Réchauffement climatique : l’importance géostratégique grandissante du Svalbard (1ère partie) // Global warming : the growing geostrategic importance of Svalbard (Part 1)

Dans mes notes sur le réchauffement climatique, il m’arrive de faire référence au Svalbard où, comme ailleurs dans l’Arctique, la hausse des températures se fait fortement sentir. C’est dans un cimetière du Svalbard que des chercheurs américains ont découvert que le virus de la Grippe Espagnole était toujours actif sur des prélèvements d’organes de mineurs norvégiens enterrés dans l’archipel en 1918. Aujourd’hui, la fonte des glaces ouvre la voie à de nouvelles routes maritimes dans le Grand Nord, avec l’accès aux ressources naturelles. Toutes les puissances tentent de se positionner pour obtenir une part du gâteau.

Le Svalbard constitue la terre la plus septentrionale de la Norvège et l’un de ses territoires. C’est l’endroit habité le plus proche du pôle Nord, et souvent considéré comme le point zéro du réchauffement climatique. Ces dernières années, la région est devenue un élément clé de la géopolitique dans un contexte de confrontation entre l’Occident et la Russie. Les relations entre Longyearbyen, la localité la plus importante du Svalbard, et Barentsburg, la principale colonie russe locale, sont gelées depuis l’invasion de l’Ukraine.

Avec la fonte des glaces sous l’effet du réchauffement climatique, l’Arctique est devenu un élément clé de la géostratégie mondiale. L’archipel norvégien y joue un rôle de plus en plus important car il constitue l’accès le plus facile à l’Arctique. La Russie a des points d’accès, mais ils sont tous militaires. Or, le traité du Svalbard, qui date de 1920, établit que les pays signataires peuvent s’installer sur le territoire et exploiter ses ressources sur un pied d’égalité, mais sous le régime de la loi norvégienne. L’article 9 du traité stipule clairement que l’archipel ne peut être utilisé à des fins militaires ou militarisées. La Russie est donc bloquée à ce niveau. Jusqu’à quand ? D’autres pays, comme la Chine, veulent consolider leur présence. Pékin a même tenté d’acheter les derniers terrains privés de l’archipel, mais le gouvernement norvégien a stoppé l’opération.

En 1920, le traité du Svalbard a accordé la souveraineté sur l’archipel à la Norvège qui, depuis lors, a réussi à maintenir la stabilité et la paix. L’accord a déjà été signé par près de 50 pays, dont la plupart des pays de l’Union européenne et de l’OTAN, ainsi que la Russie, la Chine et la Corée du Nord.

Désormais, chacun de ces pays se positionne en attendant le partage des trésors qui ne manqueront pas d’émerger lorsque la glace disparaîtra et que de nouvelles routes maritimes s’ouvriront. Des ressources telles que le pétrole, le gaz, les terres rares ou les minéraux précieux seront alors accessibles. Ces dernières années, la route maritime du Nord est devenue une voie de transport de plus en plus utilisée. En effet, les routes maritimes arctiques sont 30 à 50 % plus courtes que celles qui empruntent les canaux de Suez et de Panama.

La science est un outil politique pour pénétrer dans l’Arctique. C’est pourquoi les nations qui n’ont pas de masse continentale dans la région construisent de puissants brise-glaces et des navires scientifiques. Ils prétendent ainsi avoir une partie de l’Arctique. C’est également le cas de la Chine qui, en 2010, a revendiqué son statut d’État proche de l’Arctique, tout en étant très éloignée de cette partie du monde.

Source : France Info.

