Découverte d’un nouveau volcan sur Io // Discovery of a new volcano on Io

Io est la troisième plus grande lune galiléenne et celle ayant l’orbite la plus proche de Jupiter. Elle est légèrement plus grande que notre Lune. Par sa position, elle est coincée entre Jupiter et ses autres lunes, Europe et Ganymède. Les forces gravitationnelles engendrées par cette situation tirent sur l’intérieur d’Io, générant une chaleur de frottement et une activité volcanique sur toute la surface de la lune. On pense que les éruptions éjectent du soufre fondu et ses composés. Les différents survols par des engins spatiaux de la NASA ont montré qu’Io a des centaines de volcans à sa surface. En tant que tel, c’est le monde le plus actif d’un point de vue volcanique dans tout le système solaire.
Des chercheurs viennent de repérer un énorme nouveau volcan actif sur Io en comparant des images prises par deux missions de la NASA à plus de 25 ans d’intervalle. Les résultats ont été présentés au congrès scientifique Europlanet (EPSC) à Berlin début septembre 2024.
Les images du nouveau volcan ont été prises par le vaisseau spatial Juno* de la NASA et sa JunoCam** alors qu’il survolait Io le 3 février 2024. Les images ont été capturées sur la face nocturne d’Io, éclairée uniquement par la lumière solaire réfléchie par Jupiter.
La comparaison avec les images du vaisseau spatial Galileo de la même zone, juste au sud de l’équateur d’Io, prises en novembre 1997, a révélé qu’il n’y avait auparavant aucune activité volcanique à cet endroit, ce qui signifie que l’activité éruptive est apparue au cours des 27 dernières années. Ces observations confirment que Io est très active sur le plan volcanique.
L’image de la JunoCam montre une zone teintée de rouge sur le flanc est du volcan, probablement due à la présence de soufre éjecté dans l’espace et qui est ensuite retombé sur la surface d’Io. À l’ouest, deux coulées de lave sombres parcourent une centaine de kilomètres, tout en étant entourées de deux dépôts circulaires gris.
La JunoCam a observé neuf panaches associés à une activité volcanique sur Io, ainsi que d’autres phénomènes, tels que de nouvelles coulées de lave et d’autres dépôts de surface, lors de trois survols en 2023 et 2024.

* Le vaisseau spatial Juno a été lancé en 2011 et a atteint Jupiter en 2016. Il a terminé sa mission principale en juillet 2021, mais continuera d’être opérationnel jusqu’en septembre 2025.
** Les données de la JunoCam sont publiées sur les pages Web de la mission.
Source : space.com.

La comparaison des données fournies par la JunoCam en février 2024 avec celles de la sonde Galileo (incrustation en noir et blanc) pour la même zone de Io en novembre in 1997 montre l’apparition d’une nouvelle activité volcanique (Source : NASA)

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Io is the innermost and third-largest of Jupiter’s four Galilean moons. It is slightly larger than Earth’s moon ; it is caught between the colossal Jupiter and its fellow Galilean moons Europa and Ganymede. These gravitational forces tug on Io’s interior, generating frictional heat, and resulting in widespread volcanic activity across its surface. The eruptions are thought to eject molten sulfur and its compounds. The different flybys by NASA’s spacecraft have shown Io is covered in hundreds of volcanoes. As such, it is the most volcanically active world in the Solar System.

Researchers have just spotted a huge new active volcano on the moon by comparing images taken by two NASA missions more than 25 years apart. The findings were presented at the Europlanet Science Congress (EPSC) in Berlin in early September 2024.

The images of the new volcano were taken by NASA’s Juno spacecraft* and its JunoCam** as it made a flyby of Io on February 3rd, 2024. The images were captured on the nightside of Io, illuminated only by reflected sunlight from Jupiter.

Comparison with Galileo spacecraft imagery of the same area, just south of Io’s equator, taken in November 1997, revealed that there was previously no volcanic activity in that location, meaning the eruptive activity has appeared some time during the last 27 years. The findings do confirm that Io is highly volcanically active.

The JunoCam image shows an area on the eastern side of the volcano stained red, thought to be sulfur first ejected into space and which then descended back onto Io’s surface. On the west, two dark streams of lava travel over about 100 kilometers in length and are encompassed by two grey circular deposits.

JunoCam observed a total of nine plumes associated with active volcanic features on the moon, as well as other changes, such as new lava flows and other surface deposits, during three flybys in 2023 and 2024.

* The Juno spacecraft was launched in 2011 and reached the Jupiter system in 2016. The spacecraft completed its primary mission in July 2021 but is conducting an extended mission until September 2025.

