Réchauffement climatique : Un redoux exceptionnel !

Nous sommes au début du mois de décembre 2025 et c’est le printemps avant l’heure ! La France connaît un épisode de redoux marqué, avec des températures bien supérieures aux moyennes de saison qui, il faut le rappeler, ont déjà été adaptées au réchauffement climatique en juin 2022. Météo France nous explique que cette situation résulte d’un anticyclone remontant d’Afrique, qui pousse simultanément des masses d’air chaud vers la France et dégage le ciel sur la majorité des régions. C’est vrai, mais le phénomène est une nouvelle preuve du dérèglement climatique que connaît notre planète.

La chaleur anormale actuelle a des conséquences préoccupantes pour l’enneigement des massifs montagneux et la sécurité en altitude. L’isotherme 0 °C se trouve à une altitude comprise entre 3 200 et 3 300 m, ce qui est parfaitement anormal en décembre. Il est bien évident que dans de telles conditions le manteau neigeux a bien du mal à se maintenir en basse et moyenne montagne. Des photos de la station des Estables (Haute Loire) sur les réseaux sociaux montrent le passage ultra rapide du blanc au vert.

Sous les 3 000 m, la fonte du manteau neigeux s’annonce rapide et massive. Cette dynamique est accentuée par le phénomène de foehn, un vent sec et chaud qui descend les pentes, réchauffe l’air et accélère la fonte de la neige sur son passage.

Une autre particularité de cet épisode est la présence de la pluie jusqu’à 2 400 m d’altitude. Ces précipitations imbibent directement l’épais manteau neigeux, fragilisent la stabilité de la neige et augmentent le risque d’avalanches, en particulier dans les massifs savoyards.

La forte fonte de la neige risque fort de perturber le début de la saison de ski sur les massifs des Vosges, du Jura et du Massif central, où l’enneigement se trouve déjà sous pression depuis plusieurs années. Il faudra que le froid et la neige fassent un retour rapide pour éviter le ski à roulettes à Noël !

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Dans le même temps, des millions d’Américains connaissent des conditions météorologiques extrêmes, notamment un froid arctique, de fortes pluies et de la neige, à l’approche des fêtes de fin d’année. Des températures glaciales, nettement inférieures aux normales saisonnières, sont prévues dans certaines régions du Midwest et de la côte Est.
Ce froid intense est dû à la rupture du vortex polaire, ce qui permet à l’air arctique très froid de descendre vers le sud et de traverser les États du centre et de l’est des États-Unis.
Les prévisions annoncent plusieurs vagues de froid intense du Midwest à l’Est jusqu’à fin décembre, avec d’importantes chutes de neige en altitude et un risque de gel jusqu’au centre de la Floride.

La climat est vraiment devenu fou !

Montée du niveau des océans : des territoires inhabitables

À l’occasion de la COP30 à Belém (Brésil), le journal Le Populaire du Centre a publié un article fort intéressant rappelant que certaines parties du monde ont déjà à subir les effets de la montée du niveau des océans. Le journal donne quelques exemples de territoires où des habitants doivent déménager à cause de la montée des eaux.

Le journal explique que rien qu’en France, 500.000 logements seront menacés d’ici 2100. Ils seront condamnés à devenir inhabitables et/ou impossibles à assurer.

https://www.lepopulaire.fr/paris-75000/actualites/dereglement-climatique-miquelon-jakarta-ces-territoires-qui-deviennent-deja-inhabitables_14783826/

La commune de Miquelon, la moins peuplée des deux communes de Saint-Pierre-et-Miquelon, située en Amérique du nord, a entamé le processus de déménagement des 617 habitants du village en 2022. C’est le premier village français à être déplacé en raison du réchauffement climatique. Miquelon est situé à seulement deux mètres au-dessus de la mer et l’archipel a connu deux ouragans destructeurs accompagnés de vagues de submersion. Le gouvernement a financé l’opération grâce au fonds Barnier, qui prévoit un rachat des maisons abandonnées par l’État.

Plan de prévention des risques littoraux de Miquelon

En France métropolitaine, le phénomène atteint la côte Atlantique du nord au sud. J’ai mentionné dans ce blog la destruction de la résidence Le Soleil à Soulac-sur-Mer ainsi que la menace qui plane sur Lacanau.

En Normandie, des habitations situées en bord de mer sont abandonnées ou vont bientôt l’être. En effet, des pans de falaises du littoral normand se décrochent et mettent en péril des maisons aujourd’hui proches du vide.

Dans le Finistère, deux maisons ont été démolies en juin 2025 à Treffagiat car elles étaient menacées par l’érosion côtière et la submersion marine.