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In my posts about global warming, I sometimes refer to Svalbard, where, as elsewhere in the Arctic, rising temperatures are being strongly felt. It was in a Svalbard cemetery that American researchers discovered that the Spanish Flu virus was still active on organ samples from Norwegian miners buried in the archipelago in 1918. Today, the melting ice is opening the way to new maritime routes in the Far North, with access to natural resources. All the powers are trying to position themselves to get a piece of the pie.
Svalbard is the northernmost land in Norway and one of its territories. It is the closest inhabited place to the North Pole, and is often considered to be ground zero for global warming. In recent years, the region has become a key element of geopolitics in the context of confrontation between the West and Russia. Relations between Longyearbyen, the main residential place on Svalbard, and Barentsburg, the main local Russian colony, have been frozen since the invasion of Ukraine.
With the melting of the ice due to global warming, the Arctic has become a key element of global geostrategy. The Norwegian archipelago plays an increasingly important role there because it is the easiest access to the Arctic. Russia has access points, but they are all military. However, the Svalbard Treaty, which dates back to 1920, establishes that the signatory countries can settle on the territory and exploit its resources on an equal footing, but under the regime of Norwegian law. Article 9 of the treaty clearly states that the archipelago cannot be used for military or militarized purposes. Russia is therefore blocked at this level. Until when? Other countries, such as China, want to consolidate their presence. Beijing even tried to buy the last private lands in the archipelago, but the Norwegian government stopped the operation.
In 1920, the Svalbard Treaty granted sovereignty over the archipelago to Norway, which has since managed to maintain stability and peace. The agreement has already been signed by nearly 50 countries, including most of the European Union and NATO countries, as well as Russia, China and North Korea.
Now, each of these countries is positioning itself in anticipation of sharing the treasures that will undoubtedly emerge when the ice disappears and new sea routes open up. Resources such as oil, gas, rare earths or precious minerals will then be accessible. In recent years, the Northern Sea Route has become an increasingly used transport route. Indeed, Arctic shipping routes are 30 to 50 percent shorter than those through the Suez and Panama Canals.
Science is a political tool to penetrate the Arctic. That is why nations that do not have a landmass in the region build powerful icebreakers and scientific vessels. They thus claim to have a part of the Arctic. This is also the case of China, which in 2010 claimed its status as a near-Arctic state, even though it is very far from this part of the world.

Source : France Info.

Nome (Alaska) et le réchauffement climatique : une affaire d’adaptation (2ème partie // Nome (Alaska) and global warming : a matter of adaptation (part 2)

La fonte de la glace de mer et les nouvelles stratégies internationales.
La Russie ne se contente pas de construire des ports. Au cours de la dernière décennie, les autorités russes ont de plus en plus exprimé leur désir de faire de l’Arctique une sphère d’expansion militaire et économique, pour contrer ce qu’ils perçoivent comme une menace des États-Unis et de l’OTAN pour les intérêts russes dans la région. Les images satellite publiées en avril 2021 montrent que la Russie étend ses capacités militaires dans l’Arctique en construisant de nouvelles bases et en modernisant celles qui existent déjà.
L’influence des différents acteurs entrera en jeu lorsqu’il s’agira de contrôler les réserves de pétrole, les minéraux dans les fonds marins et les ressources poissonnières dans la région. Le réchauffement des océans pousse les bancs de poissons vers le nord, dans les zones arctiques où des nations rivales pourraient s’affronter à propos des droits de pêche. La mer de Béring, partagée par la Russie et les États-Unis, abrite déjà environ 40 % des stocks américains de poissons et de crabes et est en concurrence avec la Nouvelle-Angleterre au niveau de la rentabilité. La région pourrait devenir un point de conflit et intensifier les tensions avec les États-Unis.
La flotte de pêche de l’Alaska a eu un aperçu de cette possibilité de conflit en août 2020, lorsque la marine russe a conduit des opérations militaires à l’intérieur de la zone économique américaine de la mer de Béring. Il a été demandé à tous les bateaux américains présents dans la zone de bien vouloir l’évacuer. La marine américaine a réagi, quoique tardivement, en effectuant ses propres manoeuvres militaires au mois de mars.
Alors que le changement climatique redessine la carte de l’Arctique, les accords régionaux sur les stocks de poissons, les routes maritimes, les programmes de recherche et l’extraction des ressources devront être étroitement contrôlés pour protéger ce qui était autrefois surnommé avec optimisme le Pôle de la Paix par Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président de l’ère soviétique.

