Les caprices du vortex polaire (suite) // The whims of the polar vortex (continued)

Après une première quinzaine de janvier 2023 inhabituellement chaude en France, avec un manque cruel d’enneigement dans les stations de sports d’hiver, il semble que le temps se refroidisse, mais sans atteindre les basses températures auxquelles on pourrait s’attendre en cette saison.
La France n’est pas le seul pays concerné par la météo un peu folle qui prévaut actuellement. Certaines parties de l’est du Canada connaissent des températures exceptionnellement chaudes. Certaines villes canadiennes sont en train de connaître l’hiver le plus chaud de leur histoire. Toronto pourrait bien connaître son premier hiver avec une température moyenne au-dessus de zéro.
Dans le même temps, des températures extrêmement froides sont enregistrées en Sibérie avec -62,4°C à Tongulakh le 14 janvier. Il s’agit de la température la plus froide sur Terre enregistrée en 2023. C’est également la température la plus froide en Russie depuis plus d’une décennie. Par comparaison, cette température n’est qu’à 0,3°C de la température moyenne sur la planète Mars et gèlerait en quelques secondes une peau qui serait exposée à un tel froid.
Cette situation surprenante est due à la situation globale sur la planète. Une fois encore, le responsable est le vortex polaire. Le vortex présente des ondulations prononcées (voir image ci-dessous) et se brise parfois, permettant à des langues d’air froid de se déplacer vers des latitudes plus basses. Le noyau du vortex polaire séjourne actuellement sur la Russie, ce qui explique la température extrême enregistrée à Tongulakh. En revanche, cette situation envoie de l’air doux à travers le Canada.
Le jet-stream (ou courant-jet) zonal du Pacifique a maintenu ces conditions pendant une période prolongée, mais les modèles de prévisions à longue portée entrevoient des changements. Selon ces modèles, vers la fin du mois de janvier, le courant-jet tend vers un schéma amplifié. C’est le signe d’une arrivée de froid arctique plus intense vers le sud, au-dessus du Canada. Cette prévision doit, bien sûr, être confirmée.
Source : The Weather Network.

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After a first fortnight of January 2023 unusually warm in France , with a severe lack of snow in winter sport resorts, it looks as if the weather is getting colder, but noth with the low temperatures one could expect in this season.

France is not the only concerned with the current crazy weather. Parts of eastern Canada are experiencing unusually warm temperatures. Canadian cities are on pace for the warmest winter on record. Toronto could see its first winter with an average temperature above freezing.

Meantime, extremely cold temperatures are recorded in Siberia with an astonishing -62.4°C in Tongulakh on January 14th. This was Earth’s coldest temperature recorded in 2023. It was also the coldest temperature Russia has experienced in over a decade. For perspective, this temperature is a mere 0.3°C from the average temperature on Mars and would freeze exposed skin in seconds.

This surprising situation comes down to the global pattern. The polar vortex is showing pronounced ondulations (see image below) and sometimes breaks open, allowing tongues of cold air to travel to lower latitudes. The core of the polar vortex has currently taken an extended vacation in Russia, ushering in this extreme cold and sending mild air across Canada.

The recent zonal Pacific jet stream has kept these conditions in place for a prolonged period, but long-range models hint that change is coming. Closing out the month of January, the jet stream trends into an amplified pattern. This is a signal for a more active pattern and gives extreme arctic cold more opportunities to travel south over Canada.

Source : The Weather Network.

Source : The Weather Network

Réchauffement climatique : 2022 une année de catastrophes // Global warming : 2022 a disaster year

L’année 2022 restera dans les annales aux États-Unis pour ses inondations et ses tempêtes dévastatrices, ainsi que pour ses vagues de chaleur et ses sécheresses extrêmes. 2022 s’est terminée avec une tempête de neige encore jamais vue dans certaines régions du pays.
En octobre 2022, les États-Unis avaient connu depuis le début de l’année 15 catastrophes causant chacune plus d’un milliard de dollars de dégâts.

