Le tourisme menacé par le réchauffement climatique // Tourism threatened by global warming

J’ai attiré l’attention à plusieurs reprises sur ce blog sur les conséquences de la fonte des calottes polaires et des glaciers qui, s’ajoutant à la dilatation thermique des mers plus chaudes, contribuent à l’élévation du niveau des océans dans le monde.
Un article paru récemment dans la presse américaine met en garde les vacanciers contre les conséquences du réchauffement climatique sur des destinations touristiques populaires. Plusieurs exemples sont évoqués dans l’article.

L’une des attractions touristiques les plus connues de Californie, la route côtière de Big Sur – Big Sur Coast Highway – est de plus en plus inaccessible en raison de glissements de terrain, d’effondrements de falaises et de chutes de rochers provoqués par des phénomènes météorologiques extrêmes liés au réchauffement climatique. La route est confrontée à de tels problèmes depuis sa construction dans les années 1930, mais aujourd’hui, des dégâts beaucoup plus importants sont causés par des tempêtes hivernales de plus en plus violentes et des incendies de végétation exacerbés par le réchauffement climatique, et qui entraînent une accélération de l’érosion des sols.
Une violente tempête le 30 mars 2024 a fait basculer dans l’océan toute une portion de la route située à 20 kilomètres au sud de Carmel. Le 23 juin, un autre tronçon de la route à Paul’s Slide a été de nouveau ouvert à la circulation après avoir été fermé pendant un an et demi en raison d’un glissement de terrain majeur. De telles fermetures se produisaient autrefois toutes les quelques années. Maintenant, c’est presque tous les ans.

Vue d’un effondrement sur la route côtière de Big Sur (Crédit photo : presse californienne)

Certains des sites touristiques les plus emblématiques de Washington, D.C., sont en train de s’enfoncer dans les eaux Le célèbre Tidal Basin – Bassin de Marée – flanqué de monuments tels que le mémorial Thomas Jefferson et le mémorial Martin Luther King Jr., avec les cerisiers symboles de l’amitié entre les peuples, sont menacés. Les scientifiques expliquent que la montée des eaux, l’urbanisation et l’affaissement des terres contribuent au problème. Au cours du siècle dernier, le niveau de la mer dans la région est monté de plus de 32 centimètres, avec des signes d’accélération. On sait déjà que dans 70 ans l’intégralité des passerelles du Tidal Basin sera sous l’eau si rien n’est fait.

Vue du Tidal Basin avec le Jesfferson Memorial et les cerisiers en fleurs (Crédit photo : Wikipedia)

Il y a quelques années, j’ai roulé au-dessus de la mer sur la route extraordinaire qui mène à Key West (Floride) où je voulais visiter la maison d’Ernest Hemingway. Les climatologues américains affirment que, s’agissant de l’élévation du niveau de la mer, Key West est « l’un des endroits les plus vulnérables des Etats Unis. » Comme de nombreuses régions du sud de la Floride, celle de Key West est assez plate, avec de nombreux secteurs à peine à plus de 90 centimètres au-dessus du niveau de la mer. La NASA prévient que Key West pourrait connaître jusqu’à 2,10 mètres d’élévation du niveau de la mer d’ici 2100. Une augmentation aussi spectaculaire ferait disparaître une grande partie des Keys sous l’eau.
Ce n’est pas seulement la lente élévation du niveau de la mer qui inquiète les habitants des Keys ; ce sont aussi les journées d’été extrêmement chaudes et les ouragans de plus en plus violents. Alors que Key West a toujours dû faire face à la chaleur et aux ouragans, le réchauffement climatique amplifie ces menaces. Cette nouvelle situation risque d’avoir de graves conséquences sur le tourisme.

