États Unis : Hemingway et l’ouragan de 1935 // United States : Hemingway and the 1935 hurricane

De puissants ouragans ont toujours frappé les États-Unis, en particulier la côte sud-est. La différence est qu’aujourd’hui ils sont devenus de plus en plus fréquents et destructeurs, alimentés par la température de plus en plus élevée du Golfe du Mexique. À quelques jours d’intervalle, Helene et Milton ont causé de lourdes pertes humaines et matérielles, notamment dans le Sud-Est du pays.
Hemingway est l’un de mes auteurs américains préférés. J’ai failli écrire une thèse sur son rapport à la Nature, mais j’ai finalement opté pour un travail sur la classe ouvrière anglaise pendant la Révolution Industrielle. Hemingway a écrit des Lettres lors de son séjour à Key West, au sud de la Floride, de la même manière que Mark Twain a écrit ses « Lettres d’Hawaï », avec des pages très intéressantes décrivant le lac de lave du volcan Kilauea.

La saison des ouragans 2024 avec Helene et Milton a été désastreuse, avec des centaines de victimes et des dégâts considérables causés par les inondations et les vents violents. Une catastrophe similaire s’est produite le jour de la Fête du travail (Labor Day, début septembre) 1935. Heminway a été témoin de cet événement. Dans l’une des « Lettres d’Ernest Hemingway, volume 6 (1934-1936) », on peut lire des détails sur l’ouragan qui a rasé Upper Matecumbe Key et Lower Matecumbe Key et a coûté la vie à plus de 400 personnes, dont beaucoup d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale. Hemingway a vivement critiqué le gouvernement américain pour ne pas avoir évacué les deux Keys avant la tempête.
Hemingway avait une bonne connaissance de la météo marine et des ouragans. Pêcheur en haute mer au large de la Floride, il avait appris à observer les conditions météorologiques. Dans l’une de ses Lettres à ses amis en juin 1934, il écrit avec son humour habituel : « C’est maintenant le début de ces putains d’ouragans. J’aimerais que nous ayons beaucoup de vent d’est et de courants… et que nous ayons ensuite un beau mois de juillet et d’août sans ouragan. »
Malheureusement, contrairement à 1934, 1935 fut une année terrible en matière d’ouragans. Les 2 et 3 septembre 1935, l’un d’eux frappa les Keys de Floride. À l’époque, les ouragans n’avaient pas de nom spécifique. Celui-ci fut simplement baptisé ouragan de la Fête du Travail. Ce fut le premier ouragan de catégorie 5 enregistré aux États-Unis. Il reste comme étant le troisième événement de ce type jamais enregistré dans le bassin atlantique, avec une chute de pression atmosphérique à 892 millibars et des rafales de vent dépassant les 320 km/h. Une grande partie des dégâts fut causée par l’onde de tempête. L’Overseas Railroad, une voie ferrée qui avait été achevée en 1912 et reliait les Keys de Floride au continent, fut détruite et ne fut jamais reconstruite.
Ernest Hemingway a décrit les conséquences de l’ouragan dans l’une de ses Lettres. Si Key West, où il résidait, fut relativement épargné, ce fut une autre histoire pour l’Upper Matecumbe Key et le Lower Matecumbe Key. Hemingway a écrit : « Rien ne peut donner une idée de la destruction. Les arbres sont complètement dénudés comme si leur feuillage avait été brûlé sur une soixantaine de kilomètres et le sol ressemble au lit abandonné d’une rivière. Pas un seul bâtiment n’est debout. Plus de trente kilomètres de voies ferrées ont été emportés par les eaux et le vent. » Hemingway ajoute que la dernière fois qu’il a vu autant de morts au même endroit, c’était en Europe pendant la Première Guerre mondiale, alors qu’il était ambulancier de la Croix-Rouge.
Comme je l’ai écrit plus haut, de nombreuses victimes étaient des vétérans qui travaillaient sur le projet de construction de l’Overseas Highway. Outré par le refus du gouvernement fédéral à envoyer un train pour évacuer les ouvriers à temps, Hemingway écrit que les vétérans « ont été pratiquement assassinés ». La Lettre contient des descriptions graphiques des centaines de cadavres en train de se décomposer rapidement sous le soleil de Floride en attendant d’être transportés à Arlington, en Virginie, pour y être enterrés. Dans un article pour un magazine, Hemingway a écrit un article intitulé « Qui a tué ces hommes ? », et qui a été rebaptisé par les éditeurs « Qui a assassiné les vétérans ? » L’article critique le gouvernement fédéral pour ne pas avoir évacué les ouvriers. Sceptique à l’égard du New Deal de Franklin D. Roosevelt, Hemingway voyait dans les camps de travail ferroviaires un moyen pour Washington de se débarrasser de centaines de vétérans, dont beaucoup souffraient de stress post-traumatique causé par la Première Guerre mondiale.
La réaction passionnée d’Ernest Hemingway à la catastrophe de 1935 résonne encore aujourd’hui. Selon lui, si les tempêtes sont inévitables, les pertes à grande échelle ne le sont pas forcément. Certes, le gouvernement ne peut pas contrôler la météo, mais il peut s’acquitter de son obligation de protéger les plus vulnérables qui se trouvent sur la trajectoire de la tempête.
Source : Adapté d’un article publié dans The Conversation et relayé par Yahoo Actualités.

