Les volcans de la Grande Ile d’Hawaii // Big Island volcanoes

drapeau-francaisLe dernier article d’une série consacrée aux volcans hawaiiens et diffusée par l’Observatoire des Volcans d’Hawaii (le HVO) est consacré à la Grande Ile d’Hawaï qui est constituée de cinq principaux édifices. Du plus vieux au plus jeune, ce sont le Kohala, le Hualalai, le Mauna Kea, le Mauna Loa et le Kilauea.
Un sixième volcan est moins connu. Il a pour nom Mahukona et se trouve à quelques kilomètres au large de la côte nord-ouest de l’île. Ce volcan sous-marin est le plus ancien des édifices qui forment l’ensemble de la Grande Ile d’Hawaï. Sa dernière éruption remonte à environ 300 000 ans.
Comme je l’ai écrit dans une note précédente (le 2 décembre 2015), le Kohala est entré en éruption il y a un peu plus d’un million d’années. La zone de rift SE de ce volcan se prolonge sous le Mauna Kea et continue au large vers l’Hilo Ridge. Le Kohala est couronné d’un bouclier de lave âgé de seulement 120 000 ans. Une réactivation du Kohala ne serait pas une aberration dans les années à venir, peut-être même dans des millions d’années, comme ce fut le cas sur les îles d’Oahu et Kauai.
Le Mauna Kea est légèrement plus jeune que le Kohala. Sa plus récente éruption s’est produite il y a environ 4.500 ans.
Le Hualalai doit être étroitement surveillé, car il est entré en éruption il y a seulement 215 ans (en 1801) et il se dresse au-dessus de nombreuses zones habitées le long de la côte de Kona.
Le Mauna Loa est le plus grand volcan actif sur Terre. Sa plus récente éruption a été observée en Mars 1984. Il entrera certainement de nouveau en éruption, et nous verrons probablement la prochaine de notre vivant. En ce moment, le volcan connaît une phase de gonflement sous la poussée du magma.
Le Kilauea montre une activité éruptive persistante. Il s’est souvent manifesté au cours des derniers siècles et émet de la lave de manière quasiment constante depuis 1983. L’histoire éruptive du Kilauea révèle que le volcan alterne les périodes d’activité explosive et celles dominées par des éruptions effusives.
Bien que ne faisant pas encore partie de l’île, un autre volcan sous-marin – Loihi – mérite d’être signalé. Il se trouve à une trentaine de kilomètres au large de la côte sud de l’île d’Hawaï et son sommet est à environ 990 mètres sous le niveau de la mer. La croissance vers le large du Kilauea et du Mauna Loa, parallèlement à celle du Loihi, pourrait finir par relier ces volcans au-dessus du niveau de la mer.

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drapeau anglaisThe latest of a series of articles by the Hawaiian Volcano Observatory is dedicated to the Island of Hawaii which is made up of five main volcanoes. From oldest to youngest, they are Kohala, Hualalai, Mauna Kea, Mauna Loa, and Kilauea.
Less well known is a sixth volcano – Mahukona – which is located just off the island’s northwest coastline. This submarine volcano is the oldest of the volcanoes that form the mass of Hawaii. It last erupted about 300,000 years ago.
As I put it in a previous post (December 2nd 2015), Kohala began erupting just over one million years ago. The SE rift zone of this volcano extends beneath Mauna Kea and continues as the offshore Hilo Ridge. Kohala is capped by a lava shield as young as about 120,000 years. Rejuvenated eruptions might occur in the future, perhaps even millions of years from now, as has occurred on the islands of Oahu and Kauai.
Mauna Kea is slightly younger than Kohala, with its most recent eruption around 4,500 years ago.
Hualalai is of more concern, because it erupted just 215 years ago (in 1801) and looms above numerous towns along the island’s Kona coast.
Mauna Loa is the largest active volcano on Earth. Its most recent eruption was in March 1984. It will certainly erupt again, and the odds are that many of us will live to see it. Even now, the volcano is inflating as magma accumulates beneath it.
Kilauea shows a persistent eruptive activity. The volcano has often erupted for the past several hundred years and has produced a nearly steady stream of lava since 1983.
Geologic investigations of Kilauea’s past reveal that the volcano alternates periods of explosive activity and others dominated by effusive eruptions.
Although not yet part of the island, another submarine volcano – Loihi – is worth mentioning. The volcano is currently 30 kilometres off the south coast of the Island of Hawaii and about 990 metres below sea level. Seaward growth of Kilauea and Mauna Loa, coupled with the growth of Loihi as the volcano matures, may eventually connect the volcanoes above sea level.

