2024 : une galère climatique !

Le 10 janvier 2025, j’annonçais sur ce blog que l’année 2024 avait été la plus chaude jamais enregistrée. C’est ce que venait de déclarer l’agence européenne Copernicus. Aux États Unis, la NASA et la NOAA arrivaient à la même constatation.

2024 a également été la première année civile où la planète a enregistré une température moyenne supérieure de plus de 1,5 °C à la moyenne préindustrielle, autrement dit la limite la plus ambitieuse de l’Accord de Paris de 2015. Les participants à cette COP21 avaient promis de contenir le réchauffement bien en dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C.

Le 31 décembre 2024, on apprenait que les 10 plus grosses catastrophes climatiques de 2024 ont coûté au moins 200 milliards d’euros. C’était la conclusion d’un rapport international publié le 30 décembre sur le coût des événements climatiques à répétition. Ce chiffre ne comprenait pas les dégâts causés par le cyclone Chido à Mayotte. De son côté, le groupe Swiss estimait les pertes économiques à 310 milliards, soit une hausse de 6% par rapport à 2023.

15 avril 2025, Copernicus a enfoncé le clou en précisant que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée en Europe. Cependant, les variables climatiques ont touché le continent de diverses manières, avec en particulier un contraste entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest. Depuis les années 1980, l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui en fait le continent qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre,

Incendies à Los Angeles : coup dur pour les compagnies d’assurance // Los Angeles wildfires : a blow to insurance companies

Dans le sillage des incendies qui ont ravagé – et ravagent encore – plusieurs quartiers de Los Angeles, on parle beaucoup des assurances. Compte tenu de la valeur élevée des biens détruits par ces incendies, il est probable qu’il se classera parmi les cinq incendies les plus coûteux jamais observés aux États-Unis. Si l’on inclut les propriétés non assurées, les pertes globales seront encore plus importantes.
Les incendies à Los Angeles vont inévitablement devenir un problème pour le secteur des assurances, qui était déjà en crise avant l’événement. Les propriétaires américains ayant contracté un prêt hypothécaire sont généralement tenus par les banques de souscrire une assurance habitation. Il convient toutefois de noter que les compagnies d’assurance ont augmenté leurs tarifs, … quand elles n’ont pas décidé de fermer boutique en Californie pour aller s’installer ailleurs. Beaucoup ne veulent – ou ne peuvent – plus faire face aux risques croissants de catastrophes naturelles telles que les incendies, les inondations et les ouragans. Leurs clients californiens se trouvent alors dans une situation particulièrement difficile.
Lorsque les compagnies d’assurance cessent de proposer des couvertures, les gens se tournent de plus en plus vers les systèmes d’assurance habitation proposés par les gouvernements des États. Le problème, c’est que ces solutions sont généralement plus chères tout en offrant une protection moindre. En Californie, le nombre de polices d’assurance proposées dans le cadre du plan Fair de ce type a plus que doublé depuis 2020, passant d’environ 200 000 à plus de 450 000 en septembre 2024. Les zones exposées aux incendies figurent parmi celles où la souscription est la plus élevée.
Il est probable que les incendies à Los Angeles auront des répercussions négatives sur l’ensemble dumarché de l’assurance.
Source : U.S. News media.
Comme je viens de l’écrire, aux États-Unis, les coûts d’assurance varient en fonction de l’endroit où vous vivez. Si votre maison est située dans une zone sismique ou volcanique potentiellement active, vous êtes sûr de dépenser beaucoup d’argent en assurance. Une de mes amies qui vit sur la côte ouest de Big Island à Hawaï, avec un risque sismique et volcanique moyen, refuse d’assurer sa maison tellement le coût est élevé. Elle croise les doigts pour qu’aucune catastrophe ne se produise.

Incendie dans le quartier de Palisades (Crédit photo: médias américains)

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In the wake of the wildfires that have ravaged several Los Angeles neighbourhoods, there is a lot of talk about insurances. Taking into account the high property values destroyed by this wildfire, it is likely to end up as one of the top five costliest wildfiresever observed in the U.S. Including properties that are not insured, the overall losses will be even bigger.

