Les poussins de manchots empereurs victimes de la fonte record de la banquise antarctique // Emperor penguin chicks victims of record melting of Antarctic sea ice

Les colonies de manchots empereurs en Antarctique ont été anéanties en 2023 car le réchauffement climatique accélère la fonte de la banquise. C’est le résultat d’une étude du British Antarctic Survey publiée le 25 avril 2024 dans le Journal of Antarctic Science
L’étude révèle que la surface extrêmement réduite de la banquise en 2023 a contribué à la deuxième pire année en matière de mortalité des poussins de manchots empereurs depuis le début des observations en 2018. Cela fait suite à un « échec de reproduction catastrophique » en 2022.
Les manchots empereurs se reproduisent sur les plates-formes de glace de mer. Leurs poussins éclosent en hiver entre fin juillet et mi-août et sont élevés jusqu’à ce qu’ils développent des plumes imperméables, généralement en décembre, avant la fonte estivale. Le problème est que si la glace de mer fond trop tôt, les poussins risquent de se noyer et de geler.
L’étude explique que 14 des 66 colonies de manchots – qui peuvent chacune produire plusieurs centaines à plusieurs milliers de poussins par an – ont été affectées par la fonte précoce de la glace de mer en 2023. Cependant, les scientifiques affirment que 2023  » n’a pas été aussi désastreuse qu’ils le craignaient. » En effet, un nombre record de 19 colonies avaient été touchées en 2022.
L’étude révèle également que plusieurs colonies, en particulier celles ravagées en 2022, s’étaient déplacées à la recherche de meilleures conditions vers des icebergs, des plates-formes de glace ou une glace de mer plus stable. Même si un tel comportement des oiseaux est un signe encourageant quant à leur capacité à s’adapter à un environnement changeant, on peut craindre qu’il ne s’agisse que d’une « solution temporaire », compte tenu de la vitesse à laquelle le réchauffement climatique s’accélère et affecte le continent Antarctique. En fait, la seule solution repose sur les humains, qui ont tout intérêt à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui provoquent le réchauffement de la planète et contribuent à la fonte des glaces, principale menace à laquelle sont confrontés les manchots
2022 et 2023 ont été les premières années où la superficie de glace de mer est tombée en dessous de deux millions de kilomètres carrés depuis le début des relevés satellitaires. Cela représente une baisse d’environ 30 pour cent par rapport à la moyenne de 1981 à 2010.
Selon une étude de 2020, on dénombre environ 250 000 couples de manchots empereurs reproducteurs en Antarctique. Un auteur de l’étude a déclaré : « Si on rencontre plusieurs mauvaises années, cela commence à faire baisser la population au fil du temps. » Si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent aux niveaux actuels, la population de manchots devrait diminuer de 99 % d’ici la fin du siècle.
Source : British Antarctic Survey, médias d’information internationaux.

Crédit photo: Wikipedia

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Colonies of emperor penguin chicks were wiped out in 2023 as global warming accelerates the melting of sea ice. This is the result of a study by the British Antarctic Survey published on April 25th, 2024 in the Journal of Antarctic Science .

The study found that record-low sea ice levels in 2023 contributed to the second-worst year for emperor penguin chick mortality since observations began in 2018. It follows a « catastrophic breeding failure » in 2022.

Emperor penguins breed on sea-ice platforms, with chicks hatching in the winter between late July and mid-August. The chicks are reared until they develop waterproof feathers, typically in December ahead of the summer melt. The problem is that if the ice melts too early, the chicks risk drowning and freezing.

The study explains that 14 out of 66 penguin colonies, which can each produce several hundred to several thousand chicks in a year, were affected by early sea-ice loss in 2023. However, scientists say that 2023 « wasn’t as bad as [they] feared. », A record 19 colonies were affected in 2022.

The study also found that several colonies, particularly those ravaged the previous year, had moved in search of better conditions onto icebergs, ice shelves or more stable sea ice. While such moves offer a hopeful sign that the birds can adapt to the changing environment, one can fear it is just a « temporary solution », considering the spped at which global warming is accelerationg and affecting the Antarctic continent. Actually, the only solution relies on humans that should reduce planet-heating greenhouse gas emissions that are contributing to ice melt which is the main threat facing the species.

