Hawaii : Au revoir Lōʻihi, bienvenue Kamaʻehuakanaloa! // Hawaii : Bye bye Lōʻihi, welcome Kamaʻehuakanaloa!

Kamaʻehuakanaloa : le nom ne vous dit probablement rien. C’est normal car il est apparu en juillet 2021. C’est le nouveau nom que vient de donner au volcan sous-marin Lōʻihi le Hawaii Board on Geographic Names.
Le Kamaʻehuakanaloa (dont l’activité la plus récente a été observée en 1996) est l’un des six volcans surveillés par l’Observatoire des Volcans d’Hawaii, le HVO. L’ancien nom  – Lōʻihi – remonte à 1955, année où le volcan avait été baptisé ainsi par le Dr Kenneth O. Emery, à la suite d’un levé bathymétrique de 4 jours en 1954 au large de la côte sud de l’île d’Hawai’i. Cinq édifices sous-marins avaient été identifiés au cours de l’expédition.
Le Dr Emery, professeur à l’Université de Californie du Sud, a demandé aux membres du Bishop Museum et au directeur du HVO de donner un nom aux édifices sous-marins. Ils ont choisi des noms basés sur l’aspect physique des reliefs. C’est ainsi que la structure sous-marine située à environ 19 km au sud de la côte du Kilauea et s’élevant à 975 m sous le niveau de la mer a reçu le nom de Lōʻihi – « long » en hawaiien – parce qu’elle était plus longue que ses voisines.
Au cours de l’expédition, les scientifiques ont indiqué qu’il y avait une forte probabilité pour que les édifices sous-marins soient d’origine volcanique. Les différences qui existaient entre eux pouvaient correspondre aux premiers stades d’un volcan en formation sous le niveau de la mer. Si cette hypothèse était correcte, alors les deux édifices sous-marins les moins profonds (Papa’u et Lo’ihi) devaient être considérés comme des volcans parasites (au sens topographique et non au vu de l’activité) sur le flanc du Kilauea.
En d’autres termes, le Dr Emery a considéré que le « Loihi » était un cône volcanique entré en éruption à côté du Kilauea. Cependant, ce n’est que dans les années 1970, au moment où se sont produits des essaims sismiques, que l’édifice sous-marin a été reconnu comme un volcan actif et comme le plus jeune volcan de la chaîne Hawaii-Empereur. On pense que l’éruption la plus récente du Kamaʻehuakanaloa remonte à 1996, lorsque le HVO a détecté 4 377 séismes entre la mi-juillet et la mi-août. Des études océanographiques récentes ont également révélé que Papa’u est un bloc de faille soulevé sur la marge de l’effondrement de Hilina, et n’est pas un volcan.
Loi’hi, l’ancien nom du Kamaʻehuakanaloa, était certes descriptif mais il ne reflétait pas la culture hawaïenne. Plusieurs chants, transmis oralement et documentés par écrit bien avant l’expédition de 1954 décrivent déjà le Kamaʻehuakanaloa comme un volcan sous-marin. Pour les autochtones, Kamaʻehuakanaloa est un nom puissant qui évoque le nom de Pelehonuamea et sa naissance dans Kanaloa [l’océan]. Le nouveau nom a été adopté à l’unanimité en juillet 2021 par le Hawaiʻi Board on Geographic Names.
La récente activité explosive violente du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai (archipel des Tonga) a conduit certains Hawaiiens à se demander si le Kamaʻehuakanaloa pouvait entrer en éruption de la même façon. Les volcans hawaïens dont le sommet se trouve près de la surface peuvent émerger un jour et montrer une activité explosive par le contact du magma avec l’eau de l’océan, mais le Kamaʻehuakanaloa est actuellement trop profond pour être aussi explosif que le volcan des Tonga. De plus, comme les volcans hawaïens ont un magma plus fluide que celui du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, leurs éruptions devraient être moins violentes que celle du 15 janvier 2022.
Il faudra des millénaires avant que le Kamaʻehuakanaloa émerge de l’océan Pacifique. Le volcan fait connaître sa présence par des secousses qui sont parfois ressenties jusque sur l’île d’Hawai’i. Récemment, le matin du 24 décembre 2021, un séisme de M 4,9 sous le Kamaʻehuakanaloa a été ressenti par au moins 29 personnes entre Nāʻālehu et Kailua Kona et Honomū. Au cours des 2 semaines qui ont précédé ce séisme, plus de 50 secousses de moindre intensité avaient été détectées par le réseau de surveillance du HVO.
Bien qu’on ne le voie pas, le Kamaʻehuakanaloa n’est pas oublié. Il est honoré dans les chants et il continue de nous rappeler occasionnellement sa présence par des séismes ressentis sur la Grande Ile d’Hawaii. Dans des milliers d’années, on verra peut-être le Kamaʻehuakanalo, «l’enfant rougeâtre de Kanaloa», émerger enfin et former une nouvelle île…
Source : HVO.

