Le Centre d’études spatiales et de la biosphère (CESBIO) vient d’indiquer que l’enneigement a été excédentaire dans les Alpes depuis le début de l’année 2024. Le manteau neigeux a stocké deux milliards de mètres cubes d’eau supplémentaires par rapport à l’année 2023. C’est une bonne nouvelle pour le bassin du Rhône, avec la garantie d’avoir des ressources en eau abondantes, notamment pour l’agriculture, la production d’hydroélectricité et les écosystèmes.

Photo: C. Grandpey
En revanche, le massif pyrénéen reste déficitaire en neige, et la situation est encore plus préoccupante dans les Pyrénées-Orientales. Cela reflète cette sécheresse qui perdure depuis deux ans. J’ai indiqué dans plusieurs notes que les glaciers pyrénéens sont une espèce en voie d’extinction.

Un peu de neige sur le Pic du Midi de Bigorre (Crédit photo: Météo France)
Il ne faut pas se réjouir trop vite. Si l’enneigement a été satisfaisant dans les Alpes en 2024, il ne s’agit que d’une situation ponctuelle qui ne suffira pas pour que les glaciers reprennent leur marche en avant. Il faudrait plusieurs années d’accumulation satisfaisante de neige à haute altitude pour que les masses glaciaires retrouvent un certain équilibre. Au vu de l’accélération du réchauffement climatique dans le monde, il est peu probable que le rêve devienne réalité. Il ne faudrait pas oublier le rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) publié le 19 mars 2024 dans lequel on peut lire que la température moyenne de la Terre a dépassé de 1,45°C celle de l’ère préindustrielle, ce qui confirme l’estimation un peu plus élevée de l’agence Copernicus, qui donnait 1,48°C. Selon le texte de l’OMM, « la planète est au bord du gouffre. »
L’année 2023 a été marquée par le réchauffement sans précédent des océans, le recul des glaciers et la perte de glace de mer dans l’Antarctique. Selon des données révélées par l’OMM, les 60 glaciers de référence sur la planète ont subi la perte de glace la plus importante jamais enregistrée depuis 1950. L’équivalent de 1,20 mètre d’eau a disparu à leur surface, soit un peu plus qu’en 2022. Le phénomène a été le plus intense dans l’ouest de l’Amérique du Nord et en Europe. Comme je l’ai indiqué dans une note précédente (30 septembre 2023), les glaciers suisses ont enregistré la deuxième fonte la plus massive en 2023, derrière 2022. Au total, ils ont perdu environ 10 % de leur volume restant en seulement deux ans, « à cause du faible manteau neigeux et des étés chauds chaque année», selon le rapport de l’OMM.

Le Glacier du Rhône est un de ceux qui fondent le plus vite (Photo: C. Grandpey)
Les glaciers de l’ouest de l’Amérique du Nord ont connu un amincissement annuel moyen de plus de 3,5 mètres dans les Rocheuses canadiennes. C’est cinq fois plus que la moyenne 2000-2019. En plus du manque de neige, une «intense vague de chaleur printanière et des températures suffocantes l’été avec des incendies monstres ont aussi contribué au déficit glaciaire. Les cendres des incendies de végétation ont assombri la surface des glaciers et réduit l’albédo.

Dans les Rocheuses canadiennes, le glacier Athabasca recule à une vitesse impressionnante (Photo: C. Grandpey)
Selon l’OMM, une partie de l’explication tient au phénomène El Niño, qui réchauffe les eaux du Pacifique tous les cinq à sept ans. Reste à savoir si l’atténuation du phénomène en 2024 aura des conséquences visibles. On a vu dans les années précédentes que la présence du phénomène de refroidissement La Niña n’avait pas empêché les températures de continuer à grimper.
L’OMM conclut son rapport en expliquant que l’année 2024 pourrait être tout aussi chaotique que 2023. «Il y a une probabilité élevée que 2024 batte à nouveau le record de 2023. »
Source : CESBIO, OMM.





Une vague de chaleur digne du début de l’été est actuellement observée en Espagne, alors que nous sommes au cœur du mois de janvier, donc en plein hiver. Des températures avoisinant les 30°C ont été enregistrées le 25 janvier dans les régions de Valence, Murcie et près de Malaga, dans le sud de l’Andalousie. Plusieurs records locaux de températures pour un mois de janvier ont par ailleurs été battus à travers le pays. On se croirait au mois de juin !

A heat wave usually seen at the start of summer is currently being observed in Spain, even though we are in the middle of January, therefore in the middle of winter. Temperatures around 30°C were recorded on January 25th, 2024 in the regions of Valencia, Murcia and near Malaga, in southern Andalusia. Several local temperature records for the month of January were also broken across the country.