Both 2022 and 2023 were the first years to see the area of sea-ice fall below two million square kilometres since the beginning of satellite records. That marks a decine of about 30 percent from the 1981-2010 average.

There are about 250,000 breeding emperor penguin pairs in Antarctica, according to a 2020 study. An author of the stay said : « If you get multiple bad years, it is going to start to drive the population down over time. » If greenhouse gas emissions continue at current levels, the penguin population is expected to decline by 99 percent by the end of the century.

Source : British Antarctic Survey, international news media.

La grippe aviaire menace l’Antarctique // Bird flu is threatening Antarctica

Un nouveau rapport de l’Antarctic Wildlife Health Network nous apprend que des centaines d’éléphants de mer ont été retrouvés morts en Antarctique. Selon cet organisme, il est probable que l’hécatombe est due à une épidémie de grippe aviaire.
La grippe aviaire a déjà été détectée sur huit sites de test à travers l’Antarctique, et on attend les résultats de vingt autres sites. Des observateurs ont indiqué que les éléphants de mer présentaient des symptômes de la grippe aviaire, avec notamment de la toux, des accumulations de mucus autour du nez et des difficultés respiratoires.

Elephant de mer en Californie

Les oiseaux atteints de grippe aviaire souffrent de spasmes, de léthargie et sont incapables de voler. Le virus a déjà tué plus de 500 000 oiseaux marins et plus de 20 000 otaries au Chili et au Pérou, et les scientifiques craignent que l’épidémie ait un effet catastrophique sur les colonies de manchots en Antarctique, si elle les atteint.
Ce n’est pas la première fois que l’on parle d’épidémie de grippe aviaire en Antarctique. En octobre 2023, un rapport du British Antarctic Survey a confirmé l’existence de la grippe aviaire sur Bird Island, dans la région de Géorgie du Sud, où elle a touché particulièrement les labbes.

Grzand labbe en Islande

Dans son rapport, le British Antarctic Survey a souligné le risque de contamination pour un large éventail de populations d’oiseaux dans cette région. J’ai développé ce sujet dans une note publiée le 26 octobre 2023 :
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2023/10/26/la-grippe-aviaire-arrive-en-antarctique-avian-flu-has-arrived-in-anatrctica/

Il existe sur certaines îles de l’Antarctique et sur des îles subantarctiques des espèces qui sont propres à ces îles et qui ne sont présentes qu’en petit nombre, avec des centaines ou de milliers d’individus. Si le virus atteint ces populations, elles seront menacées d’extinction.

Dans l’hémisphère Nord, une sombre découverte a été faite dans la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador. Des ornithologues qui observaient des poussins de macareux au cours de l’été 2023 ont découvert que ces oiseaux étaient plus petits que la normale – certains présentaient moins de la moitié de la taille normale pour leur âge – mais également que leur nombre avait considérablement diminué. Un complément d’enquête a révélé que de nombreux macareux étaient morts cette année. Les poussins morts n’avaient que la peau et les os, ce qui signifie qu’ils sont morts de faim.

Macareux moine en Islande

(Photos: C. Grandpey)

Les oiseaux marins peuvent être des indicateurs précieux de la qualité d’un écosystème dans son ensemble. En ce qui concerne les macareux, le problème vient probablement du capelan, qui représente environ 50 % de leur alimentation. Avec le réchauffement climatique, la hausse de température de l’océan a pu contraindre le capelan à se déplacer vers des eaux plus froides en profondeur et hors de portée des macareux. Les biologistes marins ont également exprimé leurs inquiétudes quant à la mauvaise gestion de la pêcher en mer.
Source : Yahoo News, The Guardian.

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A new Antarctic Wildlife Health Network report reveals that hundreds of elephants seals have been found dead in Antarctica. According to the Antarctic Wildlife Health Network, there is a likely chance it could be avian influenza, » better known as bird flu.

Avian flu has already been confirmed at eight testing sites across the Antarctic, with twenty other site results still pending. Observers in the Antarctic have reported elephant seals displaying avian flu symptoms including coughing, mucus accumulations around their noses and breathing difficulties.

