L’effondrement des Dolomites (Italie)

Les Alpes ne sont pas le seul massif à subir les effets du réchauffement climatique. La hausse actuelle des températures provoque également le dégel du permafrost de roche dans les Dolomites, avec pour conséquence des effondrements qui menacent les randonneurs.

Le 27 juillet 2025, d’importantes chutes de pierres ont touché la Cima Falkner (Dolomites de Brenta, Trentin) sur ses versants ouest et est, heureusement sans faire de blessés. Ces derniers jours, des visiteurs avaient déjà signalé « de fortes explosions suivies de chutes de pierres et d’épais nuages de poussière » dans la région. Le 28 juillet au matin, une première inspection technique menée en hélicoptère par le Service géologique de la province autonome de Trente a révélé une situation préoccupante. En effet, l’ensemble du sommet semble affecté par un phénomène morphologique, probablement lié à la dégradation du pergélisol. Le glissement de terrain est toujours en cours et le risque d’aggravation demeure.
Par mesure de précaution, les sentiers et itinéraires d’alpinisme de la zone observée ont été fermés, conformément aux arrêtés signés par les maires des communes de Tre Ville et Ville d’Anaunia. Plus précisément, l’accès à la via ferrata des Bocchette « Alfredo e Rodolfo Benini » (sentier SAT n° 305) reste interdit, tout comme les sentiers n° 100 et n° 110. 315 (via ferrata Bruno Dallagiacoma), 316 (du Passo Grostè aux refuges Tuckett et Sella) et 331 (de la jonction du sentier 316 à la jonction avec le sentier 305).
Le 29 juillet, une nouvelle inspection menée par une équipe composée de l’unité de drones des pompiers de Trente, du Service géologique provincial et du Secours alpin et spéléologique du Trentin a confirmé d’importants élargissements des fractures rocheuses. Les techniciens ont procédé à une simulation tridimensionnelle de l’éventuelle « expansion » des roches en cas de nouveaux effondrements, compte tenu de leur instabilité. Les modèles sont certes indicatifs, mais ils sont utiles pour comprendre tous les scénarios possibles. Bien qu’il s’agisse d’un phénomène naturel dans les milieux dolomitiques, l’effondrement de la Cima Falkner semble significatif, tant par l’étendue que par le volume des matériaux impliqués.

Source : presse transalpine

 

Cima Falkner (Crédit photo: presse italienne)

UNOC-3 : un sommet pour rien ?

Pour qu’un sommet sur les océans, comme l’UNOC-3, se solde par un succès, il faut que tous les pays qui ont des côtes le long des mers et océans du globe soient présents. Or, c’était loin d’être le cas à Nice. Emmanuel Macron avait annoncé qu’il y aurait deux fois plus de chefs d’État et de gouvernement qu’en 2022 à Lisbonne qui avait accueilli l’UNOC-2. Au final, 63 d’entre eux se sont rendus sur la Côte d’Azur. L’Amérique latine était très bien représentée. L’Union Européenne avait à sa tête Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, mais on remarquait les absences du nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz,, ou de Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien. Keir Starmer, le premier ministre britannique était, lui aussi, aux abonnés absents. Pourtant ces deux pays ont des centaines de kilomètres de littoraux.

Les autres pays du monde étaient représentés par des ministres ou de simples « représentants ».C’est le cas des États-Unis, du Canada ou encore de l’Australie, dont les chefs d’État, à commencer par Donald Trump, ont été les grands absents de ce sommet. À noter tout de même la présence du vice-président chinois.

Il est bien évident que de telles absences ont inévitablement plombé l’UNOC-3 dont les résultats ne peuvent être que relatifs. Comme à l’issue de la réunion de Paris sur le climat, on va nous raconter que le bilan est très positif. On voit parfaitement aujourd’hui les effets quasi nuls de la COP 21, avec un réchauffement climatique qui ne cesse de s’accélérer ! Il est fort à parier que le sommet de Nice connaîtra le même sort.

