Plus de glace dans l’Océan Arctique dans trois ans ? // An ice-free Arctic Ocean could be just 3 years away

Selon une nouvelle étude alarmante publiée le 3 novembre 2024 dans la revue Nature Communications, l’océan Arctique pourrait connaître son premier jour sans glace dès 2027.
La banquise arctique fond à un rythme sans précédent et perd plus de 12 % de sa glace chaque décennie, ce qui signifie que nous nous dirigeons vers le jour où presque toute sa glace disparaîtra temporairement. On peut lire dans l’étude que cette « étape inquiétante pour la planète » se produira très probablement dans les neuf à vingt ans après 2023, quoi que nous fassions pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Les projections les plus pessimistes indiquent que cette situation pourrait se produire dans trois ans.
L’un des auteurs de l’étude a déclaré : « Le premier jour sans glace dans l’Arctique ne changera pas radicalement les choses, mais il montrera qu’à cause des émissions de gaz à effet de serre, nous avons fondamentalement modifié l’une des caractéristiques déterminantes de l’environnement naturel de l’océan Arctique, à savoir qu’il est recouvert de glace de mer et de neige toute l’année. » La banquise est cartographiée chaque année en se référant aux relevés satellitaires qui fournissent des indications sur les fluctuations de la glace aux deux pôles depuis 1979. La banquise joue un rôle crucial dans la régulation des températures des océans et de l’air, le maintien des habitats marins et le fonctionnement des courants océaniques qui, tels des tapis roulants, transportent la chaleur et les nutriments autour du globe.
Par le biais de l’albédo, la surface de la banquise réfléchit également une partie de l’énergie solaire vers l’espace. Ce phénomène peut également fonctionner en sens inverse : avec la disparition de la banquise, les eaux plus sombres absorbent davantage de rayons solaires, accélérant ainsi le réchauffement climatique. Cela signifie qu’à mesure que notre planète se réchauffe, l’Arctique passe du statut de réfrigérateur à celui de radiateur, et il se réchauffe désormais quatre fois plus vite que le reste du monde.
Ce réchauffement rapide a des conséquences de grande ampleur. L’étendue de la banquise la plus septentrionale de la planète, qui couvrait autrefois en moyenne 6,85 millions de kilomètres carrés entre 1979 et 1992, a chuté à 4,28 millions de kilomètres carrés en 2024.
Le déclin continu signifie qu’il faut s’attendre à voir la glace repoussée au-delà de la limite d’un million de kilomètres carrés en dessous de laquelle la région est considérée comme « libre de glace ».
En utilisant 11 modèles climatiques et en leur appliquant 366 simulations, les chercheurs à l’origine de la nouvelle étude ont découvert que le jour où l’océan Arctique serait totalement dépourvu de glace pourrait arriver d’ici trois à six ans. Cette prévision n’apparaît que dans les neuf simulations les plus pessimistes, qui font entrer une série de saisons inhabituellement chaudes. Mais toutes les simulations ont révélé qu’un jour sans glace se produirait inévitablement, très probablement dans les années 2030.
La seule solution pour empêcher l’apparition d’une situation aussi désastreuse serait de réduire nos émissions de dioxyde de carbone, mais pour le moment, cela ressemble plutôt à un rêve impossible.
Source : Live Science via Yahoo News.

Photos: C. Grandpey

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According to an alarming new study published on November 3rd, 2024 in the journal Nature Communications, the Arctic Ocean could have its first ice free day as soon as 2027.

Arctic sea ice has been melting at an unprecedented rate of more than 12% each decade, meaning we are racing towards the day when nearly all of its ice temporarily disappears. One can read in the study that this « ominous milestone for the planet, » will most likely happen within nine to 20 years after 2023 regardless of how humans alter their greenhouse gas emissions. And the most pessimistic projections predict it could happen as soon as three years’ time.

One of the authors of the study said : « The first ice-free day in the Arctic won’t change things dramatically, But it will show that, through greenhouse gas emissions, we’ve fundamentally altered one of the defining characteristics of the natural environment in the Arctic Ocean, which is that it is covered by sea ice and snow year-round. »

Earth’s sea ice is charted each year by the satellite record, which has measured ice fluctuations at both poles since 1979. The world’s sea ice plays a crucial role in regulating ocean and air temperatures, maintaining marine habitats and powering ocean currents that transport heat and nutrients around the globe.