La maison et le bureau d’Hemingway à Key West où j’avais très envie de voir la machine à écrire « Royal » qu’il utilisait pour écrire ses oeuvres (Photos: C. Grandpey)

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Powerful hurricanes have always battered the U.S., especially the south-east coast. The difference is that today they are getting more and more frequent and destructive, fueled by the higher and higher water temperature of the Gulf of Mexico. One following the other, Helene and Milton caused heavy human and material losses, especially in South East United States.

Hemingway is one of my favorite American authors. I nearly wrote a thesis about his relationship with Nature, but finally opted for a work on the English working class during the Industrial Revolution. Hemingway wrote Letters during his stay in Key West in the same way Mark Twain wrote his « Letters from Hawaii », with very interesting pages describing the lava lake in Kilauea Volcano.

The 2024 hurricane season with Helene and Milton has been disastrous with hundreds of casualties and widespread damage from flooding and high winds. A similar catastrophe occurred on Labor Day (in early September) 1935. Heminway was a witness to this event. In one of “The Letters of Ernest Hemingway Volume 6 (1934-1936),” the author gives details about the hurricane that leveled Upper Matecumbe Key and Lower Matecumbe Key and took the lives of more than 400 people, many of them World War I veterans. He strongly criticized the U.S. government, for failing to evacuate the two Keys ahead of the storm.

Hemingway knew a lot about hurricanes. A deep-sea angler who fished the waters off Florida, he had learnt about weather patterns. In one of his Letters to friends of his in June 1934, he wrote iwith his usual humour : “Now the lousy hurricanes are starting. Wish we would get lots of east wind and current … and then have a fine July and August without hurricanes.”

Contrary to 1934, 1935 was a terrible hurricane year. On September 2nd and 3rd, 1935, a hurricane made landfall in the Florida Keys. By the times, hutrricanes had no specific names. This one was simply called the Labor Day hurricane. It was the first recorded Category 5 hurricane in the U.S.

It remains the third-most intense storm on record in the Atlantic basin, with a barometric pressure drop to 892 millibars and wind gusts exceeding 320 km per hour. Much of the damage was caused by the storm surge. The Overseas Railroad, which had been completed in 1912 and connected the Florida Keys to the mainland, was destroyed and was never rebuilt.

Ernest Hemingway described the aftermath of the hurricane in a Letter. If Key West, where Hemingway was living, was not severely hit by the hurricane, it was a different story for Upper Matecumbe Key and Lower Matecumbe Key. Hemingway wrote : “Nothing could give an idea of the destruction. The foliage is absolutely stripped as though by fire for forty miles and the land is looking like the abandoned bed of a river. Not a building of any sort is standing. Over thirty miles of railway were washed and blown away.” Hemingway added that the last time he witnessed so many dead in one place was in Europe during World War I as a Red Cross ambulance driver.

