Projet de prospection géothermique sur la Montagne Pelée (Martinique)

À la Martinique, un projet de prospection géothermique sur la Montagne Pelée, volcan actif et classé par l’UNESCO, ravive les tensions entre partisans de la transition énergétique et défenseurs de l’environnement.

La géothermie est présentée par les autorités gouvernementales comme une piste d’avenir pour réduire la dépendance énergétique de la Martinique et accélérer la transition vers des énergies renouvelables. Dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la Martinique, la géothermie est identifiée comme une ressource stratégique depuis plusieurs années. Pour le préfet, cette orientation s’inscrit dans la continuité d’une politique de décarbonation. Le représentant de l’État précise toutefois que le projet n’en est qu’à la phase d’étude, avec des permis de recherche, pour savoir s’il y a du potentiel.

Sur son compte Facebook, l’ASSAUPAMAR (ASsociation pour la SAUvegarde du PAtrimoine MARtiniquais) conteste fermement la manière dont la procédure est conduite et alerte sur une demande de permis exclusif de recherches géothermiques déposée par la société CARIGEN SAS, créée en mars 2024 à Ducos. Selon l’association, un avis officiel a été publié au Journal officiel le 29 juin 2024. Il signale la demande de CARIGEN pour un permis couvrant 147 km² sur cinq ans. Selon l’ASSAUPAMAR, cette demande intervient avant même la finalisation du nouveau PPE 2024-2033, dont la révision est toujours en cours, et avant l’avis environnemental obligatoire de la MRAe (Mission régionale d’autorité environnementale). Selon l’association martiniquaise, il s’agirait de « créer le fait accompli avant le débat public. »

La commune du Morne-Rouge s’est dite favorable de principe à la géothermie tout en posant plusieurs conditions : respect du Plan Local d’Urbanisme (PLU), préservation des zones naturelles et agricoles, compatibilité avec le site UNESCO, et protection des nappes phréatiques.

De son côté, le député de Martinique se montre beaucoup moins favorable au projet de prospection géothermique. Il critique la réponse du préfet, qu’il juge « purement technico-administrative » et contraire au principe de précaution. Tout en affirmant son soutien aux objectifs de décarbonation, le député dénonce des projets dictés par des intérêts économiques extérieurs, au détriment de l’environnement local. Il a saisi le gouvernement par une question écrite pour demander la suspension immédiate de toute activité de prospection géothermique sur et autour de la Montagne Pelée, et la nomination d’un collège d’experts indépendants pour évaluer les impacts réels de ces opérations.

Alors que la procédure de permis suit son cours administratif, la méfiance demeure forte parmi les défenseurs de l’environnement, qui réclament davantage de transparence et une véritable concertation.

Source : Martinique la 1ère.

Photos: C. Grandpey

Ça chauffe sur l’Etna (Sicile) !

Un article paru dans le journal La Sicilia met le projecteur sur les dysfonctionnements qui accompagnent la gestion du Parc de l’Etna. L’UNESCO menace même de retirer le volcan de sa liste du patrimoine mondial. C’est pourquoi le journal a choisi un titre percutant : « Etna, « Parc bloqué » : l’UNESCO risque d’abandonner le volcan. »

Photo: C. Grandpey

L’article débute par un événement que j’ai mentionné sur ce blog le 4 octobre dernier : l’accès payant (5 euros) aux cratères Silvestri, une décision prise unilatéralement par le groupe Russo Morosoli qui gère également la Funivia dell’Etna après avoir racheté cette partie du volcan en 1997. Pour justifier sa décision, Russo Morosoli a indiqué qu’en avril 2025 il avait lancé une opération pour garantir la sécurité des touristes et informé tous les opérateurs qui les accompagnaient de la mise en place prochaine d’un accès réglementé.

Cet événement n’est qu’un exemple de l’anarchie qui règne autour de l’Etna. Beaucoup disent que Russo Morosoli « n’a pas entièrement tort.» Toutefois, la décision – sans aucune demande de permis ni notification préalables – d’imposer un droit d’entrée aux cratères Silvestri est très controversée. Néanmoins, quand Morosoli s’en prend au Parc de l’Etna, il reçoit une approbation quasi unanime, ainsi que la compréhension de ceux qui travaillent au sein du Parc. Selon eux et le journal La Sicilia, l’entité souffre d’« une lenteur pachydermique qui risque même de lui faire perdre son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. »