Therough the albedo, sea ice surface also reflects some of the sun’s energy back into space. This effect can also work in reverse : with sea ice disappearing, darker waters absorb more of the sun’s rays, accelerating global warming. This means that, as our planet warms, the Arctic has transformed from a refrigerator to a radiator, and it is now warming four times faster than the rest of the world.

The rapid heating has had dramatic and marked consequences. The planet’s northernmost sea ice extent, which once spanned an average of 6.85 million square kilometers between 1979 to 1992, has plummeted to 4.28 million square kilometers this year.

The continuing decline means that future climate fluctuations are increasingly likely to push the ice beyond the one million square kilometer limit below which the region is considered « ice free. »

By using 11 climate models and running 366 simulations across them, the researchers behind the new study found that this day could come as soon as three to six years. This prediction was made only in the nine most pessimistic simulations, which assumed the occurrence of a series of unusually warm seasons. But all of the simulations eventually predicted that an ice-free day would inevitably occur, most likely in the 2030s.

The only solution to prevent the occurrence of such a disastrous situation would be to reduce carbon dioxide emissions, but for the moment this rather looks like an impossible dream.

Source : Live Science via Yahoo News.

La péninsule de Yamal (Sibérie), le dégel du permafrost, le gaz naturel…et Total!

Avec la guerre en Ukraine, on parle beaucoup de l’implantation de Total en Russie. Voici quelques explications sur la péninsule de Yamal, l’un des principaux pôles énergétiques en Russie, mais aussi l’une des régions les plus exposées au dégel du permafrost. .

Péninsule de Yamal (Sibérie) et dégel du permafrost.

J’ai expliqué à de nombreuses reprises que l’Arctique se réchauffe actuellement trois à quatre fois plus vite que le reste de la planète. Ces dernières années, des records de chaleur ont été enregistrés dans la région, en particulier en Sibérie où la majeure partie du territoire repose sur le permafrost, ou pergélisol. Selon la définition la plus répandue, le permafrost est un sol dont la température se maintient en dessous de 0°C pendant plus de deux ans consécutifs.

Avec la hausse des températures, le permafrost dégèle (il ne fond pas) avec des conséquences pour l’environnement. Dans le nord de la Sibérie, la Péninsule de Yamal s’étire sur environ 700 km ; elle est bordée à l’ouest pas la Mer de Kara et à l’est par le Golfe d’Ob. La péninsule de Yamal recèle la majeure partie des réserves de gaz naturel russes, estimées à 20 milliards de tonnes dans l’Arctique..

Les effets du réchauffement climatique pourraient être catastrophiques pour la péninsule de Yamal. La hausse des températures accélère le dégel du permafrost, ce qui représente une menace pour les infrastructures locales. De plus, la hausse du niveau de la mer risque fort de faire disparaître la péninsule sous l’eau. Au cours des dernières années, plusieurs grosses compagnies pétrolières russes ont investi des sommes colossales dans l’exploitation du gaz naturel de Yamal. Aujourd’hui, ces compagnies font le forcing pour acquérir des licences afin d’exploiter le gaz le plus vite possible, pendant qu’il en est encore temps. De plus, suite aux déformations du sol causées par le dégel du permafrost, il faut contrôler et corriger en permanence la solidité des gazoducs.

Péninsule de Yamal et gaz naturel.

Les réserves de gaz naturel les plus importantes de Russie ont été découvertes dans la péninsule de Yamal. Elles sont actuellement exploitées par le géant gazier russe Gazprom. La péninsule est reliée à l’Europe par plusieurs gazoducs, dont le Yamal-Europe.

