Islande : un « Pont entre les continents » ? Pas vraiment ! // Iceland : a « Bridge between continents » ? Not really !

La plupart des guides touristiques islandais parlent du « Pont entre les continents ». Il s’agit d’un pont symbolique reliant l’Europe et l’Amérique du Nord, situé sur la péninsule de Reykjanes. On peut lire sur la page web « Visit Reykjanes » que « la péninsule de Reykjanes se situe sur l’une des principales limites de plaques tectoniques au monde : la dorsale médio-atlantique. Obéissant à la théorie de la dérive des continents, les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine s’éloignent continuellement l’une de l’autre, mues par des forces colossales. À Sandvik, le « Pont entre les continents » est une petite passerelle au-dessus d’une importante fissure, qui est la preuve évidente de la présence d’une divergence de plaques divergentes. Construit en 2002, il symbolise la connexion entre l’Europe et l’Amérique du Nord.»

Photo: C. Grandpey

Un article récent paru dans l’Iceland Monitor nous apprend que le « Pont entre les continents » est susceptible de changer de nom. C’est du moins l’avis du professeur émérite Páll Einarsson, qui affirme que ce nom est trompeur et montre une inexactitude géographique.
Einarsson a écrit dans une récente publication Facebook : « L’Islande a toujours été considérée comme faisant partie de l’Europe. Le continent américain commence au Groenland ; ce pont ne s’étend pas aussi loin. Comme c’est souvent le cas de nos jours, cette appellation semble refléter une erreur de traduction ou un malentendu.» Einarsson souligne que le pont enjambe la limite entre des plaques tectoniques – et non des continents – et explique que le qualifier de pont entre des continents ne correspond pas à la vérité. Il note que, bien que l’Islande se situe à la frontière des plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne, elle reste fermement ancrée en Europe, tant géographiquement que culturellement. La partie occidentale de l’île repose sur la plaque nord-américaine, et la partie orientale sur la plaque eurasienne. « Cela ne signifie pas pour autant qu’une partie de l’Islande est américaine.»
Source : Iceland Monitor.

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Most guidebooks about places to see in Iceland tell about the « Bridge betwwen Continents ». It refers to a symbolic bridge between Europe and North America on the Reykjanes Peninsula. One can read on the Web page Visit Reykjanes that « the Reykjanes peninsula lies on one of the world’s major plate boundaries, the Mid-Atlantic Ridge. According to the continental drift theory, the Eurasian and North American tectonic plates are continuously drifting apart with great forces. The Bridge between two continents at Sandvík is a small footbridge over a major fissure, which provides clear evidence of the presence of a diverging plate margin. The bridge was built in 2002 as a symbol for the connection between Europe and North America. »

A recent article released in the Iceland Monitor informs us that the « Bridge Between Continents » may be due for a name change. This is the opinion of professor emeritus Páll Einarsson whoargues that the name is misleading and promotes a geographic inaccuracy.

Einarsson wrote in a recent Facebook post : “Iceland has always been considered a part of Europe. The American continent begins in Greenland ; this bridge doesn’t stretch that far. As is so often the case these days, the naming seems to reflect a mistranslation or misunderstanding.” Einarsson emphasizes that the bridge spans the boundary between tectonic plates – not continents – and says calling it a bridge between continents distorts the facts. He notes that while Iceland sits on the boundary of the North American and Eurasian tectonic plates, it remains firmly within Europe both geographically and culturally. The western part of the island lies atop the North American plate, and the eastern part rests on the Eurasian plate. « That doesn’t make part of Iceland American. »

Source : Iceland Monitor.

Péninsule de Reykjanes (Islande) : l’opinion de Páll Einarsson // Páll Einarsson’s opinion

Les volcanologues islandais dont persuadés qu’une éruption est susceptible de se produire à court terme sur la Péninsule de Reykjanes. C’est le point due vue du professeur Páll Einarsson, géophysicien islandais de renom.

Les scientifiques surveillent de près le dyke dont l’extrémité sud, près de Fagradalsfjall, se trouve à une profondeur de seulement un kilomètre. Páll Einarsson explique que si le magma orésente une pression et des conditions suffisantes pour atteindre la surface, il peut parcourir le kilomètre restant en peu de temps. Il fait remarquer qu’avant l’éruption dans l’Holuhraun en 2014, le dyke magmatique a continué de se déplacer pendant deux semaines avant que la lave perce la surface.

Einarsson ajoute que si une éruption se produit près de Fagradalsfjall, ce sera probablement une éruption fissurale. De telles éruptions peuvent être spectaculaires au début, mais perdent rapidement de leur intensité, comme on a pule voir avec les éruptions dans la région du Krafla. Le magma peut également se solidifier dans le dyke si l’alimentation s’arrête. Dans un tel cas, aucune éruption ne se produit.

Le dyke a une épaisseur de 1 à 2 mètres. Pour le visualiser, Einarsson le compare à un plateau de table, de 1 à 2 mètres en position verticale. Le bord supérieur se trouve à une profondeur de 1 à 1,5 km et le plateau descend à une profondeur de 4 à 5 km. On pense que le débit du magma dans le dyke est d’environ 10 à 20 m3 par seconde. Par conséquent, le dyke se dilate et s’épaissit. On pense que le volume total de magma à l’intérieur du dyke atteint 10 à 20 millions de mètres cubes. Si tout ce magma atteignait la surface, on aurait une éruption comparable à celle de Fimmvörðuháls (sud de l’Islande), qui fait partie des plus petites éruptions.

Les modèles montrent que le dyke s’est un peu rapproché de la surface. Les eaux souterraines peuvent refroidir le magma et donner naissance à une nouvelle zone géothermale dans le secteur.

