locales ont alors décidé d’interdire l’accès à ces vallées en raison du risque de glissements de terrain et de chutes de pierres.
Les glaciers émissaires ont tendance à faire alterner les périodes d’avancée et de recul en fonction de facteurs tels que la forme du fjord, le changement du niveau de la mer, le vêlage des icebergs et la température de l’eau et de l’air. Ces dynamiques peuvent atténuer ou renforcer les effets du climat, ce qui fait que les glaciers émissaires réagissent différemment au réchauffement climatique.
Cependant, les images satellites confirment que le Columbia recule régulièrement depuis plusieurs années. Un scénario similaire se déroule ailleurs en Alaska, comme on peut le constater en survolant Glacier Bay, par exemple.
Les scientifiques expliquent que les glaciers émissaires comme le Columbia ont la capacité de contribuer rapidement à l’élévation du niveau de la mer, bien plus rapidement que leurs homologues terrestres.
Source : NASA.

Images satellite de la NASA et photos personnelles pour les années 2009 et 2013

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The Columbia Glacier is a tidewater – or outlet – glacier in southern Alaska. It is one of the world’s most rapidly retreating glaciers. Today, tidewater glaciers across the planet are garnering attention from scientists for their collective potential to contribute to sea level rise. The ice of a tidewater glacier originates on land and flows downslope into seawater, where the glacier loses mass through the calving of icebergs. Columbia’s ice descends from an icefield 3,050 meters above sea level, down the flanks of the Chugach Mountains, and into a fjord that leads into Prince William Sound. The glacier once reached south across Columbia Bay to Heather Island. But since the 1980s, it has lost more than half of its total thickness and volume, and its front has retreated more than 20 kilometers north into the bay.

Satellite images across the years reveal some of the more recent changes, Notable changes persist on the glacier’s Main Branch and West Branch. (The glacier split into these two branches around 2011.) The West Branch appears to have already lost its tidewater terminus by 2019. That means it no longer reaches fjord waters where it once spawned icebergs, as the Main Branch continues to do, but for how long?

NASA glaciologists explain that the rapid retreat of glaciers like Columbia can leave the surrounding land unstable. Entire mountainsides once held back by a glacier’s ice can start to move, increasing the risk of landslides and subsequent tsunamis for coastal communities, local fishers, and shipping lanes. This is what happened in New Zealand where mountainsides were destabilized by the melting of the Fox and Franz Josef glaciers. Local authorities decided to prohibit access to these valleys because of the risk of landslides and rockfalls.

Tidewater glaciers tend to cycle between periods of advance and retreat according to factors such as fjord shape, sea level change, iceberg calving, and water and air temperature. These dynamics can mitigate or reinforce the effects of climate, making tidewater glaciers highly variable in how rapidly they respond to global warming.

However, satellite images confirm that Columbia has been regularly retreating in the past years. A similar scenario is unfolding elsewhere in Alaska as can be seen during overflights of Glacier Bay, for instance.

Scientis explain that the wider implication of tidewater glaciers like Columbia is that they have the ability to rapidly contribute to sea level rise much faster than their land terminating counterparts.

Source : NASA

Deux tiers des glaciers auront disparu en 2100 // Two thirds of the glaciers will have disappeared by 2100