Source : NOAA

L’année a commencé et s’est terminée par de violentes tempêtes hivernales du Texas au Maine, affectant des dizaines de millions de personnes et causant des dégâts importants. Le mois de mars a établi le record du nombre de tornades avec 233 événements.
Au cours d’une période de cinq semaines au cours de l’été 2022, cinq événements majeurs de précipitations se sont produits à Saint-Louis, dans l’est du Kentucky, dans le sud de l’Illinois, dans la Vallée de la Mort en Californie et à Dallas (Texas), provoquant des crues dévastatrices et parfois mortelles. De graves inondations dans le Mississippi ont perturbé l’approvisionnement en eau pendant des semaines dans certaines régions. Une inondation historique dans le Montana, provoquée par de fortes pluies et la fonte des neiges a entraîné l’évacuation de plusieurs portions du Parc national de Yellowstone.
À l’automne, les ouragans Ian et Fiona ont provoqué des précipitations extrêmes et des ondes de tempête meurtrières en Floride et Porto Rico. Ian est devenu l’un des ouragans les plus destructeurs de l’histoire des États-Unis. Sans oublier le typhon qui a frappé 1 600 km de côtes en Alaska.
Alors que l’on observait un excès de précipitations dans certaines régions, une chaleur extrême et trop peu de précipitations étaient enregistrées ailleurs. Des vagues de chaleur persistantes ont persisté dans de nombreuses régions des Etats Unis, avec des records de température. Des incendies de végétation ont fait rage en Arizona et au Nouveau-Mexique. La sécheresse a également fait baisser le niveau du Mississippi à un tel point près de Memphis en automne que les barges ne pouvaient pas passer sans un dragage préalable et des envois d’eau en amont. Le long du fleuve Colorado, les autorités ont envisagé un renforcement des restrictions d’utilisation de l’eau qui atteignait un niveau critique dans les principaux réservoirs.
Au Pakistan, des pluies de mousson record ont inondé plus d’un tiers du pays, tuant plus de 1 500 personnes. En Inde et en Chine, des vagues de chaleur et des sécheresses prolongées ont asséché les rivières, perturbé les réseaux électriques et menacé la sécurité alimentaire de milliards de personnes. Des inondations à grande échelle et des glissements de terrain provoqués par des pluies torrentielles ont également tué des centaines de personnes en Afrique du Sud, au Brésil et au Nigeria.
En Europe, les vagues de chaleur ont fait apparaître des températures record en Grande-Bretagne et dans d’autres parties du continent, avec de graves sécheresses et des incendies de forêt dans de nombreuses régions comme le sud-ouest de la France. Une grande partie de l’Afrique de l’Est est toujours en proie à une sécheresse pluriannuelle, la pire depuis plus de 40 ans, selon les Nations Unies. Des millions de personnes se retrouvent exposées aux pénuries alimentaires et à la famine.
Contrairement à ce que pensent et ce qu’affirment certains, y compris sur ce blog, 2022 n’a pas été une année exceptionnelle. Ces événements extrêmes se produisent avec une fréquence et une intensité croissantes. Ils sont intensifiés par le réchauffement climatique qui affecte l’ensemble de la planète. La plus récente évaluation du climat dans le monde par le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) a révélé une augmentation significative de la fréquence des températures extrêmes et de l’intensité des précipitations, ce qui entraîne davantage de sécheresses et d’inondations.
Selon une étude publiée en 2022, les inondations et les sécheresses extrêmes deviennent également plus meurtrières et plus coûteuses, malgré une amélioration de notre capacité à gérer les risques climatiques. Cela s’explique en partie par le fait que les événements extrêmes d’aujourd’hui, accentués par le réchauffement climatique, dépassent souvent les capacités de gestion des autorités responsables.
Une grande partie de ce qui se passe aujourd’hui apparaît de manière cohérente dans les modèles climatiques. À mesure que le climat se réchauffe, un changement dans la répartition des températures conduit à davantage d’extrêmes. Par exemple, à l’échelle mondiale, une augmentation de 1 degré Celsius de la température moyenne annuelle correspond à une augmentation de 1,2 °C à 1,9 °C de la température maximale annuelle.
De plus, le réchauffement climatique entraîne des changements de comportement de l’atmosphère et de l’océan. La différence de température entre l’équateur et les pôles est ce qui induit la force des vents. Comme les régions polaires se réchauffent beaucoup plus vite que l’équateur, la plus faible différence de température provoque un affaiblissement global des vents et un jet-stream qui devient plus sinueux.
Certains de ces changements peuvent créer des conditions telles que des systèmes de hautes pressions persistants et un blocage atmosphérique qui entraînent des vagues de chaleur plus intenses. Les dômes de chaleur au-dessus des plaines du sud des États-Unis en juin et dans l’ouest en septembre en sont deux exemples.
Le réchauffement peut également être amplifié encore davantage par des rétroactions positives. Par exemple, des températures plus élevées ont tendance à assécher le sol. Le manque d’humidité du sol réduit la capacité calorifique de la terre, ce qui facilite son réchauffement. Des vagues de chaleur plus fréquentes et persistantes entraînent une évaporation excessive qui, combinée à une diminution des précipitations dans certaines régions, provoque des sécheresses plus intenses et des incendies de forêt plus fréquents
Les températures plus élevées augmentent la capacité de l’atmosphère à retenir l’humidité à un taux d’environ 7 % par degré Celsius. Cette augmentation de l’humidité entraîne des précipitations plus importantes. Même s’il est difficile de lier directement des événements extrêmes spécifiques au réchauffement climatique, lorsque ces événements soi-disant rares se produisent avec une plus grande fréquence dans un monde qui se réchauffe, il est difficile d’ignorer le changement que subit notre climat. 2022 est probablement un aperçu de ce qui nous attend dans un avenir proche car les événements climatiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents.
Source : médias d’information américains.

