Les enfants perdus d’Armero (Colombie) // Armero’s lost children (Colombia)

Le 13 novembre 1985, l’éruption du Nevado del Ruiz, en Colombie, a déclenché des coulées de boue à l’origine de ce que l’on appelle ‘la tragédie d’Armero’. Après 69 ans de sommeil, le volcan s’est réveillé et a surpris les villes voisines, malgré les mises en garde des volcanologues (Haroun Tazieff et Franco Barberi, en particulier) qui avaient alerté le gouvernement et demandé l’évacuation de la zone suite à la détection d’une activité volcanique deux mois auparavant.
La chaleur intense des coulées pyroclastiques qui se sont échappées du cratère, a fait fondre les glaciers, provoquant quatre énormes coulées de boue qui ont dévalé les pentes à 50 km/h. Ces lahars, s’engouffrant dans les ravines, ont englouti la ville d’Armero, tuant plus de 20 000 de ses quelque 29 000 habitants. Les victimes dans d’autres villes, notamment à Chinchiná, ont porté le bilan total à 23 000 morts.

Aujourd’hui, certains survivants de l’éruption de 1985 recherchent encore des enfants portés disparus. Après la catastrophe, la ville s’est retrouvée désertée. Le chaos qui a suivi a séparé de nombreux enfants de leurs familles qui continuent de les rechercher 40 ans plus tard.
Le Washington Times rapporte le témoignage de parents qui, la nuit de l’éruption, ont entendu des bruits étranges et sont sortis de chez eux pour voir ce qui se passait. Ils avaient appris aux informations que le volcan était en éruption, mais ils ont laissé leur fils, alors âgé de 5 ans, dormir à l’intérieur de la maison, pensant être suffisamment éloignés du Nevado del Ruiz pour être en sécurité.
Mais bientôt, la lave a fait fondre la calotte glaciaire au sommet du volcan et des coulées de boue ont dévalé les lits des rivières, provoquant une avalanche qui a tout dévasté sur son passage. Emportés par le lahar, les parents ont vu leur voiture être renversée et ont dû se réfugier dans un arbre, puis dans une maison voisine. La leur a été détruite et ils n’ont jamais revu leur fils.
Des années plus tard, ils ont appris que le nom de leur fils avait été diffusé dans une publicité télévisée et, selon une information, il se trouvait à l’Institut colombien de protection de l’enfance (ICBF). Ils ont tenté de le retrouver au siège de l’Institut à Bogota, mais l’accès leur a été refusé. On leur a demandé d’apporter des vêtements et des photos prouvant qu’ils étaient de la famille du garçon.
Des années plus tard, une sœur de la mère du garçon leur a raconté qu’à La Nouvelle-Orléans, un homme l’avait abordée et lui avait dit que son frère avait adopté un enfant victime de la tragédie d’Armero. Elle lui a montré une photo de son neveu, sans succès, et la personne en question n’a jamais pu être recontactée.
La Fondation Armando Armero, une organisation de la société civile, a recensé 580 enfants disparus, dont 71 auraient été adoptés. À ce jour, quatre d’entre eux ont été retrouvés vivants grâce à des prélèvements d’ADN. Selon cette fondation, « il n’y a pas de mode opératoire précis. Il est exagéré d’affirmer que les enfants ont été volés uniquement par l’ICBF ; il existe de nombreuses autres possibilités. Des personnes de la société civile se sont rendues à Armero juste après la tragédie, ont vu des enfants en perdition, les ont emmenés chez eux où ont été accueillis et élevés avec affection. »
Il y a quarante ans, il n’existait pas le même accès à l’information qu’aujourd’hui. Les familles effectuaient des recherches en personne dans les centres d’accueil et les bureaux de l’ICBF. Après la tragédie, ces structures ont accueilli au moins 170 enfants d’Armero, selon les documents retrouvés. Ces services indiquent avoir enquêté sur le nombre d’enfants placés en vue d’une adoption, car à l’époque, cette décision relevait des tribunaux.
Pendant de nombreuses années, les espoirs des familles reposaient sur le « livre rouge » de l’ICBF – ainsi nommé en raison de sa couverture rouge – qui contient des informations sur certains enfants d’Armero. Ce livre a été déclassifié en octobre 2025 mais, de toute façon, il ne recense pas tous les enfants portés disparus.
Malgré les difficultés, quatre décennies plus tard, les familles refusent d’abandonner leurs recherches.

