Sinabung (Indonésie): Faut-il s’attendre au pire? // Should the worst-case scenario be expected?

drapeau francaisIl a été demandé à toutes les autorités compétentes de la partie nord de Sumatra de se préparer au pire, suite à une augmentation de l’activité volcanique du Sinabung au cours de la semaine écoulée.
Un tel scénario sera mis en application si la zone d’évacuation atteint entre 7,5 km et 10 km du cratère. Actuellement, elle est toujours comprise entre 5 et 7 km sur le versant sud-est du volcan.
L’équipe d’intervention d’urgence a évacué les habitants des sous-districts de Jerawa et Pintu Besi qui sont situés le long des trajectoires des coulées pyroclastiques, à 6,5 km du cratère.
Avec cette dernière évacuation, le nombre de personnes déplacées atteint 20 491 ; elles sont logées dans 32 centres d’évacuation. Il n’est fait état d’aucune victime directe de l’éruption.
Selon le porte-parole de l’Agence Nationale de Gestion des Catastrophes: «Nous devons tirer profit des leçons de l’éruption du Merapi en 2010 au cours de laquelle l’augmentation de l’activité volcanique a été suivie d’une extension du rayon d’évacuation de 5 km à 10, 15 et puis 20 km. Il faut gérer pour le mieux la situation des personnes évacuées. »

Ce que ne dit pas cet homme, c’est qu’avec une telle politique d’évacuation ‘pas à pas’, le Merapi a tué 320 personnes ! Si le pire est à craindre sur le Sinabung (ce qui signifie des coulées pyroclastiques beaucoup plus longues que maintenant) pourquoi ne pas étendre directement la zone de danger à 10 km autour du volcan ?
Mon opinion est confortée par un membre de l’équipe d’observation qui a dit que, jusqu’à présent, les matériaux volcaniques émis représentent seulement  le quart des 2 540 000 mètres cubes stockés dans le cratère du Sinabung.  « Cela signifie que le potentiel pyroclastique stocké dans le dôme de lave du volcan est encore important ;  si toute cette lave devrait sortir, la menace serait terrible. »
Comme je l’ai indiqué auparavant, la situation d’urgence a été prolongée jusqu’au 18 janvier, ce qui signifie que les gens ne seront pas autorisés à quitter les camps jusqu’à cette date. Les autorités indiquent qu’un nouveau prolongement est possible si l’activité volcanique du Sinabung continue d’augmenter.

Dans le même temps, le niveau d’alerte du Raung a été élevé de «Normal » à « Waspada » en raison d’une augmentation de la sismicité et d’un changement de la couleur des émissions cratériques qui sont brunâtres depuis samedi . Les habitants de la région et les randonneurs sont invités à ne pas s’approcher du sommet à moins de 2 km du centre du cratère.

Source : The Jakarta Post.

drapeau anglaisAll the relevant authorities of North Sumatra have been instructed to prepare for a worst-case scenario following an increase in Mount Sinabung’s volcanic activity during the past week.
Such a scenario will be applied if the evacuation zone reaches between 7.5 kilometers and 10 km from the crater. Currently, the evacuation zone is still between 5 and 7 km on the southeast slope of the volcano.
The emergency response team has evacuated people from the two subdistricts of Jerawa and Pintu Besi, which are located along the tracks of the flows, 6.5 km from the crater.
With this latest evacuation, the number of displaced persons has reached 20,491 people who are accommodated at 32 evacuation centres. No direct casualty of the eruption has been reported so far.
According to the National Disaster Mitigation Agency’s (BNPB) spokesman: “Learning from Mount Merapi’s eruptions in 2010, during which increased volcanic activity was followed by an increase in the evacuation radius from 5 km to 10, 15 and then 20 km, preparations for dealing with evacuees must be conducted well.”

What this man does not say is that by leading such a step-by-step evacuation policy, Mount Merapi killed 320 people!! If the worst scenario is to be expected at Sinabung (which means pyroclastic flows much longer than now) why not extend directly the danger zone to 10 km around the volcano?
My opinion is supported by a member of the observation team who said that so far the emitted volcanic material comprised one quarter of the total 2,540,000 cubic meters formed in Mt. Sinabung’s crater. “This means that the pyroclastic potential stored in the volcano’s lava dome is still substantial; so if it should all come out, the threat would be devastating.”