Selon une nouvelle étude publiée le 5 janvier 2023 dans la revue Science, les glaciers reculent et disparaissent plus rapidement que prévu à travers le monde. Les deux tiers d’entre eux auront probablement complètement fondu d’ici la fin du siècle compte tenu de la tendance actuelle du réchauffement climatique. Cette projection pourrait être revue à la baisse si le monde limitait le réchauffement futur à seulement quelques dixièmes de degré de plus. [NDLR : Il faut toutefois garder à l’esprit qu’il faudra beaucoup de temps à l’atmosphère pour se débarrasser des concentrations de gaz à effet de serre].
La plupart des petits glaciers sont en voie d’extinction. Dans le pire des scénarios qui suppose plusieurs degrés de réchauffement, 83 % des glaciers disparaîtraient probablement d’ici 2100. L’étude a examiné l’ensemble des 215 000 glaciers terrestres dans le monde, mais n’a pas pris en compte ceux des calottes glaciaires du Groenland. et de l’Antarctique. Les scientifiques ont utilisé des simulations informatiques pour calculer, selon différents niveaux de réchauffement, combien de glaciers disparaîtraient, combien de milliards de tonnes de glace fondraient et dans quelle mesure cela contribuerait à l’élévation du niveau des océans.
Les climatologues pensent que le monde sera confronté à une hausse de température de 2,7°C par rapport à l’époque préindustrielle. Cela signifierait une perte de 32% de la masse glaciaire globale d’ici 2100. Cela ferait monter le niveau de la mer d’environ 11,5 centimètres en plus de l’eau provenant de la fonte des calottes glaciaires et de la dilatation des mers causée par l’eau plus chaude.
Les auteurs de l’étude expliquent que la perte de glace prévue en 2100 varie de 38,7 x 1012 tonnes à 64,4 x 1012 tonnes selon le réchauffement de la planète et la quantité de charbon, de pétrole et de gaz brûlée. Toute cette fonte de la glace ajoutera de 9 centimètres (dans le meilleur des cas) à 16,6 centimètres (dans le pire des cas) au niveau de la mer dans le monde, soit entre 4% et 14% de plus que les projections précédentes. Une telle élévation du niveau de la mer signifierait que plus de 10 millions de personnes dans le monde, et plus de 100 000 personnes aux États-Unis, vivraient en dessous du niveau de marée haute.
La disparition des glaciers aura d’autres conséquences que la montée des mers. Elle entraînera aussi une diminution de l’approvisionnement en eau pour une grande partie de la population sur Terre, un risque accru d’inondations dues à la fonte des glaciers et la perte de sites historiques auparavant couverts de glace en Alaska ou dans les Alpes, et même autour du camp de base de l’Everest. Le tourisme sera forcément impacté car dans les Alpes ou en Islande, par exemple, les glaciers font partie de l’attrait des paysages.
J’ai visité plusieurs fois le glacier Columbia en Alaska. Il possédait 216 milliards de tonnes de glace en 2015. Avec un réchauffement de seulement quelques dixièmes de degré, il se réduira de moitié. Avec un réchauffement climatique atteignant 4 degrés Celsius, le glacier Columbia perdra les deux tiers de sa masse d’ici 2100.
Les glaciers sont essentiels à la vie des gens dans une grande partie du monde car ils fournissent de l’eau potable, de l’eau pour agriculture, l’hydroélectricité et d’autres services dont dépendent des milliards de personnes,
Le monde subit actuellement un réchauffement de 1,1°C comparé à l’époque préindustrielle. La nouvelle étude indique que si nous parvenons d’une manière ou d’une autre à limiter le réchauffement à 1,5 °C, ce qui correspond à l’engagement de la COP 21 en 2015, la Terre perdra probablement 26 % de la masse glaciaire d’ici la fin du siècle. Les estimations précédentes avaient prévu seulement 18 % de perte de masse glaciaire. La différence montre à quelle vitesse le réchauffement climatique se propage à travers le monde.
Source : médias d’information internationaux.

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According to a new study published on January 5th, 2023 in the journal Science, the world’s glaciers are shrinking and disappearing faster than expected. Two-thirds of them are likely to completely melt by the end of the century at current climate change trends. This projection could be reduced if the world could limit future warming to just a few more tenths of a degree. However, one should keep in mind that it would take the atmosphere a very long time to get rid of its greenhouse gas concentrations.

Mostly small glaciers are marching to extinction. In a worst-case scenario of several degrees of warming, 83% of the world’s glaciers would likely disappear by the year 2100. The study examined all of the globe’s 215,000 land-based glaciers but did not take into account those on ice sheets in Greenland and Antarctica. Scientists then used computer simulations to calculate, according to different levels of warming, how many glaciers would disappear, how many trillions of tons of ice would melt, and how much it would contribute to sea level rise.

Climatologists think that the world will be confronted with a 2.7°C temperature rise since pre-industrial times. This would mean a loss of 32% of the world’s glacier mass by 2100. That would increase sea level rise by abiout 11.5 centimeters in addition to seas already getting larger from melting ice sheets and dilatation caused by warmer water.

The authors of the study explain that the projected ice loss by 2100 ranges from 38.7 x 1012 tons to 64.4 x 1012 tons, depending on how much the globe warms and how much coal, oil and gas is burned. All that melting ice will add from 9.0 centimeters in the best case to 16.6 centimeters in the worst case to the world’s sea level, This is between 4% and 14% more than previous projections. Such a sea level rise would mean more than 10 million people around the world, and more than 100,000 people in the United States, would be living below the high tide line.

