Volcanisme et sécurité en Ethiopie

Il y a quelques jours, un visiteur de mon blog me demandait si le lac de lave de l’Erta Ale était remonté dans le cratère et quelles étaient les conditions de sécurité dans la région.

S’agissant de l’activité volcanique, l’agence Volcano Discovery indiquait le 19 août que de nouvelles coulées de lave étaient visibles sur les images satellitaires à 3 ou 4 km de la caldeira sommitale. De son côté, l’agence Aventure et Volcans fait état d’un « regain d’activité dans le pit crater sud de l’Erta Ale depuis quelques jours », là aussi au vu des images satellitaires. Il semble malgré tout que le lac de lave n’ait pas encore retrouvé sa splendeur passée

S’agissant de la sécurité, quand je ne dispose pas d’informations fiables, je renvoie les visiteurs potentiels de cette région aux recommandations des différents gouvernements.

Les autorités canadiennes indiquent qu’il faut « éviter tout voyage dans les régions suivantes en raison d’opérations militaires, de rébellions armées et d’actes de banditisme :

– à moins de 10 km de la frontière avec l’Érythrée;

– dans le désert Danakil (y compris Dallol);

– à proximité du volcan Erta Ale dans la région Afar;

– dans la région Somali. »

De son côté, le Ministère des Affaires Etrangères français est plus nuancé et consacre un paragraphe au « cas particulier du Dallol et de l’Erta Ale. »

Voici l’intégralité du texte validé le 31 août 2019 par le Ministère :
« Il est possible de visiter le Dallol et l’Erta Ale en respectant strictement les prescriptions des autorités locales : accompagnement obligatoire par des forces de sécurité locales ou des militaires en charge de la sécurisation des deux sites, visite dans le cadre d’un voyage organisé par des professionnels expérimentés.
Les voyageurs doivent aussi signaler leurs itinéraires aux autorités locales à Berhale et s’assurer que les agences de voyage qui les prennent en charge ont bien déposé leur feuille de route auprès du bureau du tourisme Afar.
Avant son départ, et au regard des conditions climatiques extrêmes, il est également recommandé de s’assurer auprès de son médecin traitant que son état de santé permet l’excursion. Elle est formellement déconseillée aux enfants de moins de 15 ans et aux personnes âgées ou cardiaques.
Même parmi les agences spécialisées dans les voyages « extrêmes », en France comme en Éthiopie, les services offerts sont de qualité inégale. En tout état de cause, il est déconseillé de recourir aux agences qui démarchent les touristes à l’aéroport de Makalé. Parmi les critères de référence qui peuvent servir de repères pour sélectionner les agences, il paraît impératif de retenir au moins les points suivants :
o déplacement avec au moins deux véhicules en bon état et emport de pièces mécaniques de rechange ;
o avoir à disposition un téléphone satellitaire, garantissant une liaison sûre avec la base de départ ou l’ambassade (la zone du Erta Ale ne bénéficie d’aucune couverture téléphonique à moins de 15 km) ;
o ressources suffisantes en vivres, en eau et en carburant ;
o emport d’un nécessaire médical approprié à la zone (cachets de sel, vitamines, anti-diarrhéiques…) ;
o un encadrement professionnel des touristes impliquant un temps de séjour sur le site limité à quelques heures et des itinéraires de visite sécurisés. »

Le lac de lave dans le cratère de l’Erta Ale il y a quelques années (Crédit photo: Wikipedia)

La vie à Dallol et dans le Danakil ‘Ethiopie) // Life at Dallol and Danakil (Ethiopia)