As I put it before, the emergency response period has been extended to January 18th, which means people will not be allowed to leave the camps until that day. The authorities indicate that a further extension is possible if Sinabung’s volcanic activity continues to increase.

Meantime, the status of Mount Raung has been increased from ‘Normal’ to ‘Waspada’ or “alert” due an increase in seismicity and the change in the colour of the crater emissions which have become brownish white since Saturday. Local residents and climbers are advised not to approach the summit beyond a radius of 2 km from the centre of the crater.

Source: The Jakarta Post.

Sinabung-blog

Une réflexion au sujet de « Sinabung (Indonésie): Faut-il s’attendre au pire? // Should the worst-case scenario be expected? »

  1. sauf que jusqu’a preuve du contraire selon les calculs de FD de culture volcan corroboré par les calculs du maître Surono Mbah Rono en personne j’en atteste, le dôme ne fait pas ce volume mais entre 200 000 et 600 000 m3, les données de base du VSI sont donc fausses ! Après il vaut mieux que ce soit dans ce sens que dans l’autre, cependant il est aussi positif que le plan de prévention des risques soit élargie du moins sur le papier, comme ça si la situation empirait ils seraient prets. Surono m’expliquait aussi que le VSI et lui même s’y était pris en décembre de manière différente dans la gestion de la crise du Sinabung que dans la gestion de celles du Merapi, pour une raison simple mais assez intelligente, à savoir que les gens qui habitent autour du Merapi ont une « culture » du risque que n’ont pas ceux qui habitent dans le district de Karo. Et à ce propos suite à une de ses passages à TVONE hier je crois, il me semble qu’il a dit à juste titre que les gens devaient s’habituer à ce « nouveau » Sinabung.

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    1. A mon avis, il n’est pas essentiel de chipoter sur le volume de lave stocké dans le cratère du Sinabung, même si c’est un paramètre non négligeable. En plus, faire ça depuis la France en se fiant simplement aux images des webcams me semble quelque peu risqué! Le plus important serait (j’utilise volontairement le conditionnel!) de savoir si le volcan est capable – par la puissance des gaz émis – de produire des coulées pyroclastiques susceptibles d’atteindre des zones habitées situées en dehors de la zone de danger actuelle. Malheureusement, nous sommes totalement incapables de faire une telle prévision. Je pense donc que le principe de précaution est essentiel dans ce genre de situation où des vies sont en jeu. Par chance, on ne déplore aucune victime directement liée à l’éruption en ce moment. Quant à parler de « culture du risque » en Indonésie, j’ai des doutes, même s’il semble que le Sinabung ne dispose pas d’un gardien comme le Merapi ou le Kelut, pour ne citer que les plus connus.

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      1. Bonjour.
        Etant donné que j’apparais dans cet échange de commentaires, j’en profite pour préciser à Mr Grandpey, pour que les choses soient claires et justes pour ses lecteurs, que les calculs du volume que j’ai faits, et choisi ne pas rendre public tant que je n’avais pas la vérification par des gens de métier, ont été effectués non pas sur la base d’images de webcams, mais sur les données transmises par le VSI dans leur rapport officiel en date du 27 décembre, soit:
        – un dôme de forme hémisphérique
        – une hauteur de 56 m
        – un diamètre à la base de 105 m
        Ce qui ne permet d’arriver à plus d’1 million de m3 de lave au 26 décembre (ce qui est écrit dans ce même rapport), jour où les dimensions ci-dessus ont été prises, mais plutôt à environ 600 000. m3. La valeur basse de 200 000 m3, évoquée par Pierre Pirate, sur laquelle je suis tombé en prenant un autre modèle géomètrique pour le dôme, est une erreur de calcul à laquelle je n’accorde aucun crédit.
        Bonne journée à vous

