Le méthane s’invite à la COP30

À l’occasion de la COP30 à Belém au Brésil, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) explique que le méthane (CH4) est responsable d’environ 30 % de l’augmentation des températures sur Terre depuis la révolution industrielle, et que des réductions rapides et durables de ce gaz seront essentielles pour limiter le réchauffement climatique et améliorer la qualité de l’air.


Deux facteurs clés déterminent l’impact des différents gaz à effet de serre sur le climat : leur durée de vie dans l’atmosphère et leur capacité à absorber l’énergie. Le méthane a une durée de vie atmosphérique beaucoup plus courte que le dioxyde de carbone (CO₂) – environ 12 ans contre des siècles – mais il absorbe beaucoup plus d’énergie lorsqu’il est présent dans l’atmosphère.
Le méthane affecte également la qualité de l’air car il peut entraîner la formation d’ozone troposphérique, un polluant atmosphérique dangereux. Les fuites de méthane peuvent également présenter des risques d’explosion.
La concentration de méthane dans l’atmosphère est actuellement environ deux fois et demie supérieure à son niveau préindustriel. Les estimations des émissions mondiales annuelles de méthane s’élèvent à environ 580 Mt. Ce chiffre comprend les émissions de sources naturelles (environ 40 % des émissions) et les 60 % restants concernent les émissions anthropiques.
La principale source anthropique est l’agriculture, responsable d’environ un quart des émissions, suivie de près par le secteur de l’énergie, qui inclut les émissions issues du charbon, du pétrole, du gaz naturel et des biocarburants.

En marge de la COP30 à Belém, sept pays, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, se sont engagés le 7 novembre 2025 à réduire drastiquement les émissions de méthane liées aux énergies fossiles. Malheureusement, les États Unis, la Chine et l’Inde ont, là encore, brillé par leur absence et ne participeront donc pas à cette effort de réduction des émissions de méthane. L’initiative a toutefois été saluée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE)comme « une étape essentielle vers une action mondiale coordonnée ».

Également à l’occasion de la COP30, le Brésil et le Royaume-Uni ont lancé un programme de trois ans visant à réduire les émissions dans « les pays les plus touchés par la pollution » liée au CH4 et à d’autres gaz nocifs pour l’environnement, comme ceux utilisés dans les climatiseurs.

Emmanuel Macron a lui aussi souligné la nécessité « à court terme » de définir « un cadre plus contraignant pour les émissions de méthane », lors du sommet des dirigeants qui a précédé la COP30.

Selon le GIEC, les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont augmenté plus rapidement que jamais au cours des cinq dernières années, une vitesse plus rapide que celles prévues par les scénarios du Groupe. Aucune décroissance des émissions de méthane n’a été observée à l’échelle mondiale.

Les efforts se focalisent pour l’instant sur les émissions de méthane du secteur de l’énergie, qui représentent environ 35% de l’ensemble. Les industriels des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) ont été mis face à leurs responsabilités grâce à l’essor des observations spatiales. Avec les satellites, on ne peut plus trop se cacher. En effet, 25 satellites en orbite autour de la Terre scrutent les fuites de méthane depuis l’espace, et elles sont décelées dans les pays producteurs d’énergies fossiles, comme les États-Unis et la Chine. En cause : des installations vétustes, des gazoducs mal entretenus.

Fuites de méthane aux États Unis détectées par les satellites

Des actions pourraient être entreprises dans le secteur des déchets, qui représentent environ 20% du méthane émis à l’échelle mondiale. L’Europe a fortement réduit ses émissions de méthane en interdisant les décharges à ciel ouvert.

Le texte signé par sept pays, dont la Norvège et le Kazakhstan, affirme que « des solutions éprouvées sont à portée de main, notamment dans le secteur pétrolier et gazier où des pratiques opérationnelles permettent de réduire drastiquement les émissions jusqu’à 75% d’ici 2030 ».

