Aujourd’hui, nous ne sommes pas capables de prévoir les éruptions ou les séismes, mais nous sommes en mesure d’expliquer ce qui s’est passé, des semaines après ces événements. Santorin (Grèce) illustre parfaitement l’approche actuelle de la volcanologie et de la sismologie.

Source: NASA
Une importante série de séismes a secoué la mer Égée entre janvier et mars 2025. À l’époque, personne ne savait ce qui avait provoqué les secousses qui ont contraint de nombreux habitants à fuir la région. Aujourd’hui, des mois plus tard, nous sommes capables d’affirmer que cette sismicité n’était pas due à un mouvement de faille, comme les scientifiques le craignaient initialement, mais à des remontées de magma à travers la croûte terrestre sous la région de Santorin. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Science le 20 novembre 2025. Ces travaux viennent compléter une étude précédente publiée dans la revue Nature et que j’avais synthétisée dans une note parue le 27 septembre dernier :

Source : TW/SAM, Google
Rappelons qu’en l’espace de huit semaines, plus de 25 000 séismes ont frappé les îles de Santorin et d’Amorgos, dont des centaines suffisamment puissants pour être ressentis par les habitants et les touristes. Leur magnitude a souvent dépassé M4,5, ce qui a incité les autorités à déclarer l’état d’urgence. Pendant des semaines, les scientifiques ont débattu pour savoir si cette activité annonçait une éruption imminente à Santorin ou à Kolumbo, le volcan sous-marin voisin.

Accrochées aux falaises de la caldeira de Santorin, les maisons sont sous la menace de la sismicité régionale (Crédit photo: Wikipedia)
Lorsque des chercheurs de l’University College London et de l’Université Aristote de Thessalonique ont réanalysé les données sismiques, ils ont découvert que les séismes ne provenaient pas de failles, mais de dykes se propageant horizontalement dans la croûte terrestre à une profondeur de 9,5 à 14,5 km. Ces dykes ont progressé par à-coups, et chaque poussée de magma déclenchait des milliers de petits séismes qui se sont propagés sur une distance de 20 à 30 km. L’équipe scientifique estime que l’intrusion magmatique représentait un volume d’environ 500 millions de mètres cubes.
Les intrusions provenaient d’un réservoir magmatique reliant la caldeira de Santorin au volcan Kolumbo. Pourtant, malgré sa force, le magma n’avait pas la fluidité nécessaire pour percer la surface. Cette découverte a rassuré les volcanologues et les habitants de la région : une éruption n’était pas imminente. L’étude a utilisé les dernières techniques d’apprentissage automatique pour analyser et relocaliser plus de 25 000 séismes enregistrés par les sismomètres dispersés dans la région. Cette approche a révélé comment la croûte terrestre s’est déformée et fracturée sous l’effet de la remontée du magma. En comparant les données sismiques aux mesures GPS, les chercheurs ont confirmé un léger bombement du sol, compatible avec la remontée du magma à travers la croûte sans qu’il atteigne la surface. Ensemble, ces données ont permis d’obtenir l’une des images les plus détaillées jamais réalisées d’une intrusion magmatique en temps réel.
Cette étude représente l’une des applications les plus intéressantes de l’intelligence artificielle en volcanologie à ce jour. En entraînant des algorithmes à identifier et à relocaliser précisément les signaux sismiques, les scientifiques ont pu reconstituer les trajectoires du magma avec une remarquable précision. Cette même approche pourrait bientôt permettre aux scientifiques de contrôler les essaims magmatiques en temps réel, et ainsi de donner l’alerte dès que le magma commence à se déplacer sous les volcans. Puisque la méthode repose uniquement sur des données sismiques, elle est particulièrement utile pour les systèmes sous-marins comme le Kolumbo, où le GPS et l’imagerie satellitaire peinent à détecter les déformations du sol.
Source : The Watchers et l’étude mentionnée ci-dessus, disponibles à cette adresse :
https://www.ucl.ac.uk/news/2025/nov/cause-santorini-earthquake-swarm-uncovered
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Today, we are not able to predict eruptions or earthquakes, but we are able to explain what happened, weeks after these events.What happened in Santorini (Greece) is a good example of the current approach of volcanology and seismology.
A significant sismic swarm rattled the Aegean Sea between January and March 2025. At the time, nobody could say wghat caused th event that pushed many residents to flee the region. Today, months later, we are able to say that the seismicity was not caused by fault movement, as scientists first feared, but by waves of magma slicing through the crust beneath Santorini. This is what reveals a study published in Science on November 20, 2025. This research complements a previous study published in the journal Nature, which I summarized in a post published on September 27th:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2025/09/27/les-causes-de-la-crise-sismique-a-santorin-grece-causes-of-the-seismic-crisis-in-santorini-greece/
Remember : over a span of eight weeks, more than 25 000 earthquakes struck between Santorini and Amorgos Islands, with hundreds strong enough to be felt by residents and tourists. Their magnitudes frequently exceeded M4.5, prompting local authorities to declare a state of emergency. For weeks, scientists debated whether this activity signaled a rising eruption at Santorini or Kolumbo, the nearby underwater volcano.
When researchers from University College London and Aristotle University of Thessaloniki reanalyzed the seismic data, they found that the earthquakes came not from faults slipping but from dikes cutting horizontally through the crust about 9.5–14.5 km deep. These dikes advanced in pulses, with each pulse of magma triggering thousands of small quakes that propagated across a 20–30 km stretch of crust. The scientific team estimates the intruded magma’s volume at roughly 500 million cubic meters.
The intrusions shot outward from a magma reservoir connecting Santorini’s caldera to Kolumbo volcano. Yet, despite its force, the magma lacked the buoyancy to break through the surface. This discovery reassured volcanologists and local residents that an eruption was never imminent.
The study used advanced machine learning to analyze and relocate more than 25 000 earthquakes recorded by regional seismometers. This approach revealed how the crust flexed and cracked as magma surged through it. By comparing seismic data with GPS satellite measurements, the researchers confirmed that the ground had bulged slightly upward, consistent with magma forcing its way through the crust without reaching the surface. These combined data offered one of the most detailed views ever obtained of a magmatic intrusion in real time.
This research marks one of the most sophisticated applications of artificial intelligence in volcanology to date. By training algorithms to identify and precisely relocate earthquake signals, scientists could reconstruct the subsurface magma pathways with remarkable accuracy. The same approach could soon allow scientists to monitor swarms as they happen, providing early warnings when magma starts moving beneath volcanoes. Because the method relies only on seismic data, it is particularly useful for underwater systems like Kolumbo, where GPS and satellite imaging cannot easily detect ground deformation.
Source : The Watchers and the above-mentioned study available at this address :
https://www.ucl.ac.uk/news/2025/nov/cause-santorini-earthquake-swarm-uncovered