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Kamaʻehuakanaloa : the name may not ring you a bell. This is fairly normal as it was updated: in July 2021, Lōʻihi Seamount was renamed Kamaʻehuakanaloa by the Hawaii Board on Geographic Names.

Kamaʻehuakanaloa (whose most recent activity occurred in 1996) is one of the six volcanoes monitoted by the Hawaiian Volcano Observatory (HVO). The former name was introduced in 1955 by Dr. Kenneth O. Emery, following a 4-day bathymetric survey in 1954 off the south coast of the Island of Hawai’i. Five seamounts were identified during the survey.

Dr. Emery, a professor at the University of Southern California, asked members of the Bishop Museum and the HVO Director to name the seamounts. They selected names based on a short physical description. For the seamount located about 19 km south of the Kīlauea coastline and rising to 975 m below sea level, the name Lōʻihi was assigned, meaning « long »; indeed, this seamount is longer than its neighbours.

During the survey, the scientists speculated thaat there was a high degree of probability that the seamounts were of volcanic origin, and correspondingly that the differences which existed might be indications of the nature of the early stages of a volcano forming below sea level. If this conclusion was correct then the two shallowest seamounts (Papa’u and Loihi) should be considered parasitic (in the sense of topography not activity) volcanoes on the flank of Kilauea.

In other words, Dr. Emery interpreted “Loihi” to be a volcanic cone erupted by Kilauea. However, the seamount was recognized to be an active submarine volcano, and the youngest volcano in the long line of the Hawaiian-Emperor chain, because of earthquake swarms in the 1970s. Kamaʻehuakanaloa’s most recent eruption is thought to have been in 1996, when HVO detected 4,377 earthquakes between mid-July and mid-August. Recent oceanographic surveys have also determined that Papa’u is an uplifted fault block on the margin of the Hilina slump, not a volcano

Kamaʻehuakanaloa’s previous name was descriptive but failed to reflect Hawaiian cultural knowledge. Several chants, orally passed down and documented in writing decades before the 1954 expedition, describe Kamaʻehuakanaloa, an undersea volcano. For local Hawaiians, Kamaʻehuakanaloa is a powerful name that invokes the name of Pelehonuamea and her birth out of Kanaloa [the ocean]. The new name was unanimously adopted in July 2021 by the Hawaiʻi Board on Geographic Names.

The recent violent explosive activity at Hunga Tonga-Hunga Ha’apai volcano (Tonga archipelago) has some residents wondering if Kamaʻehuakanaloa has a potential for similar eruptions. Hawaiian volcanoes near the surface may emerge some day and evince explosive interactions with ocean water, but Kamaʻehuakanaloa is currently too deep underwater to become as explosive as th Tongan volcano. Additionally, because Hawaiian volcanoes have more fluid magma than Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, their eruptions should be smaller than the January 15th, 2022 catastrophic blast.

It will be a millennia before Kamaʻehuakanaloa emerges from the Pacific Ocean. The volcano makes its presence known with earthquakes that are occasionally felt on the island of Hawai’i. Most recently, just before Christmas in the early morning of December 24th, 2021, an M 4.9 earthquake under Kamaʻehuakanaloa caused weak to light shaking felt by at least 29 people from Nāʻālehu to as far north as Kailua Kona and Honomū. In the 2 weeks leading up to this earthquake, over 50 smaller earthquakes had been detected by HVO’s monitoring network.

Kamaʻehuakanaloa may be out of sight, but it is not out of mind. It is honored in chants and though it remains under the ocean surface, it continues to occasionally remind us of its presence with earthquakes we can feel on land. In thousands of generations, perhaps our descendants will witness Kamaʻehuakanalo, the “reddish child of Kanaloa,” finally emerging and forming a new island.

Source: HVO.

 

Séquence sismique sur le Lō‘ihi en mai 2020, quelques mois avant que le volcan reçoive son nouveau nom (Source: USGS)