Le dernier rapport du GIEC // The latest IPCC report

  Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 4 avril 2022 son dernier rapport qui se veut alarmiste et explique que les pays ne tiennent pas leurs promesses de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter une catastrophe climatique.

Alors que la technologie existe pour rester en dessous de 1,5°C d’augmentation moyenne de la température – l’objectif défini par l’accord de Paris sur le climat de 2015 – les politiques actuelles envoient le monde vers un réchauffement au moins deux fois plus important.
Selon le Secrétaire Général des Nations Unies, le rapport du GIEC est « une litanie de promesses climatiques non tenues. C’est un dossier honteux qui nous envoie forcément vers un monde invivable. »
Le rapport du GIEC est le résultat d’un travail effectué par 278 auteurs de 65 pays qui ont examiné plus de 18 000 articles scientifiques. Voici quelques-unes de leurs conclusions. Vous trouverez tous les rapports du GIEC à cette adresse : https://www.ipcc.ch/
Selon les conclusions du dernier rapport, pour atteindre l’objectif de 1,5 °C, les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète doivent commencer à baisser en 2025 et diminuer de 43 % par rapport aux niveaux actuels d’ici 2030, et de 84 % d’ici 2050. Pour y parvenir, il faut des actions ambitieuses de la part des grands émetteurs tels que les États-Unis, l’Union européenne et la Chine dans les prochaines années. Si on attend plus longtemps, on devra faire face à des pertes économiques dues aux impacts du changement climatique tels que la sécheresse, les incendies de forêt et l’élévation du niveau de la mer. Le seul fait de limiter le réchauffement à 2 °C suppose d’atteindre les émissions maximales d’ici 2025 et de les réduire d’environ un quart d’ici 2030.
Sans un changement radical de politique, le Secrétaire Général de l’ONU avertit que « nous sommes sur la voie rapide de la catastrophe climatique : de grandes villes seront sous l’eau, nous assisterons à des vagues de chaleur sans précédent, des tempêtes terrifiantes, des pénuries d’eau généralisées et l’extinction d’un million d’espèces de plantes et d’animaux.”
Le rapport du GIEC explique que la solution pour éviter une catastrophe est facile à comprendre et à réaliser sur le plan technologique. Il faut repenser rapidement le secteur de l’électricité pour qu’il repose sur les énergies renouvelables, passer du transport et du chauffage aux systèmes électriques et capturer le dioxyde de carbone des cheminées d’usines dans les secteurs les plus difficiles à décarboner comme les cimenteries et les aciéries. Pour les situations où cela est irréalisable, comme le transport aérien, les émissions de carbone peuvent être compensées grâce à la technologie émergente consistant à éliminer le carbone de l’atmosphère.
Un problème majeur est que les distributeurs d’énergie, les constructeurs automobiles, les compagnies aériennes, les producteurs d’acier et d’autres industries ne reçoivent aucune incitation financière à agir et les gouvernements n’offrent ni récompenses ni pénalités pour encourager la participation.
Le seul fait d’exploiter l’infrastructure existante de combustibles fossiles – gisements de pétrole et de gaz, mines de charbon et centrales électriques au charbon ou au gaz – jusqu’à leur fin de vie met l’objectif de 1,5 °C hors de portée. De plus, si tous les projets de combustibles fossiles actuellement prévus sont menés à leur terme, cela conduira à un monde qui se réchauffera de plus de 2°C. Selon le GIEC, pour rester en dessous de 1,5°C, l’utilisation du charbon doit être quasiment éliminée d’ici 2050, et l’utilisation du pétrole doit diminuer d’au moins 60 % et celle du gaz de 45 %.
Le GIEC déclare également que des réductions rapides et profondes des émissions de méthane sont essentielles pour atteindre l’objectif de réduction du réchauffement. Pour rester en dessous de 1,5°C, les émissions de dioxyde de carbone doivent baisser de 48 % d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2040 ; les émissions de méthane doivent baisser de 34 % d’ici 2030 et de 44 % d’ici 2040.
Le GIEC est plus optimiste sur l’énergie éolienne et solaire que sur les autres technologies énergétiques à faible émission de carbone telles que l’énergie nucléaire et l’hydroélectricité, notant que les coûts ont baissé plus rapidement dans les domaines éolien et solaire. On peut lire dans le rapport que « de 2010 à 2019, il y a eu des baisses significatives des coûts de l’énergie solaire (85%), de l’énergie éolienne (55%) et des batteries lithium-ion (85%). » [Note personnelle : il est surprenant de voir que le GIEC ne condamne pas les batteries lithium-ion au vu des dégâts causés par l’extraction du lithium, notamment en Amérique du Sud]
Source : GIEC.

