Le ski de fond fortement impacté par le réchauffement climatique

Avec le réchauffement climatique, la neige se fait de plus en plus rare dans nos montagnes et la saison de ski alpin se réduit comme peau de chagrin. L’impact de la hausse des températures est encore plus sévère sur le ski de fond qui se pratique à des altitudes plus basses. Depuis plusieurs années, certaines stations comme Bessans (Savoie) ou Le Grand-Bornand (Haute-Savoie) stockent la neige de l’hiver précédent sous une couverture de sciure afin de pouvoir en disposer en début de saison. En effet, aujourd’hui,les premières chutes de neige ont tendance à se produire plus tard et la saison se termine souvent plus tôt qu’auparavant.

En 2022, la station du Grand-Bornand, située à environ 1000 mètres d’altitude, accueillait du 15 au 18 décembre la troisième étape de la Coupe du monde de biathlon. Faute de neige naturelle suffisante, les organisateurs ont dû acheminer par camions des substituts en partie artificiels. La neige provenait d’une réserve à proximité. La méthode a été décriée par les défenseurs de l’environnement mais est amenée à se reproduire de plus en plus souvent à ces altitudes.

Le problème du manque d’enneigement en altitude, bien que très variable d’une année sur l’autre, est de plus en plus visible et inquiétant. Dans un rapport du WWF publié en juillet 2021, on peut lire que dans les Alpes, à une altitude de 1500m en moyenne, « une hausse des températures globales de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels correspond à une réduction de 30% de l’épaisseur moyenne du manteau neigeux en hiver d’ici à 2055 environ. « Dans un monde à +4°C, cette réduction pourrait s’élever à 80% à l’horizon de la fin du siècle. »

Les scientifiques ajoutent que si l’on regarde les enregistrements de l’évolution de l’enneigement dans les Alpes depuis le début des années 70, on remarque qu’on a perdu de l’ordre d’un mois de durée d’enneigement [20 jours sur la date de fonte, 10 jours sur le début de l’enneigement] en basse et moyenne altitude, Les effets pourront toutefois être différents selon les massifs, mais au final aucune station de ski ne présente un enneigement naturel fiable dans les Alpes et dans les Pyrénées d’ici 2090. Il est évident que des massifs de moindre altitude comme le Jura, les Vosges ou le Massif Central seront encore davantage impactés par le manque de neige.

Face à la pénurie de neige, les stations se tournent de plus en plus vers la neige de culture. Ce recours est même imposé par les organisateurs d’étapes de Coupe du monde de biathlon ou de ski de fond. En France, 32 % de la surface des pistes dans les stations sont équipés pour produire de la neige de culture, un chiffre en constante augmentation. Là encore, cette solution est limitée et la fabrication de la neige artificielle sera de plus en plus complexe sur une planète qui se réchauffe.

Tout le monde de la montagne se pose des questions pour savoir quelles solutions peuvent être adoptées pour sauver l’or blanc. Certains optent pour la conservation sous la sciure de la neige de l’année précédente, et pour une adaptation du calendrier des compétitions. D’autres pensent qu’il faudrait réfléchir à relocaliser l’ensemble de la saison dans les pays du Nord de l’Europe comme la Suède, la Norvège ou la Finlande. Leurs stations sont moins hautes en altitude, mais leur latitude devrait les épargner, du moins dans un premier temps, car il tombe aussi moins de neige dans le nord de l’Europe.

Une autre conséquence du réchauffement climatique inquiète le monde de la montagne. Le phénomène continuera d’affecter l’intensité et la fréquence de certains risques naturels déjà présents en montagne, comme les crues qui gagneront en importance avec les changements de régime de précipitation, les avalanches de neige humide, les glissements de terrain, ou encore la déstabilisation des parois rocheuses ». Les débats ne font que commencer. Les polémiques aussi.

Source: France Info.