Le Met Office indique qu’une nouvelle image satellite montre un flux assez régulier de magma dans le dyke de sorte que la possibilité d’une éruption ne cesse d’augmenter.

Source: Iceland Monitor..

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Icelandic volcanologists maintain that an eruption could occur on the Reykjanes Peninsula in the short term.That is the opinion of Professor Emeritus Páll Einarsson.

Scientists are closely monitoring the magma dyke whose south end, near Fagradalsfjall mountain, is at a depth of only one kilometre..

Páll Einarsson explains that if the magma has pressure and conditions to reach the surface, it can travel the remaining one kilometre in a short time. He notes that prior to the Holuhraun eruption in 2014, the magma dyke continued growing for two weeks before magma finally erupted.

Einarsson adds that if an eruption occurs near Fagradalsfjall mountain, it will likely be on a fissure. Such eruptions can be powerful to begin with, but quickly lose power, as could be seen in eruptions in the Krafla region. The magma may also solidify in the dyke if the flow of magma into the dyke stops. In such a case, no eruption occurs.

The thickness of the dyke is 1-2 metres. To visualize it, Einarsson describes it as a table top, with a thickness of 1-2 metres, which stands upright. The upper edge is at a depth of 1-1.5 km, and the table top extends to a depth of 4-5 km. About 10-20 m3 of magma is believed to flow into the dyke per second. Therefore, the magma dyke expands and grows thicker. The total volume of magma inside the dyke is thought to have reached 10-20 million cubic metres. Should all of it reach the surface, it would be comparable to one eruption at Fimmvörðuháls (South Iceland), which was among the smallest eruptions.

Models assume that the dyke has moved somewhat closer to the surface. Groundwater could cool the magma, potentially creating a geothermal area there.

The Met Office indicates that a new satellite picture suggests a rather steady flow of magma into the dyke so that the chance of eruption keeps increasing.

Source : Iceland Monitor.

Islande et prévision volcanique

4 mars 2015 !! Voici une date que j’attendais avec impatience puisque c’est aujourd’hui même que devait prendre fin l’éruption dans l’Holuhraun ! C’est du moins ce qu’affirmait le  volcanologue islandais Haraldur Sigurðsson au mois d’octobre 2014 (voir ma note du 14 de ce même mois). Son pronostic s’appuyait sur l’évolution de l’affaissement de la caldeira du Bárðarbunga. Il expliquait que l’affaissement répondait à une évolution en ligne, pas en courbe, ce qui voulait dire que l’affaissement de la caldeira allait progressivement ralentir. Son petit-fils, Gabriel Sölvi, avait utilisé une formule prédisant que l’éruption dans l’Holuhraun prendrait fin 173 jours après le 12 septembre.

Aujourd’hui 4 mars, l’éruption est officiellement terminée depuis le 28 février.  La prévision du volcanologue islandais est donc relativement exacte.

Lorsque Haraldur Sigurðsson a fait part de sa prévision au mois d’octobre, je l’ai accueillie avec beaucoup de scepticisme car une éruption n’est pas une science exacte et de nombreux facteurs peuvent intervenir pour perturber son déroulement. Dans le cas présent, il semble que la poche magmatique qui a alimenté l’éruption se soit vidée très progressivement et très régulièrement, de sorte que la théorie de l’« évolution en ligne » de l’affaissement de la caldeira du Barðarbunga a bien fonctionné. La prévision de Haraldur Sigurðsson pourrait être utilisée à l’avenir pour essayer de déterminer la durée d’une éruption du même type en Islande, sur le Krafla, par exemple, en sachant qu’aucune éruption ne ressemble vraiment à une autre. .

Il faut tout de même relativiser la prévision de Haraldur Sigurðsson qui concerne la durée d’écoulement de la lave et non la prévision éruptive. Il ne faudrait pas oublier les tergiversations (auxquelles a participé Sigurðsson) dont elle a fait l’objet à partir du moment où les instruments ont commencé à s’affoler. Personne ne savait ce qui allait se passer : Eruption du Barðarbunga semblable à celle de l’Eyjafjallajökull en 2010 ? Sortie de lave à la limite du glacier ? Eruption avortée sans émission de lave ? Contact de la lave avec celle de l’Askja ? Au final, les scientifiques n’ont pu que constater la sortie de la lave dans la plaine désertique de l’Holuhraun !

Tant que nous sommes en Islande, remontons au 18 mars 2014. Ce jour-là, j’écrivais dans mon blog que selon Páll Einarsson, professeur de géophysique à l’Université d’Islande, la chambre magmatique sous l’Hekla était maintenant presque remplie, ce qui signifiait que le volcan «pourrait bientôt entrer en éruption» et qu’il était fortement déconseillé d’escalader la montagne car une éruption avait pour habitude de démarrer rapidement. La police avait même recommandé aux personnes ayant l’intention de grimper sur l’Hekla de ne pas oublier leurs téléphones portables afin de pouvoir être contactées rapidement en cas d’urgence volcanique. Pour le moment, comme aurait dit le regretté Robert Lamourueux, « le canard est toujours vivant » et aucune éruption n’est venue le plumer !

Plaisanterie à part, l’Holuhraun et l’Hekla montrent que nous sommes encore démunis en matière de prévision volcanique. Ces volcans sont truffés d’équipements et ne figurent pas parmi les plus dangereux de la planète. Notre capacité à prévoir est encore plus faible pour les volcans gris comme est venue nous le rappeler l’éruption du Mont Ontake et sa soixantaine de victimes.

Hekla-blog

L’Hekla en 2014  (Crédit photo:  Wikipedia)