Réchauffement climatique : des vagues de chaleur anormales en avril 2023 // Global warming : abnormal heat waves in April 2023

  Une vague de chaleur en Asie du Sud-Est a battu tous les records. Cette canicule fait suite à une autre vague de chaleur record en Europe du Sud et en Afrique du Nord qui, selon les scientifiques, serait quasiment impossible sans le réchauffement climatique actuel.
Les températures dans certaines parties du Laos ont dépassé 44,1°C le 6 mai 2023, tandis que le Vietnam a vu le mercure dépasser 43,5°C, un record absolu pour les deux pays. En avril, les températures en Thaïlande ont atteint 45,4°C, un nouveau record.
Toujours en avril, l’Espagne, le Portugal, le Maroc et l’Algérie ont connu une chaleur intense, digne de la fin de l’été. Au Portugal et en Espagne, les températures ont atteint respectivement 36,9°C et 38,8°C, battant largement leurs records d’avril.
Comme je l’ai écrit dans une note précédente, une analyse rapide de la World Weather Attribution révèle que le réchauffement climatique a rendu au moins 100 fois plus probable la chaleur printanière extrême en Europe et en Afrique du Nord. Les températures ont été jusqu’à 3,5°C plus élevées qu’elles ne l’auraient été sans le réchauffement climatique.
Alors que l’Europe et l’Afrique du Nord ont connu des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes au cours des dernières années, la chaleur récente en Méditerranée occidentale a été si extrême qu’elle est un événement rare, même dans le contexte de réchauffement climatique actuel. Ce qui est également remarquable, c’est que la chaleur extrême augmente plus vite que le suggèrent les modèles climatiques.
Même si les températures en France ont été à peu près normales en avril, l’agence Copernicus indique qu’avril 2023 a été globalement le quatrième mois d’avril le plus chaud jamais enregistré par rapport à la période 1991-2020. Le mois a également été plus sec que la moyenne au sud des Alpes, dans les régions de la France méditerranéenne, du nord-ouest de la Scandinavie, des pays baltes et d’une grande partie de l’ouest de la Russie.
Source : médias d’information internationaux.

———————————————

A heat wave in Southeast Asia has broken all-time heat records. It comes on the heels of another record-breaking heat wave in Southern Europe and North Africa that scientists say was almost impossible without global warming.

Temperatures in parts of Laos breached 44.1°C on May 6th, 2023, while Vietnam saw the mercury surpass 43.5°C, an all-time high for both countries. In April, temperatures in Thailand reached 45.4°C, a new record high.

Also in April, Spain, Portugal, Morocco, and Algeria saw severe heat more typical of late summer. In Portugal and Spain, temperatures reached 36.9°C and 38.8°C, respectively, breaking their April records by a wide margin.

As I put it in a previous post, rapid analysis from World Weather Attribution finds that global warming made the extreme spring heat in Europe and North Africa at least 100 times more likely. Temperatures were up to 3.5°C higher than they would have been without global warming.

While Europe and North Africa have experienced heat waves increasingly frequently over the last years, the recent heat in the Western Mediterranean has been so extreme that it is also a rare event in today’s warmer climate. What is also remarkable is that extreme heat is increasing faster than climate models simulate.

Even though temperatures in France were about normal in April, the Copernicus agency explains that April 2023 was globally the fourth-hottest month of April on record for the 1991-2020 period. The month was also drier than average south of the Alps, in regions of Mediterranean France, northwestern Scandinavia, the Baltic countries and much of western Russia.

Source : International news media.

Carte des anomalies thermiques en avril 2023 par rapport à 1981-2010 (Source : ERA5)

Empreinte du réchauffement climatique dans les vagues de chaleur précoces // Footprint of global warming in early heat waves