Au Grand Bornand (Haute-Savoie) et à Bessans (Savoie), on conserve la neige de l’hiver précédent sous une couche de sciure, au cas où, mais les canicules n’arrangent pas les choses…. (Photo: C. Grandpey)

Des vers vieux de 46 000 ans reprennent vie après avoir été dégelés // 46,000-year-old worms brought to life after being thawed

Des vers vieux de 46 000 ans extraits du pergélisol sibérien ont été ramenés à la vie par l’Institut Max Planck de biologie cellulaire moléculaire (MPI-CBG) à Dresde (Allemagne) et deviennent les plus anciennes créatures connues à avoir existé. Les vers ont été découverts par des scientifiques russes à l’intérieur d’un dépôt glaciaire profond près de la rivière Kolyma en 2018, mais on ne savait pas de quelle espèce il s’agissait, ni depuis combien de temps ils étaient piégés dans la glace.
Aujourd’hui, le séquençage génétique montre qu’il s’agit d’une toute nouvelle espèce de ver nématode qui était en sommeil depuis la dernière période glaciaire. La datation au radiocarbone des végétaux trouvés au même niveau que les vers montre que les dépôts de permafrost n’avaient pas dégelé depuis le Pléistocène supérieur. Cela signifie qu’ils existaient déjà lorsque les Néandertaliens, les mammouths laineux et les tigres à dents de sabre parcouraient la région.
Les minuscules vers, qui mesurent moins d’un millimètre de long, ont été décongelés et ramenés à la vie dans une boîte de Pétri remplie d’une soupe nutritive conçue pour favoriser leur croissance. Après quelques semaines dans la boîte, les vers ont commencé à bouger et à manger. Ils sont morts en quelques mois, mais l’espèce s’est reproduite et est actuellement l’objet d’expériences en laboratoire. L’étude sur les nématodes a été publiée dans la revue Plos Genetics.
Les vers nématodes sont l’une des nombreuses créatures connues pour être capables de survivre dans des conditions difficiles en entrant dans un état semblable à l’hibernation, la cryptobiose. En 2021, des rotifères bdelloïdes, une classe d’invertébrés microscopiques, ont été découverts dans l’Arctique et ramenés à la vie après 24 000 ans.
Bien que les scientifiques aient déjà fait revivre des microbes et des bactéries unicellulaires datant de 250 millions d’années, on pense qu’avec les vers découverts dans le permafrost sibérien, il s’agit de la plus ancienne créature multicellulaire jamais ramenée à la vie. Auparavant, le record était de 25,5 ans dans l’Arctique. L’analyse génétique montre que ces vers appartiennent à une espèce jusque-là inconnue, et qui a été baptisée Panagrolaimus kolymaensis.
Selon les scientifiques, l’étude prouve que les vers peuvent rester en sommeil non seulement pendant des décennies, voire des centaines d’années, mais des ères géologiques entières, en attendant que les conditions s’améliorent. L’étude démontre aussi que les nématodes ont développé des mécanismes qui leur permettent de préserver la vie pendant des périodes géologiques.
Plusieurs espèces anciennes ont été ramenées à la vie ces dernières années. En 2020, des scientifiques japonais et américains ont réanimé des microbes vieux de 200 millions d’années trouvés dans des sédiments à 100 mètres sous le fond de l’océan dans le gyre – un courant océanique.- du Pacifique Sud.
Les résultats de l’étude ne montrent pas seulement que la vie peut attendre dans les environnements les plus extrêmes sur Terre, mais laisse aussi supposer qu’on peut la trouver sur des planètes inhospitalières, telles que Mars et d’autres parties du système solaire.
Certains scientifiques ont toutefois mis en garde contre la réanimation d’espèces « voyageuses dans le temps », car cela pourrait libérer d’anciens virus susceptibles de menacer la santé humaine et l’environnement. De la même façon, le réchauffement climatique, en provoquant la fonte des glaciers et du pergélisol, pourrait permettre la réémergence de microbes en sommeil depuis très longtemps.
Une nouvelle étude publiée dans Plos Genetics par le Centre commun de recherche de la Commission européenne a utilisé l’intelligence artificielle pour simuler ce qui se passerait si d’anciens virus contaminaient des environnements modernes. Ils ont découvert que de nombreux anciens agents pathogènes pourraient survivre et évoluer dans de tels environnements ; 1% d’ entre eux seraient capables d’éliminer un tiers des espèces.
Source : The Telegraph.

