Volcans magmatiques et volcans de boue // Magmatic volcanoes and mud volcanoes

Jusqu’à présent, le Pérou prétendait posséder le plus petit volcan du monde. En réalité, il n’en est rien. La petite structure conique en question, située près de Songoña, dans la province de Canchis, a été identifiée comme étant un volcan de boue, suite à une inspection sur le terrain menée par l’Institut Géophysique Péruvien (IGP) les 10 et 11 juillet 2025. L’inspection du site a été effectuée en coordination avec les autorités locales et les habitants de la région, suite à l’intérêt suscité auprès du public par cette formation qualifiée par les médias locaux de « plus petit volcan du monde ».

Crédit photo: IGP

La structure, apparue pour la première fois en novembre 2024, a progressivement adopté une forme conique, plus marquée au cours des trois derniers mois. Les premières mesures de température réalisées le 10 juillet ont montré que la matière émise par le monticule était à température ambiante. Aucune trace d’activité volcanique, telle que des températures élevées, de la lave ou de la cendre, n’a été détectée. Lors de la visite sur le terrain, les scientifiques ont prélevé des échantillons des matériaux expulsés et effectué des mesures complémentaires, notamment du pH, de la conductivité électrique et de la teneur totale en éléments dissous. Le monticule a également été cartographié à l’aide de drones et d’un GPS de précision afin de mettre au point un modèle 3D pour une surveillance continue.
L’IGP a confirmé que la structure était un volcan de boue, un phénomène géologique naturel bien connu, causé par la migration de gaz vers la surface, en transportant de l’eau et des sédiments riches en argile.
Contrairement aux volcans magmatiques, les volcans de boue ne présentent pas vraiment de risques à cause de la température des matériaux qu’ils projettent. Leur structure peut ressembler à celle d’un volcan traditionnel, avec notamment une cheminée centrale, mais leurs émissions sont à basse température et issues de sédiments. Le plus souvent, il n’y a pas de risque immédiat pour les zones habitées environnantes.
Au Pérou, le seul volcan magmatique connu dans la région de Cuzco et susceptible de présenter un risque est le Quimsachata, que l’IGP a commencé à surveiller en novembre 2024. Une station permanente est prévue sur le site, en lien avec le réseau de surveillance en temps réel que l’IGP a déjà installé sur le Misti, l’Ubinas et 11 autres volcans du pays.

Volcan Misti (Crédit photo: Wikipedia)

Source : IGP, The Watchers.

Bien que les volcans de boue soient bien moins dangereux que leurs homologues magmatiques, les risques qu’ils génèrent ne doivent pas être négligés. J’ai mentionné dans ce blog plusieurs exemples des dégâts causés par ces volcans. Le plus célèbre est Lusi, le volcan de boue de Sidoarjo en Indonésie, entré en éruption le 28 mai 2006, dans la régence de Sidoarjo. Les coulées de boue ont enseveli à plusieurs reprises des villages, des routes et des champs malgré la construction de nombreuses digues de rétention. Il s’agit de l’une des plus grandes catastrophes économiques et écologiques d’Indonésie.

Crédit photo: The Jakarta Post

J’ai évoqué sur ce blog les explosions d’autres volcans de boue, en Azerbaïdjan, en Colombie, à Trinité-et-Tobago ou au Guatemala. Plus près de la France, certains des volcans de boue les plus connus se trouvent en Sicile ; il s’agit des Maccalube di Aragona. En septembre 2014, l’explosion soudaine de l’un de ces volcans de boue a surpris un homme et deux enfants de 7 et 9 ans. L’homme, âgé de 46 ans, a réussi à s’extraire de la boue, mais sa fille de sept ans était déjà morte lorsqu’elle a pu être retirée immédiatement. Son frère a été retrouvé mort 7 heures plus tard.

Photo: C. Grandpey

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Up to now , Peru pretended it had the smallest vpolcano in the world. Actually, it was not. A small cone-shaped structure near Songoña, Canchis Province, Peru, was confirmed to be a mud volcano following a field inspection by the Peruvian Geophysical Institute (IGP) on July 10 and 11, 2025.

The investigation was conducted in coordination with local authorities and residents in the area, following growing public interest in the formation, which had been referred to in local media as the “smallest volcano in the world.”

