Inquiétude en Islande devant le risque d’une nouvelle éruption // Anxiety in Iceland with the risk of a new eruption

Comme je l’ai écrit dans une note précédente, on sentait que le Met Office islandais et la Protection Civile n’étaient pas vraiment d’accord avec la décision d’autoriser les habitants de Grindavik à rentrer chez eux. Aujourd’hui, l’inquiétude s’ajoute à ce désaccord. Si l’accumulation de magma se poursuit au même rythme qu’actuellement dans la région de Svartsengi, sa quantité atteindra cette semaine le seuil jugé nécessaire pour déclencher la prochaine intrusion, voire une nouvelle éruption. Le Met Office prévient également qu’une éruption pourrait se déclencher avec très peu de préavis, moins de 30 minutes.
De son côté, la Protection Civile fait remarquer qu’il sera difficile d’évacuer des endroits comme Grindavik ou le Blue Lagoon car une éruption peut démarrer très vite et personne ne peut dire exactement où elle aura lieu. Des sirènes ont été installées et alerteront la population si nécessaire.
Une réunion d’information pour les habitants de Grindavík est prévue aujourd’hui 26 février ; ils recevront des informations sur l’état des infrastructures de la ville.
Source  : Iceland Monitor.

Le Met Office décrit trois scénarios possibles :
1) Une éruption semblable à celles du 8 février et du 18 décembre, avec des séismes soudains et intenses suivis d’une éruption entre Sýlingarfell et Stóra-Skógfell. Le préavis serait de trente minutes, voire moins.

2) Le deuxième scénario serait semblable à l’éruption du 14 janvier à Hagafell, avec une coulée de lave atteignant en une heure les digues de terre autour de Grindavík. Le préavis serait d’environ une à trois heures.

3) Le troisième scénario serait le pire des cas pour Grindavík. Une éruption se produirait au sein même de la ville. Il y aurait un préavis d’une à cinq heures entre les premiers séismes et le début de l’éruption.

Ces scénarios sont basés sur les interprétations des dernières données et sur l’évolution observée lors des événements précédents dans la zone de la chaîne de cratères de Sundhnúkur. Le Met Office répète que le processus de chaque éruption est très difficile à prévoir avec une parfaite précision.

Personne ne sait si, quand et où se produira une nouvelle éruption. Grindavik n’est pas à l’abri d’un tel événement (Crédit photo: Iceland Review)

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As I put it in a previous post, one could feel that the Icelandic Met Office and the Civil Protection did not fully agree with the decision to allow Grindavik residents to go back home. Today, anxietu adds to this disagreement. If the accumulation of magma continues at the same rate as now in the Svartsengi area, the amount of magma will reach this week the threshold that is believed to be needed to start the next intrusion, or even a volcanic eruption. The Met Office also warns that an eruption could start with very little notice, less than 30 minutes.

The Cicil Protection says it will be difficult to evacuate places like Grindavik or the Blue Lagoon as the warning can be very short and no one can say exactly where the eruption will occur. There are warning sirens in place that will be blown if necessary.

An information meeting for the residents of Grindavík is planned for today February 26th ; residents will receive information about the state of the town’s infrastructure.

Source : Iceland Monitor.

The Met Office outlines three possible scenarios:

1) An eruption similar to those of February 8th and December 18th, with sudden and intense earthquakes followed by an eruption between the mountains of Sýlingarfell and Stóra-Skógfell. The warning time would be thirty minutes or even less.

2) The second scenario would be similar to the January 14th eruption which took place by Hagafell with a lava flow reaching the barriers around Grindavík within an hour. This would give a warning time of approximately one to three hours.

3) The third scenario would be the worst case scenario for Grindavík. An eruption would occur within the town itself. There would be a warning time of one to five hours from the first earthquakes to the start of the eruption.

These scenarios are based on interpretations of the latest data and the observed development of the previous events at the Sundhnúkur crater row area. The Met Office repeats that every aspect of an eruption is very difficult to predict with perfect accuracy.

Le glacier Perito Moreno (Argentine) et le réchauffement climatique // Perito Moreno (Argentina) and global warming

En Argentine, le glacier Perito Moreno est situé dans le Parc national Los Glaciares, à 78 kilomètres d’El Calafate, en Patagonie. Son front, long de 5 000 mètres et haut de 60 mètres, s’étend jusqu’au Lago Argentino. Il a une superficie de 250 km2 et une longueur de 30 kilomètres ; c’est l’un des 48 glaciers alimentés par le champ de glace du sud de la Patagonie que l’Argentine partage avec le Chili.