Birds with avian flu suffer from spasms, lethargy and an inability to fly. The virus has already killed over 500,000 seabirds and over 20,000 sea lions in Chile and Peru, and experts are concerned that it could have a catastrophic effect on Antarctic penguin colonies if it reaches them.

This is not the first sign that avian flu is going to reach Antarctica. In October a report by the British Antarctic Survey confirmed the avian flu’s existence near Antarctica on Bird Island in the South Georgia region, particularly afflicting the brown skua. In their report, the British Antarctic Survey highlighted the risk to a wide range of local bird populations. I developed this topic in my post of October 26th, 2023 :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2023/10/26/la-grippe-aviaire-arrive-en-antarctique-avian-flu-has-arrived-in-anatrctica/

There are species on some of the Antarctic islands and sub-Antarctic islands that are unique to those islands, and only occur in small numbers, in hundreds or thousands. If the virus reaches those populations, they are in threat of extinction.

In the Northern Hemisphere, a grim discovrery was made in the Canadian province of Newfoundland and Labrador. Volunteer rescuers observing puffin chicks during the summer 2023 found that the chicks, also known as pufflings, were smaller than normal – some less than half the normal size for their age – but also limited in number. This led to further investigation that revealed many of this year’s pufflings had died. The observation of the dead chicks revealed that were just skin and bones, which means they died of starvation.

Seabirds can be an indicator of how well an ecosystem is doing as a whole. As far as puffins are concerned, the problem probably lies with capelin which is around 50% of a puffin’s diet. Unfortunately, warmer ocean temperatures can cause the capelin to move to cooler waters below and out of the reach of the puffins. Marine biologists have also raised concerns that humans are mismanaging the harvesting of the fish.

Source : The Guardian.

Islande, paradis des macareux // Iceland, a puffin paradise

Cette note ne traite ni de volcans ni de glaciers. C’est mon côté ornithologue qui me pousse à l’écrire. Que l’on soit ornithologue amateur ou non, on est sûr de voir beaucoup d’oiseaux lorsque l’on voyage à travers l’Islande, terre de volcans et de glaciers. Que ce soit en bord de mer ou à l’intérieur des terres, les mouettes, les sternes et une myriade de canards ne manqueront pas de vous accompagner le long des routes et des pistes. Au cœur de l’été, notamment en juin et juillet, jusqu’à la mi-août, vous pourrez observer des oiseaux marins parmi lesquels les macareux sont très populaires.
Les macareux sont des oiseaux marins pélagiques qui se nourrissent principalement en plongeant dans l’eau. Ils se regroupent en grandes colonies sur les falaises côtières ou les îles au large. En Islande, on peut les voir dans de nombreux sites le long des côtes, ainsi que dans les îles Vestmann qui abritent la plus grande colonie de macareux au monde. Les oiseaux nichent dans des crevasses parmi les rochers ou, plus souvent, dans des terriers qu’ils creusent dans le haut de falaise, là où la terre est meuble