The structure, which first appeared in November 2024, has gradually adopted a more defined conical shape over the past three months. Initial thermal measurements taken on July 10 showed that the material emitted from the mound was at ambient temperature. No evidence of volcanic activity such as high temperatures, magma, lava, or ash was found. During the inspection in Songoña, field teams collected samples of the expelled material and conducted environmental measurements, including pH, electrical conductivity, and total dissolved solids. The mound was also mapped using drone-based imaging and precision GPS to develop a 3D model for ongoing monitoring.

The IGP confirmed the structure to be a mud volcano, a natural geological phenomenon caused by the upward migration of gases from underground, which transport clay-rich sediments and water to the surface.

Unlike magmatic volcanoes, mud volcanoes do not pose thermal or eruptive risks. Their structure may resemble a traditional volcano, including a central vent, but their emissions are cold, and sediment-based. The confirmation rules out any immediate geological hazard to the surrounding community.

The only known magmatic volcano in the Cusco region with potential hazard implications is Quimsachata, which IGP began temporarily monitoring in November 2024. A permanent monitoring station is planned for the site, in line with IGP’s existing real-time monitoring network for Misti, Ubinas, and 11 other volcanoes across the country.

Source : IGP, The Watchers.

Although mud volcanoes are far less dangerous than their magmatic counterparts, the hazards they generate should not be neglected. I mentioned in this blog several examplesof the damage caused my these volcanoes. The most famous is Lusi, the Sidoarjo mud volcano in Indonesia, which erupted on May 28, 2006, in the regency of Sidoarjo. The mudflows have repeatedly buried villages, roads and fields despite the construction of numerous retention dikes. It is one of the biggest economic and ecological disasters in Indonesia.

I have mentioned the explosions of other mud volcanoes on this blog, in Azerbaijan, Colombia, Trinad and Tobago or Guatemala. Closer to France, some of the best known mud volcanoes are located in Sicily ; they are the Maccalube di Aragona. In September 2014, the sudden explosion of one of these volcanoes engulfed a man and two children aged 7 and 9. The man, aged 46, managed to get out of the mud but his seven-year-old daughter was already dead when she was able to be removed quickly. Her brother was found 7 hours later and was dead.

https://cenvul.igp.gob.pe/

Éruption d’un volcan de boue à Taïwan // Eruption of a mud volcano at Taiwan

Le volcan de boue Wandan, dans le sud de Taiwan, est entré en éruption pour la neuvième fois en deux ans le 6 juillet 2024. L’éruption a eu lieu à partir de quatre bouches différentes, dont trois à environ 50 mètres au sud-est du temple Huangyuan. La quatrième bouche se trouvait à 30 mètres à l’ouest du temple.

Image extraite de la vidéo ci-dessous

Une éruption du même type, le 8 février 2023, avait émis des flammes atteignant jusqu’à 4 mètres de hauteur et de la boue éjectée jusqu’à 2 mètres. À l’époque, les médias locaux avaient indiqué que les flammes avaient endommagé les câbles électriques à proximité, ce qui avait incité Taipower à se précipiter sur les lieux et à couper l’électricité pour éviter d’autres dégâts au réseau électrique.
Voici une courte vidéo de la dernière éruption :
https://twitter.com/i/status/1809724341275242541

J’ai consacré plusieurs botes aux volcans de boue sur ce blog, notamment lorsque Lusi est entré en éruption le 29 mai 2006 dans la régence de Sidoarjo (Indonésie). L’éruption s’est intensifiée et la boue a commencé à se répandre sur les champs, entraînant l’évacuation de nombreux habitants. Les semaines ont passé et la boue a englouti des villages entiers. Le gouvernement indonésien a commencé à construire des digues pour contenir cette boue et arrêter sa propagation. Lorsque la boue a recouvert les premières digues, il a fallu en construire de nouvelles. Le gouvernement a finalement réussi à arrêter l’avancée de la boue, mais les coulées avaient anéanti une douzaine de villages et obligé 60 000 personnes à partir.