 

Crédit photo: Wikipedia

Il y a quelques années encore, le glacier Perito Moreno était l’un des trois seuls glaciers de Patagonie à ne pas reculer. Son front avançait d’environ deux mètres par jour, soit environ 700 mètres par an. Par endroits, son épaisseur atteint 700 mètres.

Source: NASA

Le champ de glace du Perito Moreno a résisté au changement climatique pendant des décennies, sans croître ni reculer malgré la hausse des températures, mais aujourd’hui il subit l’impact du réchauffement climatique. Des morceaux de glace pesant plusieurs tonnes se détachent du front du glacier avec une fréquence inquiétante, et déclenchent d’impressionnantes gerbes d’eau qui véhiculent des morceaux de glace, comme on peut le voir sur la vidéo insérée dans cet article de presse :
https://us.yahoo.com/news/hear-spectacular-ice-calving-argentinas-144022506.html

En plus de la plus grande fréquence des effondrements, un phénomène est particulièrement inquiétant : l’apparition de mares d’eau à la belle couleur bleue à la surface du glacier. Elles sont dues à l’intense rayonnement solaire pendant l’été. Tout comme pour les lacs de fonte observés à la surface de la glace arctique, au Groenland par exemple, l’eau de ces mares s’infiltre dans la glace jusqu’à atteindre le substrat rocheux où elle agit comme lubrifiant et accélère la progression du glacier. C’est ce qui explique la récente accélération du Perito Moreno. La hausse des températures a augmenté à la fois le volume et le nombre de ces pièces d’eau. La température dans la région du Perito Moreno a augmenté de 0,2°C par décennie entre 1996 et 2020, donc plus que les décennies précédentes au 20ème siècle.

Crédit photo : NASA

Admirer l’effondrement du front d’un glacier est, à mes yeux, aussi impressionnant qu’observer une éruption au sommet du Stromboli ou de l’Etna. J’ai eu la chance d’observer le phénomène à plusieurs reprises en Alaska et j’ai ressenti la même émotion que devant une éruption volcanique. Le bruit des effondrements et de la glace qui vient percuter la surface de l’eau parvient à vos oreilles quelques secondes après l’événement car il faut maintenir une bonne distance de sécurité. Les impressionnantes vagues déclenchées par l’effondrement pourraient constituer un danger pour le bateau où vous vous trouvez.
Voici une courte vidéo que j’ai réalisée lors de l’effondrement du glacier Sawyer en Alaska où les glaciers fondent à une vitesse incroyable :

https://www.youtube.com/watch?v=jZtvNMxoxdY

Glacier Sawyer (Photo: C. Grandpey)

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In Argentina, the Perito Moreno Glacier is located in the Los Glaciares National Park, 78 kilometers from El Calafate, in Patagonia. Its glacial front, 5,000 meters long and 60 meters high, extends into Lake Argentino. It has a surface area of 250 km2 and a length of 30 kilometers ; it is one of 48 glaciers fed by the Southern Patagonian Ice Field which Argentina shares with Chile.
Up to a few years ago, the Perito Moreno Glacier was one of only three glaciers in Patagonia that did not retreat. Its front advanced about two meters per day, or about 700 meters per year. In some places its thickness reaches 700 meters.

Although the Perito Moreno ice field defied climate change for decades, neither growing nor retreating despite rising global temperatures, it is now undergoing the impact of global warming. Slabs weighing many tons cascade from the glacier’s front with alarming frequency, leaving an eruption of ice and water in their wake, as can be seen on the video inserted in this article :

https://us.yahoo.com/news/hear-spectacular-ice-calving-argentinas-144022506.html

What is particularly worrying is the appearance of blue ponds of water at the surface of the glacier.They are caused by the intense summer solar radiation. Just like the ponds observed at the surface of glaciers in the Arctic, the water from these ponds seeps into the ice until iit reaches the bedrock where it acts as a lubricant and sepeeds up the glacier’s advance. This accounts for the recent acceleration of Perito Moreno. Rising temperatures have increased both the volume and number of these ponds. Perito Moreno’s temperature has increased by 0.2°C per decade between 1996 and 2020, slightly more than earlier decades in the 1900s.

Watching the collapse of a glacier’s front is as impressive as an eruption at the summit of Stromboli or Mount Etna. I could observe the phenomenon several times in Alaska and I felt the same kind of emotion as before a volcanic eruption. The noise of the crashes reach your ears a few seconds after the event because you have to stand far from the glacier as the waves triggred by the collapse could be a danger to the boat.

Here is a short video I shot during the collapse of the Sawyer Glacier in Alaska where glaciers are melting at an incredible pace :

https://www.youtube.com/watch?v=jZtvNMxoxdY