Selon une étude du World Weather Attribution, un groupe de scientifiques internationaux qui ont effectué une analyse informatique et statistique rapide de la vague de chaleur de la fin avril 2023 à travers la péninsule ibérique jusqu’en Algérie et au Maroc, les températures record enregistrées dans ces pays ont été 100 fois plus favorisées par le réchauffement climatique d’origine anthropique, et auraient été inimaginables dans le passé.
Les quatre pays ont connu des températures comprises entre 36,9°C et 41°C. Les auteurs de l’étude insistent sur le fait qu’un événement météorologique aussi extrême « aurait été presque impossible dans le passé, avec un climat plus froid. Nous verrons des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes à l’avenir à mesure que le réchauffement climatique se poursuivra. »
Les régions étudiées souffrent toutes d’une sécheresse pluriannuelle, qui peut exacerber les températures élevées. Actuellement, 27 % du territoire espagnol est dans la catégorie « urgence » ou « alerte » à la sécheresse et les réserves d’eau sont à 50 % de leur capacité. Le stockage moyen d’eau dans les barrages au Maroc est à des niveaux tout aussi bas, et en Tunisie de nombreux foyers ont des coupures d’eau pendant la journée. Les agriculteurs de toute la Méditerranée occidentale ont averti que de mauvaises récoltes sont probables dans certaines régions pour la sixième année consécutive.
L’étude indique également que la chaleur extrême en Europe augmente plus rapidement que ne l’avaient prévu les modèles informatiques. La même chose s’est produite avec le dôme de chaleur du Pacifique, de sorte que les scientifiques qui créent des modèles informatiques doivent revoir leurs copies et repenser leurs projections trop conservatrices.
Les scientifiques ont comparé les températures réelles d’avril à celles d’un monde simulé sans réchauffement climatique. Ils ont découvert qu’une vague de chaleur comme celle subie par la Méditerranée occidentale en avril aurait été moins sévère de plus de deux degrés Celsius dans un monde sans gaz à effet de serre pour piéger la chaleur.
L’un des buts de l’étude est d’informer les gouvernements qui se préparent à l’apparition précoce de températures extrêmement chaudes. Ils pourront prévenir les décès et déployer des campagnes de sensibilisation à la chaleur. Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2022 au moins 15 000 personnes sont mortes en Europe à cause de la canicule et l’Espagne a été l’un des pays les plus touchés.
L’étude devrait aussi aider les gens à percevoir le risque à leur niveau personnel et les inciter à changer leur comportement. Les changements comprennent l’accès à la climatisation dans les écoles, la surveillance des admissions à l’hôpital liées à la chaleur et le conseil aux citoyens d’éviter les sports de plein air à certaines heures de la journée.
Source : médias d’information internationaux.

——————————————-

According to a study by World Weather Attribution, a group of international scientists who did a rapid computer and statistical analysis of a late-April heat wave that stretched across the Iberian peninsula into Algeria and Morocco, record-breaking temperatures in these countries were made 100 times more likely by human-caused climate change, and would have been almost impossible in the past.

The four countries experienced temperatures ranging between 36.9°C and 41°C. The authors of the study insist that a weather event this extreme “would have been almost impossible in the past, colder climate. We will see more intense and more frequent heat waves in the future as global warming continues.”

The regions in the study are all suffering from a multi-year drought, which can exacerbate high temperatures. Currently, 27% of Spanish territory is in either the drought “emergency” or “alert » category and water reserves are at 50% of capacity nationally. The average dam storage in Morocco is at similarly low levels, and in Tunisia many homes have water cuts during the day. Farmers across the Western Mediterranean have warned that poor harvests are likely, in some regions for the sixth year running.

The study also says the extreme heat in Europe is rising faster than computer models had projected. The same thing happened in the Pacific heat dome, so scientists who create computer models need to go back and rethink their overly conservative projections.

The scientists compared real life April temperatures to a simulated world without climate change. They found that a heat wave like the one the Western Mediterranean suffered in April would have been more than two degrees Celsius less severe in a world without greenhouse gases trapping heat.

The study will also help inform governments preparing for the earlier onset of extreme hot weather, with the aim of preventing deaths and unrolling heat awareness campaigns. According to the World Health Organization, in 2022 at least 15,000 people died in Europe because of extreme hot weather, with Spain one the countries worst affected.

The warning in the study should incite people to perceive their personal risk and change their personal behaviour. Changes include access to air conditioning in schools, monitoring heat-related hospital admissions and advising citizens to avoid outdoor sports at certain hours of the day.

Source : International news media.