La glace de mer : un élément essentiel de l’Arctique.
La glace de mer ne protège pas seulement les côtes arctiques des violentes tempêtes hivernales. C’est aussi un élément essentiel de la chaîne alimentaire. Les algues qui poussent sous la glace nourrissent les larves de poissons et les minuscules crustacés qui sont une source de nourriture pour la plupart des habitants de l’océan. Les mammifères marins comme les phoques et les ours polaires ont besoin de la glace de mer pour chasser et mettre bas. De plus, les populations autochtones côtières de l’Alaska dépendent de la glace de mer pour la chasse de subsistance. Un phoque peut nourrir une famille en viande pendant un an. Dans les communautés autour de Nome, les produits d’épicerie sont acheminés par avion à grands frais. Une pastèque peut coûter 50 dollars et une dinde de Thanksgiving congelée jusqu’à 60 dollars! A Nome, la chasse n’est pas un passe-temps, c’est une une nécessité.
Le dernier rapport du GIEC indique que « l’augmentation des événements météorologiques et climatiques extrêmes expose les gens à une insécurité alimentaire aiguë et réduit la sécurité de l’eau ; les impacts les plus importants sont observés dans de nombreux endroits et/ou communautés de l’Arctique, en particulier chez les peuples autochtones ». Les communautés en question commencent déjà à s’adapter. Certains ont commencé à chasser l’orignal qui se déplace maintenant vers le nord dans la toundra à mesure que la nouvelle végétation prend racine dans le pergélisol en train de dégeler. Sur la côte, la goberge commence à remplacer le saumon et l’omble chevalier qui occupaient autrefois le nord de la mer de Béring.
Même la vieille plaisanterie qui disait que les Esquimaux avaient cent mots pour parler de la neige n’est plus à l’ordre du jour dans un monde qui se réchauffe. Certains indigènes de l’Alaska ont commencé à utiliser le néologisme yup’ik usteq pour désigner l’érosion rapide causée par le climat et le dégel du pergélisol.

Un maître mot : ADAPTATION !
Adaptation est un mot-clé pour les communautés de l’Arctique qui doivent faire face aux réalités du changement climatique. Elles devront créer de nouvelles traditions et les régimes alimentaires changeront.
Nome peut encore être en mesure de s’adapter à la nouvelle situation sans trop de pertes si la ville sait anticiper le changement. Lorsque le Crystal Serenity a été le premier grand navire de croisière à traverser l’Arctique en 2016, Nome a été l’une de ses premières escales lors du voyage de 32 jours. Plus de 1 000 passagers ont dépensé leur argent dans les commerces de la ville. Aujourd’hui, après la pause due à la pandémie de COVID-19, 27 paquebots de croisière devraient s’arrêter à Nome cet été.
Une étude menée par le Nome Visitor Center estime que chaque touriste d’un croisiériste rapporte plusieurs centaines de dollars aux magasins locaux et aux voyagistes. Mais les gros bateaux acheminent aussi des marchandises, des matériaux de construction, du carburant et de la nourriture dont le prix diminuerait, rendant la vie plus abordable pour la population.
Cependant, un port en eau profonde à Nome pourrait également poser des problèmes. Plus de trafic signifie un risque accru d’introduction d’espèces invasives collées aux coques des navires étrangers, ce qui pourrait détruire un écosystème dans le détroit de Béring qui est déjà sous la pression du changement climatique. L’augmentation du bruit due à la récente augmentation de la navigation perturbe déjà l’écosystème océanique. Des poissons et des mammifères marins sont partis et le bruit perturbe le mode de vie des autochtones. Plus de navires signifie aussi plus de gaz d’échappement qui noircissent ce qui reste de glace de mer et accélèrent le processus de fonte.
L’ancien maire de Nome, l’un des premiers partisans de l’expansion du port, affirme que le projet vise davantage à protéger la communauté qu’à profiter du changement climatique. Plus l’Arctique se réchauffera, plus les bateaux passeront par le détroit de Béring. Nome doit se préparer à cela, mais aussi aux conséquences. Une expansion du port, bien faite, devrait inclure des mesures de contrôle permettant d’éloigner le trafic des frayères ou des alevinières à certaines périodes de l’année.
Les premiers habitants de l’Alaska ont survécu et prospéré dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète grâce à un processus d’adaptation continue.