Crédit photo: Parco dell’Etna

Il y a de nombreux dysfonctionnements au sein de l’Autorité du Parc, ainsi que des retards dans la mise en œuvre des procédures. » Actuellement, la direction du Parc est dans le flou. Le maire de Gravina di Catania devrait prendre ses fonctions prochainement, un poste pour lequel il a été nommé il y a quelques semaines. L’un des premiers problèmes à régler sera celui des employés du Parc. Le plan de recrutement prévoit 60 personnes, mais seul un tiers est en fonction. Par ailleurs, l’article de La Sicilia indique qu’il existe « des problèmes relationnels concrets et tangibles entre collègues, des conflits parfois violents, un manque de communication et même la plus élémentaire volonté de collaborer. Dans ce climat de ‘guerre des roses’, certains travaillent bien, mais ils sont contraints d’en faire plus que nécessaire pour compenser ceux qui ne font pas ce qu’ils devraient faire. »

Au vu de ces problèmes, il ressort qu’il faudrait un Parc « plus autoritaire », doté d’une « stratégie d’utilisation, notamment pour les zones sommitales, qui lui fait actuellement défaut. » En bref, le Parc de l’Etna est « un gratte-papier incapable même d’entretenir des relations avec l’UNESCO, ce qui compromet de fait sa reconnaissance. La perdre serait une honte, mais le problème, malgré mille rappels, semble avoir été sous-estimé. » La lettre de l’UNESCO, et certains des documents de gestion qui l’ont précédée, proposent des mesures correctives que la Parc aurait tout intérêt à prendre en compte..

Les guides font partie de ceux qui critiquent la gestion du Parc. « L’Etna est maltraité », a déclaré la présidente de l’Association des guides touristiques de Catane. « Au nord de l’Etna, il n’y a rien, et au sud, la désorganisation règne en maître. Les guides de randonnée écologistes sont encore plus conbatifs. Tous travaillent ensemble pour déterminer les mesures à prendre afin d’empêcher qu’une partie de l’Etna soit accessible au public en payant, comme cela est en passe d’être le cas avec les cratères Silvestri.

Source : La Sicilia.

NDLR : On peut raisonnablement penser que l’UNESCO ne va pas brutalement retirer l’Etna de sa liste du patrimoine mondial. L’organisation a surtout voulu adresser une mise en garde aux gestionnaires du Parc de l’Etna et attirer l’attention sur le grand nombre de dysfonctionnements. L’Union Européenne a utilisé une procédure identique à Pompéi il y a quelques années quand les fonds européens destinés aux fouilles et à la mise en valeur du site étaient détournés par la mafia napolitaine. Aujourd’hui, la situation s’est bien améliorée en Campanie ; on peut espérer qu’il en sera de même pour le volcan sicilien.

Réchauffement climatique : violent incendie en Patagonie // Global warming : violent wildfire in Patagonia

Depuis le 23 janvier 2024, un violent incendie de forêt ravage le Parc de Los Alerces, un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco en Patagonie. La violence et l’ampleur de l’incendie sont dues au vent et à la sécheresse. En plein cœur de l’été austral, des températures records de plus de 40 °C frappent ces jours-ci la Patagonie argentine, région désertique de l’extrême sud du pays, habituellement froide et venteuse. Les feux se sont répandus à travers toute la région. Les autorités chiliennes ont ouverte une enquête et pensent que l’incendie aurait été causé par des visiteurs imprudents dans le parc

Alors que les pompiers essayaient de maîtriser le feu, il a fallu évacuer quatre cent touristes du Parc National. Les autorités locales ont confirmé que les feux ont détruit plus de 85 km² de végétation. L’incendie est situé dans la zone du ruisseau Centinela, près de la baie de Rosales.

Le président Sebastian Pinera à lancé un appel à l’aide d’urgence auprès de l’Argentine, l’Australie et les Etats-Unis après avoir déclaré la région zone sinistrée.

Des centaines de militaires et de pompiers ont été déployés sur les lieux pour lutter contre le feu. Les températures record en Patagonie argentine ont amené les provinces de Chubut et de Rio Negro à déclarer l’état d’urgence en raison du risque d’incendies jusqu’au mois d’avril.

On peut lire sur le site Internet de l’UNESCO que le Parc de Los Alerces couvre 188 379 hectares dans les Andes, au nord de la Patagonie, ses limites occidentales coïncidant avec la frontière chilienne. Les glaciations successives ont façonné le paysage de la région et créé des paysages spectaculaires faits notamment de moraines, de cirques glaciaires et de lacs aux eaux claires. La végétation est dominée par des forêts denses tempérées qui, en altitude, font place à des prairies alpines, sous les pics rocheux des Andes. La forêt de cyprès de Patagonie constitue un trait hautement caractéristique et emblématique de ce Parc. Menacé au plan mondial, le cyprès de Patagonie est la deuxième espèce d’arbre dont la longévité est la plus longue du monde (plus de 3 600 ans). Cette forêt abrite de nombreuses espèces de flore et de faune endémiques et menacées.