Sur la route des Keys (Photo : C. Grandpey)

Jusqu’à présent, Hawaï était censé être un archipel idyllique, mais le tourisme sur l’île est aujourd’hui confronté à plusieurs nouvelles menaces liées au réchauffement climatique. En 2023, Fodor’s Travel a fait figurer Maui parmi 10 destinations à éviter en raison des menaces environnementales causées par le surtourisme et le réchauffement climatique.
Après les incendies qui ont dévasté Lahaina, de nombreuses personnes ont été déplacées de leurs foyers et contraintes de vivre dans des hôtels ou de quitter l’île. Leur inquiétude est également née du fait que les touristes s’installaient sur l’île et déplacaient les familles qui y avaient élu domicile. Plus de 100 personnes sont mortes dans les incendies.
Les îles de Maui, Oahu et The Big Island sont susceptibles d’être encore durement affectées par les incendies de végétation et d’autres menaces climatiques au cours de l’été 2024. L’archipel hawaiien sera confronté à davantage d’incendies de forêt, à des températures plus chaudes, à une érosion côtière plus importante et à des précipitations plus extrêmes. Les îles sont également confrontées à une élévation du niveau de la mer, à une augmentation de la fréquence des sécheresses et des tempêtes et à un changement dans la configuration et la variabilité des précipitations et du débit des cours d’eau.
Selon un rapport de l’Université d’Hawaï financé par le Département du Tourisme, « au cours des deux prochaines décennies, le réchauffement climatique devrait avoir un impact de plus en plus négatif sur le secteur touristique qui est le principal moteur économique de l’État ».
Source : USA Today via Yahoo Actualités.

 

Hawaii : des îles de plus en plus exposées à des événements extrêmes (Photo : C. Grandpey)

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I have drawn attention many times on this blog to the consequences of polar sheet and glacier melting which, together with the thermal dilatation of the seas with the hot temperatures, contribute to ocean rise around the world.

A recent article in the U.S. News media warns vacationers against the consequences of global warming for popular tourist destinations. Several examples are mentioned in the article.

One of California’s most scenic and best-known attractions, the Big Sur Coast Highway, is increasingly inaccessible due to landslides, cliff collapses and rockfalls caused by global-warming- related extreme weather events. The road has been ifacing such problems since it was first built in the 1930s, but now, a new level of damage is coming from increasingly furious winter storms and climate change-exacerbated wildfires that lead to soil erosion.

A massive storm on March 30th, 2024 caused a section of the roadway 20 kilometers south of Carmel to fall into the ocean. On June 23rd, a section of the highway at Paul’s Slide only opened after being closed for a year-and-a-half due to a major slide. Such closures used to happen once every few years. Now it’s almost every year.

Some of the most iconic tourist sights in Washington, D.C., are sinking. The Tidal Basin, flanked by monuments including the Thomas Jefferson Memorial and the Martin Luther King, Jr. Memorial, and the cherry trees that are a symbol of international friendship, are under threat. Experts say rising water levels, urbanization and the sinking of the land are contributing to the problem.Over the last century, sea levels in the area have risen over 32 centimeters, with signs of acceleration. In 70 years, the entirety of the Tidal Basin walkways will be under water if nothing is done.

Some years ago, I drove above the sea along the extraordinary road that goes to Key West (Florida) where I wanted to visit Ernest Hemingway’s house. U.S. Climatologists say that, when it comes to sea-level rise, Key West is « one of the most vulnerable places in the United States. » Like many parts of South Florida, Key West is quite flat, with many sections reaching no more than 90 centimeters above sea level. NASA warns that Key West could experience up to 2,10 metrers of sea level rise by 2100. Such a dramatic rise would put much of the Keys underwater.

Moreover, it is not just the slow march of sea-level rise that worries locals: It is also the extremely hot summer days and ferocious hurricanes, While Key West has always had to deal with heat and hurricanes, global warming is supercharging these threats. This new situation is likely to have a serious impact on tourism..

Up to now, Hawaii was supposed to be an idyllic island getaway, but tourism on the island faces several new threats linked to global warming. In 2023, Fodor’s Travel named Maui among 10 destinations on its “No List” that tourists should reconsider visiting because of the threat of environmental damage caused by over-tourism and climate change.

After fires devastated the town of Lahaina, many people were displaced from their homes and forced to live in hotels or leave the island, bringing to light their own concerns about tourists taking up housing accommodations on the island and displacing local families. More than 100 people died in the fires.