Mauna-Kea-vue-generale

Mauna Loa General

Vues du Mauna Kea et du Mauna Loa (Photos: C. Grandpey)

Kohala: Un volcan discret à Hawaii // An unobtrusive volcano at Hawaii

drapeau-francaisLe Kohala n’est pas le plus connu des volcans hawaïens. Très peu de touristes le visitent sur la Grande Ile. Ils préfèrent s’attarder sur le Kilauea, le Mauna Loa ou le Mauna Kea qui sont beaucoup plus populaires. La dernière éruption du Kohala a eu lieu il y a plus de 65 000 ans.
Le volcan présente une forme allongée du nord-ouest au sud-est, comme tous les volcans d’Hawaï, en raison du mouvement de la plaque Pacifique au-dessus d’un point chaud.
On a longtemps pensé que la dorsale formée par le Kohala avait été édifiée par des éruptions le long d’une zone de rift du Mauna Kea. Cependant, en observant des roches le long de Hilo Ridge, la dorsale de Hilo, les scientifiques ont découvert que leur composition chimique n’était pas compatible avec la matière éruptive émise par le Mauna Kea et qu’elle s’apparentait davantage à celle du Kohala.
Il y a entre 250 000 et 300 000 ans, une énorme avalanche a emporté toute la partie nord-est du flanc du volcan sur plus de 20 km le long du littoral. Les débris d’avalanche se sont répandus sur plus de 130 km vers le large. Les effets de cette avalanche sont encore visibles aujourd’hui dans les falaises abruptes de la côte est de Kohala (voir photo ci-dessous).
En 1964, les scientifiques qui étudiaient le Mauna Loa et le Kohala ont réalisé que les deux volcans avaient connu de grosses avalanches. En 2004, une équipe de recherche a constaté qu’une grande avalanche historique sur le flanc ouest du Mauna Loa avait également laissé sa marque sur le Kohala. Quelques années plus tard, un groupe de scientifiques a revisité un dépôt de fossiles découvert sur le flanc supérieur du Kohala dans les années 1930. Ils ont trouvé que l’âge des fossiles correspondait à celui d’une terrasse de corail située au large et datant de la même période de temps. Il correspondait aussi à l’âge de produits d’une grosse avalanche du Mauna Loa il y a 120 000 ans. Ils en ont déduit que le glissement de terrain du Mauna Loa avait probablement déclenché un méga-tsunami qui avait délogé des morceaux de corail et les avait emportés sur près de 7 km à l’intérieur des terres et à 480 mètres de hauteur sur le flanc du Kohala.
L’une des caractéristiques du Kohala est la longueur des pauses entre ses éruptions, en particulier au cours de la phase post-bouclier. De plus, les laves post-bouclier du Kohala ont des quantités relativement élevées de phosphore, ce qui est unique dans le domaine des volcans hawaïens. Ceci est important car le phosphore est l’un des éléments nutritifs dont les plantes ont besoin pour croître. Les études archéologiques ont découvert que les premiers Hawaïens avaient détecté certaines zones riches en phosphore le long des coulées de lave, ce qui leur permettait de mieux cultiver les plantes. Sur le côté sec du volcan qui possède de vieilles coulées de lave riches en phosphore, les archéologues ont trouvé des preuves historiques de vastes systèmes agricoles sur terres arides.
Aujourd’hui, la région du Kohala dispose d’un réseau hydrologique complexe. Au début du 20ème siècle, afin d’exploiter les ressources hydrologiques de la montagne, des canaux d’irrigation ont été construits afin de prélever l’eau au sommet et la transporter pour satisfaire les besoins de l’industrie cannière. En 1905, le Kohala Ditch, un vaste réseau de conduits mesurant 35 kilomètres de long, a été mené à son terme. Il est actuellement exploité par les ranchs, les fermes et les résidences. Une portion de cet ouvrage est devenue une attraction touristique jusqu’à ce qu’il soit endommagé par le séisme de 2006. L’Hawaii County Department of Water Supply, en charge de l’approvisionnement en eau du Comté d’Hawaii, s’appuie sur les ressources en eau du Kohala pour alimenter toute la population de l’île. Avec la demande croissante, les canaux ont été complétés par des puits profonds conçus pour canaliser les eaux souterraines à usage domestique.
Adapté d’un article paru dans West Hawaii Today.