As I put it above, many of the victims were veterans, employed to work on the Overseas Highway construction project. Outraged by the federal government’s failure to send a train to evacuate the workers in time, Hemingway wrote that the veterans “were practically murdered.” The Letter contains graphic descriptions of the hundreds of dead bodies, rapidly decomposing in the Florida sun as they awaited transport to Arlington, Virginia, to be buried. In an article for a magazine, Hemingway wrote an article entitled “Who Killed These Men?,” and which was re-titled by the editors as “Who Murdered the Vets ?”, criticizing the federal government for not evacuating the workers. Skeptical of Franklin D. Roosevelt’s New Deal, Hemingway saw the railway work camps as a way for Washington to rid itself of hundreds of veterans, many of whom were experiencing post-traumatic stress disorder caused by Word War I.

Ernest Hemingway’s impassioned response to the 1935 disaster still resonates today. He said that while storms are inevitable, mass casualties do not have to be. The government can’t control the weather, but it can fulfill an obligation to protect the most vulnerable in the path of the storm.

Source : The Conversation via Yahoo News.

Faut-il bombarder le Cumbre Vieja (La Palma)? // Should bombs be dropped on Cumbre Vieja (La Palma)?

Devant l’ampleur de l’éruption du Cumbre Vieja et les dégâts qu’elle cause, le président du Cabildo de La Gomera a suggéré de bombarder le volcan afin de contrôler l’écoulement de la lave. Il a ensuite déclaré que son idée était absurde et que l’on avait déformé la finalité de ses propos.

L’idée de bombarder une coulée de lave n’est pas nouvelle. Elle a été mise en pratique sur plusieurs sites éruptifs. C’est ainsi qu’un largage de bombes par des avions de l’US Army Air Corp sur la coulée de lave Humu’ula du Mauna Loa a eu lieu le 27 décembre 1935. Vous trouverez le descriptif de cet événement dans des notes que j’ai rédigées sur ce blog les 23 et 24 août 2020.

Vue aérienne de l’explosion d’une bombe sur la coulée de 1935 du Mauna Loa; (Photo prise le 27 décembre 1935 par l’armée américaine).

Plus tard, en 1983, une tentative de détournement de la lave a été effectuée sur l’Etna. Ce ne sont pas des avions qui ont largué des bombes. Des explosifs ont été insérés dans les parois d’un chenal de lave afin de l’éventrer et obliger la lave à suivre une trajectoire différente. Cette technique a été utilisée lorsque la lave menaçait certains centres habités situés sur les pentes du volcan. L’événement a suscité de nombreuses critiques, tant de la part d’autres vulcanologues que d’environnementalistes. Haroun Tazieff m’a expliqué un jour qu’il était délicat, d’un point de vue juridique, d’envoyer la lave sur des terres qui auraient été épargnées sans cette intervention de l’homme.

Photo: C. Grandpey

10 ans plus tard, lors de l’éruption de 1991-1993, des explosifs ont été à nouveau utilisés sur l’Etna au cours de l’opération « thrombose ». Dans un premier temps, une tentative a été faite pour modifier la coulée de lave qui menaçait la ville de Zafferana. On a construit des barrages et introduit des blocs de béton dans les tunnels de lave pour essayer de bloquer la lave et la faire refouler. Ensuite,au mois de mai 1992, les explosifs ont été à nouveau utilisés pour forcer la lave à emprunter un nouveau chenal préalablement creusé. L’opération a été un succès, bien aidé par l’éruption qui avait beaucoup baissé d’intensité.

Photo: C. Grandpey

S’agissant du Cumbre Vieja, volcan strombolien lui aussi, l’environnement est très différent de celui de son homologue sicilien. Les bourgades siciliennes sont situées à une distance beaucoup plus grande des bouches éruptives et il faut beaucoup plus de temps à la lave pour les atteindre. En 1991, la lave s’est arrêtée aux portes de Zarfferana Etnea. Hormis quelques vergers, quelques vignes et un bâtiment agricole, il n’y a pas eu de dégâts. Par contre, en 1928, Mascali a été détruite par la lave.

La lave aux portes de Zafferana (Photo: C. Grandpey)

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Faced with the scale of the Cumbre Vieja eruption, the president of Cabildo de La Gomera proposed to bomb the volcano in order to control the flow of lava. He then declared that his idea was absurd and that the purpose of his words had been distorted.
The idea of ​​bombarding a lava flow is not new. It has been put into practice on several eruptive sites. Thus a bomb drop by US Army Air Corp planes on the Humu’ula lava flow of Mauna Loa took place on December 27th, 1935. You will find the description of this event in notes that I wrote on this blog on August 23 and 24, 2020.