Selon l’ancien premier magistrat, la recherche d’opportunités dans une région en évolution rapide, qu’il s’agisse d’un meilleur accès aux ressources minérales, de voies de navigation plus efficaces ou de nouvelles zones de pêche, constitue une forme d’adaptation à la situation actuelle.
Source : Yahoo Actualités.

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The melting of the sea ice: new international strategies.

Russia isn’t just building up ports. For the past decade, the country’s leaders have increasingly voiced their desire to make the Arctic a sphere of military and economic expansion, to counter what they perceive as U.S. and NATO challenges to Russian interests in the region. Satellite imagery released in April 2021 showed Russia expanding its military capabilities in the Arctic by building new bases and modernizing existing ones.

Influence will matter when it comes to control of the region’s petroleum reserves, seabed minerals, and seafood. Warming oceans are pushing global fish stocks northward, into polar areas where rival nations could clash over fishing rights. The Bering Sea, shared by Russia and the U.S., is already home to approximately 40% of U.S. fish and crab stocks, and rivals New England for the most profitable U.S. fishery. This could become an unexpected flash point and intensify tensions with the U.S.

The Alaskan fishing fleet got a glimpse of what that could look like in August 2020, when the Russian navy conducted military operations inside the U.S. economic zone of the Bering Sea and warned all boats in the area to get out of their way. The U.S. Navy responded, belatedly, by conducting its own operations inside the Arctic Circle in March.

As climate change redraws the Arctic map, regional cooperation over fish stocks, shipping routes, research programs, and resource extraction will be vital to protect what was once optimistically dubbed the Pole of Peace by the last Soviet President, Mikhail Gorbachev.

Sea ice: an essential element of the Arctic.

Sea ice doesn’t just protect Arctic coasts from savage winter storms. It’s also an essential element of the region’s and the world’s food web. Algae growing underneath feeds the fish larvae and tiny crustaceans that are the food source for most ocean inhabitants, and marine mammals like seals and polar bears need the ice floes to hunt and give birth. Furthermore, Alaska’s coastal Indigenous populations rely on sea ice for subsistence hunting. One seal can keep a family in meat for a year. In communities around Nome – where groceries are flown in at great expense – a watermelon can cost $50 and a frozen Thanksgiving turkey up to $60. In Nome, hunting is not a pastime, it’s a lifeline.

The latest IPCC report noted that “increasing weather and climate extreme events have exposed … people to acute food insecurity and reduced water security, with the largest impacts observed in many locations and/or communities in … the Arctic, especially for Indigenous Peoples.” Already communities are starting to adapt. Some have started hunting moose, a once foreign species that is now moving northward into the tundra as new vegetation takes root in the thawing permafrost. On the coast, pollock is starting to replace the cold-loving salmon and arctic char that used to dominate the northern Bering Sea.

Even the old joke about Eskimos having a hundred words for snow needs to be updated in a grim vocabulary for a warming world. Some Alaska natives have started using the Yup’ik neologism usteq to refer to rapid, climate-driven erosion and ground collapse caused by permafrost melt.

A key word : ADAPTATION !

Adaptation is the climate world’s anodyne word for the decisions that must be made as threatened communities face the realities of irrevocable change. Dictionaries will have to be updated, communities will have to craft new traditions, and diets will change.

Nome may yet be able to adapt to the new situation with minimal loss if it can get ahead of the change. When the Crystal Serenity became the first large cruise ship to traverse the Arctic in 2016, Nome was one of its first stops on the 32-day voyage, bringing in more than 1,000 day-trippers eager to spend money at its businesses. Now, following a COVID-19 pandemic pause, 27 cruise liners are scheduled to stop at Nome this summer.