Il y aura toujours des gens pour dire que les événements extrêmes ne sont pas liés au réchauffement climatiques et ce seront ces mêmes personnes qui brailleront le plus fort le jour où elles en seront elle-mêmes victimes.

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The year 2022 will be remembered across the U.S. for its devastating flooding and storms—and also for its extreme heat waves and droughts. It came to an end with a snowstorm never seen before in some parts of the country.

By October 2022, the U.S. had already seen 15 disasters causing more than $1 billion in damage each. (see map above)

The year started and ended with widespread severe winter storms from Texas to Maine, affecting tens of million of people and causing significant damages. Then, March set the record for the most reported tornadoes in the month, with 233 events.

During a period of five weeks over the summer, five 1,000-year rainfall events occurred in St. Louis, eastern Kentucky, southern Illinois, California’s Death Valley and Dallas, causing devastating and sometimes deadly flash floods. Severe flooding in Mississippi troubled water supply for weeks in some areas. A historic flood in Montana, brought on by heavy rain and melting snow, forcing large areas of Yellowstone National Park to be evacuated.

In the autumn, hurricanes Ian and Fiona deluged Florida and Puerto Rico with extreme rainfall and deadly, destructive storm surges. Ian became one of the most expensive hurricanes in U.S. history. And a typhoon pounded 1,600 km of the Alaska coast.

While too much rainfall threatened some regions, extreme heat and too little precipitation worsened risks elsewhere. Persistent heat waves lingered over many parts of the country, setting temperature records. Wildfires raged in Arizona and New Mexico. Drought also left the Mississippi River so low near Memphis in autumn that barges couldn’t get through without additional dredging and upstream water releases. Along the Colorado River, officials discussed tightening water-use restrictions as water levels neared dangerously low levels in the major reservoirs

In Pakistan, record monsoon rains inundated more than one-third of the country, killing over 1,500 people. In India and China, prolonged heat waves and droughts dried up rivers, disrupted power grids and threatened food security for billions of people. Widespread flooding and mudslides brought on by torrential rains also killed hundreds of people in South Africa, Brazil and Nigeria.

In Europe, heat waves set record temperatures in Britain and other parts of the continent, leading to severe droughts, and wildfires in many parts of the continent. Much of East Africa is still in the grips of a multiyear drought—the worst in over 40 years, according to the United Nations—leaving millions of people vulnerable to food shortages and starvation.

This is not an exceptional year. Such extreme events are occurring with increasing frequency and intensity. They are intensified by the global warming that is affecting the whole planet. The most recent global climate assessment from the United Nations Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) found significant increases in both the frequency and intensity of extreme temperature and precipitation events, leading to more droughts and floods.

According to a study published in 2022, extreme flooding and droughts are also getting deadlier and more expensive, despite an improving capacity to manage climate risks. Part of the reason is that today’s extreme events, enhanced by global warming, often exceed communities’ management capabilities.

Much of what is happening today is well understood and consistently reproduced by climate models. As the climate warms, a shift in temperature distribution leads to more extremes. For example, globally, a 1 degree Celsius increase in annual average temperature is associated with a 1.2°C to 1.9°C increase in the annual maximum temperature.