Later, in 1983, an attempt to divert lava was made on Mt Etna. It was not planes that dropped bombs. Explosives were inserted into the walls of a lava channel in order to break it open and force the lava to follow a different path. This technique was used when lava threatened populated areas on the slopes of the volcano. The event drew much criticism from both other vulcanologists and environmentalists. Haroun Tazieff explained to me that it was difficult, from a legal point of view, to send lava on land that would have been spared without this human intervention.

10 years later, during the eruption of 1991-1993, explosives were used again on Mt Etna during the « thrombosis » operation. At first, an attempt was made to modify the lava flow that threatened the town of Zafferana Etnea. Dams were built and the army put concrete blocks in the lava tunnels to try to block the lava and push it back. Then, in May 1992, the explosives were again used to force the lava through a new channel previously dug. The operation was a success, much helped by the eruption which had diminished considerably.

Regarding Cumbre Vieja, also a Strombolian volcano, the environment is very different from that of its Sicilian counterpart. The Sicilian villages are located at a much greater distance from the eruptive vents and it takes much longer for the lava to reach them. In 1991, the lava stopped a fewhundred metres from Zarfferana Etnea. Apart from a few orchards, a few vines and a farm building, there was no damage. On the other hand, in 1928, Mascali was destroyed by lava.

Tentative de détournement de lave sur le Mauna Loa (Hawaii) [2ème partie] // Attempt to divert lava on Mauna Loa (Hawaii) [Part 2]

Quelques heures après le largage des bombes le 27 décembre 1935, Jaggar déclara à la radio  que l’opération était un succès. Il a précisé: «Notre but n’était pas d’arrêter la coulée de lave, mais de la bloquer à la source pour qu’elle prenne une nouvelle trajectoire.»
La coulée de Humu’ula a ralenti, mais elle a continué de progresser et, à 10 heures du matin, le samedi 28 décembre 1935, la lave s’est dirigée vers le nord-est et a pénétré dans la Hilo Forest Reserve, à 30 kilomètres de Hilo Bay. Les incendies allumés par la lave étaient visibles depuis Hilo et constituaient une menace pour l’approvisionnement en eau de la ville. Le samedi en fin d’après-midi, Jaggar a fait état du ralentissement de la coulée, mais sans ajouter que c’était grâce au bombardement de la veille. La coulée de lave s’est arrêtée pendant la nuit mais a repris sa marche en avant le dimanche soir et a continué de progresser.
Le 2 janvier 1936, la coulée de Humu’ula n’avançait plus, mais les gaz continuaient de s’échapper de bouches dans la zone de rift nord-est.
Jaggar était convaincu que le largage des bombes bombe « avait contribué à précipiter la fin de la coulée ». Il a déclaré que « dans un processus naturel, la lave ne cesserait pas d’avancer aussi soudainement. »
À la fin de l’été 1939, Jaggar s’est rendu sur le site du bombardement de 1935. « Ce qui frappe dans la zone bombardée, c’est l’existence en amont de certains orifices percés par les bombes, d’ouvertures dans les tunnels par lesquelles une lave d’aspect pâteux, a émergé pour former un tas, un peu comme un pudding. La destruction du tunnel a refroidi la lave liquide venant de l’amont de telle sorte qu’un barrage s’est formé. Cela confirme la théorie selon laquelle le bombardement a solidifié la lave du tunnel.  […] Avec 12 largages de bombes réussis sur 16 tentatives, il ne fait aucun doute que le bombardement a arrêté la coulée de lave. »

Une reconnaissance sur le terrain à la fin des années 1970 est arrivée à une conclusion différente: « L’examen du site de bombardement n’a montré aucune preuve que ce dernier avait augmenté la viscosité de la lave ; l’arrêt de la coulée de 1935 peu après le bombardement doit être considéré comme une coïncidence.»
Aujourd’hui, en 2020, s’agissant du succès ou de l’échec de l’utilisation d’explosifs pour détourner le cours de la coulée de lave de 1935, le HVO pense que le bombardement a été effectué alors que l’éruption était déjà en train de décliner. Le bombardement n’a pas fait apparaître une nouvelle coulée à la source, comme l’espérait Jaggar au début. La coulée de de Humu’ula n’a pas cessé d’avancer soudainement après le bombardement ; elle s’est arrêtée d’elle-même progressivement au cours de la semaine suivante. [Une conclusion similaire a été avancée sur l’Etna en 1994 après l’introduction d’explosifs dans un tunnel de lave.] La reconnaissance sur le terrain dans les années 1970 n’a pas confirmé l’épaississement de la lave à la sortie du tunnel sous l’effet des bombes, comme l’avait affirmé Jaggar.

