(Mauvaise) humeur climatique

Dans son dernier rapport du mois d’avril 2022, le GIEC vient à nouveau de tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences du réchauffement climatique. Le Secrétaire Général de l’ONU a eu des mots très durs à propos de l’inaction des gouvernements.

Aux Etats Unis, la rédaction du Los Angeles Times a publié certaines des lettres adressées par ses lecteurs suite à la diffusion des principaux aspects du rapport dans le journal.

L’un de ces lecteurs demande pourquoi l’article sur le climat n’a pas fait la Une des journaux dans le pays. Selon cette personne, le fait que le GIEC ait averti que la Terre était sur le point d’être « invivable » aurait dû être en première page du journal. Elle ajoute : « Plus nous traiterons le changement climatique comme un problème non urgent, moins nous aurons de temps pour y remédier. ».

Un autre lecteur estime que nous n’avançons pas assez vite à propos du changement climatique. Il pose des questions : Où est l’urgence ? Pourquoi les politiciens ne font-ils pas davantage pression pour développer les énergies renouvelables, avec moins de charbon, de pétrole et de gaz ? Ils ont été prévenus à maintes reprises, mais leurs actions sont insuffisantes.

Les réactions des autres lecteurs du Los Angeles Times sont de la même veine. Et en France? En ce moment, la guerre en Ukraine et l’élection présidentielle occultent les autres informations et la presse parlée (je ne regarde pas les informations à la télévision) n’a consacré que quelques minutes au rapport du GIEC. Les programmes des candidats à l’élection présidentielle n’accordent qu’une importance très relative au réchauffement climatique. Les Verts n’ont toujours pas compris que le problème devait se traiter à une échelle globale et non locale.

J’aimerais qu’un jour les Conferences of Parties – les COP – cessent de se donner bonne conscience et prennent enfin des mesures dignes de ce nom. La dernière COP de Glasgow a été un échec cuisant. J’ai encore en tête la COP 24 de 2018 en Pologne, au coeur du bassin houiller de Silésie. Un comble! A l’issue de la conférence, le premier ministre polonais a déclaré froidement qu’il n’était pas question que son pays réduise sa production de charbon, au risque de mettre les ouvriers au chômage. Le premier ministre indien tenait un langage semblable. Dire que l’on va droit dans le mur est un euphémisme.

Quand Nicolas Hulot déclarait à l’Assemblée nationale avant de démissionner « Tout le monde s’en fiche! », il avait tout compris. Nos enfants et petits-enfants ont bien du souci à se faire. Ce sont eux qui vont en prendre plein la figure!

Ce n’est pas demain que la Mer de Glace retrouvera sa splendeur d’antan… (Photo: C. Grandpey)

Dégel du pergélisol : des cratères d’effondrement dans le plancher océanique canadien // Permafrost thawing : sinkholes on Canadian seafloor