Au cours des dernières années, plusieurs vidéos ont montré que des bactéries, des vers et des crevettes sont capables de survivre dans l’environnement très hostile des « fumeurs noirs » au fond des océans. Ces évents sous-marins émettent de l’eau très chaude et des gaz acides qui ne sont pas censés favoriser la vie.
De la même manière, des échantillons de liquide ont été prélevés à Dallol et sur le Danakil dans le nord de l’Éthiopie et les chercheurs ont pu constater que eux aussi hébergeaint de la vie, malgré un contexte très défavorable. Dallol est un volcan dans la dépression du Danakil, au nord-est de la chaîne de montagnes où se trouve l’Erta Ale. Il a été formé par une intrusion magmatique basaltique dans des dépôts de sel du Miocène et par une activité hydrothermale ultérieure. Des éruptions phréatiques ont eu lieu en 1926, donnant naissance au volcan Dallol. De nombreux autres cratères parsèment le désert de sel à proximité. Dallol est alimenté par de l’eau portée à haute température par la chambre magmatique peu profonde sous le volcan. C’est l’un des endroits les plus beaux, mais aussi des plus inhospitaliers de la planète.
L’analyse des échantillons prélevés par une équipe scientifique internationale a révélé la présence de microbes de très petite taille qui montrent comment la vie aurait pu se développer sur la planète Mars. Les résultats de l’étude ont été publiés dans les Scientific Reports.
Les chercheurs ont découvert une souche de bactéries capables de vivre à une température de 89°C et une acidité extrême avec un pH de 0,25. Ces conditions sont similaires à celles rencontrées sur la Planète Rouge lors de sa formation.
La région de Dallol et du Danakil est saturée en différents sels, parmi lesquels le chlorure d’argent, la sphalérite, le sulfure de fer et des sels minéraux, qui forment un paysage fantastique où cohabitent les jaunes, les rouges, les verts et les bleus. L’équipe scientifique a recueilli de fines couches de dépôts de sel et les a transportées en Espagne dans des flacons stériles et scellés. Ils ont été analysés par microscopie électronique, analyse chimique et séquençage de l’ADN. Les chercheurs ont découvert que les minuscules structures sphériques dans les échantillons de sel étaient en fait de minuscules microbes (Nanohaloarchaeles) vivant en colonies compactes. Chaque microbe est 20 fois plus petit que la moyenne des bactéries.
Une étude approfondie des sites de Dallol et du Danakil permettra de mieux comprendre les limites de la vie sur Terre et apportera des informations sur la recherche de la vie sur Mars et ailleurs dans l’univers. La géochimie inhabituelle du site a beaucoup de points communs avec de possibles environnements hydrothermaux découverts sur la Planète Rouge, y compris le cratère Gusev, où a atterri le Spirit Mars Exploration Rover, module d’exploration de la Nasa. Même si la planète Mars est sèche et désertique aujourd’hui, de plus en plus de recherches démontrent qu’elle était probablement recouverte de vastes étendues d’eau il y a trois ou quatre milliards d’années.
Source: The Independent.

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In the past few years, several videos have shown that bacteria , worms and shrimps are able to survive in the very hostile environment of the « black smokers » at the bottom of the oceans. These submarine vents emit very hot water and acid gases that are not supposed to favour life.
In the same way, samples of liquid have been collected from the Dallol volcano and Danakil Depression in northern Ethiopia.Researchers were suprised to see that life was present despite unfavorable conditions. Dallol is a cinder cone volcano in the Danakil Depression, northeast of the Erta Ale Range. It has been formed by the intrusion of basaltic magma into Miocene salt deposits and subsequent hydrothermal activity. Phreatic eruptions took place here in 1926, forming Dallol Volcano; numerous other eruption craters dot the salt flats nearby. It is fuelled by water that has been heated by the shallow magma reserve beneath the volcano. It is one of the most beautiful and the most inhospitable places on Earth.
The analysis of the samples by an international scientific team revealed the presence of ultra-small microbes which show how life could have once thrived on Mars. The results of the study have been published in Scientific Reports.
The researchers have found a strain of bacteria living in temperatures of 89°C and an extreme acidity with a pH 0.25. Such conditions are similar to those found on the Red Planet when it first formed.
The Dallol and Danakil area is saturated in various salts, including silver chloride, zinc iron sulphide and rock-salt which produce a landscape of yellows, reds, greens and blues. The team collected thin layers of salt deposits and transported them to Spain in sterile, sealed vials. They were analysed using electron microscopy, chemical analysis and DNA sequencing. The team found tiny, spherical structures within the salt samples were tiny microbes (Nanohaloarchaeles) living in compact colonies. Each microbe was 20 times smaller than the average bacteria.
In-depth study of the characteristics of Dallol and Danakil sites will improve the scientific understanding of the limits of life on Earth and bring information about the search for life on Mars and elsewhere in the universe. The sites’ unusual geochemistry makes it very similar to hydrothermal environments that would have been found on the Red Planet, including the Gusev Crater, where Nasa’s Spirit Mars Exploration Rover landed. While the Mars is mostly dry and desolate today, a growing body of research shows it was probably covered in large bodies of water between three and four billion years ago.
Source: The Independent.