S’agissant de la « pointer bomb » de 1935 présente sur le Mauna Loa, le HVO pense qu’il est souhaitable de la laisser intacte à sa place pour rappeler qu’un détournement de lave ne sera probablement pas techniquement, économiquement ou socialement réalisable pour la plupart des futures éruptions à Hawaii. Cette technique reste toutefois une option qui peut être envisagée dans certains situations très particulières

Source: USGS / HVO.

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Hours after bombs were dropped on December 27th, 1935, Jaggar declared the bombing a success on a radio broadcast. He said: “Our purpose was not to stop the lava flow, but to start it all over again at the source so that it will take a new course.”

The Humu‘ula flow slowed but continued to advance, and at 10 a.m. on Saturday, December 28th, 1935, it turned northeast into the Hilo Forest Reserve 30 kilometres from Hilo Bay. Fires ignited by the lava were visible from Hilo and posed a threat to Hilo’s water supply. By late Saturday afternoon, Jaggar reported on the flow’s slowing, but was not yet prepared to say that it was the result of the previous day’s bombing. The flow stopped overnight but resumed its forward movement on Sunday evening and continued to advance.

By January 2nd, 1936, the Humu‘ula flow was declared dead, but gas emissions from the Northeast Rift Zone vents continued.

Jaggar was convinced that the bombing “helped hasten end of the flow.” He said that “in a natural end, the lava would not cease so abruptly.”

In late summer 1939, Jaggar visited the 1935 bombing targets. “A striking feature of the bombed area was the existence upstream from some bomb-holes, of tunnel-openings where pasty lava welled up as a heap or pudding. The smashing of the tunnel had cooled the oncoming liquid so that it dammed itself. This confirmed the theory that the bombing solidified the tunnel lava back into the heart of the mountain. “With 12 hits out of 16, there can be no question whatever that the bombing stopped the flow.”

A field investigation in the late 1970s reached a different conclusion: “Ground examination of the bombing site showed no evidence that the bombing had increased viscosity; the cessation of the 1935 flow soon after the bombing must be considered a coincidence.”

Today, in 2020, regarding the success or failure of using explosives to influence the 1935 lava flow, HVO’s view is that the bombing was carried out as the eruption was already waning. Bombing did not start a new flow at the source as Jaggar originally hoped. The Humu’ula flow did not cease abruptly after the bombing but died slowly over the following week. [A similar conlusion was reached on Mt Etna in 1994 after explosives were dropped in a lava tunnel.] The 1970s investigation confirmed no thickening of vent lava by the bombs as Jaggar claimed.

Back to the 1935 pointer bomb on Mauna Loa, HVO thinks that it might be left intact as a reminder that lava diversion may not be technically, economically, nor socially feasible for most future Hawaiian eruptions, but is an option that could be considered for some situations.

Source: USGS / HVO.

Etna : Préparatifs pour l’introduction de blocs de béton dans un tunnel de lave pendant l’éruption de 1991-1994 (Photo: C. Grandpey)

Tentative de détournement de lave sur le Mauna Loa (Hawaii) [1ère partie] // Attempt to divert lava on Mauna Loa (Hawaii) [Part 1]

