Janvier toujours plus chaud et coup de chaleur au pôle Nord // January gets hotter and heat stroke at the North Pole

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui relaie des données de l’Institut européen Copernicus, le mois de janvier 2025 a dépassé de 1,75°C le niveau préindustriel et de 0,79°C la moyenne pour janvier des températures entre 1991 et 2020. La température de l’air à la surface de la Terre a été de 13,23 °C, soit 0,79 °C de plus que la moyenne pour janvier sur la période 1991-2020. Janvier est aussi le 18ème mois consécutif à passer la barre des 1,5 °C de réchauffement par rapport au niveau préindustriel.

Ce record de température intervient malgré le développement des conditions La Niña dans le Pacifique tropical et leur effet de refroidissement supposé sur les températures mondiales pendant un certain temps. Ce n’est pas la première fois que cette situation se produit. La Niña était présente en 2022 et début 2023. Malgré cela, les températures globales sur Terre avaient continué de grimper.

El Niño (à gauche) génère une hausse de la température à la surface de l’eau dans le Pacifique oriental, autour de l’équateur, tandis que La Niña (à droite) est censée générer un phénomène inverse de refroidissement

En Europe, la température moyenne pour janvier 2025 était de 1,80 °C, soit 2,51 °C au-dessus de la moyenne entre 1991 et 2020. Il s’agit de la deuxième température moyenne la plus chaude pour ce mois, après janvier 2020, qui était de 2,64 °C au-dessus de la moyenne.

Outre l’Europe, les températures ont été plus élevées que la moyenne dans le nord-est et le nord-ouest du Canada, en Alaska et en Sibérie.

Dans le même temps, les températures au pôle Nord ont dépassé le point de congélation les 1er et 2 février 2025. L’Extrême-Arctique a atteint 20 degrés Celsius au-dessus de la moyenne. Les scientifiques craignent que ces températures ne fassent fondre davantage de glace de mer et n’accélèrent le réchauffement de l’Arctique. Les températures au pôle Nord ont dépassé 0° C le 2 février. Une balise arctique a enregistré une température absolue de 0,5 °C.
Cette température inhabituellement chaude au pôle Nord est liée à un système météorologique au-dessus de l’Islande. Un système de basse pression a dirigé un flux d’air chaud vers le pôle Nord, renforcé par les mers chaudes dans le nord-est de l’Atlantique.
Des températures chaudes ont déjà été enregistrées dans la région. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) nous rappelle qu’une vague de chaleur hivernale en 2016 a poussé les températures au pôle Nord autour de 0°C le 24 décembre. Et en février 2018, une nouvelle vague de chaleur a fait passer le pôle Nord à plusieurs reprises au-dessus de 0°C, avec des températures culminant à 6°C). Ces différents événements se sont produits dans le contexte actuel de réchauffement climatique.

Source : médias internationaux.

La presse française a certes informé le public que janvier 2025 avait été le plus chaud de l’Histoire, mais sans trop s’étendre dessus. Les médias se sont montrés beaucoup plus discrets sur la montée en chaleur du pôle Nord. C’est vrai qu’à côté d’une motion de censure au parlement le climat ne pèse pas lourd. Vous l’avez compris : tout va bien.

Photo: C. Grandpey

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According to the World Meteorological Organization (WMO), which relays data from the European Copernicus Institute, January 2025 was 1.75°C above pre-industrial levels and 0.79°C above the average January temperature between 1991 and 2020. The air temperature at the Earth’s surface was 13.23°C, 0.79°C above the average January temperature between 1991 and 2020. January is also the 18th consecutive month to exceed the 1.5°C mark of warming compared to pre-industrial levels.
This temperature record comes despite the development of La Niña conditions in the tropical Pacific and their temporary cooling effect on global temperatures. This is not the first time this has happened. La Niña was present in 2022 and early 2023. Despite this, global temperatures on Earth continued to rise.
In Europe, the average temperature for January 2025 was 1.80 °C, 2.51 °C above the average between 1991 and 2020. This is the second warmest average temperature for that month, after January 2020, which was 2.64 °C above average.
In addition to Europe, temperatures were warmer than average in northeastern and northwestern Canada, Alaska and Siberia.