Des éruptions d’autres volcans de boue sont observées en Azerbaïdjan, en Colombie, à Trinité-et-Tobago ou au Guatemala. Plus près de nous, certains des volcans de boue les plus connus se trouvent en Sicile ; les Maccalube di Aragona. En septembre 2014, l’explosion soudaine d’un de ces volcans a surpris un homme et deux enfants âgés de 7 et 9 ans. L’homme, âgé de 46 ans, a réussi à se sortir de la boue mais sa fille de sept ans était déjà morte lorsqu’elle a pu être être retirée rapidement de la boue. Son frère, âgé de 10 ans, a été retrouvé seulement 7 heures plus tard et il était mort, lui aussi.

Volcan de boue dans les Maccalube di Aragona (Photo: C. Grandpey)

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The Wandan mud volcano in southern Taiwan erupted for the ninth time in two years on July 6th, 2024. The eruption took place from four different vents, with 3 of them about 50 meters southeast of Huangyuan Temple. The fourth vent was 30 meters west of the temple.

A similar eruption on February 8th, 2023, had flames reaching as high as 4 meters and mud flying up to 2 meters. At the time, local media reported flames caused damage to nearby power cables, prompting Taipower to rush to the scene and cut electricity to prevent further damage to the power grid.

Here is a short video of the latest event :

https://twitter.com/i/status/1809724341275242541

I have dedicated several posts to mud volcanoes on this blog, especially when Lusi started erupting on May 29th, 2006 in Sidoarjo Regency (Indonesia). The eruption intensified and the mud started to spread over the fields, forcing the evacuation of many residents. Weeks passed, and the spreading mud engulfed entire villages. The Indonesian government began to build levees to contain the mud and stop the spread. When the mud overtopped these levees, they built new ones behind the first set. The government eventually succeeded in stopping the mud’s advance, but not before the flows had wiped out a dozen villages and forced 60,000 people to relocate.

Eruptions of other mud volcanoes are observed in Azerbaijan, Colombia, Trinad and Tobago or Guatemala. Closer to Fra,ce, some of the best known mud volcanoes are located in Sicily ; they are the Maccalube di Aragona. In September 2014, the sudden explosion of one of these volcanoes engulfed a man and two children aged 7 and 9. The man, aged 46, managed to get out of the mud but his seven-year-old daughter was already dead when she was able to be removed quickly. Her brother, aged 10, was found only 7 hours later and was dead.

Les volcans de boue // Mud volcanoes

L’événement a défrayé la chronique en 2006 mais aujourd’hui il est tombé dans l’oubli et personne ne parle plus d’une catastrophe environnementale qui a eu lieu le 29 mai 2006 dans la régence de Sidoarjo en Indonésie. Au cours de la nuit, le sol s’est rompu et le matin les habitants ont vu des nuages de vapeur qui montaient dans le ciel. Pendant les semaines suivantes, de l’eau, de la boue brûlante et du gaz naturel ont pris le relais de la vapeur. L’éruption s’est intensifiée et la boue a commencé à se répandre sur les champs, entraînant l’évacuation de nombreux habitants. Les semaines ont passé et la boue a englouti des villages entiers. Le gouvernement indonésien a commencé à construire des digues pour contenir cette boue et arrêter sa propagation. Lorsque la boue a recouvert les premières digues, il a fallu en construire de nouvelles. Le gouvernement a finalement réussi à arrêter l’avancée de la boue, mais les coulées avaient anéanti une douzaine de villages et obligé 60 000 personnes à partir.
Aujourd’hui, plus de 16 ans plus tard, l’éruption de Lusi continue, mais à un rythme beaucoup plus lent. La boue couvre une superficie d’environ 7 kilomètres carrés et est contenue derrière une série de digues d’une hauteur pouvant atteindre 30 mètres.
La catastrophe environnementale s’est accompagnée de batailles judiciaires visant à retrouver les coupables. Le début de l’éruption a eu lieu à proximité d’un puits de forage de gaz et tous les regards se sont tournés vers la compagnie pétrolière responsable du forage – Lapindo Brantas. Selon cette société, l’éruption était naturelle; elle avait été déclenchée par un séisme qui s’était produit plusieurs jours auparavant. En 2009, la Cour suprême indonésienne a rejeté les accusations de négligence dirigées contre l’entreprise. La même année, la police a abandonné les poursuites contre Lapindo Brantas et plusieurs de ses employés, invoquant un manque de preuves. Bien que les procès fassent partie du passé, le débat se poursuit, avec des groupes de recherche internationaux qui essayent de faire la lumière sur la – ou les – cause(s) de cet événement.