** JunoCam data are published on the mission’s web pages.

Source : space.com.

Abondance de lacs de lave à la surface de Io // Plenty of lava lakes on Io’s surface

Dans une note publiée le 23 avril 2024, j’expliquais qu’une nouvelle animation réalisée avec les données fournies par la sonde spatiale Juno de la NASA révélait un énorme lac de lave à la surface de Io, la lune de Jupiter.
Aujourd’hui, la NASA nous apprend que ne n’est pas un, mais de nombreux lacs de lave qui ont été découverts par la mission Juno à la surface de la lune jovienne. À l’aide du Jovian Infrared Auroral Mapper (JIRAM), mis au point par l’Agence spatiale italienne et initialement prévu pour percer les épais nuages qui entourent Jupiter, la sonde Juno a capturé des images infrarouges de ces lacs de lave disséminés à la surface de Io. On peut voir des anneaux de lave à très haute température entourant une croûte plus froide. Sur les images, les anneaux montrent une belle couleur blanche avec une signature thermique comprise entre 232 et 732 degrés Celsius. La température du reste du lac est beaucoup moins élevée, avec environ moins 43 degrés Celsius.

 Image infrarouge de Chors Patera, l’un des lacs de lave sur IO(Source : NASA)

Grâce aux dernières données fournies par Juno, les scientifiques ont aujourd’hui une meilleure idée du type de volcanisme le plus fréquent sur Io, à savoir d’énormes lacs de lave où le magma monte et descend, La croûte du lac vient se briser contre les parois du lac, formant un anneau de lave typique, comme ceux que l’on rencontre sur les lacs de lave à Hawaii.
L’hypothèse principale est qu’il se produit des remontées de magma dans ces lacs de lave, provoquant des variations de leur niveau. Lorsque la croûte touche les parois du lac, qui peuvent atteindre des centaines de mètres de hauteur, le contact la fait se briser, faisant ressortir la lave en bordure du lac.
Une autre hypothèse suggère que le magma jaillit au milieu du lac, repoussant la croûte vers l’extérieur jusqu’à ce qu’elle s’enfonce en bordure du lac, ce qui fait réapparaître la lave et forme ces anneaux.
Les chercheurs ont encore beaucoup à étudier sur Io, notamment en ce qui concerne l’imagerie infrarouge fournie par la sonde Juno. En combinant ces nouveaux résultats avec ceux visant à étudier et cartographier les volcans des pôles nord et sud d’Io, encore jamais vus, le JIRAM s’avère être l’un des outils les plus précieux pour comprendre le comportement de cet univers.
Source : space.com.

La sonde spatiale Juno de la NASA a photographié des panaches volcaniques à la surface de la lune de Jupiter (Source : NASA)

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In a post published on April 23rd, 2024, I explained that a new animation performed with NASA Juno spacecraft data revealed an enormous lava lake on the surface of Jupiter’s moon Io.

Today, NASA informs us that the Juno mission’s latest discovery is that the Jovian moon does not harbour a single lava lake but is covered with plenty of them. Using its Jovian Infrared Auroral Mapper (JIRAM) instrument, a project by the Italian Space Agency originally used to peer beneath Jupiter’s thick clouds, Juno has captured infrared images of these lakes peppered across Io’s surface. They show hot rings of lava surrounding a cooler crust. In the images, the rings are bright white with a thermal signature between 232 and 732 degrees Celsius. The rest of the lake is much cooler, measuring at some minus 43 degrees Celsius.

Through the latest data provided by Juno, scientists now have an idea of what is the most frequent type of volcanism on Io: enormous lakes of lava where magma goes up and down, The lava crust is forced to break against the walls of the lake, forming the typical lava ring seen in Hawaiian lava lakes.

The leading hypothesis is that magma undergoes upwelling in these lava lakes, causing the lakes to rise and fall. When the crust touches the lake’s walls, which can be hundreds of meters tall, the friction causes it to break, exposing the lava along the edge of the lake.

A secondary hypothesis suggests that magma wells up in the middle of the lake, pushing the crust outward until it sinks along the edge of the lake, again exposing the lava and forming those lava rings.

Researchers still have much to study on Io, particularly when it comes to Juno’s infrared imagery. Combining these new results with Juno’s longer-term campaign to monitor and map the volcanoes on Io’s never-before-seen north and south poles, JIRAM is turning out to be one of the most valuable tools to learn how this universe works.

Source : space.com.

Io, la lune volcanique de Jupiter, vue depuis la Terre ! // Jupiter’s volcanic moon Io seen from Earth !