Si les efforts pour réduire le méthane sont louables et indispensables, ils ne doivent pas éclipser la lutte délicate contre le dioxyde de carbone. Selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique, le dioxyde de carbone représente environ trois quarts des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète.

Source : France Info, GIEC, AIE.

Réchauffement climatique : Et si on parlait des torchères ?

On le sait depuis longtemps, les énergies fossiles, le pétrole en tête, sont la cause principale du réchauffement climatique et de ses conséquences (fonte des glaciers, événements extrêmes, etc).

Quand on survole de nuit le Texas ou les Émirats Arabes Unis, les torchères rappellent que nous sommes au-dessus des grands producteurs de pétrole. Ces torchères illuminent presque tous les sites d’extraction.

À son petit niveau, la flamme olympique est une torchère car elle brûle du gaz naturel. Lors des Jeux de Paris en 2024, la France a eu la bonne idée de remplacer la flamme par une vasque 100% électrique et donc moins polluante, à condition que l’électricité soit produite de manière propre par des sources alternatives.

Le torchage (flaring en anglais) est l’action de brûler intentionnellement dans des torchères le gaz naturel, sans valorisation de son énergie. Cette pratique concerne principalement le gaz dissous dans le pétrole et séparé lors de l’extraction de celui-ci, pour lequel il n’existe pas de débouchés commerciaux. La Banque Mondiale nous apprend que sur les sites pétroliers et gaziers le torchage a augmenté de plus de 8 % en deux ans. Aujourd’hui, il est possible de détecter cette activité par satellite.

Document France Info

En 2024, le gaz torché dans le monde représentait un volume de 151 milliards de mètres cubes. Il s’agit de gaz brûlé en pure perte, sans être ni valorisé, ni utilisé. Dans un rapport dédié au sujet paru le 18 juillet 2025, la Banque Mondiale précise que c’est « une pratique qui a atteint son niveau record sur les sites pétroliers pour éliminer les rejets liés à l’exploitation du pétrole, au détriment de l’environnement et de l’accès à l’énergie. » Le volume de gaz ainsi détruit équivaut à la consommation annuelle de toute l’Afrique (150 milliards de mètres cubes). C’est un niveau record, jamais atteint depuis plus de vingt ans. En conséquence, ce sont près de 400 millions de tonnes de gaz à effet de serre qui ont été rejetées dans l’atmosphère et qui contribuent au réchauffement climatique. C’est plus que les émissions d’un pays comme la France.

Parmi ces émissions polluantes figurent 46 millions de tonnes de méthane, un gaz dont le pouvoir de réchauffement est bien supérieur au CO2. Les associations environnementalistes comme Oilfield Witness indiquent que la situation est catastrophique au Texas. À côté d’une torche allumée, une autre semble éteinte. Pourtant, la réalité est toute autre. La torchère n’est pas allumée mais du méthane s’en échappe. Or, on sait que le méthane est un gaz à effet de serre environ 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. C’est un accélérateur du réchauffement climatique.

Pour les industries pétrolières, le torchage est la solution de facilité. En effet, plutôt que d’être brûlé, ce gaz pourrait être valorisé. Selon la Banque mondiale, il pourrait constituer une ressource pour la sécurité énergétique et l’accès à l’énergie. « Il est extrêmement frustrant de constater le gaspillage de cette ressource naturelle, alors que plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à une énergie fiable et que de nombreux pays cherchent de nouvelles sources d’énergie pour répondre à une demande croissante. »

Comme le souligne le rapport de la Banque Mondiale, les pays engagés dans l’initiative mondiale pour l’élimination du torchage de routine d’ici à 2030 obtiennent de bien meilleurs résultats que les autres. Dans ces pays, l’intensité du torchage a baissé de 12 % depuis 2012, contre une hausse de 25 % dans les autres.

Source : Banque Mondiale, France Info.

