Neige sur le désert d’Atacama (Chili) ! // Snow on the Atacama Desert (Chile) !

Comme je l’explique souvent sur ce blog, il ne faut pas se contenter d’un seul événement météorologique, climatique ou volcanique pour généraliser. Il faut la répétition de ces événements sur une échelle de temps suffisamment longue pour pouvoir tirer des conclusions plus globales.

L’événement météorologique que l’on vient d’observer dans le désert d’Atacama au Chili est certes exceptionnel, mais il faudra attendre qu’il se répète sur un laps de temps suffisamment long pour l’attribuer au réchauffement climatique.

Une chute de neige extrêmement rare dans l’endroit le plus sec de la planète a interrompu le fonctionnement de l’un des plus importants réseaux de télescopes au monde. La neige a recouvert une partie du désert d’Atacama, qui reçoit habituellement moins de deux centimètres de précipitations par an. Les climatologues avertissent que le réchauffement climatique pourrait exposer l’observatoire à des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents dans les prochaines années.
Le réseau de radiotélescopes ALMA est implanté sur le plateau de Chajnantor à 5 104 m d’altitude dans la région d’Antofagasta au Chili.

Vue aérienne du Plateau de Chajnantor avec les antennes de l’ALMA Crédit photo : European Southern Observatory (ESO)

Les chutes de neige du 26 juin ont été provoquées par une instabilité atmosphérique très inhabituelle qui a affecté le nord du Chili. Les services météorologiques chiliens avaient émis une alerte neige et vent en raison du passage d’une goutte froide dans la région. Ce phénomène s’est accompagné de fortes pluies plus au nord où elles ont provoqué la crue d’une rivière et causé des dégâts aux biens. Les écoles ont été fermées et des coupures de courant et des glissements de terrain ont été signalés. Un événement météorologique d’une telle ampleur n’avait pas été observé depuis près de dix ans.
En raison des mauvaises conditions météorologiques, les opérations scientifiques ont dû être suspendues sur l’ALMA afin de protéger les antennes. L’observatoire a activé son protocole de sécurité et a été mis en « mode survie ». Outre les chutes de neige, les températures ont chuté à -12 °C avec un ressenti de -28 °C, rendant le travail au camp de haute altitude extrêmement difficile. Dans le cadre de ce protocole, toutes les grandes antennes d’ALMA ont été réorientées sous le vent, afin de minimiser les dégâts potentiels causés par l’accumulation de neige ou les fortes rafales. Une fois la tempête passée, les équipes de déneigement ont immédiatement été mobilisées pour inspecter visuellement chaque antenne avant de reprendre les observations.
Le Grand Réseau Millimétrique/Submillimétrique de l’Atacama (ALMA), le plus grand projet astronomique au monde, est un partenariat international entre l’Observatoire Européen Austral (ESO), la Fondation Nationale pour la Science aux États-Unis (NSF) et les Instituts Nationaux des Sciences Naturelles (NINS) du Japon, ainsi que le CNRC (Canada), le NSTC et l’ASIAA (Taïwan) et le KASI (République de Corée), en coopération avec la République du Chili.
L’ALMA est composé de 66 antennes de haute précision. Elles constituent le radiotélescope le plus puissant de la planète. Il est conçu pour gérer des phénomènes météorologiques extrêmes comme celui-ci. L’interruption ds l’ALMA par la neige soulève des questions quant à son fonctionnement face au réchauffement climatique.

La Voie Lactée au-dessus des antennses de l’ALMA (Crédit photo : European Southern Observatory (ESO)

Le désert d’Atacama ne reçoit généralement que 1 à 15 millimètres de précipitations par an, et certains secteurs peuvent passer des années sans enregistrer de quantités de pluie ou de neige mesurables. Comme je l’ai indiqué plus haut, un seul événement ne suffit pas pour tirer des conclusions. Cependant, s’il est encore trop tôt pour établir un lien direct entre les chutes de neige à basse altitude dans le désert et le réchauffement climatique, un climatologue a déclaré : « Les modèles climatiques prédisent une augmentation potentielle des précipitations, même dans cette région hyper aride. Nous ne pouvons pas encore dire avec certitude si cette hausse est déjà en cours. »

Source : presse américaine.