Comme à l’issue de la COP 21, de nombreux pays auront pris des engagements sur la protection de l’océan, mais si aucune mesure n’est contraignante, une telle grand-messe ne servira à rien. De nouveaux engagements sur les aires marines protégées, la pollution plastique ou encore la sauvegarde d’espèces menacées, ont été annoncés. Un traité pour protéger la haute mer devrait bientôt être mis en œuvre. De nouvelles aires marines protégées devraient être créées, en sachant que leur délimitation est déjà critiquée par les associations environnementales françaises. Une centaine de pays se sont engagés « symboliquement » contre la pollution plastique, autrement dit contre rien, car rien de contraignant n’a été annoncé. Les délégations présentes se sont, bien sûr, élevées contre la décision de Donald Trump d’ouvrir la voie à l’extraction de minerais à grande échelle dans les fonds marins, y compris dans les eaux internationales, mais il est bien évident que cette protestation ne fera pas changer d’avis le président des États Unis.

Le 12 juin, à la veille de la clôture de l’UNOC-3, c’est un hémicycle quasi-vide qui a accueilli l’examen de la proposition de loi pour protéger les écosystèmes marins. Au final, on peut dire que ce sommet a eu le mérite d’exister mais que ce n’est pas demain que la situation de nos mers et océans commencera à s’améliorer. Rien, ou presque rien, n’étant fait pour limiter l’impact du réchauffement climatique sur les océans, la situation sera forcément problématique pour les prochaines générations.

L’éruption du Fuego (Guatemala) // The eruption of Fuego (Guatemala)

Comme je l’ai mentionné dans des notes précédentes, le volcan Fuego (sud du Guatemala) traverse actuellement une crise éruptive majeure. L’éruption a débuté le 4 juin 2025, après des semaines d’activité intense. Les explosions ont produit des panaches de cendres atteignant jusqu’à 4 800 m d’altitude, et des coulées de lave ont affecté plusieurs zones autour du volcan. Selon les agences locales, entre cinq et huit explosions étaient enregistrées, chacune accompagnée de grondements durant de 1 à 13 minutes. Des projections incandescentes, des avalanches et des retombées de cendres continues ont été signalées. Des avalanches et une coulée de lave s’étirant sur environ 600 m ont été observées sur plusieurs versants, en particulier dans les ravines Seca et de Ceniza.

L’activité éruptive s’est poursuivie le 5 juin 2025. Une puissante explosion a provoqué la chute d’un énorme bloc, ce qui a généré une onde pyroclastique. Des coulées de lave ont emprunté les ravines Las Lajas, Ceniza et Seca, jusqu’à 7 km du cratère, On a observé d’épais nuages ​​de cendres et de débris volcaniques d’intensité modérée à forte. Suite à l’intensification de l’activité volcanique, les autorités ont évacué environ 700 personnes dans plusieurs villages. De fortes pluies ont aggravé la situation en déclenchant des lahars qui ont bloqué les routes et entravé les secours. Les autorités ont déclenché une alerte Orange. Les cours ont été interrompus dans 43 écoles. La route nationale 14 a également été fermée par mesure de précaution. Une coulée de lave d’environ 1,2 km de long, se déplaçant du cratère vers la ravine Ceniza, a également été observée. Des matériaux incandescents ont été éjectées à plus de 300 m au-dessus du cratère, avec des grondements faibles à modérés pouvant durer jusqu’à cinq minutes.
Un bulletin d’alerte a été adressé aux pilotes volant à proximité du volcan. Les habitants des environs sont invités à rester vigilants et à suivre les instructions officielles. L’accès aux volcans Fuego et Acatenango est actuellement interdit. Dans les zones touchées par les cendres, le port du masque est fortement recommandé.

Crédit photo: Clima Guatemala

Dans sa dernière mise à jour (7 juin 2025), l’INSIVUMEH indique que des explosions générant des colonnes de cendres s’élevant jusqu’à 4 800 m d’altitude sont toujours observées. On peut entendre des grondements, semblables à ceux d’une locomotive. L’Institut prévient que d’autres éruptions, ainsi que des coulées pyroclastiques, sont encore possibles. De fortes pluies peuvent déclencher d’autres lahars.

https://twitter.com/i/status/1930773081582182439

Source : INSIVUMEH, CONRED.

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As I put it in previous posts, Fuego (southern Guatemala) is currently going through a significant eruptive episode. The eruption began on June 4, 2025, following weeks of increased activity. Explosions produced ash plumes reaching up to 4 800 m above sea level, and lava flows have impacted several nearby areas.According to local agencies, between five and eight explosions were recorded, each accompanied by loud sounds lasting from 1 to 13 minutes. Incandescent emissions, avalanches, and continuous ashfall were reported. Avalanches and a lava flow extending approximately 600 m were observed on multiple sides of the volcano, predominantly advancing toward the Seca and Ceniza ravines.