Fonte précoce des glaciers suisses (et français!)

En décembre 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a désigné 2025 comme l’Année internationale de la préservation des glaciers, et le 21 mars 2025 comme nouvelle Journée mondiale des glaciers. En ce qui concerne la France, Emmanuel Macron s’est engagé lors du congrès One Planet – Polar Summit de 2023 à mettre sous protection renforcée l’ensemble des glaciers français. De belles décisions, de belles paroles, mais l’expérience montre qu’elles ne sont guère suivies d’effets et restent bloquées au rang de promesses.

La grande question est : que faudrait-il faire pour empêcher que les glaciers disparaissent, et avec eux une grande partie de l’alimentation en eau dans de nombreuses régions du monde ? On connaît la réponse : il faudrait mettre fin à nos émissions de gaz à effet de serre qui contribuent très largement à l’accélération du réchauffement climatique que nous connaissons actuellement. Mais cela est plus facile à dire qu’à faire sur une planète dominée par la mondialisation et son cortège d’activités et de transports polluants. De toute façon, les scientifiques nous ont expliqué que, même si nous arrêtions les émissions de gaz carbonique, méthane et autres polluants par un coup de baguette magique, il faudrait des décennies avant que l’atmosphère terrestre retrouve un semblant d’équilibre.

C’est dans ce contexte particulièrement inquiétant que l’on apprend que les glaciers suisses ont atteint leur seuil critique annuel avec plusieurs semaines d’avance. Cela signifie que toute la glace accumulée par les glaciers en Suisse au cours de l’hiver a déjà fondu. Un important recul des glaciers suisses est donc quasiment inévitable au cours des prochaines semaines estivales. Les vagues de chaleur et autres canicules ignorant les frontières, ont peut d’ores et déjà annoncer que les glaciers français vont subir le même sort.

S’agissant de la Suisse, il s’agit d’une des arrivées les plus précoces de ce point de basculement connu sous le nom de « Jour de la perte des glaciers ». En conséquence, toute nouvelle fonte d’ici au mois d’octobre entraînera une diminution de la taille des glaciers suisses. Le seuil critique est généralement atteint en août. Son arrivée précoce est un nouveau coup dur pour les 1 400 glaciers du pays.

La seule fois où le point de basculement avait été atteint plus tôt correspondait à l’année record 2022. Il avait eu lieu le 26 juin. On remarquera que les années record se produisent avec des intervalles de plus en plus réduits. Cette évolution n’est guère surprenante car elle correspond à l’accélération des concentrations de CO2 dans l’atmosphère, telles qu’elles sont révélées par la Courbe de Keeling.

 

Source : France Info et les médias suisses.

Les Portes de l’Enfer sont-elles en train de se refermer ? // Are the Gates of Hell closing ?

On pourrait penser qu’il s’agit d’un cratère volcanique, mais ce n’en est pas un. Le site, baptisé « Portes de l’Enfer », se trouve près de Darvaza, au Turkménistan, à environ 260 kilomètres au nord de la capitale, Achgabat. Ce gisement de gaz naturel brûle sans interruption depuis des décennies grâce à l’infiltration constante de méthane. De ce fait,il est devenu l’une des attractions touristiques les plus populaires du pays, malgré sa situation au cœur du désert du Karakoum.