Source : The Washington Times.

Crédit photo : USGS

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On November 13, 1985, an eruption of the Columbia volcano Nevado del Ruiz triggered mud flows that caused what is often called the Armero tragedy on November 13, 1985. The volcano’s eruption after 69 years of dormancy caught nearby towns unprepared, even though volcanological organizations had warned the government to evacuate the area after they detected volcanic activity two months earlier.

As pyroclastic flows erupted from the volcano’s crater, the heat melted the mountain’s glaciers, sending four enormous lahars down the slopes at 50 km/h. The lahars picked up speed in gullies and engulfed the town of Armero, killing more than 20,000 of its almost 29,000 inhabitants. Casualties in other towns, particularly Chinchiná, brought the overall death toll to 23,000.

Today, some survivors of the 1985 eruption are still searching for children that were reported missing. After the eruption, the town was left uninhabited. The ensuing chaos led many children to be separated from their families, who keep searching for them 40 years later.

The Washington Times gives the testimony of parents who, on the night of the eruption, heard strange noises and left the house to see if something was wrong. They had heard on the news that the volcano was erupting, but they left their son, 5 years old at the time, sleeping at home because they thought they were far enough away from Nevado del Ruiz.

But soon the lava melted the volcano’s snow-cap and mudflows rushed down the riverbeds, generating an avalanche that rushed down the mountains. The lahar overcame the parents, overturning their car and causing them to take refuge in a tree and then a nearby house.

Theirs was destroyed, and they never saw their son again.

Years later, they learned their son’s name had been shared in an ad on TV, and received information that he was at the Colombian Institute of Family Welfare (ICBF), the agency responsible for protecting children in the country. They tried to find him at the institute’s headquarters in Bogotá but were not allowed to enter. They were asked to bring clothes and photos proving they were the boy’s family.

Years later, a friend of the parents told them that in New Orleans, a man approached her and said that his brother had adopted a child who was a victim of the Armero tragedy. They showed him a photo of their son with no result and were never able to contact this person again.

The Armando Armero Foundation, a civil society organization, has documented 580 missing children, 71 of whom were reportedly adopted. So far, they have found four of them alive after collecting DNA samples. According to this foundation, “there is no single modus operandi. You can’t just say, ‘the children were stolen solely by the ICBF,’ there are many ways. Civilians even went to Armero right after the tragedy and saw children, took them home, and welcomed them with affection.”

Forty years ago, without the same access to information as today, families searched in person at shelters and ICBF offices. After the tragedy the offices received at least 170 children from Armero, according to the records they have found. They say that they are investigating how many were given up for adoption, since at that time it was a decision made by the courts.

For many years, the families’ hopes rested on the ICBF’s “red book,” named for its red cover, which contains records of some of the children from Armero. This book was declassified in October 2025, but is not a complete record of all the children reported missing or disappeared.

Despite the challenges, after four decades, families refuse to abandon their search.

Source : The Washington Times.