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  2. A la question « pourquoi ne pas étendre directement la zone de danger à 10 km autour du volcan » la réponse est toute simple. C’est intenable pratiquement de maintenir loin de leur maison, champs, vaches activité économique 50 ou 100 mille personnes pendant une durée probablement tres longue ET indéterminée, pour une menace qui n’est pas immédiate. Cchaque jour passé dans les camps d’évacuation a voir leurs biens toujours indemne du volcan mais qui se dégrade faute d’entretien, augmenterait leur incompéhension, leur frustration et leur désespoir.. L’evacuation pas par pas est évidemment beaucoup plus difficile a appliquer pour les volcanologues et la protection civile mais elle est beaucoup moins traumatisante pour la population. Et la gestion de la crise du Merapi 2010 est considérée par les professionnels du domaine comme un modéle du genre au meme titre que celle du Pinatubo (evacuation pas a pas également). Les 320 victimes de cette éruptions furent soit des gens qui avaient refusé les consignes d’évacuer, soit des pillards, soit (et c’est plus tragique), des agents de sécurité qui gardaient la zone ou qui tntaint de chercher des victimes des premieres coulées pyroclastiques.

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    1. Salut Robin. Je sais parfaitement tout ce que tu écris. D’ailleurs, au moment de l’éruption du Merapi, j’avais écrit une note intitulée « Merapi mon amour » qui confirme tes propos (http://volcans.blogs-de-voyage.fr/2010/10/31/merapi-mon-amour/). N’empêche que 320 victimes, ce n’est pas rien, même si le bilan aurait pu être bien pire. Pourquoi les autorités indonésiennes n’ont-elle pas décrété la loi martiale qui les auraient autorisé à évacuer de force les irréductibles? C’est vrai que la culture indonésienne est différente de la nôtre. Dans le cas du Sinabung, il faut espérer que les autorités et les volcanologues indonésiens ont vu juste. Croisons les doigts! Amitiés.

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  3. « Dans le cas du Sinabung, il faut espérer que les autorités et les volcanologues indonésiens ont vu juste »

    La boucle est bouclée Claude, mon post était à ce propos, je t’ai aussi dit que le Dr Surono avait corroboré les calculs de Fabrice et il n’est pas en France. Bref on ne va pas chipoter sur les chiffres même si le rapport est grand, je suis d’accord avec Robin pour suivre la situation de prés, c’est déjà une catastrophe économique, les agriculteurs vendent leurs vaches, il n’arrivent plus à les nourrir .. le prix des légumes montent en flèche jusque 400% d’inflation pour certain comme le chou ou le piment. La détresse des gens monte en flèche. Dans le cas d’une évacuation pas à pas, une rigueur dans l’acquisition des données me semble tout de même assez importante.

    Je pense en plus que les choses sont pris à leur juste mesure, le Dr Surono nous faisait remarquer il y a quelques jours que les évacuations étaient quand même faites avec une marge. Si on veut comparer le Merapi et le Sinabung il es t important de dire que les gens côtoyant le Merapi ont une habitude certaine de ses frasques tandis que ceux voisins du Sinabung non, cela à été pris en compte au départ de la gestion de la crise en prévoyant une marge.

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  4. Je te présente publiquement mes excuses Fabrice, j’ai été très maladroit de parler de tes calculs que tu avais choisi de ne pas publier … Mais bon j’atteste de la validation de l’intervalle que tu as trouvé à l’époque par Surono quand même ! Désolé je ne recommencerais pas …

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    1. Merci à tous pour ces précisions. Comme l’écrit Pierre Chabat, il faut certes prendre en compte le volume de matériaux susceptible d’être expulsé par le Sinabung mais il ne faudrait pas négliger les gaz qui sont le moteur de l’éruption. En tant que tazieffien convaincu, je ne peux qu’approuver cette remarque. Espérons que l’éruption actuelle ne prendra pas plus d’ampleur. Il est bien d’avoir prévu une évacuation éventuelle à 10 km, mais il faudra faire très vite pour la mettre en place si le besoin s’en fait sentir. Je suis désolé d’insister sur ce point mais j’ai encore en tête l’éruption du Merapi en 2010. Avec l’aide de contacts sur place, j’ai participé à l’opération humanitaire assurée par les Pompiers de l’Urgence Internationale. Je connais donc bien les problèmes engendrés par une évacuation. Il faut aussi garder à l’esprit que l’Indonésie n’est pas le Japon. Les évacuations ne se passent pas de la même façon. Comme le faisait remarquer Robin, il y a cet attachement (cet amour, devrais-je dire) à la terre qui force les paysans à revenir dans leurs champs en dépit de la menace du volcan.

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