Nouveau système de surveillance volcanique // New volcano monitoring system

Un nouveau système de surveillance des volcans par radar mis au point par l’Université d’Alaska Fairbanks (UAF) et l’U.S. Geological Survey (USGS) va être adopté à travers les États-Unis et même au-delà. Ce nouveau système, financé par la NASA, pourrait permettre une détection plus précoce des signes d’activité volcanique. Reste à savoir si les coupes budgétaires décidées par l’Administration Trump permettront une utilisation efficace de ces nouveaux équipements.
L’Observatoire Volcanologique d’Alaska basé à l’UAF utilise un prototype de ce système, appelé VolcSARvatory, depuis début 2022. Son utilité est devenue immédiatement évidente lorsqu’un essaim sismique s’est produit sur le mont Edgecumbe, près de Sitka, en Alaska, le 11 avril 2022. Cela faisait longtemps que ce volcan ne se manifestait pas.

Vue du cratère du Mont Edgecumbe (Crédit photo : AVO)

Le VolcSARvatory utilise un radar à synthèse d’ouverture interférométrique, ou InSAR, pour détecter des variations de petits mouvements du sol de seulement un centimètre. Il fonctionne en combinant deux ou plusieurs images radar satellite de la même zone prises à des moments différents. Les variations de surface sur une longue durée peuvent être enregistrés en collectant des images répétées pour créer une série chronologique de données à partir d’un seul endroit. Selon des scientifiques américains, l’extension du système à tous les observatoires volcaniques de l’USGS permettra d’adopter une approche cohérente de surveillance des volcans actifs.
Le système VolcSARvatory permet de traiter et d’analyser de vastes volumes de données en quelques jours seulement là où un processus classique nécessiterait plusieurs semaines. Comme indiqué plus haut, le système s’est avéré utile pour étudier l’activité inattendue du mont Edgecumbe. En 2022, une équipe de l’Alaska Volcano Observatory et de l’Alaska Satellite Facility a commencé à analyser les données des 7 années et demie d’activité du mont Edgecumbe à l’aide du prototype VolcSARvatory. Les scientifiques ont découvert que la déformation de ce volcan avait commencé 3 ans et demi plus tôt, en août 2018. Une modélisation informatique ultérieure a révélé que c’était une nouvelle intrusion magmatique qui avait provoqué la déformation du sol.

Image InSAR montrant la déformation du sol sur l’île Kruzof dans le sud-est de l’Alaska. Elle permet de voir l’élévation du sol autour du mont Edgecumbe depuis août 2018. Les cases à droite de la carte indiquent, en centimètres, le soulèvement du sol sur les sites numérotés de l’île. (Source : AVO)

L’InSAR est utilisé depuis longtemps pour contrôler la déformation des volcans aux États-Unis, mais jusqu’à présent le travail a été effectué de manière fragmentaire. VolcSARvatory fournira désormais une connaissance situationnelle du comportement des volcans et identifiera peut-être des signes d’activité volcanique avant l’apparition d’autres paramètres, comme l’activité sismique.
L’utilisation de données satellite de type InSAR permettra d’améliorer la surveillance des volcans équipés de capteurs au sol et de surveiller les nombreux autres édifices qui ne disposent pas de stations au sol.
Le nouveau système de surveillance utilise de nombreuses autres observations par satellite, telles que la télédétection de gaz, thermique et visuelle pour surveiller ces volcans. La déformation de surface est un plus pour analyser l’activité volcanique. La déformation de surface peut révéler l’emplacement et le volume de nouveau magma et de gaz. Elle peut également indiquer si la pression augmente en raison de ce nouveau magma ou de ce gaz, ou si le système se dépressurise lorsque le magma et le gaz se déplacent en profondeur ou s’approchent de la surface et annoncent une prochaine éruption.
Le projet de l’UAF fait partie des sept projets sélectionnés par la NASA parmi les 60 autres dans le cadre du Disaster Program de l’agence spatiale. Les sept projets gagnants, annoncés le 20 décembre 2025, se partageront 6,3 millions de dollars sur deux ans.
Source : University of Alaska Faitbanks.

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A new radar-based volcano monitoring system developed by the University of Alaska Fairbanks (UAF) and U.S. Geological Survey (USGS) will expand across the U.S. and beyond. The expansion, funded by NASA, could lead to earlier detection of volcanic unrest. It remains to be seen whether the budget cuts decided by the Trump administration will allow for the effective use of this new equipment.