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46,000-year-old worms dug up from the Siberian permafrost were brought back to life by scientists of the Max Planck Institute of Molecular Cell Biology (MPI-CBG) in Dresden (Germany) and are becoming the oldest-known creatures to have existed. The roundworms were discovered by Russian scientists inside a deep glacial deposit near the Kolyma River in 2018, but it was unclear what they were, or how long they had been trapped in the ice.

Now genetic sequencing has shown they are an entirely new species of nematode worm which has lain dormant since the last Ice Age. Radiocarbon dating of plant material found on the same level of the worms has shown that the frozen deposits had not thawed since the late Pleistocene. It means they existed when Neanderthals, woolly mammoths and saber-toothed tigers still roamed the region.

The tiny worms, which are less than a millimetre in length, were thawed out and coaxed back to life in a petri dish filled with a nutritious soup designed to encourage their growth. After a few weeks in the dish, they began moving and eating. The worms died within a few months, however scientists said the species has reproduced and is now undergoing lab experiments. The nematode study was published in the journal Plos Genetics.

Nematode worms are one of several creatures known to be able to survive harsh conditions by entering a hibernation-like state called cryptobiosis. In 2021, Bdelloid rotifers, a class of microscopic invertebrates, were found in the Arctic and brought back after 24,000 years.

Although scientists have revived single cell microbes and bacteria dating back 250 million years, it is thought to be the oldest multicellular creature ever reanimated. Previously the longest known record for nematode worms staying in cryptobiosis was 25.5 years in the Arctic.

Genetic analysis shows the ancient worms belong to a previously unknown species, which has been named Panagrolaimus kolymaensis.

Experts say that the study proves that the worms can lie dormant not just for decades, or hundreds of years, but entire geological eras, waiting for conditions to improve. The research demonstrates that nematodes have developed mechanisms that allow them to preserve life for geological time periods.

Several ancient species have been revived in recent years. In 2020, Japanese and US scientists reanimated 200-million-year-old microbes found in sediments 100 meters beneath the ocean floor within the South Pacific Gyre, an ocean current.

The findings do not show that life can lie waiting in the most extreme environments on Earth but gives new hope that it could be found on inhospitable planets, such as Mars and other parts of the solar system.

However, some scientists have cautioned against reanimating “time-travelling” species, warning that it could unleash ancient viruses that could threaten human health and the environment.

There are fears that global warming may cause glaciers and permafrost to melt, allowing long dormant microbes to re-emerge.

A new study published in Plos Genetics by the European Commission Joint Research Centre used artificial intelligence to simulate what would happen if ancient viruses were unleashed onto modern communities. They found that ancient invading pathogens could often survive and evolve in the modern community with 1 per cent capable of wiping out one third of the species.

Source : The Telegraph.

Source : Institut Max Planck de biologie cellulaire de Dresde

L’Afrique se coupera-t-elle en deux ? // Will Africa split in two ?

C’est un phénomène géologique bien connu : une zone de faille géante déchire lentement l’Afrique. Cette dépression, le Rift est-africain, inclut un réseau de vallées qui s’étend sur environ 3 500 kilomètres, depuis la Mer Rouge jusqu’au Mozambique.

Le Rift dans la région de l’Ol Doinyo Lengai (Photo : C. Grandpey)

L’Afrique va-t-elle finir par se déchirer complètement ? Pour répondre à cette question, il faut observer les plaques tectoniques de la région. Le long du Rift est-africain, la plaque somalienne s’écarte de la plaque nubienne. D’autre part,les plaques somalienne et nubienne s’éloignent de la plaque arabique au nord. Ces plaques se rencontrent dans la région Afar en Éthiopie, en formant un système de failles en Y.

 

Source : Wikipedia

Le Rift est-africain a commencé à se former il y a environ 35 millions d’années entre l’Arabie et la Corne de l’Afrique dans la partie orientale du continent. Au cours de sa formation, le Rift s’est étendu vers le sud et a atteint le nord du Kenya il y a environ 25 millions d’années.
Le Rift est africain se compose de deux ensembles à peu près parallèles de fractures dans la croûte terrestre. Le rift oriental traverse l’Éthiopie et le Kenya, tandis que le rift occidental forme un arc de cercle entre l’Ouganda et le Malawi. La branche orientale est aride, tandis que la branche occidentale se situe en limite de la forêt tropicale congolaise.