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drapeau-anglaisKohala is not the best-known of Hawaiian volcanoes. Very few people visit it on the Big Island. They usually prefer to stay on Kilauea, Mauna Loa or Mauna Kea which are far more popular. Kohala volcano last erupted more than 65,000 years ago.
The volcano has an elongate shape running northwest to southeast, like all Hawaiian volcanoes, due to the movement of the Pacific plate above a hotspot.
It has long been thought that Kohala’s ridge was built by eruptions along a rift zone of Mauna Kea. However, after dredging rocks along Hilo Ridge, scientists discovered their chemical compositions were not consistent with eruptive material from Mauna Kea, but instead more closely matched Kohala’s.
Between 250,000 and 300,000 years ago, a huge avalanche consumed a slice of the volcano’s northeast flank more than 20 km wide at the shoreline. The debris spilled more than 130 km out and onto the ocean floor. The lasting effects can still be seen today in the sheer cliff walls of the windward Kohala shoreline (see photo below).
In 1964, scientists studying Mauna Loa and Kohala realized they both had experienced large avalanches. In 2004, a research team found that a large historical avalanche on the western flank of Mauna Loa also left its mark on Kohala. An international group of scientists revisited a fossil deposit first found high on Kohala’s flanks in the 1930s. They found the age of the fossils matched an offshore coral terrace from the same time period, as well as the timing of Mauna Loa’s huge avalanche 120,000 years ago. This led them to surmise that Mauna Loa’s landslide likely triggered a mega-tsunami that dislodged the coral pieces and swept them almost 7 km inland and 480 metres up the side of Kohala.
Owing to its age, one of the unique things about Kohala is there is a long time break between eruptions, particularly during the post-shield phase. One remarkable feature of Kohala’s later lavas, the post-shield lavas, have reasonably high amounts of the mineral phosphorous in them and this is unique to Hawaiian volcanoes. This is significant because phosphorous is one of the nutrients plants need to grow. Archaeological studies have found that early Hawaiians recognized certain areas along the lava flows that allowed them to cultivate better plants. On the dry side of the volcano that had the older phosphorous-rich flows, archaeologists have found evidence of extensive historical dryland agricultural systems
Today, Kohala supports a very complex hydrological cycle. In the early part of the 20th century, this was exploited by building surface irrigational channels designed to capture water at the higher elevations and distribute it to the then-extensive sugarcane industry. In 1905, the Kohala Ditch, a vast network of ditches, measuring 35 km in length, was completed. It has since come into use by ranches, farms, and homes. A portion of the ditch became a tourist attraction until it was damaged by the 2006 Hawaii earthquake. The Hawaii County Department of Water Supply relies on streams from Kohala to supply water to the population of the island. With increasing demand, the original surface channels have been supplemented by deep wells designed to channel groundwater for domestic use.
Adapted from an article in West Hawaii Today.

Kohala 01

Sommet du Kohala

Kohala 03

Falaises de la côte est

Kohala 02

Exemple d’agriculture sur le Kohala

(Photos: C. Grandpey)