A noter qu’avec +0,587°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de mars 2022 est le 5ème plus chaud des archives ERA5.

——————————————-

The Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) on April 4th, 2022 released its latest report, which warns that nations are falling short of their pledges to reduce greenhouse gas emissions in order to avert catastrophic climate change. While the technology exists to stay below 1.5°C of average global temperature increase – the goal defined by the 2015 Paris climate agreement – current policies put the world on a trajectory toward at least twice as much warming.

The IPCC report is « a litany of broken climate promises. It is a file of shame, cataloging the empty pledges that put us firmly on track towards an unlivable world,” according to the United Nations’ Secretary General.

The IPCC report includes 278 authors from 65 countries reviewing over 18,000 scientific papers. Here are some of their conclusions. You will find all the IPCC reports here : https://www.ipcc.ch/

According to their findings, to meet the 1.5°C target, global greenhouse gas emissions have to start dropping in 2025 and go down 43% from current levels by 2030, and 84% by 2050. Achieving that requires ambitious actions from large emitters such as the United States, the European Union and China in the next few years. Waiting longer, the scientific consortium warned, will mean economic losses from the impacts of climate change such as drought, wildfires and sea level rise. Even limiting warming to 2°C would require peaking emissions by 2025 and cutting them by roughly one-quarter by 2030.

Without a dramatic shift in policy, the UN SEcretary General warns that « we are on a fast track to climate disaster: Major cities under water. Unprecedented heatwaves. Terrifying storms. Widespread water shortages. The extinction of a million species of plants and animals.”

The IPCC report explains that the pathway to averting catastrophe is now clear and technologically feasible: Rapidly redesign the power sector to rely on renewable energy, switch transportation and heating to electric systems, and capture the carbon dioxide from the smokestack in the hardest-to-decarbonize sectors such as cement and steel production. For the situations where that is infeasible, such as air travel, carbon emissions can be offset with the emerging technology of actually removing carbon from the atmosphere.

A key problem is that energy utilities, car manufacturers, airlines, steel producers and other industries have no financial incentive to act without governments offering rewards or penalties to encourage participation.

Just operating the existing fossil fuel infrastructure – the oil and gas wells and pipelines, the coal mines and the coal- or gas-fired power plants – for the rest of their natural lives puts 1.5°C out of reach. And if every currently planned fossil fuel project is completed, it will only guarantee that the world warms more than 2°C. According to the IPCC, to stay below 1.5°C, the use of coal must be virtually eliminated by 2050, and oil use must decrease by at least 60% and gas by 45%.

The IPCC also states that fast, deep cuts to methane emissions are essential to getting warming mitigation on target. To stay below 1.5°C, carbon dioxide emissions must fall by 48% by 2030 and by 80% by 2040; methane emissions must fall by 34% by 2030 and 44% by 2040.

The IPCC is more bullish on wind and solar energy than on other low-carbon energy technology such as nuclear energy and hydropower, noting that costs have come down faster in the wind and solar industries. One can read in the report that “from 2010–2019, there have been sustained decreases in the unit costs of solar energy (85%), wind energy (55%), and lithium-ion batteries (85%).” [Personal note : it is surprising to see that the IPCC should not condemn lithium-ion batteries in view of the damage caused by lithium extraction, espaecially in South America]

Source: IPCC.

It should be noted that with +0.587°C above the 1981-2010 average, March 2022 was the 5th hottest in the ERA5 archives.

Ne vous inquiétez pas : la banquise et les glaciers vont continuer à fondre, la glace de mer va disparaître et la population arctique avec elle, mais ce n’est pas grave…. A propos du réchauffement climatique au Groenland, je vous invite à regarder un remarquable documentaire intitulé « Carnet du Groenland » sur la chaîne USHUAIA TV. (Photo: C. Grandpey)