Vue du désert d’Atacama (Photo : C. Grandpey)

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As I often explain on this blog, we should not rely on a single weather, climate or volcano event to generalize. These events must be repeated over a sufficiently long timescale to draw more global conclusions.
The weather event we just observed in the Atacama Desert (Chile) on 26 June 2025 is certainly exceptional, but we will have to wait for it to repeat itself over a sufficiently long period of time to attribute it to global warming.

A rare snowfall in the driest place on Earth has halted operations of one of the world’s premier telescope arrays.The snow has blanketed part of the Atacama Desert, which gets less than two centimeters of rainfall per year. Climate scientists warn that global warming may mean the observatory will face more extreme weather events like this in the future.

ALMA’s radio telescope array is perched high on the Chajnantor Plateau, a desert plain at 5,104 m in Chile’s Antofagasta region. The 26 June snowfall was triggered by unusual atmospheric instability affecting northern Chile. The Chilean weather services issued a snow and wind alert due to the passage of a « cold core » through the region. The phenomenon was accompanied by heavy rainfall that occurred farther north, causing a stream to swell and damage several properties. Schools were ordered to close, and power outages and landslides were reported. A weather event of this magnitude had not been seen in nearly a decade.

Due to the poor weather conditions, scientific operations had to be suspended to protect the antennas. The observatory activated its « survival mode » safety protocol: In addition to the snowfall, temperatures had plummeted to -12°C with a wind chill of -28°C making work at the high-altitude camp extremely difficult. As part of this protocol, all of ALMA’s large antennae were reoriented downwind, helping to minimize potential damage from snow buildup or strong gusts. Once the storm was over, snow-clearing teams were immediately activated to visually inspect each antenna before resuming observations.

The Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA) – the largest astronomical project in the world – is an international partnership of the European Southern Observatory (ESO), the U.S. National Science Foundation (NSF) and the National Institutes of Natural Sciences (NINS) of Japan, together with NRC (Canada), NSTC and ASIAA (Taiwan), and KASI (Republic of Korea), in cooperation with the Republic of Chile.

ALMA consists of 66 high-precision antennae. They form the most powerful radio telescope on the planet, and one designed to handle extreme weather events like this. The fact that the snow halted operations raises questions about the array’s operations as the climate warms.

The Atacama Desert typically receives only 1 to 15 millimeters of precipitation per year, and many areas can go years without recording any measurable rain or snow.As I put it above, one event is not sufficient to draw conclusions. However, while it is still too early to link lower-altitude snowfalls in the desert directly to global warming, one climate scientists said : « Climate models predict a potential increase in precipitation even in this hyper-arid region. We still can’t say with certainty whether that increase is already underway. »

Source : American news media.

Le désert d’Atacama (Chili) : une poubelle à ciel ouvert // Atacama Desert (Chile) : an open garbage dump

Dans le nord du Chili, entre l’Océan Pacifique et la zone volcanique centrale des Andes, le désert d’Atacama est une région extrêmement aride d’Amérique du Sud où il peut ne pas pleuvoir pendant un demi-siècle. L’Atacama offre une ligne volcanique, marquant la frontière entre le Chili, la Bolivie et l’Argentine. Cette barrière naturelle est composée de volcans actifs approchant les 6000 mètres, entourés de superbes lagunes, de geysers et de vallées encaissées.

Au cœur de cette région, perché à plus de 2 400 m d’altitude, se trouve le village de San Pedro d’Atacama avec ses maisons d’adobe et son église à la charpente de bois de cactus. San Pedro est la principale porte d’entrée pour visiter les trésors du désert d’Atacama.