The Alaska Volcano Observatory at UAF has been using a prototype of this system, named VolcSARvatory, since early 2022. Its usefulness was immediately apparent when a swarm of earthquakes occurred at long-quiet Mount Edgecumbe volcano, near Sitka, Alaska, on April 11, 2022.

VolcSARvatory uses interferometric synthetic aperture radar, or InSAR, to detect ground movement changes as small as one centimeter. It works by combining two or more satellite radar images of the same area taken at different times. Long-duration surface changes can be chronicled by collecting repeated images to build a time series of data from a single location. According to US scientists, expanding the system to all USGS volcano observatories will provide a consistent approach to monitoring active volcanoes.

The VolcSARvatory system allows the processing and analysis of vast volumes of data in only a handful of days. The process would otherwise require several weeks. The system proved valuable in studying Mount Edgecumbe’s unexpected activity. In 2022, a team from the Alaska Volcano Observatory and Alaska Satellite Facility began analyzing the previous 7 1/2 years of Mount Edgecumbe data using the VolcSARvatory prototype and found deformation began 3 1/2 years earlier, in August 2018. Subsequent computer modeling indicated an intrusion of new magma caused the ground deformation.

InSAR has long been used to track deformation at volcanoes in the USA, but the work has been done in a piecemeal fashion to this point. VolcSARvatory will provide situational awareness of volcano behavior and possibly identify volcanoes that are becoming restless before other indications, like earthquake activity, show up. Using InSAR-type satellite data will enhance the monitoring of volcanoes that have been fitted with ground sensors and will allow for the monitoring of the many others that don’t have ground-based stations.

The new monitoring system uses a lot of other observations that are satellite-based, such as gas, thermal and visual remote sensing to monitor those volcanoes, and surface deformation adds an important indicator of volcanic activity. Surface deformation can reveal the location and volume of new magma and gases. It can also indicate whether pressure is building due to that new magma or gas, or whether the system is depressurizing as magma and gas either move to other underground locations or approach an eruption at the surface.

The UAF project is one of seven NASA selected from 60 submitted as part of the space agency’s Disasters Program. The seven winning proposals, announced December 20, will share 6.3 million dollars over two years.

Source : University of Alaska Faitbanks.

Il y a 50 ans, l’Alaska tremblait… // 50 years ago, Alaska was trembling…

drapeau francaisLe 27 mars 2014 marque le 50ème anniversaire du séisme qui a secoué l’Alaska en 1964, le jour du Vendredi Saint. Connu sous le nom de « Great Alaskan Earthquake » ou « Good Friday Earthquake », d’une magnitude de M 9,2, c’est par sa puissance le deuxième séisme jamais enregistré sur notre planète, après celui de Valdivia au Chili en 1960, avec une magnitude de M 9,5. L’épicentre a été localisé à environ 90 km à l’ouest de Valdez et 120 km à l’est d’Anchorage, à une profondeur de 25 km. Le bilan officiel de la catastrophe se situe entre 115 et139 morts, victimes pour la plupart d’effondrements de bâtiments ou du tsunami engendré par le séisme. C’est ainsi que 32 personnes ont perdu la vie à Valdez, petit port blotti au bord du Prince William Sound et reconstruit aujourd’hui sur un site censé être plus sûr.

Le séisme du Vendredi Saint a marqué les esprits des Alaskiens et les témoignages se transmettent de génération en génération, un peu comme une alliance de mariage dont les bords auraient été un peu usés par le temps.

Tout a commencé à 17h36. Certains habitants d’Anchorage entendirent ce qui ressemblait aux chenilles de chars d’assaut, comme si toute une armée était en train de pénétrer dans la ville. D’autres eurent l’impression qu’un Boeing 747 était en train d’atterrir dans leur jardin. C’était comme si la grosse caisse d’une fanfare vibrait dans leur poitrine et comme si cette vibration se propageait dans tout leur corps. Pendant trois à cinq minutes selon les endroits, la terre ressemblait à une immense couverture que quelque géant était en train de secouer. Les arbres vacillaient ; poteaux et lignes électriques remuaient dans tous les sens. Dans les parkings, les voitures étaient soulevées de terre et retombaient les une contre les autres.