In addition, global warming leads to changes in how the atmosphere and ocean move. The temperature difference between the equator and the poles is the driving force for global wind. As the polar regions warm at much higher rates than the equator, the reduced temperature difference causes a weakening of global winds and leads to a more meandering jet stream.

Some of these changes can create conditions such as persistent high-pressure systems and atmospheric blocking that bring more intense heat waves. The heat domes over the U.S. Southern Plains and South in June and in the West in September were both examples.

Warming can also be further amplified by positive feedbacks. For example, higher temperatures tend to dry out the soil, and less soil moisture reduces the land’s heat capacity, making it easier to heat up. More frequent and persistent heat waves lead to excessive evaporation, combined with decreased precipitation in some regions, causing more severe droughts and more frequent wildfires

Higher temperatures increase the atmosphere’s capacity to hold moisture at a rate of about 7% per degree Celsius. This increased humidity leads to heavier rainfall events.

Even though it is difficult to link specific extreme events directly to climate change, when these supposedly rare events occur with greater frequency in a warming world, it is hard to ignore the changing state of our climate. 2022 might provide a glimpse of our near future, as these extreme climate events become more frequent.

Source : U.S. News media.

There will always be people who will say that extreme events are not linked to global warming and it will be these same people who will shout the loudest the day when they are victims of these events. .

Evolution des températures (Sources : NOAA, NASA, ERA5, Berkeley Earth)

Glaciers : des chiffres qui donnent le tournis // Glaciers: figures that make you dizzy

2022 ne sera vraiment pas une bonne année pour les glaciers. Ils fondent partout dans le monde et les Alpes ne font pas exception. Cependant, le réchauffement climatique est plus sévère en Europe qui doit faire face à des vagues de chaleur plus intenses que d’autres parties du monde. En conséquence, les glaciers d’Italie, de France, de Suisse, d’Autriche fondent à une allure vertigineuse.
Les glaciers comptent parmi les meilleurs indicateurs du réchauffement climatique, avec des signes de recul qui remontent à un siècle en certains endroits. Les scientifiques ont pu suivre leur évolution à l’aide de photographies anciennes qu’ils ont pu comparer à celles obtenues aujourd’hui avec des méthodes plus modernes.
Les vagues de chaleur qui frappent l’Europe en 2022 et font fondre les glaciers accélèrent leur fréquence trois à quatre fois plus rapidement que dans d’autres parties de l’hémisphère nord. Une étude menée par des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (Allemagne), publiée en juillet 2022, montre que les vagues de chaleur doivent leur fréquence et leur intensité aux changements subis par le jet-stream au cours des dernières décennies. Les auteurs de l’étude ajoutent que les modèles climatiques actuels sous-estiment la vitesse du réchauffement climatique en Europe. On peut lire que « si les modèles ne représentent pas avec précision la variabilité du jet- stream, cela peut entraîner une sous-estimation significative des tendances futures des vagues de chaleur en Europe occidentale ».
En Suisse, environ la moitié de la surface de glace a disparu au cours des 90 dernières années. Dans les Alpes italiennes, environ un tiers de tous les glaciers ont disparu depuis les années 1960. Une grande partie de cette perte est récente et s’accélère. Un inventaire de tous les glaciers des Alpes publié en 2019 a révélé une diminution de leur superficie d’environ 15 % depuis 2003. La vitesse de perte au cours des 10 dernières années est d’environ 2 % par an, mais l’année 2022 sera probablement très mauvaise. année pour la fonte de la glace. Avec peu de neige au cours de l’hiver passé et la chaleur intense de l’été, les glaciers accusent le coup.
Les auteurs de l’étude mentionnée ci-dessus expliquent également que même si le monde parvient à atteindre ses objectifs climatiques, à savoir les promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris, et réussit à réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre d’ici le milieu du siècle, on aboutira à une perte glaciaire d’environ 60 % d’ici 2100. Par contre, si le monde continue à utiliser des combustibles fossiles comme à l’heure actuelle, et si les émissions polluantes continuent d’augmenter, cela conduira à un paysage où les glaciers auront pratiquement disparu.
La fonte des glaciers alpins aura des effets de grande ampleur. Il y a des dangers pour les randonneurs et les alpinistes, comme lors de l’effondrement du glacier de la Marmolada en Italie. Il y a aussi de graves conséquences pour le tourisme, l’hydroélectricité et l’agriculture. Les glaciers jouent un rôle énorme dans l’industrie du ski, en particulier le ski d’été. Le recul des glaciers pourrait menacer toute cette industrie.
Une étude de 2018 a révélé que dans une région italienne, 20 % de l’eau utilisée pour la production hydroélectrique était l’eau de fonte des glaciers. L’agriculture sera un autre gros problème si les glaciers disparaissent. La sécheresse de 2022 en Italie a conduit le gouvernement à déclarer l’état d’urgence dans la vallée du Pô. Les glaciers ne peuvent pas résoudre ce problème, mais ils peuvent contribuer à apporter des solutions.
Comme je l’ai expliqué dans plusieurs notes, le recul rapide des glaciers conduit à des idées innovantes pour essayer de les sauver.Certaines régions essayent de les protéger avec une couverture blanche, comme sur les glaciers de Presena en italie, du Rhône en Suisse, ou encore la Mer de Glace en France. Couvrir les glaciers avec une bâche blanche renvoie la lumière du soleil vers l’atmosphère, empêche l’évaporation et la fonte. Une étude qui a testé cette initiative dans le nord de l’Italie a révélé que la fonte d’un glacier bâché était réduite jusqu’à 69% par rapport à un glacier non couvert.
Malheureusement, bien que bâcher un glacier soit réalisable pour les stations de ski essayant de préserver de petites parcelles de glacier, cela est impossible à grande échelle. Selon une étude de 2021, seulement 0,02 % de la superficie des glaciers suisses était couverte, et bien que les couvertures aient pu empêcher jusqu’à 350 000 mètres cubes de perte de glace par an entre 2005 et 2019, cela a coûté jusqu’à 8 francs suisses par mètre cube (un franc suisse équivaut environ à un dollar). La Suisse à elle seule perd environ un milliard de mètres cubes de glace chaque année, et il semble impensable de dépenser chaque année plusieurs milliards pour protéger les glaciers avec cette technique. Outre le prix, les difficultés logistiques liées à la couverture d’immenses étendues de glacier avec du tissu – ou de la neige artificielle – sont probablement trop difficiles à surmonter. Bref, si on veut protéger durablement les glaciers, la seule solution est de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre.
Source : GRID..