The loss of glaciers will have other major consequence than rising seas. It means shrinking water supplies for a large part of the world’s population, more risk from flood events from melting glaciers and the loss of historic ice-covered spots from Alaska to the Alps and even to Mount Everest’s base camp. As a consequence, tourism will be affected as in places like the Alps or Iceland, glaciers are part of what makes the landscapes so special.

I visited several times the Columbia Glacier in Alaska. It had 216 billion tons of ice in 2015, but with just a few more tenths of a degree of warming, it will be half that size. What is more, if there is a global warming reaching 4 degrees Celsius, the Columbia Glacier will lose two-thirds of its mass.

Glaciers are crucial to people’s lives in much of the world because they provide drinking water, agricultural water, hydropower, and other services that support billions of people,

The world is currently going through 1.1°C of warming since pre-industrial times. The new study says that if we can somehow limit warming to the global goal of 1.5°C as defined by COP 21 in 2015, Earth will likely lose 26% of total glacial mass by the end of the century. Previous estimates had that level of warming melting translating to only 18% of total mass loss. The difference shows how fast global warming is spreading around the world.

Source : International news media.

Le glacier Columbia vu par les satellites entre 1986 et 2021 (Source: NASA)

 

Les glaciers continuent de fondre et de reculer // Glaciers keep melting and retreating

Ce n’est pas vraiment une surprise. Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature confirme que la quasi-totalité des glaciers perdent de la masse depuis 2000. La fonte a quasiment doublé sur les 20 dernières années, selon des mesures satellitaires particulièrement précises.

En utilisant 20 années de données satellitaires récemment déclassifiées, une équipe de recherche internationale a calculé que les glaciers avaient perdu 267 milliards de tonnes de glace par an sur la période 2000-2019. Les scientifiques ont analysé 220 000 glaciers à travers le monde, sans prendre en compte les immenses calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland. Seuls les glaciers situés à la périphérie des calottes ont été recensés. Le phénomène s’est accéléré entre 2015 et 2019 avec 298 milliards de tonnes perdues chaque année en moyenne.

La moitié de la perte glaciaire mondiale provient de l’Alaska et du Canada. Lors de mes conférences, j’insiste sur la fonte et le recul rapides du glacier Athabasca au Canada. Les taux de fonte de l’Alaska sont parmi les plus élevés de la planète avec une perte annuelle moyenne de 67 milliards de tonnes par an depuis 2000. Le glacier Columbia recule d’environ 35 mètres par an. On s’en rend compte en comparant les images satellites des dernières décennies (voir ci-dessous).

Presque tous les glaciers du monde fondent, même ceux du Tibet qui étaient stables jusqu’à présent. À l’exception de quelques-uns en Islande et en Scandinavie, alimentés par des précipitations accrues, les taux de fonte se sont accélérés quasiment partout sur le globe.

Cette fonte presque uniforme reflète l’augmentation globale de la température. Selon les auteurs de l’étude, le lien avec la combustion du charbon, du pétrole et du gaz ne fait aucun doute. Le stade de la simple alerte est largement dépassé. On a dépassé le point de non-retour dans de nombreuses régions où certains glaciers plus petits disparaissent entièrement.

L’étude est la première à utiliser l’imagerie satellite 3D pour examiner tous les glaciers de la Terre non connectés aux calottes glaciaires.

La difficulté de l’étude des glaciers provient d’une part du très faible nombre de mesures in situ. D’autre part, les relevés gravimétriques – très utiles pour mesurer l’évolution des calottes de glace de l’Antarctique et du Groenland – n’ont pas une résolution suffisamment fine pour étudier dans le détail les 220 000 glaciers analysés par l’étude parue dans Nature.

Les scientifiques ont analysé près de 500 000 images satellites prises depuis 2000 par le satellite Terra de la NASA. Les clichés permettent de construire des cartes 3D de la surface de la Terre. Le travail a été rendu possible par le recours à un super calculateur qui a construit des modèles numériques d’élévation basés sur plus de 440 000 images satellites. La précision des résultats atteint un niveau inégalé à ce jour.