A study undertaken by the Nome Visitor Center estimates that each cruise-line tourist brings in several hundreds of dollars to local shops and tour companies. But bigger boats also mean that the cost of bringing in goods, from construction materials to fuel, watermelons, and frozen turkeys, would go down, making life more affordable for residents.

However, a deepwater port in Nome could bring problems as well. More traffic means an increased risk of introducing invasive species stuck to the hulls of foreign vessels, which could devastate a Bering Strait ecosystem already under pressure from climate change. Increased noise from the recent uptick in shipping is already disturbing the ocean ecosystem, driving fish and marine mammals away and disrupting the Native subsistence lifestyle. More ships mean more exhaust fumes that blacken what sea ice remains, accelerating the melting process.

Nome’s former mayor, an early supporter of the port expansion, says the project about the port is more about protecting the community than profiting from climate change. The more the Arctic warms, the more boats will come through the Bering Strait. Nome has to be prepared for that and prepared for the consequences as well. A port expansion, done right, should include the authority to direct traffic away from fish-spawning grounds or nurseries at certain times of the year.

Alaska’s earliest residents not only survived but thrived in one of the harshest environments on Earth through a process of continuous adaptation. Seeking opportunities in a rapidly changing region, whether it’s better access to mineral resources, more efficient shipping routes, or new fishing grounds, is simply the newest form of adaptation.

Source: Yahoo News.

Glace de mer

Montagnes russes suite au dégel du permafrost

(Photos: C. Grandpey)

 

La culture de la fourrure dans l’Arctique // Arctic fur culture

Pour les gens de ma génération, le seul mot « trappeur » évoque Davy Crockett, « l’homme qui n’a jamais peur », avec son bonnet de fourrure à queue de raton laveur. Les trappeurs existent dans les hautes latitudes depuis des siècles. Aujourd’hui encore, des milliers de Canadiens et d’Alaskiens, y compris les First Nation, s’adonnent toujours à cette activité très réglementée qui fait partie de leur culture ancestrale et représente parfois leur seule source de revenus.

Un article récemment publié dans la presse canadienne et relayé par Yahoo Actualités explique la situation des trappeurs dans le pays.

Peu de gens au Canada réussissent encore à vivre uniquement du piégeage des animaux, une tradition qui remonte à 400 ans, au moment où s’effectuait les premiers échanges entre les autochtones et les explorateurs européens.
L’habitat urbain empiète de plus en plus sur les espaces naturels, ce qui réduit l’espace de vie des animaux. De plus, avec les hivers plus courts à cause du réchauffement climatique et la chute des prix des fourrures, le piégeage devient de plus en plus compliqué.
Le marché de la fourrure doit aussi faire face au boycott des marques de luxe, à l’absence d’acheteurs chinois depuis le début de la pandémie de Covid-19, et maintenant à la perte de deux marchés clés en Russie et en Ukraine depuis l’invasion de ce pays par les Russes. Bien qu’à un niveau encore trop bas, il semble toutefois que la situation se soit stabilisée.
Le Canada est le plus grand producteur de fourrures dans le monde. Quelque 415 000 peaux ont été vendues au cours de la saison 2019-2020 pour un total de 13,8 millions de dollars canadiens.
Au moment de la plus grande vente aux enchères de fourrures en Amérique du Nord, à North Bay au Canada, à environ 350 kilomètres au nord de Toronto, les courtiers vérifient les produits avant le grand événement, qui se tient en ligne en raison de la pandémie de Covid-19. Dans un vaste entrepôt, des dizaines de milliers de peaux d’animaux, parmi lesquels des lynx, des renards, des loups et des ours noirs, sont attachées en paquets suspendus à des étagères. Elles sont triées en fonction de la taille, la couleur et la qualité.
La pression croissante des militants pour les droits des animaux en Europe et en Amérique du Nord a conduit plusieurs grandes marques de luxe, telles que Dolce & Gabbana, Burberry et Chanel, à cesser d’utiliser de la fourrure animale. Le retrait de Canada Goose du commerce des fourrures a été une très mauvaise nouvelle. Cependant, la demande reste très forte et d’autres fabricants devraient combler le vide laissé par l’entreprise canadienne, qui a annoncé l’an dernier qu’elle cesserait bientôt d’utiliser des garnitures en fourrure de coyote sur ses capuches de parkas, un accessoire qui, pendant cinq décennies, a permis de garder au chaud le visage des explorateurs de l’Arctique.
L’industrie de la fourrure animale devra également faire face au manque d’accès aux marchés ukrainien et russe. Ce dernier est le deuxième au monde pour la fourrure, mais victime des sanctions économiques canadiennes et alliées. Un membre de la Fur Harvesters Auction de North Bay a déclaré : « La guerre entre l’Ukraine et la Russie est un énorme handicap parce que nos autres gros acheteurs en Grèce, Italie et Turquie vendent leurs produits manufacturés en Russie et en Ukraine, et sont aujourd’hui soumis à des sanctions. »