Source : presse internationale, UNESCO.

Source : UNESCO

Crédit photo : Service des parcs nationaux argentins

Il convient de noter que dans l’hémisphère nord, le 28 janvier 2024 a été le jour de janvier le plus chaud jamais enregistré au Royaume-Uni. Le village de Kinlochewe, en Écosse, a enregistré une température maximale de 19,6°C, et plusieurs secteurs du nord des Highlands ont également eu des températures au-dessus de 18°C.
Le précédent record pour une journée de janvier était de 18,3°C, enregistré quatre fois, la dernière fois le 16 janvier 2003.

——————————————————

Since January 23rd, 2024, a violent forest fire has ravaged Los Alerces Park, a UNESCO World Heritage site in Patagonia. The violence and scale of the fire are due to wind and drought. In the heart of the southern summer, record temperatures of more than 40°C have been recorded in Argentina’s Patagonia these days, a desert region in the far south of the country, usually cold and windy. The fires spread across the entire region. Chilean authorities have opened an investigation and believe the fire was caused by careless visitors to the park
While firefighters tried to bring the fire under control, 400 tourists had to be evacuated from the National Park. Local authorities confirmed that the fires destroyed more than 85 km² of vegetation. The fire is located in the Centinela Creek area near Rosales Bay.
President Sebastian Pinera appealed for emergency aid from Argentina, Australia and the United States after declaring the region a disaster zone.
Hundreds of soldiers and firefighters were deployed to the scene to fight the fire. Record temperatures in Argentine Patagonia have led the provinces of Chubut and Rio Negro to declare a state of emergency due to the risk of fires until April.
We can read on the UNESCO website that the Los Alerces Park covers 188,379 hectares in the Andes, in the north of Patagonia, its western limits coinciding with the Chilean border. Successive glaciations have shaped the landscape of the region and created spectacular landscapes including moraines, glacial cirques and clear water lakes. The vegetation is dominated by dense temperate forests which, at altitude, give way to alpine meadows, under the rocky peaks of the Andes. The Patagonian cypress forest constitutes a highly characteristic and emblematic feature of this Park. Threatened globally, the Patagonian cypress is the second longest-lived tree species in the world (more than 3,600 years). This forest is home to many endemic and endangered species of flora and fauna.
Source: international news media, UNESCO.

It should be noted that in the northern hemisphere January 28th, 2024 has been the hottest January day ever recorded in the UK. The village of Kinlochewe, Scotland, recorded a high of 19.6°C, with various neighbouring areas in the northernmost regions of the Highlands also in excess of 18°C.

The previous record for a January day was 18.3°C, which had occurred four times, most recently on January 16th, 2003.

La Montagne Pelée au Patrimoine mondial de l’UNESCO !

Ça y est ! Les Volcans et Forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du nord de la Martinique sont désormais inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO. La décision a été prise le samedi 16 septembre 2023 lors de la 45ème session du comité du patrimoine mondial qui s’est tenue à Riyad (Arabie Saoudite). Cette annonce du comité vient récompenser des années de travaux en coulisses et aura des répercussions importantes pour la Martinique. Un travail diplomatique a été nécessaire pour sensibiliser les 21 états qui composent le comité.

Avec cette inscription à la première tentative, la Martinique a fait mieux que la métropole où la Chaîne des Puys et la Faille de la Limagne n’ont été récompensés qu’au troisième essai….

Le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique a souligné que la Montagne Pelée, volcan de classe mondiale, comme celui de Pompéi ou de Hawaii ne faisait toujours pas partie du patrimoine mondial de l’Unesco. Une lacune selon lui, constatée par les membres de l’UICN depuis 2009. Ces propos ont été soutenus par Philippe Franc, ambassadeur, délégué permanent de la France auprès de l’UNESCO. Le représentant du Rwanda a aussi souligné « l’influence de la Montagne Pelé sur l’œuvre artistique d’Aimé Césaire, mettant en évidence sa valeur universelle ».

Selon les autorités martiniquaises, la Montagne Pelée et ses forêts, les Pitons du nord, le Morne Jacob et le Mont Conil sont de véritables richesses en biodiversité et en géologie. Ils feront désormais partie des 1157 sites déjà inscrits. Les retombées pour le territoire devraient être importantes. En effet, par cette inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO, ces sites auront une visibilité internationale prestigieuse, avec à la clé une augmentation de la fréquentation touristique de 30 à 40%. Encore faudra-t-il que la campagne destinée à mieux faire connaître ces sites au public soit performante, ce qui n’est pas forcément le cas en Auvergne…

Source : Martinique la 1ère.

Photo: C. Grandpey