Eruptive activity continued into June 5, 2025. A powerful explosion sent a huge boulder crashing down as part of a pyroclastic surge. Flows moved through the Las Lajas, Ceniza, and Seca ravines, traveling as far as 7 km from the crater, carrying dense ash clouds and volcanic debris with moderate to strong force. As a result of increased activity, local authorities evacuated an estimated 700 people from several villages. Heavy rains worsened conditions by triggering lahars that blocked roads and hampered emergency efforts. Authorities closed schools, shut down roads, and issued an Orange alert. Classes have been called off at 43 schools. National Route 14 was shut down as a precaution. A lava flow of about 1.2 km moving from the crater into the Ceniza ravine, with glowing material clearly visible, has also been observed. Bursts of incandescent material were ejected more than 300 m above the crater, accompanied by weak to moderate rumbling sounds lasting up to five minutes.

A warning has been issued to pilots flying near the volcano. People in the surrounding areas are urged to stay alert and follow official instructions. Access to both Fuego and Acatenango is currently prohibited. In areas affected by the ash, wearing a mask is strongly recommended..

In its latest update (June 7, 2025), INSIVUMEH indicates that explosions generating ash columns rising up to 4,800 m above sea level are still observed. Rumblings can be heard, looking like those of a locomotive. The Institute warns that more eruptions are still possible, together with pyroclastic flows. Heavy rains may trigger more lahars.

Source : INSIVUMEH, CONRED.

Histoire d’algues glaciaires

Les médias français (radio et télévision réunies) ont le don d’ouvrir les portes ouvertes et de relater des faits connus depuis pas mal de temps. Ce qui a l’air d’un scoop n’est en fait que du réchauffé !

Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises sur ce blog, les algues qui se trouvent à la surface des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique se développent au printemps et assombrissent certaines parties du paysage qui est habituellement d’un blanc immaculé. Les teintes plus foncées des algues réduisent l’albédo, autrement dit le réfléchissement de la lumière du soleil, et accélèrent la fonte de la glace. Voici une vidéo diffusée ces derniers jours par France 2 pour expliquer ce phénomène :

https://www.francetvinfo.fr/environnement/meteo/neige/arctique-des-algues-rechauffent-les-glaciers-du-groenland_7096275.html

Le reportage explique que depuis le ciel, on aperçoit des taches sombres à perte de vue et de plus en plus nombreuses sur la glace du Groenland. Il s’agit de microalgues qui se développent facilement sur des zones glacées sans neige et n’ont besoin que de très peu de ressources.

Image extraite du documentaire (Crédit photo: James Bradley)

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Dans une note publiée le 7 juillet 2024, je fais référence à un article paru sur le site Live Science dans lequel des chercheurs de l’Université d’Aarhus au Danemark ont détecté des signes de virus géants sur la calotte glaciaire du Groenland qui pourraient contribuer à réduire certains impacts du réchauffement climatique. Ces virus, qui peuvent être jusqu’à 1 500 fois plus volumineux que les virus ordinaires, sont susceptibles d’attaquer les algues microscopiques qui assombrissent la glace du Groenland et la font fondre plus rapidement. Les auteurs de la nouvelle étude, publiée en mai 2024 dans la revue Microbiome, espèrent que la compréhension de ces virus pourra ouvrir la voie à un contrôle naturel de la croissance des algues et, par conséquent, réduire la fonte de la glace. Voici le lien vers ma note :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/07/07/groenland-des-virus-pour-blanchir-la-glace-et-la-neige-greenland-virus-to-whiten-ice-and-snow/

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S’agissant de la contribution du Groenland au réchauffement climatique, il faudrait aussi prendre en compte la présence de nouvelle végétation sur les zones délaissées par la glace et la neige. Une note intitulée « Le verdissement du Groenland » parue sur ce blog le 6 mars 2024, développe ce sujet :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/03/06/le-verdissement-du-groenland-the-greening-of-greenland/

À noter qu’un ‘verdissement’ identique affecte également l’Antarctique et nos Alpes.

 

Vue du glacier Russell (ouest du Groenland). Sa fonte a permis à des praires humides et des arbustes de s’installer là où il y avait autrefois de la glace et de la neige (Crédit photo : Université de Leeds)