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2022 will definitely not be a good year for the glaciers. They are melting everywhere around the world and the Alps are no exception. However, global warming is more severe in Europe which is facing more intense heat waves than other parts of the world. As a consequence, the glaciers in Italy, Switzerland, Austria and elsewhere in Europe are melting faster than ever.

Glaciers have long provided one of the best indicators of a warming climate, with signs of retreat dating back a century in some places. Scientists have been able to track changes using old photographs and comparing them with those obtained today with more modern methods.

The heat waves pounding Europe this summer and melting the glaciers are accelerating in frequency three to four times more rapidly than in other parts of the northern hemisphere. A study by researchers from the Potsdam Institute for Climate Impact Research in Germany, published in July 2022, shows that the heat waves owe their frequency and strength to atmospheric changes to jet streams over the last several decades. The study’s authors have noted that current climate models underestimate the speed of European warming. One can read that“if models do not accurately represent the variability of the jet stream this could result in a significant underestimation of future heatwave trends over western Europe.”

In Switzerland, about half of glacial ice has been lost over the last 90 years. In the Italian Alps, about one-third of all glaciers have disappeared since the 1960s. Much of this is recent, and accelerating. An inventory of all the glaciers of the Alps published in 2019 found a decrease in area of about 15 percent since 2003. The rate of loss over the last 10 years or so is about 2 percent annually, but 2022 is destined to be a particularly bad year for melting ice. With little snow during the past winter and the continuing intense summer heat, the glaciers are not faring well.

The authors of the study also explain that even if the world manages to meet its climate targets, namely the promises made under the Paris agreement, and succeeds in cutting emissions toward zero by midcentury, glacial losses will total to about 60 percent by 2100. If the world fails and instead continues to use fossil fuel largely unabated and emissions keep rising, that will lead to a virtually ice-free landscape.

The melting of alpine glaciers will have meaningful and wide-ranging effects. There are dangers like those in the wake of the collapse at Marmolada in Italy, but there are also severe implications for tourism, hydropower and agriculture. Glaciers play a huge role in the skiing industry, with popular resorts relying on them for significant ski surfaces. The glaciers’ retreat could threaten the entire industry.