Je comprends qu’il est difficile pour les militants pour les droits des animaux en Europe, et particulièrement en France, de comprendre la culture du piégeage dans l’Arctique. En France, par exemple, le nombre d’animaux sauvages est extrêmement faible par rapport aux régions arctiques et leur protection est essentielle à la survie des espèces. Au Canada et en Alaska, la situation est très différente. Les animaux sauvages pullulent et le piégeage – qui est strictement réglementé – permet de contrôler leur nombre et d’éviter la surpopulation.

On trouve à Anchorage des magasins de fourrure qui proposent de superbes vêtements en peau de loup ou de renard arctique, par exemple. Au risque de choquer certains, je dois admettre que si j’habitais en Alaska, je porterais un de ces manteaux qui assurent une protection parfaite contre le froid.

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For people of my generation, the very word « trapper » evokes Davy Crockett, « the man who was never afraid » with his raccoon-tailed fur cap. Trappers have existed in high latitudes for centuries. Whether in Canada or Alaska, many natives engage in this highly regulated activity which is part of their ancestral culture and sometimes represents their only source of income.

An article recently published in the Canadian press explains the situation of trappers in the country.

Few people in the country still manage to make a living solely in the business, which dates back 400 years to the first Indigenous trades of pelts to European explorers. However, thousands of Canadians, including Indigenous people, are still active in the now heavily-regulated industry.

With human encroachment reducing animal habitats, shorter winters caused by climate change, and plunging fur prices, trapping is getting more and more difficult.

The market has been struggling under pressure from luxury brands’ boycotts, the absence of Chinese buyers since the start of the pandemic, and now the loss of two key markets in Russia and Ukraine since Moscow’s invasion. Although at a low level, it looks as if the situation has stabilized.

Canada is the largest producer of wild furs in the world, with some 415,000 pelts sold in the 2019-2020 season for a total of 13.8 million Canadian dollars.

Inside North America’s last major fur auction in North Bay, about 350 kilometers north of Toronto, brokers are busy checking out the offerings ahead of the big event, which is being held online for a third year in a row due to the pandemic. In a vast warehouse, tens of thousands of animal pelts — including lynxes, foxes, wolves and black bears — are tied in bundles hanging from racks, sorted by size, color and quality.

Growing pressure from animal rights activists in Europe and North America led several major luxury brands, such as Dolce & Gabbana, Burberry and Chanel, to stop using fur. Canada Goose’s exiting the fur trade was very bad news for the industry. However, other manufacturers are expected to fill the « void » left by the Canadian company, which announced last year it would soon stop using coyote fur trim on its parka hoods, a feature that for five decades had helped keep Arctic explorers’ faces warm.

The industry will also have to cope with the lack of access to markets in Ukraine and Russia . The latter is the world’s second-largest for fur, but targeted by Canadian and allied economic sanctions. A member of the Fur Harvesters Auction in North Bay said : « The war between Ukraine and Russia is a huge handicap because our other big buyers from Greece, Italy and Turkey., used to sell their manufactured products into Russia and Ukraine, and are subject to the sanctions. »

I understand that it is hard for environmentalists in Europe, and especially in France, to understand the culture of trapping in the Arctic. In France, for instance, the number os wild animals is extremely low compared with Arctic regions. Trapping in Canada and Alaska – which is strictly regulated – helps to control the number of wild animals and avoid overpopulation.

