Réchauffement climatique : l’érosion de la côte aquitaine

Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, l’érosion littorale provoquée par la hausse du niveau des océans suite au réchauffement climatique se produit au moment des tempêtes et est encore accentuée si ces événements extrêmes ont lieu quand les coefficients des marées sont élevés.

J’ai déjà mentionné la résidence Le Signal à Soulac-sur-Mer (Gironde) qui a dû être évacuée car elle était menacée par les assauts de l’océan. Edifié  en 1967 à 200 mètres du trait de côte, autrement dit la limite que les eaux pouvaient atteindre, l’immeuble a été évacué en 2014..

A Lacanau (Gironde), des enrochements ont été mis en place pour essayer de freiner les ardeurs des vagues qui, au cours des tempêtes et des grandes marées, viennent saper le littoral et le font reculer dangereusement. Lacanau est l’exemple parfait de la conséquence de la hausse des océans sous l’effet du réchauffement climatique. Beaucoup de scientifiques affirment que la ville est en sursis et recommandent sa relocalisation, au moins partielle, vers l’intérieur des terres.

En janvier 2019, la plage de la pointe du Cap Ferret (Gironde), qui fait face à la dune du Pilat, a dû être fermée en raison de l’accélération de l’érosion observée lors des tempêtes d’hiver. La pointe du cap a toujours été soumise à une forte érosion. Des travaux de restauration du cordon dunaire ont été entamés dès les années 1980, notamment par la végétalisation des dunes. Dans un communiqué, le Préfet de la région Nouvelle-Aquitaine estime que « l’accélération du phénomène d’érosion de la pointe du Cap Ferret est une réalité que personne ne peut désormais contester ».

Au fil des années, les assauts des tempêtes laissent des traces sur le littoral aquitain. Dans le département des Landes, les plages de Biscarrosse sont grignotées par l’océan. Un hôtel et plusieurs villas de la côte sont désormais interdits d’accès. Face à cette situation, les élus locaux tentent de ralentir le phénomène d’érosion.

Accrochées à la dune depuis le 19ème siècle, les villas jumelles de Biscarrosse sont aujourd’hui en danger. Les deux bâtisses et l’hôtel de la Plage qui se trouve à proximité menacent de s’écrouler à cause de l’érosion. Sous les coups de boutoir des vagues  lors des derniers coups de vent, la plage a baissé de presque 50 centimètres en 12 jours.

L’érosion est un phénomène naturel en hiver et la plage est censée se reformer durant l’été. Or, la dune recule en moyenne de deux mètres chaque année. L’avenir est donc très sombre..

Une solution provisoire est de recharger la plage avec du sable venu de plus loin, mais c’est une partie perdue d’avance. L’océan aura toujours le dessus.

Un peu plus au sud, dans le secteur d’Hossegor (Landes), le propriétaire d’un hôtel s’inquiète de voir la mer envahir la terrasse devant le bâtiment pendant les tempêtes et les marées de fort coefficient. Il m’a montré un blockhaus qui est arrivé dans la mer alors qu’il y a quelques années il se trouvait encore sur la terre ferme. Ce blockhaus appartient à une longue série ayant subi le même sort sur la côte atlantique.

Selon le dernier rapport de l’Observatoire de la Côte Aquitaine (OCA), « à l’horizon 2025, la superficie du littoral exposé à l’aléa d’érosion sur la côte sableuse s’élève à 10,9 km², soit près de 991 terrains de football. En 2050, 20,6 km² de littoral sableux seraient concernés, soit l’équivalent de 1873 terrains de football. »

Photos : C. Grandpey

Bella et l’érosion de la côte atlantique

La tempête Bella a soufflé sur les départements de la Gironde et des Landes le 28 décembre 2020. Le département des Landes avait été placé en vigilance orange pour vagues et submersion. Quand la mer se déchaîne, le spectacle est impressionnant et attire de nombreux curieux. Si la plupart se tiennent en sécurité sans des lieux élevés, des imbéciles n’hésitent pas à s’approcher des déferlantes, parfois au péril de leur vie, avec mise en danger des sauveteurs qui viendront leur porter secours en aide en cas de problème.

La tempête Bella fait partie de ces tempêtes hivernales qui font reculer le trait de côte. Heureusement, les coefficients de marée étaient relativement faibles (65 – 69) au plus fort de l’événement météo. Ils seront plus élevés, autour de 80 pour le Jour de l’An.

Les autorités et les habitants de la côte redoutent ces tempêtes car les assauts des vagues causent de graves dégâts au littoral et menacent de plus en plus souvent certaines zones habitées.

On connaît l’histoire de l’immeuble « Le Signal » qui a dû être évacué et va être détruit à Soulac-sur-Mar en Gironde. A Lacanau (Gironde), des enrochements sont censés freiner l’ardeur des vagues, mais quand on voit leur violence avec un faible coefficient de marée, on se dit que ces gros blocs ne pèseront pas lourd en cas de tempêtes avec un fort coefficient. L’océan gagne environ deux mètres sur la terre chaque année. La ville balnéaire réfléchit à déplacer 1 200 logements et 120 commerces du front de mer à l’intérieur des terres après 2050.

La situation ne vaut guère mieux à Biscarosse (Landes) où la maire a pris trois arrêtés municipaux « portant injonction d’évacuation en raison d’un péril grave présenté par un risque naturel » le 28 décembre 2020. Ces trois arrêtés concernaient le Grand Hôtel de la Plage et les célèbres « maisons jumelles », des emblèmes de Biscarrosse-Plage, situés en front de mer. La première magistrate de Biscarrosse a expliqué qu’il s’agissait de l’application du principe de précaution avec des »arrêtés municipaux préventifs » pour éviter de faire courir des risques aux occupants des bâtiments concernés. La décision a été prise en raison de l’amplification du phénomène d’érosion engendré par la tempête Bella. La police municipale s’est rendue dans les bâtiments concernés par ces arrêtés portant injonction d’évacuation pour informer les propriétaires ou/et occupants. A noter que Le Grand Hôtel de la Plage n’accueille pas de clients en ce moment en raison de la crise sanitaire.

Voici une petite vidéo montrant la tempête Bella à Lacanau :

https://youtu.be/WRCvJP7uXuY

Enrochements à Lacanau (Photo : C. Grandpey)