Alerte sur le Nevado del Ruiz (Colombie) // Alert on Nevado del Ruiz (Colombia)

Une quarantaine de familles vivant sur les pentes supérieures du Nevado del Ruiz (Colombie) ont été évacuées après une augmentation de l’activité sismique. Le Service Géologique Colombien (SGC) a relevé le niveau d’alerte de Jaune à Orange, en indiquant qu’ « une éruption plus importante que n’importe quelle autre au cours des 10 dernières années pourrait se produire dans les jours ou les semaines à venir. » Tout le monde se souvient de l’éruption de 1985 avec des coulées de boue qui ont englouti la ville d’Armero, tuant 25 000 habitants.
Dans son communiqué, le SGC a déclaré qu’il y a eu des éruptions mineures sur le volcan au cours des 10 dernières années mais que son activité sismique a commencé à augmenter le 24 mars 2023, avec des milliers de secousses quotidiennes, un nombre jamais observé depuis que le SGC a commencé à surveiller l’activité volcanique du Nevado del Ruiz.
Une quarantaine de familles ont été évacuées et les écoles de la région travailleront en distanciel. Le parc naturel de Los Nevados a été fermé aux touristes.
Le niveau d’alerte du Nevado del Ruiz a été relevé,pour la dernière fois en 2012. Le volcan a alors été maintenu à l’Orange pendant plus d’un mois en avril et est passé au Rouge pendant deux jours en juin. Cependant, aucune éruption majeure ne s’est produite à cette époque.
Source : La BBC.

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About 40 families living on the upper slopes of Nevado del Ruiz (Colombia) are being evacuated after an increase of seismic activity. The Colombia’s Geological Service (SGC) has raised the alert level from Yellow to Orange, warning that an eruption bigger than any in the past 10 years could occur in the coming days or weeks. One can remember the 1985 eruption of the volcano. It triggered mudslides that engulfed the town of Armero., killing 25,000 residents.

In a statement, the SGC said that there have been minor eruptions at the volcano over the past 10 years but that its seismic activity started to increase on March 24th, 2023, with thousands of daily tremors, an unprecedented number since they began monitoring the volcano’s activity.

Around 40 families have been evacuated and schools in the area will switch to online classes. The nearby Los Nevados natural park has been closed to tourists.

The last time the alert level at Nevado del Ruiz was raised was in 2012, when it was kept at Orange for over a month in April and increased to Red for two days in June. However, no major eruption occurred that time.

Source : The BBC.

Sources: Wikipedia et SGC

Pour que la catastrophe d’Armero (Colombie) ne se reproduise pas // For the Armero disaster (Colombia) not to happen again

drapeau-francaisTout comme Maurice Krafft avait réalisé une vidéo expliquant les principaux risques volcaniques, une équipe de chercheurs du NERC* et de l’ESRC* travaillent sur un projet de réduction des risques dans les zones volcaniques. Ils ont collaboré avec les communautés vivant près de six volcans actifs et potentiellement dangereux de Colombie, d’Équateur et des Caraïbes.
Une série de films ont été réalisés autour du Nevado del Ruiz qui a tué environ 25.000 personnes à Armero (Colombie) au cours de l’éruption de 1985, l’une des pires catastrophes volcaniques du 20ème siècle. L’équipe de chercheurs a collaboré pendant plusieurs années avec des partenaires locaux tels que le Servicio Geologico Colombiano, l’Université de Manizales, la Croix-Rouge et des représentants de communautés locales afin de mieux comprendre les dynamiques physiques des éruptions et la dynamique sociale des localités qui sont sous leur menace.

Le but de ces films est de maintenir la mémoire sociale de 1985 en impliquant la population locale. Leurs auteurs avaient un double objectif: faire prendre conscience du volcan et de la menace qu’il représente, et voir si les films incitaient les gens à prendre des mesures pour se protéger et donc réduire le risque volcanique. Pour ce faire, ils ont rassemblé des témoignages des événements de 1985, avec les souvenirs de survivants qui ont aussi raconté comment se déroule leur vie depuis cette époque.