Lusi – une contraction de Lumpur Sidoarjo, qui signifie « boue de Sidoarjo » – est un exemple parfait de volcan de boue. Ces volcans se forment lorsqu’un ensemble de boue, de fluides et de gaz éclate à la surface de la Terre. Dans de nombreux cas, la boue remonte assez doucement à la surface, La surpression s’intensifie à l’intérieur de la Terre lorsque les fluides souterrains sont incapables de s’échapper sous le poids des sédiments sus-jacents. Les surpressions sont souvent observées lors de forages pétroliers et gaziers et sont généralement prévues. Le principal moyen utilisé pour gérer les surpressions consiste à remplir le puits de forage avec une boue de forage dense dont le poids suffit pour contenir les surpressions. En revanche, si le puits est foré avec un poids de boue insuffisant, le fluide en surpression peut se précipiter dans le puits de forage et exploser à la surface, entraînant une éruption spectaculaire. De telles éruptions se sont produites en 1901 au Texas et en 2010 dans le golfe du Mexique. Lors de ces événements, c’était du pétrole, et non de la boue, qui jaillissait des puits. Les éruptions peuvent être violentes et même tuer des personnes se trouvant à proximité, comme cela s’est produit dans les Macalube di Aragona (Sicile) en septembre 2014. De plus, la majeure partie du gaz émis par un volcan de boue est du méthane, qui est très inflammable et génère des éruptions de feu spectaculaires comme celle d’Otman Bozdagh en Azerbaïdjan :
https://youtu.be/FjzYUdlSs5w
Les volcans de boue sont utiles aux scientifiques car ce sont des fenêtres permettant de savoir ce qui se passe dans les profondeurs de la Terre. Ils peuvent faire remonter des matériaux situés jusqu’à 10 kilomètres sous la surface. Leur chimie et leur température peuvent fournir des informations utiles sur les processus profonds à l’intérieur de la Terre. Par exemple, l’analyse de la boue de Lusi a révélé que l’eau était chauffée par une chambre magmatique souterraine associée au complexe volcanique voisin d’Arjuno-Welirang.
Source : The Conversation, Yahoo Actualités.

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The event made the headlines in 2006 but today it is forgotten and nobody tells about this environmental disaster. On May 29th, 2006 in Sidoarjo Regency (Indonesia), the ground ruptured overnight and spewed out steam. In the following weeks, water, boiling-hot mud and natural gas were added to the mixture. When the eruption intensified, mud started to spread over the fields, forcing the evacuation of many residents. Weeks passed, and the spreading mud engulfed entire villages. The Indonesian government began to build levees to contain the mud and stop the spread. When the mud overtopped these levees, they built new ones behind the first set. The government eventually succeeded in stopping the mud’s advance, but not before the flows had wiped out a dozen villages and forced 60,000 people to relocate.

Today, more than 16 years after the eruption began, the Lusi structure in Indonesia continues to erupt, but at a much slower rate. Its mud covers a total area of roughly 7 square kilometers and is contained behind a series of levees that have been built up to a height of 30 meters.

The evironmental disaster was accompanied by legal battles aimed at finding the culprits. The initial rupture occurred close to a drilling gas exploration well, which led to accusations that the oil company responsible for the well – Lapindo Brantas – was at fault. The operator of the well countered that the eruption was natural, triggered by an earthquake that had occurred several days earlier. In 2009, the Indonesian supreme court dismissed a lawsuit charging the company with negligence. The same year, police dropped criminal investigations against Lapindo Brantas and several of its employees, citing a lack of evidence. Although the lawsuits have been settled, the debate continues, with international research groups lining up on both sides of the dispute.