Les couleurs de Dallol (Source: Wikipedia)

La sécurité en Ethiopie

Alors qu’une compatriote a été victime d’un enlèvement au Yémen – que les ressortissants français sont invités à quitter dans les meilleurs délais – je suis allé voir sur le site du Ministère des Affaires Etrangères (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/ethiopie-12309/) quels conseils étaient donnés aux voyageurs ayant l’intention de se rendre en Ethiopie, en particulier dans la région de l’Erta Ale et du Danakil.

Voici ce que l’on peut lire :

Dépression des Danakils (Dernière mise à jour le: 9 février 2015 – Information toujours valide le: 25 février 2015)

La région des Danakils se trouve le long de la frontière avec l’Erythrée, pays avec lequel l’Ethiopie n’entretient plus de relations diplomatiques depuis la guerre de 1999-2000. Il est possible à tout moment que des tensions entre les deux pays aient des répercussions importantes sur la sécurité. Il y a par ailleurs régulièrement des tensions au sein de la communauté afar ou entre celle-ci et les autorités éthiopiennes, qui peuvent parfois dégénérer en incidents plus ou moins violents. D’une façon générale, les déplacements touristiques dans les régions du Mont Dallol et du volcan Erta Ale sont donc déconseillés. Plusieurs attaques et tentatives d’enlèvement contre des touristes étrangers s’y sont déroulées en 2007, 2008 et 2009. Par ailleurs, des véhicules ont été détruits par des mines en 2009. Enfin, en janvier 2012, un groupe de touristes européens a été attaqué alors qu’il bivouaquait sur le Erta Ale : 5 d’entre eux ont été tués; 2 ont été enlevés et libérés un mois plus tard. Les responsabilités exactes dans cette affaire n’ont pas pu être clairement établies à ce jour. Depuis les événements de janvier 2012, les autorités éthiopiennes ont renforcé les moyens de sécurité, dans la région, en particulier dans la région du Erta Ale. Tous les déplacements dans les Danakils se font sous escorte de plusieurs policiers et militaires armés qui montent dans les véhicules et encadrent toutes les excursions. Ce dispositif peut toutefois être allégé voire supprimé sans préavis. Par ailleurs, la couverture téléphonique GSM a été étendue au Dallol. En revanche, la zone du Erta Ale ne bénéficie d’aucune couverture téléphonique à plusieurs dizaines de km à la ronde. Il avait fallu plus de 12 heures aux touristes blessés pour appeler des secours qui avaient mis ensuite une douzaine d’heures pour atteindre la zone.

Au regard des dispositions prises par les autorités éthiopiennes :

1 – Tout déplacement dans la zone du Erta Ale reste formellement déconseillé compte tenu des risques très élevés qui perdurent. Outre le risque criminel qui ne peut être écarté, les conditions extrêmes et l’impossibilité d’assurer une évacuation correcte en cas d’accident rendent cette région particulièrement dangereuse.

2 – La zone du Dallol présente des risques moins élevés mais exige d’être abordée avec de très grandes précautions. Elle est donc déconseillée sauf raisons impératives. Tout déplacement dans cette région s’effectue aux risques et périls des visiteurs.