Les chercheurs viennent de rentrer de Colombie où ils ont organisé des projections publiques des films dans les écoles et dans les centres communautaires de cinq zones à risque. Plus de 700 personnes étaient présentes. Après les projections, des interviews ont permis d’évaluer l’impact des films sur les connaissances des gens à propos du volcan et sur la façon dont ils pourraient agir en cas de crise. Les résultats sont en cours d’analyse, mais les premiers retours sont positifs. Les films ont visiblement atteint leur but. Comme l’a déclaré l’un des chercheurs, «l’un des points forts des films est que le public peut voir des gens de leurs propres communautés ; dans de nombreux cas, de sont des gens qu’ils connaissaient bien, mais avec lesquels ils n’ont jamais parlé de l’éruption de 1985. Entendre des histoires racontées par des gens avec lesquels ils peuvent s’identifier les fait se sentir beaucoup plus concernés. »
Alors que l’objectif principal des films était une meilleure prise de conscience de l’existence du volcan et des dangers qui l’accompagnent,  beaucoup de gens qui ont assisté aux projections ont déjà commencé à réfléchir et à parler de la façon dont ils pourraient se protéger plus efficacement.

* NERC: Natural Environment Research Council
* ESRC:  Economic and Social Research Council

Voici un extrait de la vidéo, avec sous-titres en anglais:
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=1KVz6ACZQa8

Source: Natural Environment Research Council (NERC).

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drapeau-anglaisJust like Maurice Krafft had made a video explaining the main volcanic risks, a team of researchers of the NERC* and ESRC* are working on a project to mitigate risks in volcanic areas. They have been working with communities near six active and potentially dangerous volcanoes in Colombia, Ecuador and the Caribbean.

One set of films were made around the Nevado del Ruiz, which killed around 25,000 people in Armero (Colombia) when it erupted in 1985, one of the deadliest volcanic disasters of the 20th century. The team have spent several years collaborating with local partners such as the Servicio Geologico Colombiano, the University of Manizales, Red Cross and local community representatives, in an effort to understand more about both the physical dynamics of eruptions and the social dynamics of at-risk communities.

The aim of the films was to maintain the social memory of 1985 by involving local people. The authors of the films had two goals: to raise awareness of the volcano and the threat it poses, and to find out if the films contributed to empower people to take action to reduce their risk. To do this, they documented oral histories of the events of 1985, recording survivors’ memories and telling the stories of their lives since then.

The researchers have just returned from Colombia, where they held public screenings of the films at schools and community centres in five at-risk areas. More than 700 people attended. After the screenings, interviews were held whose aim was to assess the films’ impact on people’s knowledge of the volcano and on how they might act in a crisis. The results are still being analysed, but a lot of the early feedback was positive. The films visibly affected people. Said one researchers: « One of the strengths of the films was that the audience could see people from their own communities, in many cases people they knew well, but who they’d never spoken to about the eruption in 1985. Hearing the stories of people they could identify with made it a far more engaging experience for them. »

While the films’ main goal was to increase awareness of the volcano’s existence and the kinds of danger it can produce, many people who saw them have already started to go further and talk about how they could protect themselves more effectively.

* NERC: Natural Environment Research Council

*ESRC: Economic and Social Research Council

Here is an excerpt of the video, with subtitles in English:

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=1KVz6ACZQa8

Source : Natural Environment Research Council (NERC).  

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Carte à risque du Nevado del Ruiz (Source: Servicio Geologico Colombiano)

Nevado del Ruiz (Colombie): Ne pas oublier ! // Never forget !

drapeau-francaisLe mercredi 13 novembre 1985, la chaleur du Nevado del Ruiz faisait fondre la glace de son sommet et déclenchait un lahar qui emportait avec lui la vie de 25 000 personnes dans la ville d’Armero.
A l’occasion de ce triste anniversaire, nous ne devons pas oublier que les volcans peuvent encore tuer, 30 ans après cette catastrophe.

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drapeau-anglaisOn Wednesday, November 13th, 1985, the heat of Nevado del Ruiz Volcano melted the ice on its summit, sending a destructive mudflow down its slopes. Flooding claimed the lives of over 25,000 people in the town of Armero.
On this sad anniversary, we should not forget than volcanoes can kill, even 30 years after the disaster in Colombia.

Armero

Armero après le passage du lahar (Crédit photo: USGS)