The wildfires in L.A. Are set to become a probleme for the insurance industry, which was already in crisis before the event. Homeowners in the US with mortgages are typically required by banks to have property insurance. However, it should be noted that companies have been hiking prices – or cancelling coverage altogether – in the face of increasing risks of natural disaster such as fires, floods and hurricanes.

As companies stop offering coverage, people are turning in surging numbers to home insurance plans offered by state governments, which are typically more expensive while offering less protection. In California, the number of policies offered through the state’s Fair plan has more than doubled since 2020, from about 200,000 to more than 450,000 in September 2024. Areas hit by the fires rank as some of the places with highest take-up.

It is likely that the wildfires in L.A.will have awidespread, negative impacts for the state’s broader insurance market.

Source : U.S. News media.

It should be added that in the U.S. Insurance costs also vary according to the place where you are living. If your house is located in a potentially active seismic or volcanic zone, you are sure to spend a lot of money on insurance. A friend of mine who live in Hawaii Big Island’s west cost, with both a seismic and volcanic risk, refused to insure her house. She crosses her fingers that no disaster will happen.

Environnement : 2024, une année catastrophique

Les 10 plus grosses catastrophes climatiques de 2024 ont coûté au moins 200 milliards d’euros. C’est la conclusion d’un rapport international publié le 30 décembre 2024 sur le coût des événements climatiques à répétition. Ce chiffre est un plancher minimum et ne comprend pas les dégâts causés par le cyclone Chido à Mayotte. De son côté, le groupe Swiss estime les pertes économiques à 310 milliards, soit une hausse de 6% par rapport à 2023. Les dommages couverts par les assureurs devraient atteindre 135 milliards de dollars, en hausse de 17% sur un an.

Le rapport, publié par Christian Aid, une organisation humanitaire britannique, dresse la liste des tempêtes et inondations qui ont coûté le plus cher cette année dans le monde. On trouve en tête de ce classement l’ouragan Milton (25 morts et  60 milliards de dégâts) qui a frappé les États-Unis en octobre. Juste derrière, il y a l’ouragan Hélène qui a touché le Mexique, Cuba et la Floride en septembre.

Aucune zone du monde n’a été épargnée par les événements extrêmes en 2024. On trouve en effet dans le classement les inondations de juillet en Chine, le typhon Yagi qui a fait plus de 800 morts en Asie du Sud-Est en septembre et plus près de nous, la tempête Boris qui a fait 26 morts en Europe centrale en septembre, ou les inondations de Valence en Espagne avec 226 morts en octobre 2024.

Au total, les dix événements les plus destructeurs ont généré plus de 200 milliards d’euros de dégâts, c’est plus de deux fois le budget de l’Éducation nationale en France, par exemple. Les auteurs du rapport sont persuadés que le coût réal des aléas climatiques dépasse très probablement les 200 milliards car leur travail considère avant tout le coût des biens matériels qui sont assurés, et dont la valeur est chiffrée, mais les pertes humaines ne sont pas vraiment prises en compte.

De plus, les dégâts causés par les sécheresses et les canicules, moins impressionnants sur le plan matériel, sont aussi sous-estimés. Pourtant en 2024, année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, les températures de plus de 50 degrés qui ont touché l’Arabie saoudite, l’Inde ou la Thaïlande ont fait plus de 1 000 morts, et la famine due à la sécheresse menace 26 millions de personnes en Afrique actuellement.

Ces événements destructeurs ont, bien sûr, un impact sur le coût des assurances et il faut s’attendre à une hausse significative des polices d’assurances dans les prochaines années.

L’année 2024 a été exceptionnelle en termes de catastrophes climatiques mais ce genre de bilan le sera de moins en moins car les études montrent que presque tous ces évènements ont été exacerbés par le réchauffement climatique. Nous entrons dans une zone dangereuse, « un territoire inconnu », indiquent de nombreux scientifiques.