Le renard est un animal très convoité par les trappeurs (Photo : C. Grandpey)

Groenland : l’objet de toutes les tentations // Greenland : the object of all temptations

Comme je l’ai écrit dans plusieurs notes, avec la fonte de l’Arctique, certaines nations lorgnent sur les richesses qui, jusqu’à présent, étaient dissimulées sous la glace. Leurs gouvernements ne se soucient guère des ravages que leur exploitation causerait à l’environnement. Il y a quelques années, l’ancien président américain Donald Trump avait proposé au Danemark d’acheter le Groenland. Beaucoup de gens pensaient que c’était une plaisanterie, mais le bonhomme était très sérieux. .
Ces derniers jours, le Danemark a protesté contre des tentatives d’espionnage de plus en plus fréquentes de la Russie, de la Chine, de l’Iran et d’autres pays, dans l’Arctique où ces pays se bousculent pour une future exploitation des ressources minérales et l’ouverture de voies de navigation. Les services danois de sécurité et de renseignement affirment que la menace de telles activités contre le Danemark, le Groenland et les îles Féroé a augmenté ces dernières années.
Le Groenland et les îles Féroé sont des territoires souverains du Royaume du Danemark et également membres du Conseil de l’Arctique. Copenhague gère la plupart de leurs affaires étrangères et de sécurité.
En 2019, il y a déjà eu l’histoire d’une fausse lettre prétendument adressée par le ministre des Affaires étrangères du Groenland à un sénateur américain et disant qu’un référendum sur l’indépendance de l’île était en vue. Il est fort probable que la lettre ait été fabriquée de toute pièce et partagée sur Internet par des agents russes qui voulaient semer la confusion et provoquer des rivalités entre le Danemark, les États-Unis et le Groenland. La Russie a, bien sûr, démenti toute participation à cette affaire.
Les autorités danoises affirment également que les services de renseignement étrangers, notamment chinois, russes et iraniens, tentent de prendre contact avec des étudiants, des chercheurs et des entreprises danois pour exploiter des informations sur la technologie et la recherche danoises. L’agence de presse Reuters a découvert en novembre 2021 qu’un professeur chinois de l’Université de Copenhague avait mené des recherches génétiques en collaboration avec l’armée chinoise, sans en parler à personne…
Source : Yahoo News.

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As I put it in several posts, with the melting of the Arctic some nations are eyeing the riches that, up to now, were dissimulated beneath the ice. They would not care about the damage their exploitation would ause to the environment. A few years ago, former US president Donald Trump offered Denmark to buy Greenland. Many people thought it was a joke, but it was not.

In the past days, Denmark warned of a rising espionage threat from Russia, China, Iran and others, in the Arctic region where these nations are jostling for resources and sea routes. The Danish Security and Intelligence Service says the threat from foreign intelligence activities against Denmark, Greenland and the Faroe Islands has increased in recent years.

Greenland and the Faroe Islands are sovereign territories under the Kingdom of Denmark and also members of the Arctic Council forum. Copenhagen handles most of their foreign and security matters.

In 2019, there was already the story of a forged letter purporting to be from Greenland’s foreign minister to a U.S. senator saying an independence referendum was in the offing. It is highly likely that the letter was fabricated and shared on the Internet by Russian influence agents, who wanted to create confusion and a possible conflict between Denmark, the USA and Greenland.

The Danish authorities also sayforeign intelligence services, including from China, Russia and Iran, are trying to make contact with students, researchers and companies to harness information on Danish technology and research. The Reuters press agency found in November 2021 that a Chinese professor at the University of Copenhagen conducted genetic research with the Chinese military without disclosing the connection.

Source: Yahoo News.

Les richesses du Groenland