La situation actuelle en Islande montre bien à quel point la volcanologie moderne est démunie devant l’activité volcanique. La situation sur et aux abords du Vatnajökull offre chaque jour une option différente et les pronostics se modifient avec la diversité des événements. Il est symptomatique de remarquer que l’éruption de la nuit dernière s’est produite alors qu’aucune sismicité n’avait été détectée dans le secteur. L’éruption a démarré tellement discrètement qu’elle était « à peine visible sur les sismos ».
Tout le monde se pose des questions sur le comportement du dyke et de la sismicité qui l’entoure. Après l’éruption éclair du 29 août, la sismicité semblait montrer un retour en arrière du magma le long de l’intrusion, ce qui a poussé certains à affirmer qu’il y avait à nouveau un risque d’éruption sous le glacier Dingjujökull. A l’heure actuelle, une telle éventualité ne s’est pas vérifiée et la sismicité a tendance à décliner, peut-être suite à l’évacuation de la pression au niveau de l’éruption fissurale. .
De la même façon, certains font ressortir de temps à autre le spectre d’une éruption du Bárðarbunga qui ressemblerait à celle de l’Eyjafjallajökull en 2010, et ils n’oublient jamais de rappeler les tracas causés au trafic aérien. A l’heure actuelle, un tel événement ne semble pas imminent car les séismes enregistrés semblent davantage provoqués par des effondrements ou des affaissements de la caldeira.
A ce sujet, je voudrais que l’on m’explique comment une éruption aurait pu avoir lieu sur le Bárðarbunga autour du 23 août, comme le prétendent certains scientifiques islandais. Je ne comprends vraiment pas comment une éruption peut être invisible ! Aucune anomalie thermique n’a été détectée ; aucun tremor harmonique n’a été enregistré; aucun panache de vapeur (et encore moins de cendre) n’a été observé ; aucune inondation n’a trahi la fonte de la glace et l’eau des rivières n’a pas subi de modifications chimiques. A mes yeux, la sismicité qui a été enregistrée à cette époque traduisait la migration du magma vers le NE et les contraintes subies à cette occasion par le plancher du volcan sous les centaines de mètres de glace qui le surmontent. D’ailleurs, les fortes secousses encore enregistrées de temps en temps trahissent ces modifications, ce qui est confirmé par les crevasses et les affaissements visibles à la surface du glacier.
Y aura-t-il une éruption du Bárðarbunga dans un proche avenir ? Personne ne le sait et je ne m’aventurerai pas à faire un pronostic. Ce serait parler pour ne rien dire. Le dyke va-t-il donner naissance à d’autres éruptions fissurales ? Va-t-il se stabiliser avec un lent déclin de la sismicité ? Assistera-t-on à une éruption sous-glaciaire ? Mystère ! Autant de questions auxquelles la volcanologie actuelle n’est pas en mesure de répondre.
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The current situation in Iceland shows the limits of modern volcanology in front of volcanic activity. The situation on and around Vatnajökull offers every day a different option and prognosis change according to the events. It is significant to note that last night’s eruption occurred with no seismic activity being detected in the area. The eruption started so quietly that she was « hardly visible on seismometers. »
Everyone is asking questions about the behaviour of the dyke and seismicity around it. After the very brief eruption of August 29th, seismicity appeared to show that magma was flowing back along the intrusion, prompting some people to say that there was again a risk of an eruption under Dingjujökull. Such an event did not happen and the seismicity tends to decline right now, perhaps following the release of pressure at the fissure eruption. .
Similarly, some people tell us from time to time that an eruption of Bárðarbunga rwould esemble that of Eyjafjallajökull in 2010, and they never forget to remind us of the problems caused to air traffic. At present, such an event does not seem imminent as the earthquakes that are recorded seem more caused by collapses or the subsidence of the caldera.
In this regard, I would like someone to explain to me how an eruption could possibly have occurred at Bárðarbunga around August 23rd, as claimed by some Icelandic scientists. I really do not understand how an eruption may be invisible! No thermal anomaly was detected; no harmonic tremor was recorded; no vapor plume (or even ash) was observed; no flooding betrayed the melting ice and river water did not undergo chemical changes. To my mind, the seismicity that was recorded at that time reflected the migration of magma towards the NE and the stresses undergone by the floor of the volcano under the hundreds of metres of ice that are above it. Moreover, the strong quakes that are occasionally recorded betray these changes, which is confirmed by the cracks and the subsidenvce that can be seen on the surface of the glacier.
Will there be an eruption of Bárðarbunga in the near future? Nobody knows and I would not venture to make a prognosis. That would be talking without saying anything. Will the dyke lead to other fissure eruptions? Will it stabilize with a slow decline in seismicity? Should we expect a subglacial eruption? This is a mystery! These are questions that current volcanology is not able to answer.
Fractures dans la glace du Bárðarbunga. Source : RUV (Icelandic National Broadcasting Service)

Bonjour,
Je m’interroge aussi sur les critères qui ont permis aux volcanologues islandais de conclure sur éruption sous-glaciaire le 23. Les seuls informations que j’ai trouvé sont :
– formation de chaudrons, alignés qui plus est.
– sismicité de surface relative.
– augmentation de la hauteur du lac de 5 mètres.
Ces informations ne permettent pas d’être catégorique quant à une éruption car on peut aussi imaginer un dégazage à haute température par exemple. Après, une éruption sous 600 mètres de glace n’induit pas forcément un panache…
Comme vous, j’attends d’autres infos.
Bonne journée,
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Qu’il n’y ait aucune anomalie thermique associée a une eruption qui sous-glaciaire c’est tout a fait évident. Toute l’energie du magma est utilisée pour fondre la glace, qui est un tres mauvais conducteur de chaleur.
Le meilleur argument pour une éruption provient du calcul de l’energie nécessaire pour fondre le volume de glace correspondant aux chaudrons (ou a l’eau de fonte supplémentaire accumulée dans le lac du Grimmsvotn) qui est de l’ordre de 30 millions de m3. Une estimation rapide tenant compte de l’enthalpie de fusion de la glace (333 Joules/g) donne environ 10 million de megajoules. C’est une quantité considérable, et je vois mal comment des gaz, meme a haute temperature auraient pu transporter autant d’energie. Pour le tremor harmonique l’absence de détection peut etre due au lieu de l’eruption sous le glacier et loin des instruments, ou peut etre au fait que les gaz soient en partie restés dissous dans le magma a cause du poids de la glace (eruption de pillow lavas)
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