(Photos : C. Grandpey)

A côté de toutes les merveilles offertes par la Nature, l’Atacama est aussi le désert de la honte. L’écosystème unique et fragile est menacé car la région est devenue un cimetière pour les déchets du monde, avec des montagnes de vêtements, de voitures et de chaussures qui pourraient entraver les progrès scientifiques dans l’espace. En effet, les scientifiques ont trouvé des micro-organismes s’adaptant au monde presque sans eau qui pourraient fournir des indices sur la façon de trouver la vie sur des planètes semblables à la terre, en particulier Mars.

L’Atacama est une plaque tournante pour les vêtements d’occasion et invendus aux États-Unis, en Europe et en Asie. C’est une conséquence de la mode éphémère, « fast fashion » en anglais, le désir de changer fréquemment de vêtements, poussé à cela par une publicité à outrance. La conséquence, c’est que plus de 46 000 tonnes de vêtements ont été déversées dans le désert en 2021, après avoir débarqué dans le port d’Iquique. C’est dans cette zone commerciale, aux droits de douanes préférentiels, qu’a lieu un premier tri pour la revente dans le pays ou l’export vers d’autres pays d’Amérique latine.

Les voitures d’occasion inondent également le Chili et elles sont empilées dans le désert, tandis que des tas de pneus abandonnés sont éparpillés dans le paysage.

L’industrie de la mode rapide est le principal coupable des montagnes de vêtements qui s’étendent sur les collines autrefois arides. Fabriqués à l’aide de produits chimiques et mettant jusqu’à 200 ans à se dégrader, les vêtements polluent le sol, l’air et les eaux souterraines.

Cette vidéo résume parfaitement la situation :

https://youtu.be/C_cMa5oDsOM

(Image extraite de la vidéo ci-dessus)

D’un point de vue scientifique, la NASA considère le désert d’Atacama – et plus particulièrement le district de Yungay – comme le paysage terrestre le plus similaire à celui de Mars et l’utilise pour tester ses véhicules robotiques. En 2017, l’agence spatiale américaine a testé un premier modèle de son robot télécommandé Perseverance, qui recherche actuellement d’anciens signes de vie sur la Planète Rouge.

Bien que le désert ne reçoive pas beaucoup de pluie, de grands bancs de brouillard générés par la proximité du Pacifique traversent le désert et permettent à certaines plantes de se développer. Des fleurs aux couleurs vives fleurissent lorsqu’il pleut au-dessus de la moyenne, comme en 2021. Une beauté à préserver absolument.

Source:presse internationale.

(Photos: C. Grandpey)

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In northern Chile, between the Pacific Ocean and the central volcanic zone of the Andes, the Atacama Desert is an extremely arid region of South America where it may not rain for half a century. Atacama offers a volcanic line, marking the border between Chile, Bolivia and Argentina. This natural barrier is made up of active volcanoes approaching 6000 meters, surrounded by superb lagoons, geysers and steep-sided valleys.
At the heart of this region, perched at an altitude of more than 2,400 m, is the village of San Pedro d’Atacama with its adobe houses and its cactus-framed church. San Pedro is the main gateway to visit the treasures of the Atacama Desert.

Alongside all the marvels offered by Nature, Atacama is also the desert of shame. The unique and fragile ecosystem is under threat as the area has become a graveyard for the world’s trash, with mountains of clothes, cars and shoes that could hamper scientific progress in space. Indeed, scientists have found microorganisms adapting to the nearly waterless world that could provide clues as to how to find life on Earth-like planets, particularly Mars.
Atacama is a hub for used and unsold clothing in the United States, Europe and Asia. It is a consequence of the fast fashion which incites people to change clothes frequently. More than 46,000 tons of clothing were dumped in the desert in 2021, after landing in the port of Iquique. It is in this commercial zone, with preferential customs duties, that the first sorting takes place for resale in the country or export to other Latin American countries.
Used cars are also flooding Chile and they are piled high in the desert, while piles of discarded tires are strewn across the landscape.
The fast fashion industry is the main culprit for the mountains of clothing that stretch over the once arid hills. Including chemicals and taking up to 200 years to degrade, the clothes pollute the soil, air and groundwater.
This video sums it up perfectly:
https://youtu.be/C_cMa5oDsOM

From a scientific point of view, NASA considers the Atacama Desert – and more specifically the Yungay district – to be the most similar terrestrial landscape to that of Mars and uses it to test its robotic vehicles. In 2017, the US space agency tested an early model of its rover Perseverance, which is currently searching for ancient signs of life on the Red Planet.
Although the desert does not receive much rain, large fog banks generated by the proximity of the Pacific Ocean spread over the desert and allow certain plants to grow. Brightly coloured flowers bloom when the rains are above average, as in 2021. A beauty that must absolutely be preserved.
Source: international press.