La fonte de la glace dans l’Arctique va chambouler l’économie de cette partie du monde. De nouvelles ressources minérales seront accessibles et l’Océan Arctique dépourvu de glace ouvrira de nouvelles perspectives de navigation.
En 2017, un méthanier brise-glace, le Christophe de Margerie, a jeté l’ancre pour la première fois dans le port de Sabetta en Russie arctique pour tester une nouvelle route maritime qui pourrait ouvrir l’Océan Arctique et ses glaces aux navires transportant du pétrole et du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de la péninsule de Yamal. Cette route est attendue avec grande impatience par les compagnies pétrolières qui souhaitent tirer profit des ressources de l’Arctique mais rencontrent des obstacles pour acheminer le pétrole et le gaz depuis les zones éloignées et gelées vers les marchés mondiaux.
Le navire Christophe de Margerie, construit en Corée du Sud, sera utilisé pour transporter le gaz de l’usine russe de Yamal, située près du port de Sabetta. L’usine est dirigée par la société russe Novatek et co-détenue par la compagnie pétrolière française Total, la compagnie chinoise CNPC et le Silk Road Fund. Le navire a été baptisé en mémoire de l’ancien patron de Total mort sur le tarmac de l’aéroport de Moscou en 2014 quand un chasse-neige a traversé la piste pendant que son jet privé décollait. [NDLR : Selon certaines sources, cette mort aurait été commanditée par la CIA].
Le consortium Yamal LNG (Liquefied Natural Gas) considère l’Asie comme le plus grand marché pour son gaz sur le long terme. Le transport vers la Chine au départ de Yamal devrait prendre environ 18 jours en utilisant la Route du Nord. C’est beaucoup plus court que l’itinéraire alternatif qui consiste à se diriger vers l’ouest dans l’Atlantique Nord, vers le sud dans la Méditerranée, puis par le canal de Suez jusqu’à l’océan Indien. Cela prend habituellement environ 32 jours.
Le Qatar est actuellement le premier producteur mondial de GNL, suivi de l’Australie, du Nigéria et de Trinité-et-Tobago. Une fois l’usine de Yamal à pleine capacité, la Russie produira près de 27 millions de tonnes de GNL annuellement, soit la quantité importée par la Chine chaque année.
Le Christophe de Margerie appartient à une classe de navires qui, selon ses concepteurs, peut fonctionner en toute sécurité dans les eaux prises par les glaces. Il est capable de se déplacer à travers des glaces d’une épaisseur de 2,10 mètres. Toutefois, le navire ne pourra emprunter la Route du Nord que de juillet à septembre chaque année, parce que la glace est trop épaisse le reste du temps.

Cette note est la synthèse de plusieurs articles que j’ai écrits sur ce blog à propos de l’Arctique et de la péninsule de Yamal en particulier.

Infrastructures gazières de Yamal (Crédit photo : Groupe Total)

Accélération de l’acidification de l’Océan Arctique // The acidification of the Arctic Ocean is accelerating

On savait que l’Océan Arctique s’était réchauffé près de quatre fois plus vite que la moyenne mondiale au cours des quarante-trois dernières années, phénomène connu sous le nom d’«amplification polaire». On apprend aujourd’hui que l’acidification des eaux arctiques est trois à quatre fois plus rapide que dans les autres océans et ce processus inquiète la communauté scientifique.

La cause de cette acidification accélérée est la fonte de la glace de mer, liée au réchauffement climatique. Avec la diminution de la surface de la glace de mer, l’eau de l’océan est exposée directement à l’atmosphère. Cela favorise son absorption rapide du dioxyde de carbone rejeté par les activités humaines. Cela a pour effet de diminuer l’alcalinité des océans et son pouvoir tampon. Or par réaction chimique, le CO2 se transforme en acide carbonique, ce qui entraîne une forte baisse du pH des eaux, et donc l’acidification de ces dernières.

Une étude parue fin septembre dans le magazine Science et réalisée par une équipe de chercheurs chinois et américains démontre que l’Océan Arctique connaît une acidification bien plus rapide que les bassins atlantique, pacifique, indien, antarctique et subantarctique.

Selon l’étude, cette acidification de l’Arctique présente déjà des «implications énormes» pour la vie marine, en particulier pour les récifs coralliens. Ce qui préoccupe les chercheurs, c’est que la poursuite de la fonte de la glace de mer à cause de l’utilisation de combustibles fossiles, devrait encore intensifier le phénomène au cours des prochaines décennies.

Source: médias d’information internationaux.