Hausse catastrophique de la température des océans // Disastrous increase in ocean temperature

Voici une très mauvaise nouvelle : la NOAA vient d’indiquer que la température moyenne à la surface des océans de notre planète a atteint un record début avril 2023 avec 21,1° C. Après s’être située sous le niveau de l’année 2016 (la plus chaude au niveau global à ce jour) pendant les quatre premiers mois de l’année 2023, la température a subitement décollé et dépassé 2016 à partir de mi-mars.

La température des océans dépasse de +0,2 °C le pic déjà atteint début avril 2020 avec 20,9 °C. Les relevés de températures océaniques ne remontent qu’à 1981, et la période du 1er au 5 avril 2023 est la plus chaude enregistrée depuis une quarantaine d’années. C’est du jamais-vu. On avait certes enregistré 21°C en 2016, mais la Terre était alors sous l’influence du phénomène de réchauffement El Niño dans le Pacifique oriental, au niveau de l’équateur.

En 2023, le phénomène de refroidissement La Niña – qui avait remplacé El Niño en 2020 – est en phase de déclin. La Terre se trouve actuellement sous l’influence d’une période relativement neutre, avant le retour d’El Niño prévu vers le mois de juin. Malgré la présence de La Niña en début d’année 2023, les océans ont continué de se réchauffer !
Les océans ont absorbé 90% de la chaleur générée par les gaz à effet de serre. Ils ont limité la hausse des températures, mais ils ont fini par être à leur tour impactés et les canicules marines se multiplient depuis 1982.

Ce réchauffement des océans a des conséquences catastrophiques : blanchiment des coraux, disparition massive de poissons, prolifération d’algues toxiques comme les sargasses dans la Caraïbe et en Floride. Ces bouleversements sont dus à l’acidification de l’eau. En 2016, l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) nous alertait déjà : « Le réchauffement des océans […] conduit des groupes entiers d’espèces comme les méduses, les tortues et les oiseaux de mer à remonter de 10 °C de latitude vers les pôles. Il affecte les stocks de poissons dans certaines zones, et devrait entraîner une réduction des prises dans les régions tropicales. « 

Avec ce réchauffement incessant des océans, il ne faudra pas, non plus, être surpris par la multiplication des événements extrêmes avec leur cortège de tempêtes et autres cyclones.

Sources : NOAA, France Info, Futura Sciences.

——————————————–

Here’s some very bad news: NOAA has just reported that the average surface temperature of our oceans reached a record high in early April 2023 with 21.1°C. After being below the 2016 level (the hottest globally to date) during the first four months of the year 2023, the temperature suddenly took off and exceeded 2016 from mid-March.
The temperature of the oceans exceeds by +0.2°C the peak already reached at the beginning of April 2020 with 20.9°C. Ocean temperature archives only date back to 1981, and the period April 1-5, 2023 has been the warmest on record for about 40 years. This is unheard of. We recorded 21°C in 2016, but the Earth was then under the influence of the El Niño warming phenomenon in the eastern Pacific,around the equator.
In 2023, the La Niña cooling phenomenon – which replaced El Niño in 2020 – is in a phase of decline. The Earth is currently under the influence of a relatively neutral period, before the return of El Niño expected around June. Despite the presence of La Niña in early 2023, the oceans have continued to warm!
The oceans have absorbed 90% of the heat generated by greenhouse gases. They limited the rise in temperatures, but they ended up being impacted, and ocean heat waves have been increasing since 1982.
This warming of the oceans has catastrophic consequences: coral bleaching, massive disappearance of fish, proliferation of toxic algae such as sargassum in the Caribbean and in Florida. These deep changes are due to the acidification of the water. In 2016, the International Union for Conservation of Nature (IUCN) already warned us: « The warming of the oceans […] is leading whole groups of species such as jellyfish, turtles and seabirds to move from 10°C latitude towards the poles. It affects fish stocks in some areas, and is expected to lead to reduced catches in tropical regions. »
With this incessant warming of the oceans, we should not be surprised either by the multiplication of extreme events with storms and cyclones in their wake.

Sources : NOAA, France Info, Futura Sciences.

Evolution de la température des océans