Le séisme le plus puissant de l’Histoire // The most powerful earthquake in History

Ce n’est pas de la volcanologie, mais la nouvelle présente un intérêt certain d’un point de vue géologique, tectonique et humain.

Jusqu’à présent, le séisme de Valdivia en 1960 au Chili – avec une magnitude de M 9,4 à 9,6 selon les centres de mesure – était considéré comme l’événement de ce type le plus puissant jamais observé sur Terre. Pourtant, une équipe d’archéologues a découvert au Chili les preuves d’un séisme encore plus puissant. Une nouvelle étude publiée dans Science Advances explique qu’un méga-séisme s’est produit dans ce pays il y a environ 3 800 ans. L’événement fut si terrible qu’il a conduit à l’abandon des régions côtières concernées pendant près de 1 000 ans.
Ce très puissant séisme a été causé par une énorme rupture qui a fait se soulever le littoral de la région. L’événement a eu lieu dans ce qui est aujourd’hui le nord du Chili. Le méga-séisme n’a pas seulement secoué toute cette région; il a également déclenché un très puissant tsunami avec des vagues atteignant 20 mètres de hauteur.
Les chercheurs pensent que le tsunami causé par le méga-séisme a atteint la Nouvelle-Zélande, à près de 9 600 km de sa source. Les vagues du tsunami étaient si puissantes qu’elles ont projeté des rochers côtiers de la taille de voitures à des centaines de kilomètres à l’intérieur des terres.
Ce séisme bat le précédent record. Comme indiqué plus haut, la magnitude du tremblement de terre de Valdivia dans le sud du Chili en 1960 a été évaluée à l’époque entre M 9,4 et 9,6. Le séisme de Valdivia a tué jusqu’à 6 000 personnes et propulsé des tsunamis à travers l’océan Pacifique.
À titre de comparaison, les chercheurs pensent que le méga-séisme chilien d’il y a 3800 ans avait une magnitude d’environ M 9,5. La rupture qui l’a provoqué était longue d’environ 1000 km, contre 800 km pour le séisme de Valdivia.
Le désert d’Atacama est l’un des environnements les plus secs et les plus hostiles au monde et il a toujours été difficile d’y trouver des preuves de tsunamis. Cependant, les auteurs de l’étude ont découvert des traces de sédiments marins et d’êtres vivants qui se trouvaient dans la mer avant d’être projetées à l’intérieur des terres. Les chercheurs ont trouvé tous ces éléments très haut et loin à l’intérieur des terres. Ce n’était donc pas une tempête qui les avait déposés ici.
Au moment où le méga-séisme chilien a fait fuir les habitants de la côte il y a plus de 3 000 ans, les îles qu’il a touchées dans le Pacifique Sud étaient alors inhabitées. Aujourd’hui, ces mêmes îles sont des lieux touristiques populaires très fréquentés. Cela signifie que si un nouveau séisme ou un nouveau tsunami devait se produire, les conséquences pourraient être catastrophiques.
Source, BGR, Yahoo Actualités.

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This is not volcanology, but the piece of news is interesting from a geological, tectonic and human point of view.

Up to now, the 1960 Valdivia earthquake in Chile – with a magnitude of M 9.4- 9.6 – was the most powerful event of the kind that ever happened on Earth. A group of archaeologists has found evidence of a larger megaquake in human history. A new study featured in Science Advances explains that a newly discovered Chile megaquake took place around 3,800 years ago. It was so terrible that it led to the abandonment of nearby coastlines for almost 1,000 years.