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The Arctic Ocean was known to have warmed almost four times faster than the global average over the past forty-three years, a phenomenon known as “polar amplification”. We now learn that the acidification of Arctic waters is three to four times faster than in other oceans and this process worries the scientific community.
The cause of this accelerated acidification is the melting of sea ice, linked to global warming. As the extent of sea ice surface decreases, ocean water is exposed directly to the atmosphere. This promotes the rapid absorption of carbon dioxide released by human activities. This has the effect of reducing the alkalinity of the oceans and its buffering capacity. However, by chemical reaction, CO2 is transformed into carbonic acid, which causes a sharp drop in the pH of the water, and therefore the acidification of the ocean.
A study published at the end of September in the journal Science and carried out by a team of Chinese and American researchers shows that the Arctic Ocean is experiencing much faster acidification than the Atlantic, Pacific, Indian, Antarctic and Sub-Antarctic basins.
According to the study, this acidification of the Arctic already has « enormous implications » for marine life, particularly for coral reefs. What worries researchers is that the continued melting of sea ice due to the use of fossil fuels, is expected to further intensify the phenomenon in the coming decades.
Source: international news media.

Sale temps pour la glace de mer (Photo: C. Grandpey)

Encore des mauvaises nouvelles de l’Arctique ! // More bad news from the Arctic !

Nous sommes à la fin du mois de novembre 2020 et l’Océan Arctique connaît des températures encore beaucoup trop élevées pour cette période de l’année. Les douze mois écoulés ressemblent à la situation telle qu’elle était en 2016 avec une différence majeure : en 2016, il y a eu un fort El Niño dans le centre-est équatorial de l’Océan Pacifiqte. En octobre 2020, El Niño a été remplacé par La Niña, qui est censée entraîner une baisse de température de surface des océans…mais qui ne se produit pas !

La température maximale au pôle Nord était de 1,1°C le 12 novembre 2020. Cette température élevée au-dessus de l’Océan Arctique est causée par le transfert d’énormes quantités de chaleur de l’Océan Arctique vers l’atmosphère. On observe une forte surchauffe de l’Océan Arctique en raison du déplacement continu, le long du Gulf Stream, de la chaleur océanique à la surface de l’Atlantique Nord vers l’Océan Arctique.

Le réchauffement de l’Arctique se produit à grande échelle. Des anomalies de température de plus de 20°C ont été enregistrées sur une grande partie de l’Océan Arctique le 16 novembre 2020. Selon les prévisions, ces anomalies de température devraient persister sur l’Océan Arctique au moins jusqu’au 26 novembre 2020, avec des anomalies pouvant atteindre 30°C.

La distorsion du Jet Stream qui résulte de cette situation climatique entraîne parfois une accélération des vents qui transportent l’air chaud de l’Océan Atlantique Nord vers l’Océan Arctique. Le 20 novembre, le Jet Stream a atteint une vitesse de 327 km / h. Le danger est qu’un vent aussi fort accélère encore davantage les courants océaniques qui transportent d’énormes quantités de chaleur vers l’Océan Arctique.

L’image ci-dessous montre parfaitement les anomalies thermiques sur l’Arctique en octobre 2020

Source: Arctic News.

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We are at the end of November 2020 and the Arctic Ocean is still very hot. The recent twelve-month period is similar to the 2016 peak with a major difference: in 2016 there was a strong El Niño, while in October 2020 El Niño was replaced vy La Niña which is supposed to bring along lower surface ocean temperatures.

The highest temperature at the North Pole was 1.1°C on November 12th, 2020.

This high temperature over the Arctic Ocean is caused by transfer of huge amounts of heat from the Arctic Ocean to the atmosphere, indicating severe overheating of the Arctic Ocean as a result of the ongoing movement of ocean heat at the surface of the North Atlantic to the Arctic Ocean along the Gulf Stream.

The heating of the Arctic affects a large surface. Temperature anomalies above 20°C were recorded over a large part of the Arctic Ocean on November 16th, 2020.

Temperature anomalies are forecast to remain high over the Arctic Ocean, with the forecast for November 26th, 2020, showing anomalies approaching 30°C.

The resulting distortion of the Jet Stream can at times speed up winds that move hot air from the North Atlantic Ocean toward to Arctic Ocean. On November 20th, a distorted Jet Stream reached a speed of 327 km/h. The danger is that such strong wind will speed up ocean currents in the North Atlantic that carry huge amounts of heat toward the Arctic Ocean.

The image below perfectly shows temperature anomalies over the Arctic during October 2020

Source: Arctic News.

Source : Arctic News