Fin février 2020, les médias hawaïens ont fait état de la découverte de deux bombes sur le flanc nord du Mauna Loa, mais sans donner plus de détails. On apprend aujourd’hui que les deux bombes faisaient partie d’un largage par des avions de l’US Army Air Corp sur la coulée de lave Humu’ula le 27 décembre 1935. Selon Jack Lockwood – ancien directeur du HVO, que je salue ici –  20 de ces bombes étaient des « demolition bombs » MK I de 600 livres, chacune chargée de 355 livres de TNT et armée d’un détonateur à retardement d’un dixième de seconde. Les 20 autres étaient des « pointer bombs » qui ne contenaient que de petites charges de poudre noire.
La bombe présentée récemment par les médias est l’une des « pointer bombs ». Thomas A. Jaggar, le fondateur du HVO, a décrit la première fois cette bombe lors d’une inspection de la zone en 1939: «La bombe avait pénétré à travers la fine croûte recouvrant la lave liquide et était intacte, avec son nez bien visible dans un tunnel en dessous. » Cette même bombe a été photographiée en 1977 par Lockwood. Sa photo (voir ci-dessous) a été publiée dans un article paru en 1980 avec cette légende: «Pointer bomb» qui a pénétré la coulée pahoehoe en 1935 le long du chenal. »
Les bombes larguées en décembre 1935 faisaient partie d’une première tentative d’utilisation d’explosifs pour arrêter ou détourner une coulée de lave à Hawaï. La destruction d’un tunnel fait partie des trois techniques de base de détournement d’une coulée. Cependant, le détournement de la lave fait l’objet d’un grand débat à Hawaii ; Quelles sont les chances de succès d’une telle initiative ? A-t-on le droit d’intervenir sur des processus naturels au risque de déplaire à la déesse Pele ?
J’ai écrit le 19 décembre 2017 sur ce blog une note relative au détournement des coulées de lave. Vous le trouverez à cette adresse:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2017/12/19/detournement-des-coulees-de-lave-diversion-of-lava-flows/

Comme je l’explique dans mon article, la première tentative de détournement de la lave a été effectuée par un groupe de citoyens de la ville de Catane (Sicile) en 1669, quand une  importante coulée de lave émise par l’Etna a menacé leur ville. Protégés de la chaleur par les peaux de bêtes, ils ont tenté de briser le tunnel qui alimentait la coulée, éloignant ainsi la lave de Catane. Leur tentative a été brièvement couronnée de succès mais a déclenché le courroux des habitants de la localité voisine de Paterno qui se sont vite rendus compte que la lave ainsi détournée pourrait atteindre leur propre ville. Ils ont alors pourchassé les Catanais. L’ouverture pratiquée dans le tunnel de lave s’est ensuite refermée et la coulée a repris son trajet vers Catane, pour atteindre finalement la ville et la Mer Ionienne.
D’autres tentatives de détournement ont eu lieu, notamment en 1983 sur l’Etna, sans oublier l’arrêt d’une coulée de lave par aspersion d’eau en 1973, sur l’île d’Heimaey en Islande.
À Hawaï, l’utilisation de dynamite pour freiner la progression d’une coulée de lave a été envisagée, mais non essayée, en 1881 alors qu’une éruption du Mauna Loa menaçait Hilo. L’utilisation d’explosifs a été à nouveau discutée en 1929 au moment où la population craignait qu’un essaim sismique sur le Hualalai déclenche une éruption, mais le volcan ne s’est pas manifesté. L’occasion suivante s’est présentée quelques années plus tard.
Suite à une éruption sommitale du Mauna Loa en 1933, Thomas Jaggar avait prévu qu’une éruption latérale se produirait sur le volcan dans les deux ans et pourrait menacer Hilo. Sa prévision s’est vérifiée et le Mauna Loa est entré en éruption à la fin du mois de novembre 1935.
Au cours de la première semaine, la coulée de lave émise dans la zone de rift nord-est du volcan s’est dirigée vers la base du flanc nord avant de se diriger vers l’ouest, loin de Hilo. Le 27 novembre 1935, une nouvelle bouche s’est ouverte plus bas sur le flanc nord, avec une coulée qui s’est dirigée vers le nord jusqu’au pied du Mauna Kea, où la lave s’est accumulée. Un mois après le début de l’éruption de 1935, le lac de lave qui s’était formé à la base du Mauna Kea s’est éventré et a envoyé une coulée vers Hilo. La lave progressait à un rythme inquiétant de 1,5 km par jour.
Au cours des deux années de l’éruption, Jaggar envisagé d’utiliser des explosifs pour freiner la coulée de lave qui présentait une menace pour Hilo. [NDLR: la technique a été utilisée sur l’Etna lors de l’éruption de 1991-1994 pour freiner la coulée qui menaçait Zafferana Etnea]. Il pensait mettre sur pied une expédition terrestre transportant du TNT qui serait introduit à proximité de la bouche éruptive. Au lieu de cela, un ami de Jaggar lui a suggéré que les avions de l’armée pourraient larguer des bombes explosives plus rapidement et avec plus de précision. Jaggar a donc demandé l’aide de Army Air Corp, qui lui a été rapidement accordée. Le 27 décembre 1935, dix bombardiers Keystone B-3 et B-4 ont largué 40 bombes dans deux zones bien ciblées de la coulée de lave de Humu’ula, à moins de 2 km de la bouche éruptive du Mauna Loa.
Source: USGS / HVO.