The Indonesian Lusi structure – a contraction of Lumpur Sidoarjo, meaning “Sidoarjo mud” – is an example of a geological feature known as a mud volcanoes. They form when a combination of mud, fluids and gases erupt at the Earth’s surface. Overpressure within the Earth builds up when underground fluids are unable to escape from beneath the weight of overlying sediments. Overpressures are commonly encountered during drilling for oil and gas and are typically planned for. A primary way of dealing with overpressures is to fill the wellbore with dense drilling mud, which has sufficient weight to contain the overpressures. If the well is drilled with insufficient mud weight, any overpressured fluids can rush up the wellbore to explode out at the surface, leading to a spectacular blowout. Famous examples of blowouts occurred in1901 in Texas and in 2010 in the Gulf of Mexico. In those cases it was oil, not mud, that burst out of the wells .In most cases the mud bubbles up to the surface rather quietly. But sometimes the eruptions are quite violent and may even kill people standing close by as this happened at the Macalube di Aragona (Sicily) in September 2014. Furthermore, most of the gas coming out of a mud volcano is methane, which is highly flammable. This gas can ignite, creating spectacular fiery eruptions like the one at Otman Bozdagh in Azerbaijan :

https://youtu.be/FjzYUdlSs5w

Mud volcanoes are useful to scientists as windows into conditions deep inside the Earth. They can involve materials from as deep as 10 kilometers below the Earth’s surface, so their chemistry and temperature can provide useful insights into deep-Earth processes. For example, analysis of the mud erupting from Lusi has revealed that the water was heated by an underground magma chamber associated with the nearby Arjuno-Welirang volcanic complex.

Source : The Conversation, Yahoo News.

 

Lusi: une catastrophe humaine, écologique et économique  (Crédit photo:  Wikipedia)

Volcan de boue dans les Macalube di Aragona (Photo: C. Grandpey)

La source de Lusi, le volcan de boue ? // The source of the Lusi mud volcano ?

On en parle très peu aujourd’hui, mais plus de dix ans après le début de la catastrophe, le volcan de boue indonésien Lusi déverse toujours des flots de boue sur l’île indonésienne de Java. Au pire moment, Lusi vomissait 170 000 mètres cubes de boue par jour. Certains villages ont été ensevelis sous 40 mètres de fange. Quelque 60 000 personnes ont dû abandonner leurs maisons et 13 ont été tuées.
Une étude publiée dans le Journal of Geophysical Research de l’American Geophysical Union affirme que la source de ce déversement incessant de boue a été trouvée. Une équipe de chercheurs norvégiens, suisses et indonésiens explique que le volcan de boue n’a pas cessé son activité parce qu’il est relié à un système volcanique qui se trouve à proximité.
La compréhension du fonctionnement de Lusi serait d’un grand intérêt pour les volcanologues. En effet, d’un point de vue géologique, Lusi est un phénomène très récent qui peut permettre de comprendre comment évoluent les volcans, les systèmes hydrothermaux et les geysers.
Les volcans de boue et ceux qui émettent de la lave se trouvent souvent dans les zones de subduction, et l’Indonésie en fait partie. S’agissant des volcans qui émettent de la lave, le magma à très haute température monte constamment vers la surface et permet aux volcans de la région de demeurer actifs. Inversement, les volcans de boue se forment généralement lorsque des gaz tels que le méthane et le dioxyde de carbone s’accumulent en créant une pression qui se libère violemment. Selon la nouvelle étude, Lusi est à la fois un volcan de boue et un système hydrothermal, autrement dit une formation géologique qui libère du gaz.