A 2018 study revealed that in one Italian region, 20 percent of the water used for hydropower production came from the runoff from glaciers. Agriculture will be another big problem if glaciers disappear. The 2022 drought in Italy has led the government to declare a state of emergency in the northern region of the Po River valley. Glaciers cannot solve this problem, but they could help.

As I explained in several posts, the glaciers’ rapid retreat has led to some innovative ideas on how they might be saved. One way is to protect them with a white blanket, like on the Presena ans Rhone glaciers, or else the Mer de Glace in France. Covering glaciers with a white tarpaulin reflects sunlight away from the ice, preventing evaporation and melt. A study, testing the idea in northern Italy, found that glacial melt was reduced by up to 69 percent compared with an uncovered glacier.

Unfortunately, while it may be useful for ski resorts or other places trying to preserve small patches of glacier, this is impossible at a large scale. Only 0.02 percent of Switzerland’s glacier area was covered, according to a 2021 study, and while the blankets may have prevented as much as 350,000 cubic meters of ice loss annually between 2005 and 2019, it came at a price of up to 8 Swiss francs per cubic meter (about the same in dollars). Switzerland alone loses around one billion cubic meters of glacial ice each year, and an annual price tag in the billions is probably out of the question. Aside from the price, the logistical difficulties of covering huge swathes of terrain with fabric – or artificial snow – are likely too much to overcome. In short, if we want to protect the glaciers for good in the long term, the only solution is to strongly reduce the emissions of greenhouse gases.

Source: GRID.

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Le glacier du Rhône a travers les âges:

1908 :

Carte postale

1981

 

Photo : C. Grandpey

2018

Photo : C. Grandpey

 

 

Réchauffement climatique et ouragans : une menace pour nos latitudes // Global warming and hurricanes : a threat to our latitudes

Une nouvelle étude publiée fin décembre 2022 dans la revue britannique Nature Geoscience prévoit qu’en raison du réchauffement climatique davantage d’ouragans affecteront les latitudes moyennes qui comprennent les grands centres de population de la planète, tels que New York, Boston et Shanghai.
L’étude explique que les cyclones tropicaux, également connus sous le nom d’ouragans ou de typhons selon l’endroit où ils se produisent, s’étendront plus loin que les régions tropicales où on les observe généralement. En raison du réchauffement climatique, les conditions qui créent les ouragans se développeront plus au nord dans l’hémisphère nord et plus au sud dans l’hémisphère sud. Or, la plupart des grandes villes du monde sont situées dans les latitudes moyennes, ce qui signifie que ces nouveaux ouragans auront la capacité de causer beaucoup plus de dégâts.
On peut lire dans l’étude que les ouragans du 21ème siècle apparaîtront dans une gamme de latitudes plus large qu’au cours des 3 derniers millions d’années.. Il s’agit là d’une conséquence importante mais souvent sous-estimée du changement climatique.
La raison du changement de latitude des ouragans est liée à la configuration globale des vents connue sous le nom de cellule de Hadley. Il s’agit d’une circulation atmosphérique fermée qui redistribue l’énergie accumulée à l’équateur vers les plus hautes latitudes dans les deux hémisphères. C’est une circulation dans laquelle l’air s’écoule vers les pôles à une hauteur d’environ 9 à 14 kilomètres mais revient vers l’équateur en descendant vers le sol. L’un des effets du réchauffement climatique est une diminution de la différence entre les températures de surface près ou loin de l’équateur. Le réchauffement se produit plus rapidement à des latitudes plus élevées en raison de boucles de rétroaction telles que la fonte de la glace de mer, la perte de la couverture neigeuse et le dégel du pergélisol, ce qui provoque un réchauffement encore plus important. Cependant, l’air à des altitudes plus élevées se réchauffe plus rapidement sous les tropiques. Ces changements signifient que le courant-jet (ou jet stream) – qui empêche normalement les ouragans de se propager plus au nord dans l’hémisphère nord – se déplace vers le nord, permettant aux ouragans d’atteindre des latitudes plus élevées. Le réchauffement climatique provoque l’expansion de la circulation de Hadley et, avec elle, le déplacement du jet-stream vers les pôles.
Les régions devenues à risque ont déjà commencé à voir des ouragans les atteindre. En 2020, la tempête subtropicale Alpha a touché terre au Portugal. C’est la première fois qu’un cyclone subtropical ou tropical a frappé un pays d’Europe occidentale. Sans oublier en France la tempête de décembre 1999, Xynthia en 2010 et d’autres événements extrêmes à l’échelle locale.
L’analyse des simulations mathématiques des climats plus chauds sur Terre dans le passé montre que les cyclones tropicaux se sont probablement formés dans les régions subtropicales. Cela n’a pas été le cas au cours des 3 derniers millions d’années, mais le deviendra probablement à nouveau dans un avenir proche si les températures continuent de se réchauffer. En plus des dégâts causés par le vent et les pluies torrentielles qui accompagnent les ouragans, le risque d’inondations dues aux vagues de submersion sera élevé à mesure que le niveau de la mer augmentera en raison du changement climatique. Certaines des villes côtières les plus peuplées du monde comme New York, Tokyo, Shanghai et beaucoup d’autres seront probablement en grande difficulté.
Les températures moyennes à l’échelle de la planète ont augmenté de 1,2 degré Celsius au cours des 150 dernières années, ce qui est plus rapide qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire. Selon le GIEC, l’ampleur du réchauffement de la Terre au cours des 80 prochaines années pourrait varier de plusieurs degrés, en fonction des émissions de gaz à effet de serre qui génèrent le réchauffement climatique
L’un des auteurs de l’étude explique que « ce qui contrôle cette situation est le gradient de température entre les tropiques et les pôles, et il est très étroitement lié au changement climatique. À la fin de ce siècle, la différence de gradient entre un scénario d’émissions élevées et un scénario d’émissions faibles sera cruciale. »
Source : Yahoo News.