Meantime, temperatures in the North Pole soared above freezing on February 1st and 2nd, 2025, with the high Arctic reaching 20 degrees Celsius above average. Scientists are concerned that these temperatures will melt more sea ice and accelerate Arctic warming. Temperat ures at the North Pole overtook 0° C, the melting point of ice, on February 2nd.. An Arctic snow buoy logged an absolute temperature of 0.5 °C.

The unusually warm temperature at the North Pole was linked to a weather system over Iceland. A deep low-pressure system was directing a flow of warm air to the North Pole, strengthened by hot seas in the northeastern Atlantic.

Warm temperatures have been recorded in the region before. The National Oceanic and Atmospheric Administration reminds us that a winter heatwave in 2016 pushed North Pole temperatures to around 0°C en December 24th. And in February 2018, another heatwave caused the North Pole to pass 0°C multiple times, with temperatures peaking at 6° C). These different events occurred in the cirrent context of global warming.

Source : international news media.

You got it : everything is fine.

Nouveau réchauffement stratosphérique soudain // New sudden stratospheric warming

Un réchauffement stratosphérique soudain (en anglais Sudden Stratospheric Warming ou SSW) est un phénomène météorologique pendant lequel le vortex polaire dans l’hémisphère hivernal voit ses vents généralement d’ouest ralentir ou même s’inverser en quelques jours. Un tel phénomène va rendre le vortex plus sinueux, voire le rompre. Le changement est dû à une élévation de la température stratosphérique de plusieurs dizaines de degrés au-dessus du vortex. Elle grimpe très rapidement, passant de -70/-80°C à -10/-20°C degrés (soit une élévation d’une soixantaine de degrés en quelques jours).  Pour rappel, la stratosphère est la couche atmosphérique située au dessus de celle où nous vivons – la troposphère – à une altitude située entre 10 et 50 km environ.

Durant un hiver habituel dans l’hémisphère nord, plusieurs événements mineurs de réchauffement stratosphérique se produisent, avec un événement majeur environ tous les deux ans. Dans l’hémisphère sud, les SSW semblent moins fréquents et moins bien compris.

En conséquence, un réchauffement stratosphérique soudain et ses implications pour le vortex polaire peuvent avoir de sérieuses conséquences sur le climat de nos latitudes. L’air froid peut se retrouver piégé dans le jet stream (frontière entre l’air froid polaire et de l’air doux des tropiques) et être décalé jusqu’à nos latitudes, dans des régions peu habituées à un froid glacial, comme ce fut le cas en mars 2018 en Europe ou en février 2012 en France. Ces épisodes de SSW ne semblent toutefois pas avoir de relation avec le réchauffement climatique actuel ; ce sont de simples événements climatiques ponctuels.

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Les températures à haute altitude au-dessus du pôle Nord montent actuellement en flèche ; elles ont atteint 10°C en à peine une semaine. Ce réchauffement stratosphérique soudain perturbe le vortex polaire, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les conditions météorologiques dans l’hémisphère nord au mois de mars.
Cependant, le phénomène est encore mal compris et les scientifiques, bien qu’ils aient réussi à prévoir cet événement de réchauffement il y a deux semaines, disent qu’il est trop tôt pour savoir quel impact cela aura sur la météo dans les latitudes inférieures. Ces événements de réchauffement, qui se produisent en moyenne deux hivers sur trois, ne se déroulent pas toujours de la même manière.
Il se dit que l’événement actuel pourrait déclencher une réaction en chaîne qui chamboulerait les modèles météorologiques. Par exemple, l’est des États-Unis a connu des mois de janvier et de février exceptionnellement doux. Certains précédents réchauffements stratosphériques soudains accompagnés de perturbations du vortex polaire ont provoqué des vagues de froid extrêmes et de violentes tempêtes hivernales.
La dernière fois qu’un réchauffement stratosphérique soudain s’est produit, c’était le 5 janvier 2021. Un peu plus d’un mois plus tard, une vague d’air froid jamais vue depuis 1989 a plongé le centre des États-Unis dans une période de gel historique, provoquant la mise à l’arrêt du réseau électrique au Texas, un bilan de 330 morts, et plus de 27 milliards de dollars de dégâts.
Les scientifiques interrogés sur l’événement en cours disent qu’il est trop tôt pour savoir s’il déclenchera des conditions météorologiques extrêmes ou modifiera de manière significative les régimes météorologiques en cours dans l’hémisphère nord.