The massive earthquake was caused by a huge rupture that lifted the region’s coastline. It took place in what is now northern Chile. The Chile megaquake did more than just shake the land in the area. It also created a massive tsunami with waves as high as 20 meters.

Researchers believe the tsunami caused by the Chile megaquake travelled all the way to New Zealand, almost 9,600 km from the point of origin. The tsunami waves were so powerful, they flung coastal boulders the size of cars hundreds of kilometers inland.

This newly discovered earthquake beats the previous record for the largest earthquake recorded. The Valdivia earthquake took place in 1960. At the time, records picked up a massive quake in southern Chile that had a magnitude between 9.4 and 9.6. The Valdivia earthquake killed up to 6,000 people and sent tsunamis out across the Pacific Ocean.

For comparison, researchers believe the new Chile megaquake hit with a magnitude of M 9.5. The rupture it created was roughly 1,000 km long, compared to the 800-kilometer-long rupture made by the Valdivia earthquake.

The Atacama Desert is one of the driest, most hostile environments in the world and finding evidence of tsunamis there has always been difficult. However, the authors of the study found evidence of marine sediments and a lot of beasties that would have been living quietly in the sea before being thrown inland. The researchers found all these features very high up and a long way inland so it could not have been a storm that left them there.

While the Chile megaquake drove the inhabitants away from the coast when it hit over 3,000 years ago, the islands it affected in the South Pacific were uninhabited at that time. Now the islands are popular tourist locations. And a lot of people congregate there. That means that any tsunamis or earthquakes that hit the area could be catastrophic.

Source, BGR, Yahoo News.

Carte des zones impactées par le tsunami de Valdivia (Source: NGDC

Voitures électriques et salars d’Amérique du Sud // Electric cars and South American salars

 A fa fin du mois de mai 2020, le président Emmanuel Macron a annoncé un vaste plan de soutien à l’industrie automobile française, victime d’un coup d’arrêt dû à la crise sanitaire. Depuis l’usine Valeo à Etaples (Pas-de-Calais), il a égrainé une série de mesures destinées à sauvegarder la filière automobile française et ses 400 000 emplois directs: renforcement des aides à l’achat de voitures électriques et hybrides, hausse des primes à la conversion des voitures polluantes… Le chef de l’Etat veut « faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe en portant à plus d’un million par an, sous cinq ans, la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides » dans le pays.

Cette déclaration n’a pas vraiment convaincu les ONG de défense de l’environnement qui dénoncent, à l’instar de Greenpeace France, un plan « climaticide ». Il est vrai que les voitures électriques, si elles contribuent beaucoup moins que les véhicules thermiques à la pollution de l’atmosphère, ne sont pas exemptes de reproches, à commencer par la fabrication de leurs batteries. J’ai attiré à plusieurs reprises l’attention sur la destruction des salars sud-américains par l’extraction du lithium.

Au Chili, le désert d’Atacama détient 40 % des réserves mondiales de lithium, l’ingrédient principal utilisé pour les batteries de voitures électriques et hybrides, sans oublier les batteries des téléphones portables et des ordinateurs. C’est une véritable ruée vers l’or qui s’est déclenchée dans le « triangle du lithium », autrement dit les salars ou déserts de sel d’Argentine du Chili et de Bolivie. Le Chili reste le leader dans ce domaine avec des prix très compétitifs qui s’expliquent par des conditions d’extraction optimales. L’Argentine et la Bolivie sont en retrait. En Bolivie, le salar d’Uyuni abrite le plus important gisement de lithium au monde. Selon l’USGS, le pays disposerait de plus de 9 millions de tonnes de matière première. Ayant eu la chance d’admirer la splendeur de ce désert de sel, je suis furieux quand je lis des articles de presse qui annoncent le saccage à venir de ce désert de sel.

Comme je l’ai expliqué précédemment, le processus d’extraction du lithium consiste à évaporer l’eau où il est contenu. Les mines assèchent donc le désert. On estime à 430 milliards le nombre de litres d’eau qui ont été perdus sur le seul plateau d’Atacama. Et le mal ne fait que commencer. Le gouvernement chilien mène toutefois des études pour évaluer d’autres salars où étendre l’exploitation du lithium pour préserver ceux de l’Atacama.