Les chercheurs pensent que le complexe volcanique d’Arjuno-Welirang, une chaîne volcanique à l’est de Java, est responsable de la naissance de Lusi. En effet, les échantillons de gaz expulsés par ce dernier sont similaires aux éléments chimiques que l’on observe généralement dans le magma. L’étude explique que pendant des années avant l’éruption, le magma du complexe volcanique Arjuno-Welirang a «cuit» les sédiments sous Lusi en générant une pression continue.
Le lien entre Lusi et Arjuno-Welirang a également été démontré par l’utilisation de la tomographie qui permet d’imager des structures tridimensionnelles. Les chercheurs ont disposé 31 sismomètres et ont découvert que, dans la chambre magmatique la plus au nord du complexe Arjuno-Welirang, il y a un tunnel qui alimente le bassin sédimentaire de Lusi.
La nouvelle étude a toutefois été critiquée par d’autres chercheurs qui pensent que les données ne montrent pas suffisamment que le tunnel d’Arjuno-Welirang est lié à Lusi. Ils font également remarquer que l’étude ne compare pas ses résultats aux images à résolution beaucoup plus élevée proposées par les analyses sismiques en 2D de l’industrie pétrolière. Ils ajoutent que des études supplémentaires auraient pu être effectuées pour comparer et valider les résultats, ce qui est recommandé en tomographie car cette technologie est fréquemment source d’erreurs.
La cause de la coulée de boue dévastatrice a été l’objet de nombreux débats au cours de la dernière décennie. Les scientifiques sont assez d’accord pour dire que toute cette pression a été générée par l’activité sismique, mais il n’y a pas de consensus sur l’origine exacte de cette activité. Une étude publiée en 2007 a prétendu que l’éruption du volcan de boue a été causée par un puits de gaz exploratoire qui a perforé des roches à 2 800 mètres sous la surface. Une autre étude indique qu’un séisme de magnitude M 6.3 survenu à plusieurs kilomètres de là, quelques jours avant Lusi, près de la ville de Yogykarta, a provoqué la catastrophe.
Quelle que soit la cause exacte, de nombreuses études montrent que le volcan de boue Lusi a encore de beaux jours devant lui.

Source: Presse scientifique américaine.

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Very little is said today about it, but more than ten years after the disaster started, Indonesian mud volcano Lusi is still spewing rivers of mud on the Indonesian island of Java. At its peak, the region was churning out over 170,000 cubic metres of mud every day. Some villages have been buried in as much as 40 metres of mud. Some 60,000 people have had to abandon their homes, and 13 people have been killed.

A study, published in the American Geophysical Union’s Journal of Geophysical Research, affirms that the source of this relentless flow of mud has been found. A team of researchers from Norway, Switzerland, and Indonesia say the mud volcano has not stopped oozing because it is connected to a nearby volcanic system.

Understanding how Lusi happened can tell volcanologists quite a lot. In terms of geological formations, Lusi is a new-born phenomenon, and thus allows scientists to understand how systems like volcanoes, hydrothermal vents, and geysers evolve.

Mud volcanoes and igneous volcanoes often both appear in subduction zones and Indonesia is one of them. As a consequence, hot magma is constantly rising to the surface and keeping the region’s volcanoes active. Conversely, mud volcanoes typically form when gases such as methane and carbon dioxide build up pressure that is released violently. According to the new study, Lusi is both a mud volcano and a hydrothermal vent, a geological formation that releases gas.

Researchers say the Arjuno-Welirang volcanic complex, a string of volcanoes in East Java, is to blame. Indeed, samples of the gas expelled by Lusi were similar to chemicals typically found in magma. The study explains that for years before the eruption, magma from Arjuno-Welirang had been « baking » the sediment lying under Lusi and continuously building pressure.

Connections between Lusi and Arjuno-Welirang were also made by the researchers’ use of tomography which allows to image three dimensional structures. Researchers laid out 31 seismometers and found that in the northernmost magma chamber of Arjuno-Welirang, there is a tunnel that feeds Lusi’s sediment basin.

The new study has criticisms from researchers who do not believe the data sufficiently shows the Arjuno-Welirang tunnel is linked to Lusi. These say the study does not compare its results to the far higher resolution images available from 2D petroleum industry reflection seismic surveys. They add that the additional surveys could have been used to compare and validate results, which is a useful tool in tomography because it can frequently produce errors.

Exactly how the dangerous mudflow began has been debated heavily in the past decade. Scientists are pretty united in saying all this pressure was generated by seismic activity, but there is not a consensus on the exact origin of this activity.

One study released in 2007 claimed the deadly eruption was caused by an exploratory gas well that punctured rock 2,800 metres below the surface. Another study suggests that an M 6.3 earthquake that occurred several days prior kilometres away from Lusi near the city of Yogykarta triggered the mud disaster.

Regardless of the exact cause, many studies show that Lusi shows no indication of stopping any time soon.

Source : U.S. scientific press.

Lusi: un désastre environnemental  (Crédit photo: Wikipedia)