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In late February 2020, Hawaii media reported on the recent discovery of two bombs on the north flank of Mauna Loa, but details were lacking. We learn today that the two bombs were part of a cluster dropped by US Army Air Corp planes on the Humu’ula lava flow on December 27th, 1935. According to a 1980 study by Jack Lockwood, 20 of them were 600-pound demolition MK I bombs, each loaded with 355 pounds of TNT and armed with a 0.1 second time-delay fuse. The other 20 were “pointer bombs”that contained only small black powder charges.

The device featured in recent media reports is one of the pointer bombs. Dr. Thomas A. Jaggar, HVO’s founder, first described this bomb during a 1939 post-eruption inspection of the area: “The bomb had plunged through a thin crust into liquid lava and was intact, its nose exposed protruding down into a tunnel below.” The same bomb was found and photographed in 1977 by Lockwood. His photo (see below) was published in his 1980 paper with the caption, “‘Pointer bomb’ that penetrated 1935 pahoehoe flow alongside channel.”

The December 1935 bombs were part of the first test of using explosives to stall or divert a lava flow in Hawaii. Destroying a lava conduit to redirect a flow is one of three basic diversion tactics. However, lava diversion is the subject of great debate in Hawaii, with concerns about the success of influencing a lava flow’s progress and whether humans should interfere with natural processes and Pele.

I wrote a post about lava diversion on this blog on December 19th, 2017. You will find it at this address:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2017/12/19/detournement-des-coulees-de-lave-diversion-of-lava-flows/

As I explain in my post, the first known use of lava diversion was by a group of Catania citizens, Sicily, in 1669, when a large lava flow from Mount Etna threatened their town. Protected from the heat by cowhides, they tried to break open the lava conduit that fed the threatening flow, releasing lava into a new path away from Catania. The effort was briefly successful until citizens of nearby Paterno realized that the diverted flow could reach their own city and chased off the Catanians. The hole in the conduit then sealed and the flow toward Catania resumed, ultimately reaching the city and the Ionian Sea.

Other attempts were made, especially in 1983 on Mt Etna, without forgetting the stopping of a lava flow by soraying water on it, in 1973 on the island of Heimaey (Iceland).

In Hawaii, the use of dynamite to disrupt a lava flow was planned, but not tried, in 1881 when a Mauna Loa eruption threatened Hilo. The use of explosives was discussed again in 1929, when residents feared that an earthquake swarm on Hualalai might lead to an eruption of that volcano, but none occurred. The next opportunity came a few years later.

Following a Mauna Loa summit eruption in 1933, Jaggar predicted that a flank eruption would occur on the volcano within two years and might threaten Hilo. His prediction came true as Mauna Loa erupted in late November 1935.

During the first week, the flow moved from the volcano’s Northeast Rift Zone down its north flank and turned west, away from Hilo. But on November 27th, 1935, a new vent opened lower on the north flank and erupted a lava flow that went north to the base of Mauna Kea, where it ponded.

A month after the 1935 eruption began, the lava pond at the base of Mauna Kea breached, sending a flow toward Hilo. This lava flow advanced at an alarming rate of 1.5 km per day.

For the previous two years, Jaggar had talked about using explosives to disrupt a lava flow that might threaten Hilo. [Editor’s note : The technique was used on Mt Etna during the 1991-1994 eruption]. He envisioned a land expedition carrying TNT to near the vent. But a friend of Jaggar’s suggested that Army planes might be able to drop explosive bombs more quickly and accurately. So, Jaggar requested Army Air Corp assistance, which was quickly granted. On December 27th, 1935, ten Keystone B-3 and B-4 biplane bombers delivered 40 bombs to two target areas on the Humu’ula lava flow, both within 2 km of the Mauna Loa vent.

Source : USGS / HVO.

“Pointer bomb” dans la coulée de 1935. (Crédit photo; Jack Lockwood)