Est-il vraiment nécessaire d’envoyer des sondes coûteuses vers Jupiter pour obtenir de bonnes vues d’Io, l’une des lunes de la planète ? Grâce à un télescope installé en haut du Mont Graham, un sommet de l’Arizona, des scientifiques ont réussi à prendre des clichés d’Io. Ces images sont si détaillées qu’elles rivalisent avec celles prises depuis l’espace.
Pour obtenir ces vues, l’équipe scientifique a utilisé un appareil photo baptisé SHARK-VIS qui a récemment été monté sur le grand télescope binoculaire (LBT) situé sur le Mont Graham. Les nouvelles images montrent des détails de la surface d’Io mesurant seulement 80 kilomètres de large. Une telle résolution n’était, jusqu’à présent, possible qu’avec des sondes spatiales envoyées vers Jupiter. Selon l’Université d’Arizona, « cela équivaut à prendre une photo d’un objet de la taille d’une pièce de dix cents (environ un centimètre de diamètre) à 161 kilomètres de distance ».
Les nouvelles images d’Io sont si détaillées que les scientifiques ont pu discerner des couches de lave superposées émises par deux volcans actifs juste au sud de l’équateur de Io. Une image prise depuis le LBT début janvier montre un anneau de soufre rouge foncé autour de Pelé, un volcan imposant qui crache régulièrement d’énormes panaches jusqu’à 300 kilomètres au-dessus de la surface d’Io. Cet anneau semble en partie recouvert de débris blancs (représentant du dioxyde de soufre gelé) provenant d’un volcan voisin, Pillan Patera, connu pour ses éruptions moins fréquentes. En avril, l’anneau rouge de Pelé est apparu à nouveau presque dans son intégralité sur les images prises par le vaisseau spatial Juno de la NASA lors de son survol le plus proche d’Io depuis deux décennies.
Les éruptions volcaniques d’Io, avec celles de Pelé et Pillan Patera, sont provoquées par la chaleur générée au plus profond de la lune par la lutte gravitationnelle entre Jupiter et ses deux autres lunes, Europe et Ganymède. L’observation de l’activité volcanique sur Io peut permettre aux scientifiques de comprendre comment les éruptions ont façonné la surface de la lune dans son ensemble.
Des changements à la surface d’Io, le corps volcanique le plus actif du système solaire, sont enregistrés depuis que le vaisseau spatial Voyager a détecté pour la première fois une activité volcanique sur la lune en 1979.

Une séquence similaire d’éruptions de Pelé et Pillan Patera a également été observée par le vaisseau spatial Galileo de la NASA lors de son approche du système Jupiter entre 1995 et 2003.
Avant l’installation de la nouvelle caméra sur le LBT en 2023, il était impossible d’observer de tels événements à la surface d’Io depuis la Terre. En effet, même si les images infrarouges des télescopes au sol peuvent détecter les points chauds indiquant des éruptions volcaniques, leur résolution n’est pas suffisante pour identifier les emplacements précis des éruptions et des changements comme les dépôts laissés par de nouveaux panaches éruptifs.
Source : space.com, Yahoo Actualités.

Crédit photos: NASA

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Is it really necessary to send costly probes to Jupiter to get good views of Io one of the planet’s moons ? Using a telescope perched on a mountain in Arizona, scientists have managed to take snapshots of Io. These images are so detailed they even rival pictures of the world taken from space.

To capture these views, the team used a camera, dubbed SHARK-VIS, that was recently installed on the Large Binocular Telescope (LBT) located on Arizona’s Mt. Graham; the new images outline features on Io’s surface as small as 80 kilometers wide, a resolution that was, until now, possible only with spacecraft studying Jupiter. According to a statement by the University of Arizona, « this is equivalent to taking a picture of a dime-sized object from 161 kilometers away. »

The new pictures of Io are, in fact, so intricate that scientists could discern overlapping deposits of lava spewed by two active volcanoes just south of the moon’s equator. An LBT image of Io taken in early January shows a dark red ring of sulfur around Pele, a prominent volcano routinely spewing huge plumes up to 300 kilometers above Io’s surface. That ring appears partly obscured by white debris (representing frozen sulfur dioxide) from a neighboring volcano named Pillan Patera, which is known to erupt less frequently. By April, Pele’s red ring is once again seen nearly complete in images taken by NASA’s spacecraft Juno during its closest flyby past the moon in two decades.