Puis les secousses cessèrent. Ce fut l’heure de constater les dégâts, d’établir des bilans et de penser à la reconstruction. De nombreux bâtiments s’étaient en partie ou en totalité effondrés. Il n’y avait plus d’électricité et de téléphone. Les conduites d’eau avaient été brisées. Les gens remplissaient les baignoires avec de la neige pour avoir de l’eau et le feu dans les cheminées remplaçait les appareils de chauffage. Comme toujours dans le cas de puissants séismes, celui du 27 mars 1964 fut suivi de répliques. A chacune d’elles, les gens sortaient précipitamment des maisons, en proie à la panique.

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La 4ème Avenue d’Anchorage juste après le séisme  (Crédit photo: U.S. Army)

Aujourd’hui encore, l’Alaska connaît des séismes, pas toujours ressentis par la population. Toutefois, dès qu’un grondement se fait entendre, comme celui d’un avion ou d’un chasse-neige, beaucoup d’habitants tendent l’oreille et restent vigilants, dans la crainte que se reproduise le séisme du Vendredi Saint.

Les traces du 27 mars 1964 ont disparu d’Anchorage mais plusieurs lieux rappellent ce terrible événement. Au nord de la ville, on peut visiter l’Earthquake Park où des panneaux fournissent des explications sur les glissements de terrain dévastateurs et meurtriers provoqués par les secousses.

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Dans le l’Alaska Experience Theater, un simulateur fait vibrer les spectateurs avec la même intensité qu’en 1964. Les images projetées sur l’écran font froid dans le dos.

Plus au sud, à Valdez, là où se trouvait le port avant le tremblement de terre et le tsunami, un panneau explique où se trouvaient les habitations.

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(Photos:  C.  Grandpey)

Le Valdez Museum met en vente un DVD très intéressant, intitulé « Between the Glacier and the Sea », qui fait revivre les événements du Vendredi Saint 1964.

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drapeau anglaisMarch 27th, 2014 marks the 50th anniversary of the earthquake that rocked Alaska in 1964, on Good Friday. Known as the  » Great Alaskan Earthquake  » or  » Good Friday Earthquake  » with a magnitude of M 9.2, it is the second most powerful earthquake ever recorded on our planet, after the one that shook Valdivia in Chile in 1960, with a magnitude of M 9.5. The epicentre was located about 90 km west of Valdez and 120 km east of Anchorage, at a depth of 25 km. The official toll of the disaster is between 115 et139 deaths, mostly victims of building collapses or of the tsunami generated by the earthquake. 32 people lost their lives in Valdez, a small port nestled on the shores of Prince William Sound and rebuilt today on a site supposed to be a safer.

The Good Friday Earthquake remains stamped in the minds of Alaskans and the memories are transmitted from generation to generation, like a wedding ring whose edges were a bit worn out with the time.
It all started at 17h36. Some residents of Anchorage heard what sounded like the caterpillars of tanks, as if a whole army was entering the city. Others got the impression that a Boeing 747 was about to land in their garden. It was as if the bass drum of a band vibrated in their chests and as if that vibration was spreading throughout their body. For three to five minutes depending on the area, the land looked like a huge blanket that a giant was shaking. Trees swayed ; poles and power lines were moving in all directions. In parking lots, cars were lifted from the ground and fell against one another.
Then the shaking stopped. It was time to see the damage, count the victims, establish budgets and think about reconstruction. Many buildings were partially or totally destroyed. There was no electricity and telephone. Water pipes were broken . People filled their bathtubs with snow for having water and fires in the fireplaces replaced the heaters. As always in the case of powerful earthquakes, the quake of March 27th 1964 was followed by aftershocks. At each of them, the people left hurriedly houses in a panic.
Today , Alaska is still experiencing earthquakes, not always felt by the population. However, when a rumbling sound can be heard, like an airplane or a snowplow, many people listen carefully and remain vigilant, fearing a repeat of the Good Friday Earthquake.
Traces of March 27th, 1964 have disappeared from Anchorage but many places recall this terrible event. North of the city, you can visit the Earthquake Park where signs provide explanations about the devastating and deadly landslides. (see photos above)
In the Alaska Experience Theater , a simulator shakes the audiences with the same intensity as in 1964. The images on the screen send shivers down the spine.
Further south, in Valdez, on the site where the port lay before the earthquake and tsunami, a sign indicates where the houses stood while a plaque bears the list of the missing (see photos above).
The Valdez Museum sells a very interesting DVD, entitled  » Between the Glacier and the Sea « , which meminds us of the events of Good Friday 1964.