L’existence des rifts est et ouest et la découverte de zones sismiques et volcaniques offshore indiquent que l’Afrique s’ouvre lentement sur plusieurs lignes, à un rythme de plus de 6,35 millimètres par an. C’est à peu près à la vitesse de croissance des ongles. 

Source : Wikipedia

Le Rift est-africain s’est probablement formé suite à une remontée de magma en provenance de l’asthénosphère (partie supérieure du manteau terrestre) entre le Kenya et l’Éthiopie. Cette chaleur a provoqué l’expansion et l’élévation de la croûte sus-jacente, ce qui a entraîné l’étirement et la fracturation de la roche continentale. Cela a conduit à une importante activité volcanique, avec la formation du Kilimandjaro.
Le déchirement de l’Afrique pourrait se produire de différentes façons. Selon un scénario, la majeure partie de la plaque somalienne pourrait se séparer du reste du continent africain, avec formation d’une mer entre les deux masses de terre. Cette nouvelle masse continentale comprendrait la Somalie, l’Érythrée, Djibouti et les parties orientales de l’Éthiopie, du Kenya, de la Tanzanie et du Mozambique. Selon un autre scénario, l’est de la Tanzanie et le Mozambique seraient seuls à se séparer.
Les scientifiques expliquent que si le continent africain se rompt, le rift en Éthiopie et au Kenya pourrait entraîner la formation d’une plaque somalienne dans les 1 à 5 millions d’années à venir. Cependant, il se peut aussi que l’Afrique ne se scinde pas en deux. Les forces géologiques à l’origine du processus de rift pourraient s’avérer trop lentes pour séparer les plaques somalienne et nubienne. On aurait alors un exemple de rift avorté. De tels rifts avortés peuvent être observés ailleurs dans le monde, comme le Midcontinent Rift, qui s’incurve sur environ 3 000 km au sein de l’Upper Midwest en Amérique du Nord.
La branche orientale du Rift est-africain est un exemple de rift avorté, alors que la branche occidentale est toujours active. Selon la Geological Society de Londres, « on ne sait pas si le Rift continuera à s’ouvrir à son rythme actuel pour éventuellement donner naissance à un bassin océanique comme la Mer Rouge et, plus tard, quelque chose de beaucoup plus grand, comme une petite version de l’Océan Atlantique. Le processus peut-il s’accélérer…ou s’arrêter ? » Personne ne le sait.
Source : Yahoo Actualités, Live Science.

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It is a well-known geological phenomenon : a giant rift is slowly tearing Africa apart. This depression, known as the East African Rift, is a network of valleys that stretches over about 3,500 kilometers, from the Red Sea to Mozambique.

Will Africa rip apart completely? To answer this question, one needs to have a look at the region’s tectonic plates. Along the East African Rift, the Somalian tectonic plate is pulling eastward from the Nubian tectonic plate. The Somalian and Nubian plates are also separating from the Arabian plate in the north. These plates intersect in the Afar region of Ethiopia, creating a Y-shaped rift system. (see map above)

The East African Rift started forming about 35 million years ago between Arabia and the Horn of Africa in the eastern part of the continent. This rifting extended southward over time, reaching northern Kenya about 25 million years ago.

The rift consists of two broadly parallel sets of fractures in Earth’s crust. The eastern rift passes through Ethiopia and Kenya, while the western rift runs in an arc from Uganda to Malawi. The eastern branch is arid, while the western branch lies on the border of the Congolese rainforest. The existence of the eastern and western rifts and the discovery of offshore zones of earthquakes and volcanoes indicate that Africa is slowly opening along several lines, at a rate of more than 6.35 millimeters per year. This means the current rifting is very slow, about the rate that one’s toenails grow.

The East African Rift most likely formed because of heat flowing up from the asthenosphere (upper part of Earth’s mantle) between Kenya and Ethiopia. This heat caused the overlying crust to expand and rise, leading to stretching and fracturing of the brittle continental rock. This led to substantial volcanic activity, including the formation of Mount Kilimanjaro.

If Africa does rip apart, there are different ideas for how that might happen. One scenario has most of the Somalian plate separating from the rest of the African continent, with a sea forming between them. This new landmass would include Somalia, Eritrea, Djibouti, and the eastern parts of Ethiopia, Kenya, Tanzania and Mozambique. Another scenario has only eastern Tanzania and Mozambique separating.