The islands of Maui, Oahu and The Big Island are susceptible to more devastation from wildfires and other climate threats during the summer 2024. Hawaii will face more wildfires, hotter sea surface and air temperatures, more coastal erosion and more extreme rain. The islands also face sea level rise, an increase in drought and storm frequency and a change in rainfall and stream flow pattern and variability.

According to a report from the University of Hawaii, funded by the Hawaii Tourism Authority, “over the next couple of decades climate change is expected to have an increasingly negative impact on Hawaii’s tourism sector, the state’s primary economic engine.”

Source : USA Today via Yahoo News.

Le changement climatique fait s’effondrer la Route n°1 à Big Sur (Californie) // Climate change causes Highway 1 to collapse in California’s Big Sur

Les événements extrêmes provoqués par le changement climatique peuvent avoir des conséquences désastreuses pour l’environnement et perturber les activités humaines. C’est ce qui s’est passé en Californie le 31 janvier 2021 lorsqu’une partie de la célèbre et spectaculaire route littorale, la Highway 1, s’est effondrée dans l’océan. L’événement a été provoqué par un glissement de terrain qui va entraîner la fermeture de 37 kilomètres de cette route pendant des mois.

Au cours de la dernière semaine de janvier, une violente tempête hivernale a provoqué l’ouverture d’une brèche de 45 mètres dans la route qui serpente le long de Big Sur. Des torrents d’eau ont emporté du béton, des arbres et de la boue qui se sont déversés dans la mer en contrebas. [NDLR: Big Sur fait référence à une partie du littoral californien qui s’étend sur environ 140 km entre Carmel-in-the-Sea et San Simeon.]

Les glissements de terrain sont fréquents le long de la Highway 1. Avec le changement climatique, l’afflux de véhicules et le tourisme de masse qui fragilisent les infrastructures et les écosystèmes dans la région côtière, les problèmes ne feront que s’aggraver. En raison de problèmes récurrents, il se dit que la route n’a jamais été pleinement opérationnelle du nord au sud depuis sa mise en service. Entre les dégâts causés par la mer et les effondrements des flancs de falaises, l’entretien de la route est devenu une tâche sans fin. En 2017, un glissement de terrain au niveau de Mud Creek a recouvert 400 mètres de chaussée avant de se déverser dans la mer. La reconstruction a duré plus d’un an et a coûté environ 54 millions de dollars.

Le glissement de terrain du 31 janvier a probablement été causée par un ensemble de circonstances environnementales : une saison d’incendies encore jamais observée suivie de puissantes tempêtes hivernales. Les incendies ont duré plusieurs mois et détruit la végétation qui protégeait les falaises abruptes le long de la côte. Puis vint la pluie. Une «rivière atmosphérique» qui déverse  de fortes quantités de pluie ou de neige lorsqu’elle touchele sol, a inondé la région avec 40 centimètres de pluie, soit près du double de la quantité que la région connaît en moyenne en janvier. Le sol n’a pas pu absorber cette quantité d’eau qui a provoqué l’écoulement de la boue sur la falaise mise à nu par les incendies. Cette boue a ensuite obstrué un tuyau de drainage sous la route qui  a été submergée et s’est effondrée sous le poids des matériaux.

Une telle combinaison de conditions météorologiques extrêmes n’est plus exceptionnelle. Ils s’inscrivent dans la lignée des modèles de crise climatique marqués par des étés chauds et secs, des incendies plus importants et de longues périodes de sécheresse entrecoupées de pluies intenses qui provoquent des inondations et des glissements de terrain.

Cependant, ce ne sont pas seulement les incendies, la pluie et les glissements de terrain qui menacent la Highway 1. La mer est également à prendre en compte. Des digues et des enrochements ont été rompus par les vagues le long du rivage. La Californie a dépensé des millions de dollars pour effectuer des réparations d’urgence alors que le littoral continue de s’éroder à raison d’environ 35 centimètres en moyenne chaque année. D’autres catastrophes se produiront. Selon certaines projections scientifiques alarmistes, le niveau de la mer pourrait s’élever de plus de 2,50 mètres en Californie d’ici la fin de ce siècle.