Io’s volcanic eruptions, including those by Pele and Pillan Patera, are driven by frictional heat created deep within the moon as a result of a gravitational tug-of-war between Jupiter and its two other nearby moons Europa and Ganymede. Monitoring Io’s volcanic activity can help scientists learn about how the eruptions shaped the moon’s surface as a whole.

Surface changes on Io, which is actually the most volcanically active body in the solar system, have been recorded ever since the Voyager spacecraft first spotted volcanic activity on the moon in 1979. A similar sequence of eruption from Pele and Pillan Patera was also observed by NASA’s Galileo spacecraft during its tour of the Jupiter system between 1995 and 2003.

However, prior to the installation of the new camera on the LBT last year, such resurfacing events were impossible to observe from Earth. That’s because while infrared images from ground-based telescopes can sniff out hotspots pointing to ongoing volcanic eruptions, their resolution isn’t sufficient to identify the precise locations of eruptions and surface changes like fresh plume deposits.

Source : space.com, Yahoo News.

Un lac de lave à la surface de Io, la lune de Jupiter // A lava lake on Io’s surface, Jupiter’s moon

Une nouvelle animation réalisée à partir de données fournies par la sonde spatiale Juno de la NASA montre un impressionnant lac de lave à la surface de Io, l’une de lunes de Jupiter. Juno a s’est approchée à seulement 1 500 kilomètres de la surface de Io en décembre 2023 et janvier 2024. Ces survols ont permis d’observer de plus près la lune de Jupiter qui héberge des centaines de volcans actifs. Selon la NASA, leurs éruptions sont parfois si puissantes qu’elles peuvent être observées avec des télescopes sur Terre.
Les nouvelles images montrent Loki Patera, un lac de lave de 200 km de large à la surface de Io. Les scientifiques l’observent depuis des décennies. Il se trouve au-dessus des réservoirs magmatiques sous la surface de Io. La lave en cours de refroidissement au centre du lac est entourée de magma possiblement en fusion sur les bords.
L’analyse des données révèle que certaines parties de la surface de Io sont aussi lisses que du verre, rappelant ainsi l’obsidienne sur Terre.
Les instruments à bord de Juno montrent que la surface de Io est plus lisse que celle des trois autres lunes de Jupiter (Europe, Ganymède et Callisto). Io est légèrement plus grande que notre Lune et les surfaces qui ne sont pas constituées de lave en fusion sont en grande partie recouvertes de soufre à la belle couleur jaune et de dioxyde de soufre.
Juno continue de survoler Jupiter et collecte des données sur les spectaculaires cyclones au niveau des pôles. Chacun d’eaux est aussi grand que les États-Unis. La sonde spatiale mesure également les niveaux d’oxygène et d’hydrogène dans l’atmosphère de Jupiter. Elle effectuera un 61ème survol de Jupiter le 12 mai 2024.
Source : NASA, Live Science.

Les données fournies par Juno ont permis de créer une animation du relief de « Steeple Mountain » (la montagne clocher) et du lac de lave Loki Patera :
https://youtu.be/GsbEpYNVTFc

Image du lac de lave extraite de l’animation

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A new animation performed with NASA Juno spacecraft data reveals an enormous lava lake on the surface of Jupiter’s moon Io. Juno swept within 1,500 kilometers of the volcanic surface of Io in December 2023 and January 2024. These flybys provided the closest look ever at Jupiter’s moon. Io hosts hundreds of active volcanoes. According to NASA, their eruptions are sometimes so powerful that they can be seen with telescopes on Earth.

The new images show Loki Patera, a 200-km-wide lava lake on Io’s surface. Scientists have been observing this lava lake for decades. It sits over the magma reservoirs under Io’s surface. The cooling lava at the center of the lake is ringed by possibly molten magma around the edges.

Analysis of the data suggests parts of Io’s surface are as smooth as glass, reminiscent of volcanically created obsidian glass on Earth.

Juno‘s instruments have determined that Io’s surface is smoother than the surfaces of Jupiter’s three other Galilean moons (Europa, Ganymede and Callisto). Io is slightly larger than Earth’s moon, and the surfaces that aren’t molten are largely covered with yellow sulfur and sulfur dioxide.

Juno continues to fly over Jupiter, collecting data about its dramatic polar cyclones, each of which is the width of the continental U.S. The mission is also measuring levels of oxygen and hydrogen in Jupiter’s atmosphere. The spacecraft will complete its 61st flyby of Jupiter on May 12th, 2024.

Source : NASA, Live Science.

Juno spacecraft data has been used to create an animation of « Steeple Mountain » and the lava lake Loki Patera :

https://youtu.be/GsbEpYNVTFc