En 2050, on estime que plusieurs milliers de logements seront menacés par la montée des eaux océaniques

J’ai expliqué (notes du 31 août 2019 et du 20 août 2024) qu’en Indonésie, la capitale administrative entière, Jakarta, a dû être déplacée dans une ville nouvelle, Nusantura, située 2.000 kilomètres plus loin sur l’île de Bornéo.

La nouvelle capitale officielle a été inaugurée en 2024. La décision de déplacer la capitale a été motivée par la montée des eaux et l’affaissement du sol causé par un pompage incontrôlé des nappes phréatiques. Le problème est que la nouvelle ville n’a pas la capacité d’accueillir tous les habitants de Jakarta (2 millions d’habitants prévus en 2045), qui doivent surélever leurs habitations ou vivre les pieds dans l’eau.

Vue synthétisée du futur palais présidentiel de Nusantara (Source : presse indonésienne)

Le Vanuatu, petit archipel du Pacifique, est le pays le plus menacé par la montée des eaux. Il pourrait être totalement englouti dans les prochaines années. Son existence même est menacée. En désespoir de cause, le pays a décidé d’attaquer les gouvernements en justice pour qu’ils passent à l’action face au réchauffement climatique.

Il faudrait ajouter à ce constat alarmant du côté de l’océan que des habitants du Sud de la France migrent à cause des températures de plus en plus élevées et vont s’établir dans des territoires où les températures sont plus supportables, notamment la Normandie et la Bretagne.

Un projet de loi sur la désinformation climatique bientôt à l’Assemblée Nationale ? J’ai des doutes !

Le 24 octobre dernier, j’ai diffusé une note intitulée « Désinformation climatique : ça suffit ! » Je faisais référence à un rapport publié le 22 octobre 2025 par les ONG QuotaClimat, Data for Good et Science Feedback . Il révèle que des chaînes de télévision et des radios sont minées par la désinformation, phénomène que j’ai dénoncé à plusieurs reprises sur ce blog.

Un article paru dans le journal Le Populaire du Centre le 27 octobre 2025 nous apprend que 300 personnes (experts, journalistes, responsables audiovisuels) ont répondu, à Paris, à l’appel du député PS haut-viennois Stéphane Delautrette, qui propose la création d’un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques. Son projet de loi, actuellement en commission, attend d’être inscrit à l’ordre du jour des débats dans l’hémicycle et pourrait (le conditionnel est de rigueur) être débattu prochainement à l’Assemblée Nationale.

Déposé fin 2024, ce projet de loi a obtenu le soutien d’une centaine de parlementaires issus de huit groupes politiques différents. (Sans surprise, les groupes LR et RN ne figurent pas parmi les soutiens). La question est d’autant plus urgente que des événements climatiques atypiques et inhabituellement violents se sont multipliés ces derniers mois, au même rythme que les fake-news sur les réseaux sociaux mais aussi dans certains médias. La Haute-Vienne, d’où est issu le député Delautrette, a été meurtrie par la dernière tempête Benjamin.

Au cours du débat organisé le 22 octobre à l’Hôtel de Lassay, le député a déclaré : « Il s’agit de remettre sur le métier notre combat contre la désinformation climatique. Le but de cette réunion est de participer à la réflexion parlementaire autour de la protection de l’espace informationnel et de la transparence des enjeux environnementaux. Une telle affluence est significative de l’urgence à agir. »

La proposition de loi suggère la création d’un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques. Elle prévoit aussi la mise en place de nouveaux outils afin de permettre à l’Arcom (l’organisme de contrôle de l’audiovisuel en France) d’imposer aux médias des volumes horaires minimaux consacrés aux enjeux environnementaux en période électorale, ainsi qu’une programmation reflétant l’état des connaissances scientifiques sur le réchauffement climatique, notamment ses origines anthropiques. Selon Stéphane Delautrette, « la désinformation climatique représente une menace directe pour la qualité du débat démocratique et la capacité de chacun à appréhender les enjeux de la transition écologique. »

Source : Le Populaire du Centre.