La plus grande menace de la fonte des glaciers est l’élévation du niveau de la mer. Les océans du monde subissent déjà l’expansion thermique et la fonte des calottes glaciaires au Groenland et en Antarctique. Selon l’étude, les glaciers sont responsables de 21% de l’élévation du niveau de la mer sur la période 2000-2019. Les calottes glaciaires constituent des menaces plus importantes sur le long terme.

Ces résultats de l’étude concernant les glaciers sont conformes à ceux d’une autre étude parue en 2020, mais celle de 2021 offre une précision supérieure. La première mission GRACE lancée en 2002 a permis de mesurer les changements du champ de gravité terrestre causés par les mouvements de masse sur la planète. Les résultats de la mission GRACE donnent une perte de 200 milliards de tonnes pour les glaciers de montagne sur la période 2002-2016. GRACE montre une accélération spectaculaire pour le Groenland sur la période 2010-2018 avec une perte de 286 milliards de tonnes. La mission arrive à la même accélération spectaculaire en Antarctique avec une perte de 252 milliards de tonnes par an sur 2009-2017.

Source : global-climat.

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It’s not much of a surprise. A new study published in the journal Nature confirms that almost all glaciers have lost mass since 2000. Melting has almost doubled over the past 20 years, according to vert accurate satellite measurements. Using 20 years of recently declassified satellite data, an international research team has calculated that glaciers lost 267 billion tonnes of ice per year over the period 2000-2019. Scientists have analyzed 220,000 glaciers around the world, ignoring the huge ice sheets of Antarctica and Greenland. Only the glaciers located on the periphery of the ice sheets have been identified. The phenomenon accelerated between 2015 and 2019 with 298 billion tonnes lost each year on average.

Half of the world’s ice loss comes from Alaska and Canada. In my lectures, I emphasize the rapid melting and retreating of the Athabasca Glacier in Canada. Alaska’s melt rates are among the highest on the planet with an average annual loss of 67 billion tonnes per year since 2000. The Columbia Glacier is retreating by about 35 metres per year. This can be seen by comparing satellite images from the last decades (see below).

Almost all of the world’s glaciers are melting, even those in Tibet which have been stable until now. With the exception of a few in Iceland and Scandinavia, supplied by increased precipitation, melt rates have accelerated almost everywhere in the world. This almost uniform melting reflects the overall increase in temperature. According to the study’s authors, the link to the combustion of coal, oil and gas is clear. The stage of the simple alert is largely past. The point of no return has been passed in many areas where some smaller glaciers are disappearing entirely. The study is the first to use 3D satellite imagery to examine all of Earth’s glaciers not connected to ice caps.

The difficulty in studying glaciers stems on the one hand from the very low number of in situ measurements. On the other hand, gravity readings – very useful for measuring the evolution of the Antarctic and Greenland ice caps – do not have a sufficient resolution to study in detail the 220,000 glaciers analyzed in the study published in Nature. Scientists have analyzed nearly 500,000 satellite images taken since 2000 by NASA’s Terra satellite. The images allow the construction of 3D maps of the surface of the Earth. The work was made possible by the use of a supercomputer that built digital elevation models based on more than 440,000 satellite images. The accuracy of the results reaches a level unmatched to date.

The greatest threat from melting glaciers is rising sea levels. The world’s oceans are already experiencing thermal expansion and melting ice caps in Greenland and Antarctica. According to the study, glaciers are responsible for 21% of sea level rise over the period 2000-2019. Ice caps are a bigger threat in the long term.

These results from the glacier study are consistent with another study released in 2020, but the 2021 study offers greater accuracy. The first GRACE mission launched in 2002 made it possible to measure the changes in the Earth’s gravity field caused by mass movements on the planet. The results of the GRACE mission show a loss of 200 billion tonnes for mountain glaciers over the period 2002-2016. GRACE shows a spectacular acceleration for Greenland over the period 2010-2018 with a loss of 286 billion tonnes. It underlines the same spectacular acceleration in Antarctica with a loss of 252 billion tonnes per year over 2009-2017.

Source: global-climat.

Source : NASA

Photo : C. Grandpey

 

Source : NASA

Photo : C. Grandpey

Source : NASA

Source : Copernicus Sentinel-2, ESA

D’autres informations dans mon livre « Glaciers en péril » :