Une équipe internationale de chercheurs affiliée au Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI) a découvert au Canada des « cratères d’effondrement de la taille d’un pâté d’immeubles de six étages. » La découverte n’annonce rien de bon pour le climat de notre planète.
Les scientifiques recueillent des données sur la Mer de Beaufort depuis 2003 afin d’avoir plus d’informations sur cette région qui se trouve loin de tout. Les cratères d’effondrement découverts par des robots sous-marins se trouvent dans des secteurs affectés par le dégel du pergélisol.
Le pergélisol fait référence à tout type de sol gelé en permanence pendant au moins deux ans. Son dégel a fait l’objet de nombreuses études dans l’Arctique ces dernières années, mais c’est la première fois que le phénomène est observé sur le plancher océanique.
Les données recueillies de 2010 à 2019 montrent que des changements « extraordinairement rapides » du plancher océanique ont eu lieu dans une zone de pergélisol qui s’est formée il y a entre 2 580 000 et 11 700 ans. Le plus grand cratère d’effondrement présente une forme ovale; il mesure 28 mètres de profondeur, 225 mètres de long et 95 mètres de large.
La formation de ces cratères d’effondrement en Mer de Beaufort canadienne est attribuée au réchauffement progressif des sédiments contenus dans le pergélisol depuis la dernière période glaciaire. Ce réchauffement a été provoqué par l’écoulement d’eaux souterraines saumâtres dans les régions de pergélisol ancien, avec un effet de réchauffement sur la glace qui a fini par provoquer des effondrements du plancher océanique.
Les chercheurs notent que ces cratères d’effondrement ont commencé à se former avant que l’Homme réchauffe la planète avec des émissions de gaz à effet de serre. Ils font également remarquer que l’accélération du réchauffement de l’Arctique à cause de ces émissions peut entraver leur capacité à comprendre comment se comporterait cet environnement sans l’influence des activités humaines. Les scientifiques doivent maintenant comprendre comment la décomposition du très vieux pergélisol sous-marin affectera les vastes zones situées sous les plates-formes continentales de l’Arctique.
La formation de cratères d’effondrement est également observée sur la terre ferme où le phénomène donne aux scientifiques des indications sur le comportement du pergélisol dans le cadre du réchauffement climatique. Un certain nombre de cratères, dont un qui mesurait 20 mètres de diamètre, sont apparus en Sibérie et sont liés à des éruptions de méthane, gaz qui s’est accumulé sous la surface de la Terre (voir mes notes à ce sujet).
Le dégel du pergélisol sur terre dans l’Arctique a été corrélée à l’augmentation globale des températures. On peut maintenant se demander jusqu’à quel point le réchauffement climatique induit par l’homme affectera le pergélisol sous l’océan. Les chercheurs expliquent qu’il y a beaucoup à apprendre sur la façon dont le dégel du pergélisol peut restructurer le plancher océanique dans l’Arctique et leur récente découverte contribuera à établir des bases de référence pour l’analyse des données futures.
Source : The Weather Network, Yahoo Actualités. .

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A team of international researchers affiliated with the Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI) has discovered in Canada “sinkhole-like depressions” the size of an entire city block of six-story buildings. The discovery could have serious implications for the global climate.

The scientists have been collecting data from the Canadian Beaufort Sea since 2003 to learn more about this extremely remote region. The “sinkholes” that the researchers’ robots discovered were actually regions of thawing permafrost.

Permafrost is defined as any type of ground that stays continuously frozen for at least two years. Thawing permafrost has been widely documented across many parts of the Arctic in recent years, but the researchers’ study states this is the first time that permafrost thawing on the seafloor has been observed.

Data collected from 2010 to 2019 revealed that there were “extraordinarily rapid” changes to the seafloor along an area of permafrost that formed between 2,580,000 to 11,700 years ago. The largest sinkhole had an oval shape and was 28 meters deep, 225 meters long, and 95 meters wide.

The driving force behind the formation of the sinkholes in the Canadian Beaufort Sea is attributed to permafrost sediment gradually warming up since the last Ice Age due to brackish groundwater flowing across regions of ancient permafrost, which has a warming effect on the ice and eventually causes a collapse.

The researchers note these sinkholes started forming before humans began warming the planet with greenhouse gas emissions, but note that the accelerated warm-up the Arctic is experiencing due to these emissions can hinder their ability to understand how this frozen environment functions without the influence on human activity. Scientists need to understand how the decay of relict submarine permafrost will impact the vast areas underlying the Arctic continental shelves.

Crater formations found on land have also given scientists clues about the changing nature of permafrost in a warming world. A number of enormous sinkholes, including one that measured 20 metres in length, have appeared in Siberia and are linked to eruptions of methane gas that built up underneath the Earth’s surface (see my posts about this topic).

Melting permafrost on land in the Arctic has been correlated with increasing global temperatures, which raises questions about how human-induced climate change could affect permafrost underneath the ocean. The researchers say there is much to be learned about how thawing permafrost can restructure the Arctic seafloor and that their discovery can help set baselines that will help the monitoring and analysis of future data.

Source: The Weather Network, Yahoo News.

Cratères d’effondrement en Mer de Beaufort (Source : MBARI)

Cratère d’effondrement en Sibérie (Source : The Siberian Times)