Il est clair que la route s’effondre parce que l’océan ronge les falaises. Une solution pourrait être d’anticiper les problèmes, sans attendre qu’ils surviennent. Pendant ce temps, les personnes qui vivent le long de la Highway 1 dans la région de Big Sur doivent s’adapter. Elles doivent être prêtes à vivre isolées pendant tout un hiver. Beaucoup d’entre elles ont stocké des aliments lyophilisés et des boîtes de conserve, ainsi que beaucoup de bois de chauffage. Ces habitants ont également acheté des groupes électrogènes. Malgré les dangers, ils ne veulent pas partir. L’un d’eux a déclaré: « C’est l’un des plus beaux endroits de la planète. C’est très isolé et ce n’est pas pour tout le monde, mais je ne partirai jamais. »

Source: The Guardian.

Voici un document qui montre une série d’effondrements sur la Highway 1 à Big Sur. Elle est magnifique, mais il est fortement déconseillé de l’emprunter en cas de très mauvais temps.

https://youtu.be/aG3fqYKR97U

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Climate change has led to more and more extreme events that may have disastrous consequences for the environment and disrupt human activities. An example was given by California on January 31st, 2021 when a portion of the famed and dramatic coastal road, the Highway 1, collapsed into the ocean. Highway 1 has been ruptured by a landslide that is expected to keep 37 kilometres of the iconic road closed for months.

In the last week of January, a severe winter rain storm caused the opening of a 45-metre fissure along the picturesque thoroughfare tucked against Big Sur, with concrete, trees and mud falling into the sea below. [Personal note : Big Sur refers to a portion of the Californian coastline that stretches over about 140 km between Carmel-in-the-Sea and San Simeon.]

Landslides have been a longstanding feature of Highway 1. And with climate change and a deluge in tourism and traffic overwhelming both infrastructure and environmental ecosystems in the coastal region, the problems are only expected to get worse. Because of recurrent problems, it is rumoured the highway has never been fully operational from north to south for more than a year since its inauguration. Caught between rising tides and crumbling cliff sides, maintaining the highway has become somewhat of a sisyphean task. In 2017, the Mud Creek slide covered a 400-metre of the highway with a huge chunk of land falling into the sea. The rebuild took more than a year to complete, and cost roughly 54 million dollars.

The 31 January slide was probably caused by the disastrous environmental combination of a record-breaking fire season followed by big winter storms. The months-long fire destroyed the vegetation that no longer protected the steep cliff sides along the coast. Then came the rain. An “atmospheric river”, a flowing column of condensed water vapour that spills severe amounts of rain or snow when it makes landfall, flooded the region, dropping 40 centimetres of rainfall, nearly twice the amount the area has seen for the entire month on average. The soil was unable to absorb that amount of cascading water, causing mud and debris to flow, ultimately blocking and then overwhelming a drainage pipe under the highway.

Such severe weather combinations are no longer an anomaly. They fall in line with climate crisis trends and models marked by hot dry summers, bigger fires and long periods of drought peppered by intense rainstorms that cause floods and landslides.

However, it is not just fires, rain and landslides that threaten Highway 1. The sea is also an important threat. Smashed seawalls built to buy more time against the encroaching waves already line the shore. California sank millions into emergency restorations as the coastline continued to erode by roughly 35 centimetres on average each year. More dangers lie ahead. By some worst-case scientific projections, sea levels could rise more than 2.50 metres in California by the end of this century.

It is clear that the roadway is crumbling because the ocean is just eating away at the cliffs. One solution might be to anticipate the problems and not wait until they happen. Meanwhile, residents living along Highway 1 in the Big Sur area have been forced to adapt. They need to be prepared to be isolated for an entire winter. Many of them have stored dried and canned food, as well as lots of firewood. They also bought backup generators. Despite the dangers, they do not want to leave. One person said: “It is one of the most beautiful places on the planet. It is very isolated and it is not for everybody, but I am never going to leave.”

Source : The Guardian.

Here is a document showing collapses of Highway 1. The road is very beautiful but it is not advised to drive on it in very bad weather

https://youtu.be/aG3fqYKR97U

Exemple d’un effondrement de la Highway 1 à Big Sur (Source : CalTrans)