Les premiers jours du mois de mars s’annoncent froids en France, avec un épisode de vent de nord-nord-est d’une longueur inhabituelle. Reste à savoir si ces conditions météorologiques sont liées à un réchauffement stratosphérique soudain.

Source: Météo France,The Weather Channel.

En cliquant sur ce lien, vous aurez une très bonne explication (en anglais) du réchauffement stratosphérique soudain et du comportement du vortex polaire.

https://youtu.be/VnlFFaF_l7I

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A Sudden Stratospheric Warming (SSW) is a meteorological phenomenon during which the polar vortex in the winter hemisphere sees its generally westerly winds slow down or even reverse within a few days. Such a phenomenon will make the vortex more sinuous, or even break it. The change is due to a rise of several tens of degrees in stratospheric temperature above the vortex. It climbs very quickly, going from -70 / -80 ° C to -10 / -20 ° C degrees (an increase of about sixty degrees in a few days). As a reminder, the stratosphere is the atmospheric layer located above the one where we live – the troposphere – at an altitude between 10 and 50 km approximately.

During a typical winter in the northern hemisphere, several minor stratospheric warming events occur, with one major event occurring approximately every two years. In the southern hemisphere, SSWs appear to be less frequent and less well understood.

As a result, sudden stratospheric warming and its implications for the polar vortex can have serious consequences for the climate of our latitudes. Cold air can get trapped in the jet stream (border between cold polar air and mild tropical air) and be shifted to our latitudes, in regions not used to freezing cold, like this was the case in March 2018 in Europe or in February 2012 in France. However, these episodes of SSW do not seem to have any relation to current global warming; they are simple one-off climatic events.

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Temperatures at the high altitudes above the North Pole are currently soaring, jumping up to 10°C in barely a week. This SSW is disturbing the polar vortex, which in turn could have major implications for weather patterns across the northern hemisphere in March.

However, the phenomenon is still poorly understood and scientists, despite successfully predicting this warming event two weeks ago, say it is too soon to know what it will mean for the weather in the lower latitudes. These events, which occur in two out of every three winters on average, don’t play out in a prescribed way.

There has been some speculation that the current event could trigger a chain reaction that would reshuffle weather patterns. For instance, the eastern U.S. has seen an exceptionally mild January and February and some previous sudden stratospheric warming and polar vortex disruptions have precipitated extreme cold snaps and severe winter storms.

The last time a sudden stratospheric warming event occurred was on January 5th, 2021. Just over a month later, the most dramatic cold air outbreak since 1989 plunged the central U.S. into a historic deep freeze, causing the collapse of Texas’s power grid, claiming at least 330 lives and incurring more than $27 billion in damages.

Multiple experts interviewed about the ongoing event say it’s too soon to know whether this one will trigger extreme weather or meaningfully change prevailing weather regimes over the northern hemisphere.

The first days of March are expected to be cold in France, with an unusually long episode of north-northeast winds. It remains to be seen whether these meteorological conditions are linked to a sudden stratospheric warming.

Source: Météo France,The Weather Channel.

By clicking on this link, you will get a very good explanation of the Sudden Stratospheric Warming and the behaviour of the polar vortex :

https://youtu.be/VnlFFaF_l7I

Variables de comportement du vortex polaire dans l’hémisphère nord : stable, décalé, rompu  (Source: Met Office)

Le pôle Nord a chaud lui aussi // The North Pole is hot too

Il y a quelques jours, j’alertais à propos de la vague de chaleur incroyable qui affecte en ce moment l’Antarctique. Il faut dire qu’elle est phénoménale, et le plus grave, c’est que le pôle Nord connaît lui aussi une vague de chaleur. E

En Antarctique, c’est du jamais vu, avec des températures de plus de 40°C au-dessus de la normale. Le thermomètre affichait il y a quelques jours -11°C seulement près de la station de recherche Concordia, au lieu des -50°C habituels. Le plus inquiétant, c’est que la région entre dans l’hiver austral et les températures devraient donc chuter.

C’est la même chose en Arctique. Au pôle Nord, un air particulièrement doux généré par un cyclone le long des côtes américaines, a poussé les températures à presque 30°C au-dessus des normales. C’est anormal car le pôle Nord se trouve actuellement en fin de sa nuit polaire, avec un ensoleillement très limité qui devrait favoriser le froid.