Les macareux ont un plumage à prédominance noir ou noir et blanc, et de gros becs qui prennent des couleurs vives pendant la saison de reproduction et leur donnent un aspect clownesque qui explique leur popularité. Leurs ailes courtes sont adaptées à la nage, avec une technique de vol sous l’eau. Dans les airs, ils battent des ailes très rapidement (jusqu’à 400 fois par minute), volent souvent à faible hauteur au-dessus de la surface de l’océan.
Les macareux forment des couples sur le long terme. La femelle pond un seul œuf, et les deux parents couvent l’œuf et nourrissent le poussin baptisé « puffling » an anglais.
Les macareux mangent aussi bien des poissons que du plancton, mais nourrissent leurs poussins principalement avec des petits poissons, plusieurs fois par jour. Leurs espèces préférées sont le lançon, le hareng et le capelan. Les oiseaux sont connus – grâce à la configuration de leurs becs – pour leur capacité à tenir plusieurs (parfois plus d’une douzaine) petits poissons dans leur bec, ce qui attire les photographes!
Un article récent paru sur le site Iceland Monitor nous explique que le mois d’août est la période préférée des enfants des îles Vestmann. C’est le moment de l’année où ils viennent à la rescousse des jeunes macareux qui voudraient bien voler vers l’océan en sortant de leurs terriers, mais prennent la direction des zones habitées car ils sont perturbés par les lumières de la ville. Les enfants les recueillent, les pèsent généralement puis se rendent sur le rivage où ils les relâchent.
Il semble que, contrairement aux années passées, la population de poussins dans les îles en 2021 soit particulièrement importante, avec plus de 2 000 individus. Cependant, la population globale de macareux en Islande est considérablement plus réduite qu’elle ne l’était il y a 15 ans. Elle a diminué de 44 pour cent au cours du seul 21ème siècle!
Les poussins pèsent beaucoup plus lourd cette année que pendant les années précédentes. Cela est dû au fait que la nourriture, comme le krill et le lançon, est plus abondante et plus accessible qu’auparavant. En conséquence, les parents n’ont pas à aller très loin pour chercher de la nourriture pour leurs petits.
Le poussin le plus lourd pesé cette année avait un poids de 462 grammes, un record. Les jeunes macareux dont le poids atteint 300 grammes ont une espérance de vie cinq fois supérieure à ceux qui ne pèsent que 250 grammes. Il faudra cinq ans avant que les poussins de cette année deviennent sexuellement matures et commencent à nicher.
Au terme de la période des naissances, la population de poussins en Islande et dans les îles environnantes devraient s’élever à environ 7 000 individus.
Source : Iceland Monitor, Wikipedia.

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This post is neither about volcanoes nor about glaciers. It is my ornithologist side that leads me to write it. Whether you are a birdwatcher or not, you are sure to see lots of birds when you travel across Iceland, a land of volcanoes and glaciers. Be it on the seashore or in the interior, seagulls, terns and a myriad of ducks are sure to accompany you along the roads and the tracks. At the heart of summer, especially in June and July, even until mid-August, you may observe seabirds among which the puffins are very popular.

Puffins are pelagic seabirds hat feed primarily by diving in the water. They breed in large colonies on coastal cliffs or offshore islands. In Iceland, you can see them in many places along the coasts, as well as in the Westmann Isnands which host the largest single puffin colony in the world. The birds are nesting in crevices among rocks or in burrows in the soil. They have predominantly black or black and white plumage, and large beaks that get brightly coloured during the breeding season and give them a clownlike aspect with accounts for their being so popular. Their short wings are adapted for swimming with a flying technique underwater. In the air, they beat their wings rapidly (up to 400 times per minute) in swift flight, often flying low over the ocean’s surface.

Puffins form long-term pair bonds. The female lays a single egg, and both parents incubate the egg and feed the chick or « puffling ».

Puffins eat both fish and zoo plankton but feed their chicks primarily with small marine fish several times a day. The favourite species of the Atlantic puffin include the sandeel, the herring and the capelin. The birds puffins are known for their ability to hold several (sometimes over a dozen) small fish at a time, crosswise in their bill, which attracts many photographers.

A recent article on the Iceland Monitor website explains us that August is the period most cherished by the children of Vestmannaeyjar islands. This is the time of year when they come to the rescue of pufflings, who while intending to fly toward the ocean when leaving their burrows fly instead toward town, confused by the town lights. The children pick them up, usually weigh them and then take them to the shore where they release them.

It looks like the population of pufflings in the islands in 2021 is unusually large, counting more than 2,000 individuals. However, Iceland’s puffin population is still considerably smaller than it was 15 years ago. It has decreased by 44 percent this century alone.

The pufflings weigh considerably more this year than they have done in past years. That is due to feed, such as krill and sandeel being in more abundance and more accessible than before. As a consequence, the parents don’t have to travel as far as before to fetch feed for their young.

The heaviest puffling that has been weighed measured 462 grams. Pufflings whose weight reaches 300 grams have a life expectancy five times that of those which only weigh 250 grams. It will be five years before this year’s pufflings become sexually mature and start nesting.

By the end of the fledgling period, the pufflings in Iceland and the islands around is expect to amount to about 7,000.

Source : Iceland Monitor, Wikipedia.

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Macareux: des couples fidèles…

Macareux avec différents types de nourriture pour les poussins…

 

Juillet est aussi l’époque des naissances pour les sternes arctiques et les grands labbes…

 

Photos: C. Grandpey