En tout état de cause, un séjour dans la région doit être impérativement organisé par l’intermédiaire de tours opérateurs particulièrement sérieux et expérimentés. Même parmi les agences spécialisées dans les voyages « extrêmes », en France comme en Ethiopie, les services offerts sont de qualité inégale. En tout état de cause, il est déconseillé de recourir aux agences qui démarchent les touristes à l’aéroport de Makele. Parmi les critères de référence qui peuvent servir de repères pour sélectionner les agences, il paraît impératif de retenir au moins les critères suivants:

  • Déplacement avec au moins deux véhicules en bon état et emport de pièces mécaniques de rechange;
  • Disposition d’un téléphone satellitaire, garantissant une liaison sûre avec la base de départ ou l’ambassade;
  • Ressources suffisantes en vivres, en eau et en carburant.
  • Emport d’un nécessaire médical approprié à la zone (cachets de sel, vitamines, anti-diarrhéiques…);
  • Un encadrement professionnel des touristes impliquant un temps de séjour sur le site limité à quelques heures et des itinéraires de visite sécurisés.

Enfin, la dépression des Danakils étant l’un des points les plus chauds de la planète, il est recommandé, avant son départ, de s’assurer auprès de son médecin traitant que son état de santé ne contrevient pas à un tel voyage. Le déplacement d’enfants de moins de 15 ans et de personnes âgées ou cardiaques est formellement déconseillé. Les voyageurs doivent signaler leurs itinéraires aux autorités locales à Berahile et ne pas se déplacer sans les autorisations nécessaires. Ils doivent également s’assurer que les agences de voyages qui les prennent en charge ont bien déposé leur feuille de route auprès du bureau du tourisme Afar.

En cas d’agression, il est impératif de garder son sang froid, d’obtempérer et de ne rien tenter qui risquerait de faire dégénérer la situation.

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Libre à chacun de partir en Ethiopie ou d’aller voir ailleurs dans le monde, en sachant que la sécurité zéro n’existe pas, même dans un pays considéré comme « sûr ». Ayant eu l’occasion de voir le lac de lave du Kilauea, celui de l’Erta Ale ne fait pas partie de mes priorités. Je serais davantage attiré par la beauté sauvage du Danakil mais j’ai déjà connu les escortes armées au Guatemala et je préfère la compagnie des ours à celles des kalachnikovs…

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Cratère de l’Erta Ale en 2008  (Crédit photo:  Wikipedia).

Forage géothermique en Ethiopie! // Geothermal drilling in Ethiopia!

drapeau francaisEn lisant le site web Iceland Review du 26 mai 2014, on apprend que la compagnie islandaise de développement géothermique Reykjavík Geothermal et l’Union Africaine ont signé ce même jour un contrat de 5,8 millions d’euros qui autorise Reykjavik Geothermal a commencer un forage en Ethiopie dans la Rift Valley dans le cadre de la construction de deux centrales de 500 mégawatts. L’énergie produite par ces centrales sera vendue à la compagnie d’électricité de l’état éthiopien Ethiopian Electric Power.

Le financement est assuré par le Ministère du Développement allemand, le Fonds Africain de l’Union Européenne, et la Banque Allemande de Développement.

L’article ne précise pas le lieu du forage. Il faut seulement espérer qu’il ne contribuera pas à dénaturer les extraordinaires couleurs du site de Dallol ! Mais vous le savez comme moi, l’argent passe bien avant  la Nature !

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drapeau anglaisReading the Iceland Review website of May 26th 2014, we learn that Reykjavík Geothermal and the African Union signed on that very day a 5.8-million euro contract allowing Reykjavík Geothermal to start drilling in the Ethiopian Rift Valley as part of two 500 MW power plants under construction. The energy produced by the power plants will be sold to the state electrical company Ethiopian Electric Power (EEP).

The money comes from the Ministry of Development in Germany, the European Union African Fund, and the German Development Bank.

The article does not say where the drilling will take place. We must just hope that the marvellous colours of Dallol will not be spoilt by this initiative. Unfortunately, big money leaves Nature behind!

Dallol-blog