Dans une note publiée le 9 janvier 2022, j’expliquais que le président du Turkménistan avait demandé de mettre terme au feu dans le cratère. Il avait ordonné à son gouvernement de chercher des moyens de l’éteindre car le site cause des dégâts à l’environnement et affecte la santé des personnes qui vivent dans la région.
Aujourd’hui, un nouveau rapport nous apprend que la situation pourrait évoluer dans ce sens. Le 6 juin 2025, des responsables turkmènes ont déclaré que les émissions de gaz étaient trois fois moins importantes, bien que l’Agence France-Presse (AFP) précise qu’aucun détail n’a été fourni pour justifier cette diminution. Cette information concorde avec des rapports publiés en 2024, selon lesquels les observations satellites des Portes de l’Enfer montraient une baisse de 50 % des émissions.
Personne ne sait vraiment comment s’est formé le cratère en feu. L’histoire populaire raconte que des prospecteurs soviétiques auraient accidentellement fait s’effondrer une mine dans les années 1960, puis auraient mis le feu au gaz. Toutefois, la presse locale affirme que l’incendie a en réalité été déclenché dans les années 1980 pour empêcher le gaz nocif de s’échapper. Selon un article du National Geographic en 2013, il n’existe aucune trace ni aucun rapport sur la formation initiale du gisement de gaz.
Bien que le puits en feu soit une attraction touristique, l’arrêt de son activité serait probablement la meilleure solution pour de nombreuses raisons. Le gaz émis est du méthane ; il a un impact sur la population locale et contribue au réchauffement climatique, c’est un gaz à effet de serre extrêmement puissant, encore plus destructeur que le dioxyde de carbone.
Comme indiqué plus haut, la fermeture du cratère est un sujet d’actualité depuis au moins 15 ans. Son comblement avait été envisagé, mais la plupart des experts estimaient que le gaz s’échapperait probablement ailleurs. Cependant, ces dernières années, il semble que le gouvernement ait évolué dans son approche du problème. En 2024, des puits d’exploration ont été forés près du cratère. L’objectif était, semble-t-il, d’extraire le méthane du puits et de l’exploiter à d’autres fins, mais ces informations ne sont que des rumeurs.
Alors que les flammes à l’intérieur du cratère de gaz de Darvaza s’éteignent lentement, certains habitants s’inquiètent des pertes financières, liées au tourisme, qu’occasionnerait la disparition des Portes de l’Enfer..
Source : Popular Machanics.

Crédit photo: Wikipedia

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It might look like a volcanic crater but it is not. The site named « Gates of Hell » lies near Darvaza, Turkmenistan. It is located about 260 kilometers north of the capital, Ashgabat. This natural gas field has been burning continuously for decades thanks to its steady infiltration of methane, and as such, this burning pit has become one of the country’s most popular tourist attractions despite its location in the middle of the Karakum desert.

In a post published on 9 January 2022, I explained that the president of Turkmenistan had called for an end to the blazing crater. He had ordered his government to look for ways to put the fire out because it was causing ecological damage and affecting the health of people living in the area.

Today, a new report suggests those efforts may be bearing fruit. On June 6th, 2025, officials in Turkmenistan said that gas being emitted from the pit had diminished three-fold, though the Agence France-Presse (AFP) reports that no timeframe for this gaseous decrease was provided. This news is in line with previous reports released in 2024 that satellite observations of the Gates of Hell showed a 50 percent decline in emissions.

There is some debate about how the gas crater initially formed. The popular story goes that Soviet prospectors accidentally collapsed a mine in the 1960s and then lit the gas on fire, but local reporting says that the fire was actually started in the 1980s to prevent the harmful gas from escaping. As National Geographic article indicated in 2013, there were no records or reports of the gas field’s initial formation.

Although the pit is a tourist attraction, closing it off is likely for the best for many reasons. The harmful gas impacts the local population and contributes to global warming as the emitted gas is methane, an extremely potent greenhouse gas, even more destructive than carbon dioxide.

The closure of the gas crater for has been a topic for at least 15 years. Filling the pit had been considered an option, but most experts said that the gas would likely just escape somewhere else. However, in the last few years, it appears that the government has made some progress. In 2024, exploratory wells were drilled near the crater. It was said that the aim was both to draw away the pit’s methane and to leverage the natural resource for other purposes, but these reports are only rumors.

As the flames of the Darvaza gas crater slowly flicker out, some locals are concerned about the loss of money from tourism.

Source : Popular Machanics.

https://www.popularmechanics.com/