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A new study published late December 2022 in the British journal Nature Geoscience projects that more hurricanes will be coming to midlatitude regions, which include major population centers such as New York, Boston and Shanghai, because of climate change.

The study explains that tropical cyclones, also known as hurricanes or typhoons, depending where they occur, will expand from the tropical regions in which they are currently common. Due to global warming, the conditions that create hurricanes will become prevalent farther north in the northern hemisphere and farther south in the southern hemisphere. Most of the world’s major cities are located in midlatitude regions, meaning that the more widespread hurricanes will have the ability to cause far more damage.

One can read in the study that hurricanes in the 21st century will appear in a wider range of latitudes than they have for the last 3 million years, which represents an important, under-estimated risk of climate change.

The reason for the shift in hurricane latitudes has to do with the global wind pattern known as the Hadley cell, a circulation in which air flows poleward at a height of about 9 to 14 kilometers but returns toward the equator as it descends toward ground level. One effect of climate change is a decrease in the difference between surface temperatures near or far from the equator. Warming occurs more rapidly at higher latitudes because of feedback loops such as melting sea ice, loss of snow cover, and thawing permafrost, causing even more warming. However, air at higher altitudes actually warms faster in the tropics. Those changes mean the jet stream – which normally prevents hurricanes from flowing farther north in the northern hemisphere – is moving northward, allowing hurricanes to reach higher latitudes. Global warming causes the Hadley circulation to expand, and with it the jet streams move poleward..

Areas in the increasingly at-risk regions have already begun to see some hurricanes make landfall. In 2020, Subtropical Storm Alpha made landfall in Portugal, the first time a subtropical or tropical cyclone had ever hit the Western European nation.

The analysis of mathematical simulations of warmer climates from the Earth’s past show that tropical cyclones likely formed in the subtropics. That has not been the case for the last 3 million years but probably will be again in the near future if temperatures continue warming. In addition to the wind damage and heavy rains from hurricanes, the risk of flooding from storm surges will be elevated as sea levels rise due to climate change. Some of the most populous seaside cities in the world like New York, Tokyo, Shanghai and so forth will likely be in trouble.

Average global temperatures have risen 1.2 degrees Celsius in the last 150 years, which is faster than at any other time in recorded history. According to the Intergovernmental Panel on Climate Change IPCC), the extent to which the Earth warms further in the next 80 years could vary by several degrees, depending on how much greenhouse gases that cause warming are emitted.

One of the authors of the study explains that “the control over this is the temperature gradient between the tropics and the poles, and that’s very tightly linked to overall climate change. By end of this century, the difference in that gradient between a high emission scenario and a low emission scenario is dramatic. That can be very significant in terms of how these hurricanes play out.”

Source: Yahoo News.

Image satellite de la tempête Alpha à l’approche du Portugal en 2020 (Source : ESA)