Scientists say that if the African continent does rupture, the rift in Ethiopia and Kenya may split to create a Somali plate in the next 1 million to 5 million years. However, Africa may not split in two. The geological forces driving the rifting might prove too slow to separate the Somalian and Nubian plates. This would be an example of a failed rift. Such failed rifts can be observed elsewhere in the world, like the Midcontinent Rift, which curves for about 3,000 km across the Upper Midwest of North America.

The eastern branch of the East African Rift is a failed rift. However, the western branch is still active. According to the Geological Society of London, « what we do not know is if this rifting will continue on its present pace to eventually open up an ocean basin, like the Red Sea, and then later to something much larger, like a small version of the Atlantic Ocean. Or might it speed up and get there more quickly? Or it might stall out? »Nobody can tell.

Source : Yahoo News, Live Science.

L’effondrement des Alpes (suite, mais pas fin)

Comme je l’ai indiqué le 24 août 2023 à propos des Alpes suisses, la vague de chaleur que nous venons de connaître provoque le dégel du permafrost de roche.Il s’agit de l’eau gelée qui joue le rôle de ciment et assure la cohésion des parois rocheuses à haute altitude. Son dégel provoque des éboulements, parfois très spectaculaires, qui peuvent devenir une menace pour les alpinistes et les randonneurs.

Les Alpes françaises sont, elles aussi, victimes de ce phénomène. C’est ainsi que 20 000 mètres cubes de pierre se sont déversés dans la vallée de Chamonix, avec un énorme nuage de poussière visible des kilomètres à la ronde. L’éboulement s’est produit en fin de matinée le 23 août sur la face nord de l’Aiguille du Midi, entre l’éperon Frendo et la voie Mallory. Par chance, aucune personne n’était sur la trajectoire de cet effondrement. A noter que ce même jour le PGHM de Chamonix s’est rendu dans l’après-midi sur une autre face nord mythique, celle des Grandes Jorasses, où des alpinistes ont vu leur corde sectionnée par une chute de pierres.

Des chaleurs record ont été enregistrées ces derniers jours sur tout le massif du Mont Blanc, provoquant la fonte de morceaux de calotte glaciaire et d’importants éboulements de pierres. Celui du 23 août, aussi spectaculaire soit-il, n’est que la continuité d’une série d’événements qui dure depuis plus d’une semaine. Deux jours avant l’éboulement à l’Aiguille du Midi, des randonneurs avaient filmé d’importantes chutes de pierres dans le «Couloir du goûter», le principal accès au toit de l’Europe. Comme je l’ai indiqué précédemment, le 21 août, la préfecture de Haute-Savoie a appelé à une « grande prudence » pour les usagers de la montagne.

Les scientifiques expliquent que ces affaissements sont une cause directe du réchauffement climatique. Si le dégel du permafrost venait à s’accélérer, il pourrait rendre certains pans du Mont Blanc impraticables. Ce n’est pas la première fois que des éboulements se produisent dans le secteur de l’Aiguille du Midi. Un effondrement semblable a déjà eu lieu le 21 août 2022. Le 22 août 2018, toute une section de l’Arête des Cosmiques s’est effondrée, elle aussi. Sans oublier l’effondrement au pied de l’éperon Tournier en septembre 2017. J’ai attiré l’attention sur ces événements dans une note rédigée le 24 août 2022.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2022/08/24/leffondrement-des-alpes-suite/

Quand on évoque l’Aiguille du Midi, on pense au téléphérique extraordinaire qui permet de hisser les touristes à 3842 mètres d’altitude. Au moment où je me trouvais à l’intérieur de la cabine, je me disais que l’arrêt de ce téléphérique pour des raisons de sécurité serait une catastrophe financière pour la ville de Chamonix. Les touristes qui l’empruntent ne doivent toutefois pas s’inquiéter. La roche qui supporte les pylônes est contrôlée en permanence par des capteurs qui mesurent en continu la température à l’intérieur des soubassements. A la moindre alerte, le téléphérique serait arrêté, mais nous n’en sommes pas là.

Photos: C. Grandpey