Ce qui est surprenant avec ces événements exceptionnels, c’est que les climatologues évoquent le réchauffement climatique du bout des lèvres, alors que leur répétition semble prover que quelque chose s’est détraqué dans le climat de la Terre.

On nous raconte que l’air doux qui a remonté vers le pôle Nord est dû à un contexte particulier Au pôle Sud, c’est une masse d’air chaud provenant d’Australie qui aurait provoqué une rivière atmosphérique, autrement dit une grosse quantité de vapeur d’eau s’est retrouvée au-dessus de l’Antarctique et qui a provoqué la hausse des températures.
Il va bien falloir admettre, tôt ou tard que la multiplication récente d’événements intenses (vagues de chaleur, méga-incendies, inondations) est le signe de perturbations climatiques plus globales à mettre en lien avec le réchauffement climatique.

Source: France Info et médias d’information internationaux.

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A few days ago, I alerted about the incredible heat wave that is currently affecting Antarctica. What is incredible is that he North Pole is also experiencing a heat wave.
In Antarctica, it is unheard of, with temperatures more than 40°C above normal. The thermometer showed only -11°C a few days ago near the Concordia research station, instead of the usual -50°C. The most worrying thing is that the region is entering the austral winter and temperatures are therefore supposed to drop.
It is the same in the Arctic. At the North Pole, very mild air generated by a cyclone along the American coasts, pushed temperatures to almost 30°C above normal. This is a real problrm because the North Pole is currently at the end of its polar night, with very limited sunshine which should favor the cold.
What is surprising with these exceptional events is that climatologists pay lip service to global warming, while their repetition seems to prove that something has gone wrong in the Earth’s climate.
We are told that the mild air which travelled towards the North Pole is due to a particular context At the South Pole, a mass of warm air coming from Australia is said to have caused an atmospheric river. This means a large quantity of water vapour ended up over Antarctica and caused the temperature to rise.
Climatologists will have to admit, sooner or later, that the recent multiplication of intense events (heat waves, mega-fires, floods) is the sign of more global climate disturbances to be linked to global warming.
Source: France Info and international news media.

Sale temps pour les glaciers de l’Arctique (Photo : C. Grandpey

Mise au point // Clarification

Ce matin, en écoutant France Info, j’ai entendu que les incendies de végétation avaient « atteint le pôle Nord en Sibérie ». Ma tartine de confiture est restée coincée dans mon gosier en entendant ce scoop géographique ! Je savais que la géographie et l’anglais n’étaient pas les points forts des journalistes français, mais tout de même !

Après vérification, j’ai compris que la journaliste en question avait été victime d’un regrettable raccourci. La réalité est que c’est la fumée émise par les incendies en Sibérie qui a atteint le pôle Nord.

Selon la presse russe, c’est la première fois dans l’histoire qu’une telle situation se produit. Selon le service de surveillance satellitaire Copernicus, les incendies qui affectent en ce moment la Yakoutie dans le nord-est de la Sibérie ont déjà émis 505 mégatonnes de dioxyde de carbone. La fumée a parcouru plus de 3 000 km et a atteint le pôle Nord, ce qui a été confirmé par l’outil de surveillance MODIS de la NASA.

La fumée a par ailleurs assombri le ciel jusqu’en Mongolie, dans l’ouest du Groenland et le Nunavut au Canada. Selon les prévisions, les incendies de forêt en Russie et en Amérique du Nord continueront de se propager dans l’océan Arctique dans les prochains jours.

Source : The Moscow Times.

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This morning, while listening to the French radio France Info, I heard that the wildfires had « reached the North Pole in Siberia ». My toast got stuck in my throat when I heard this geographic scoop! I knew that French journalists were not good at geography and English, but still!

After checking, I understood that the journalist had been the victim of an unfortunate shortcut. The reality is that the smoke from the fires in Siberia that reached the North Pole.

According to the Russian press, this is the first time in history that such a situation has occurred. According to the Copernicus satellite monitoring service, the fires currently affecting Yakutia in northeast Siberia have already emitted 505 megatons of carbon dioxide. The smoke travelled over 3,000 km and reached the North Pole, which was confirmed by NASA’s MODIS monitoring tool.

Smoke also darkened the skies as far as Mongolia, western Greenland and Nunavut, Canada. Forest fires in Russia and North America are forecast to keep spreading into the Arctic Ocean in the coming days.

Source: The Moscow Times.

Source: NASA