Reste à savoir de ce qu’il adviendra de ce projet de loi conduit par le député haut-viennois. Si une loi voit le jour, elle sera forcément ‘détricotée’ et vidée des éléments les plus significatifs. Nous sommes malheureusement habitués à une telle procédure parlementaire. Malgré les catastrophes climatiques à répétition qui frappent notre pays (violentes tempêtes, gigantesques inondations, incendies de végétation dévastateurs), la notion de réchauffement climatique n’est toujours pas profondément ancrée chez de nombreux Français. La politique de l’autruche a encore de beaux jours devant elle. Il suffit pourtant de se rendre dans les Alpes et plus précisément au bord de la Mer de Glace pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. L’ayant constatée à une échelle plus grande et avec encore plus d’intensité dans les zones arctiques, je ne cesse de lancer des messages d’alerte sur ce blog. Le Creusois ayant la réputation d’être têtu, je continuerai aussi longtemps que je le pourrai…

La Mer de Glace, l’une des preuves françaises du réchauffement climatique (Photo: C. Grandpey)

Désinformation climatique : ça suffit !

La tempête Benjamin vient de quitter la France en laissant derrière elle sont cortège de désagréments, voire de dégâts. Les médias français, qui se veulent des experts en matière de politique, semblent être beaucoup moins qualifiés lorsqu’il s’agit du climat. Un rapport publié le 22 octobre 2025 par les ONG QuotaClimat, Data for Good et Science Feedback révèle que des chaînes de télévision et des radios sont minées par la désinformation, phénomène que j’ai dénoncé à plusieurs reprises sur ce blog.

Entre janvier et août 2025, quelque 529 cas de mésinformation climatique ont été relevés sur les principales chaînes de télévision et radio françaises par les trois ONG. Il ressort de leur travail de veille que certains médias audiovisuels sont beaucoup plus coupables de désinformation que d’autres. Parmi les chaînes d’information en continu notamment, les chaînes privées sont six fois plus coupables de désinformation climatique que l’audiovisuel public.

Sans surprise, Cnews est sur la plus haute marche du podium avec un cas de désinformation par heure d’information consacrée au climat. Trois radios – Sud Radio, Europe 1 et RMC – sont également des relais puissants de désinformation. Ensemble, ces quatre médias sont considérés par le rapport comme les « relais proactifs » de la désinformation climatique.

À l’inverse, selon les ONG, les « chaînes de télévision généralistes (TF1, M6, France 2, France 3) ainsi que l’audiovisuel public constituent les remparts les plus actifs contre la désinformation climatique. J’apporterai tout de même personnellement une nuance concernant la chaîne d’information France Info où les émissaires de Météo France ont tendance à minimiser l’impact du réchauffement climatique. Par exemple, ils insistent beaucoup plus sur les températures en dessous des normales saisonnières que sur celles qui sont en dessus.

Une différence notable est également observée entre le public et le privé. Alors que dans l’audiovisuel public, les cas de désinformation identifiés sont presque systématiquement le fait d’invités (à 92 %), dans le secteur privé, les propos erronés ou trompeurs sont tenus dans 46 % des cas par des journalistes ou des chroniqueurs.

Cette médiocrité de l’information climatique contribue à alimenter ce que des chercheurs appellent le « nouveau déni » climatique conçu non pour réfuter la science, mais « pour brouiller, épuiser moralement et paralyser l’opinion publique comme l’action politique », selon les auteurs du rapport.

La désinformation est poussée par toute une série d’acteurs aux intérêts et stratégies nocifs pour le climat : l’extrême droite, l’industrie fossile, automobile ou agricole et les intérêts idéologiques de grands actionnaires des médias. On peut lire dans le rapport que « leur objectif n’est plus de nier l’existence du réchauffement climatique, mais de miner la confiance dans la viabilité des solutions et de délégitimer les messagers qui les défendent. »

Les principales victimes de cette stratégie ciblée sont les énergies renouvelables. Plus de 90 % des cas identifiés de désinformation ciblent les solutions de transition, et 70 % ciblent plus spécifiquement ces énergies. Ce type de désinformation devient largement plus répandu que les traditionnelles négations du rôle de nos activités dans le réchauffement global, ou encore l’antienne selon laquelle « le climat a toujours fluctué de manière naturelle ». Ces absurdités sont toujours présentes, mais en grande majorité remplacées par les attaques contre la transition.

 

Exemples des désinformation sur la transition énergétique relevés par l’ONG Data for Good

Pour lutter contre cette dynamique délétère, les ONG recommandent d’agir sur trois leviers : 1) Former « les journalistes exposés au direct et les rédactions au sens large » à ces enjeux et stratégies de désinformation ; 2) protéger les journalistes indépendants, « les médias d’intérêt public et les conditions de production d’une information fiable, intègre et suffisante » ; et 3) réguler la désinformation climatique, « pour sortir du régime d’impunité actuelle ». Sur ce dernier point, le rapport soutient une proposition de loi transpartisane, mais controversée, qui permettrait de sanctionner les propos climatosceptiques.

Source : Presse nationale avec Le Monde, La Croix et des sites environnementaux comme Reporterre.