Les mines d’exploitation de lithium sont gérées par des entreprises privées qui payent un loyer au gouvernement pour l’exploitation des mines. Une partie des profits est reversée sous forme de taxes qui doivent être réinvesties dans des infrastructures à Santiago.

Ce que ces habitants du désert dénoncent, ce n’est pas seulement la destruction d’un territoire ; c’est aussi la confiscation de leur droit à participer à l’avenir de leurs enfants. Ils sont d’accord pour que le pays se développe grâce à l’exploitation du lithium, mais ils veulent aussi en faire partie. Mais leur lutte est loin d’être gagnée, et il est fort à parier que le désert de sel disparaîtra, entraînant dans sa destruction des effets aussi graves que ceux de la destruction de la forêt amazonienne.

En constatant des dégâts créés par l’extraction du lithium pour permettre la fabrication de véhicules moins polluants, on se rend compte que l’on remplace des technologies fossiles par d’autres qui induisent elles aussi des problèmes environnementaux. Quelle est la solution ? Peut-être nous faudrait-il changer la manière dont nous utilisons ces technologies, ainsi que la quantité de ce que nous produisons et consommons.

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At the end of May 2020, President Emmanuel Macron announced a vast plan to support the French automobile industry which had been brought to a halt by the Covid-19 crisis. From the Valeo factory in Etaples (Pas-de-Calais), he initiated a series of measures intended to safeguard the French automotive sector and its 400,000 direct jobs: increased aid for the purchase of electric and hybrid cars, increase bonuses for the conversion of polluting cars … The French President wants to “make France the first nation producing clean vehicles in Europe by bringing to more than a million per year, within five years, the production of electric vehicles, plug-in hybrids or hybrids » in the country.”
This statement did not really convince environmental defense NGOs who, like Greenpeace France, denounce a “destructive plan for the climate.”. It is true that electric cars, if they contribute much less than thermal vehicles to air pollution, are not free from reproach, starting with the manufacture of their batteries. I have repeatedly drawn attention to the destruction of South American salars by the extraction of lithium.
In Chile, the Atacama Desert holds 40% of the world’s reserves of lithium, the main ingredient used for batteries in electric and hybrid cars, not to mention batteries in cell phones and computers. It was a real gold rush that started in the « lithium triangle », in other words the salars or salt deserts of Argentina, Chile and Bolivia. Chile remains the leader in this field with very competitive prices which are explained by optimal extraction conditions. Argentina and Bolivia are lagging behind. In Bolivia, the Uyuni Salar is home to the largest deposit of lithium in the world. According to USGS, the country has more than 9 million tonnes of this mineral. I was very fortunate to admire the splendor of this salt desert, I am furious when I read press articles announcing the coming rampage of this wonderful place.
As I explained earlier, the process for extracting lithium is to evaporate the water where it is contained. The mines therefore dry up the desert. An estimated 430 billion liters of water have been lost on the Atacama Plateau alone. And the evil is just beginning. The Chilean government is, however, carrying out studies to assess other salars where to extend the exploitation of lithium so as to preserve those of Atacama.
The lithium mines are operated by private companies that pay rent to the government for mining. Part of the profits are transferred in the form of taxes which are reinvested in infrastructure in Santiago.
What the people who live close to these deserts denounce is not only the destruction of a territory; it is also the confiscation of their right to participate in the future of their children. They agree that the country will develop thanks to the exploitation of lithium, but they also want to a part of the cake. But their struggle is far from won, and it is a safe bet that the salt desert will disappear, leading to its destruction in the same way as the Amazon rainforest is being destroyed.
When we see the damage caused by the extraction of lithium to allow the production of less polluting vehicles, we realize that we are replacing fossil technologies by others that also cause environmental problems. What is the solution ? Perhaps we should change the way we use these technologies, as well as the amount of what we produce and consume.

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Salar d’Uyuni (Photos : C. Grandpey)