Tignes (Savoie) n’a vraiment pas de chance! Après l’arrivée ratée du Tour de France à cause de la grêle à Val d’Isère, une autre mauvaise nouvelle a frappé la station de ski. En raison des fortes températures qui l’affectent depuis le début de l’été, le domaine skiable du glacier de la Grande Motte est fermé jusqu’à l’automne. C’est la décision prise le 25 juillet par l’exploitant des remontées mécaniques. Initialement, le ski d’été était programmé jusqu’au 4 août. Mais les deux canicules de ces dernières semaines ne permettent plus de réunir des conditions de sécurité et de glisse suffisantes. Il n’y a plus de neige à travailler. Des crevasses se forment. C’est la première fois que Tignes ferme son domaine de ski d’été de manière si anticipée. Toutefois, le glacier reste accessible jusqu’au vendredi 30 août aux promeneurs qui peuvent s’y rendre en empruntant le téléphérique ou le funiculaire.
Situé à 2.600 mètres d’altitude sur le domaine skiable de la station de Tignes, le glacier avait ouvert ses pistes le 22 juin. La réouverture du glacier aux skieurs est prévue pour le 28 septembre si les conditions météo le permettent. En 2018, l’ouverture s’est faite avec du retard, ce qui représentait un problème pour les entraînements de l’équipe de France de ski alpin.
Ce n’est pas la seule nouvelle inquiétante pour les Alpes qui ont subi les assauts de deux vagues de chaleur jamais observées jusqu’à présent. A plusieurs reprises, l’isotherme 0°C a flirté avec les 4800 mètres, la hauteur du Mont Blanc. Inutile de dire que les glaciers et le permafrost de roche qui assure la stabilité des parois ont pris un sacré coup. A Chamonix, les guides de haute montagne sont très inquiets.
Dans le massif du Mont Blanc, de plus en plus d’ascensions mythiques deviennent périlleuses voire impossibles. En 2005, dans la foulée de la canicule de l’été 2003, l’emblématique pilier Bonatti s’est effondré, emportant avec lui 292 000 mètres cubes de roche et tout un pan de l’alpinisme alpin. Les écroulements se poursuivent et se multiplient. Au cours de l’été 2018, une partie de l’arête des Cosmiques s’est effondrée elle aussi. Les courses de neige sont devenues aléatoires et les guides ne peuvent plus établir de planning fiable avec leurs clients. Il n’y a pas si longtemps, l’ouvrage de Gaston Rebuffat « Les 100 plus belles courses dans le Massif du Mont Blanc » publié en 1973 était encore la Bible des guides de Chamonix. En moins d’un demi-siècle, la grande majorité de ces courses ont été ‘affectées’ par le réchauffement climatique. 26 sont ‘très affectées’, et trois n’existent plus du tout. Les périodes pendant lesquelles les itinéraires de haute montagne peuvent être escaladés dans de bonnes conditions l’été tendent à devenir moins prévisibles.
Las alpinistes savoyards expliquent que grimper a toujours été un sport dangereux, avec une part de risque, avec les chutes de pierres ou de séracs, mais ces phénomènes se multiplient.
Les vieux guides s’inquiétaient encore récemment de trouver au printemps des conditions de fin août : crevasses visibles, moins de neige sur le glacier ou dans les faces nord privées de soleil.
Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, la Mer de Glace, glacier mythique des Alpes, est en train d’agoniser. L’eau ruisselle en surface comme en profondeur. En trois jours de marche, une équipe de guides a repéré une multitude de déchets vomis par le glacier, boîtes de conserve rouillées au graphisme années 1950 ou un vieux ski des années 1990. Triste fin de vie…
La Mer de Glace n’est plus qu’un ruban de débris
La grotte de glace s’enfonce et recule davantage chaque année
(Photos: C. Grandpey)
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Personne n’en a beaucoup parlé, mais ce qui s’est passé hier après-midi à Val d’Isère sur la route du Tour de France est à mettre en relation avec le réchauffement climatique et la canicule de ces derniers jours. On a eu affaire à une « goutte froide » qui appartient à des phénomènes météo d’altitude qui influencent le temps. Comme l’explique très bien le site Internet La Chaîne Météo, la goutte froide est une poche d’air froid à quelques 5400 mètres au-dessus de nos têtes. Sa présence entraîne souvent un conflit de masse d’air entre la surface du sol et ce qui se passe en altitude. En l’occurrence, le conflit s’est établi entre l’air très chaud au niveau du sol et une masse d’air beaucoup plus froide, phénomène encore accentué en zone de haute montagne. Cela se traduit par une instabilité importante avec des pluies et des orages sur la zone concernée avec, comme dans le cas présent, la présence de grêle.