Nos politiques faisant passer leurs carrières avant les mesures à prendre pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les futures générations ont de quoi s’inquiéter. Quant aux COP, elles sont l’inutilité de la planète, avec à la clé un bilan carbone catastrophique. Les dernières COP ont eu lieu chez les producteurs de pétrole ; il ne fallait donc rien espérer. Pire, la COP29 s’est conclue, à l’arraché, histoire de sauver la face, par un accord de financement de la transition énergétique en deçà de ce qu’espéraient les pays en développement, victimes du réchauffement climatique sans en être la cause. ,

Source : France Info et presse nationale.

Cyclone Helene (Source: NASA)

Événements extrêmes et assurances

Depuis le 19ème siècle et la révolution industrielle, la température moyenne de la Terre s’est réchauffée de 1,1°C, avec une accélération depuis les années 1970. Il a été clairement établi que les activités humaines consommatrices d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) sont responsables de la hausse continue des températures et des émissions de gaz à effet de serre qui y sont liées. L’accélération actuelle du réchauffement climatique menace l’avenir de nos sociétés et la biodiversité. Le phénomène ne semble pas près de s’arrêter pour deux raisons majeures. D’une part les mesures susceptibles de freiner – on ne parle pas d’arrêter – les émissions polluantes ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. D’autre part, à supposer que nous arrêtions ces émissions par un coup de baguette magique, il faudrait plusieurs décennies avant que l’atmosphère terrestre retrouve un semblant d’équilibre.

Il est bien évident que dans ces conditions les événements extrêmes vont continuer à se multiplier et causer de lourds dégâts. Aujourd’hui, leur « changement d’échelle » inquiète les compagnies d’assurance. Les catastrophes climatiques en France ont coûté 6,5 milliards d’euros aux assureurs en 2023 qui a été la troisième année la plus grave en termes de sinistres climatiques après 1999 et 2022. Au cours de cette année 2023, on a observé quinze phénomènes venteux avec des vents de plus de 150 km/h, 14 inondations majeures, le passage des tempêtes Ciaran et Domingos qui ont occasionné 517 000 sinistres pour un coût de 1,6 milliard d’euros, sans oublier les inondations dans le Nord qui ont fait 40 000 sinistrés.

 

Exemple de bulletin « Vigilance Météo » diffusé par Météo France

Les tempêtes, comme la grêle, sont couvertes dans les contrats dommages des assureurs, tandis que les inondations ou les sécheresses sont soumises au régime « Cat Nat » (pour « catastrophes naturelles »). L’Etat prend la moitié des coûts à sa charge, permettant ainsi de réduire de moitié la facture des assureurs.

Source : France Info.

Pour le moment, grâce à l’aide gouvernementale, les compagnies d’assurance tiennent le coup, mais jusqu’à quand ? Avec la multiplication des sinistres, le montant des polices ne peut qu’augmenter et on peut se demander si on ne se dirige pas, à plus ou moins long terme, vers une politique à l’américaine, ‘à la carte’, qui fixe ses tarifs en fonction de l’exposition aux risques. Certains atteignent des sommets si l’on se trouve dans des zones sensibles.

A Hawaii, par exemple, les habitants possédant des résidences susceptibles d’être affectées par une éruption volcanique ou un séisme doivent payer une somme exorbitante s’ils veulent assurer leur maison. En 2018, une puissante éruption du Kilauea a détruit quelque 700 structures, dont de nombreuses habitations. Il s’en est suivi une longue procédure judiciaire incluant les autorités fédérales et les compagnies d’assurance, et de longues batailles concernant les indemnisations.

 

Destruction de maisons par la lave en 2018 à Hawaii (Crédit photo : Protection Civile)

Une amie qui habite sur la côte ouest de la Grande Ile et se trouve à la fois sous la menace d’un séisme et d’une éruption du volcan Hualalai refuse d’être couverte contre ces risques potentiels. Le revenu de son B&B ne lui permet pas de faire face à une telle somme. Elle croise les doigts pour que sa maison soit épargnée… Si elle est détruite, elle n’aura que ses yeux pour pleurer. Une aide fédérale lui sera peut-être allouée, mais très insuffisante pour réparer ou reconstruire sa maison.